Djama-Kébir (Grande
Mosquée)
-------Cette mosquée,
la plus grande d'Alger, est affectée au rite maléki, le
seul qui fût observé à Alger, avant l'arrivée
des Turcs. Djama-Kébir fit partie de la ville berbère; elle
fut édifiée sur les ruines d'une basilique chrétienne
(une partie des substructions repose sur une portion de l'ancien rempart
romain) dont l'abside, rapporte l'historien arabe El Bekri, était,
en raison de son orientation vers le Levant, utilisée comme lieu
de prière. On la décorait de tapis et d'images saintes,
les jours de grande fête.
-------Une
inscription du mimbar dit : "Au nom de Dieu,
clément et miséricordieux, ce mirhab a été
élevé le premier jour de Redjeb de l'an 409 (1018)".
La construction de la mosquée date donc, au moins, du XIè
siècle (Le professeur Marçais
donna de ce mimbar une intéressante étude qui, en décembre
1920, fut lue à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres.
Ce mimbar daterait, non de 1018, mais de 1097. Il comporte entre autres
ornements, 45 panneaux de cèdre sculptés (carrés,
triangles ou trapèzes). Dans son décor floral. L'illet
fait défaut. Bien qu'en ressemblance avec celle de Kairouan, cette
chaire accuse l'influence de l'Espagne si nette à Tlemcen et à
Fez.).
--------Une inscription placée près
du minaret, célèbre le roi de Tlemcen, Abou Tachefin de
qui dépendait Alger autrefois, et qui, en 1324, avait élevé
cette partie du temple. En voici la traduction:
--------«Au nom de Dieu clément
et miséricordieux, lorsque le prince des musulmans, Abou Tachefin
(que Dieu le fortifie et l'assiste), eut achevé le minaret d'Alger,
dans une période dont le commencement est le dimanche, 17è
jour de doul kada de l'année 722 (22 novembre 1322), le minaret
susdit sembla, par son aspect actuel, s'écrier : " Quel
est le minaret dont la beauté est comparable à la mienne?"
Le prince des Musulmans a érigé des boules (les trois pommes
de cuivre peintes en vert, fixées à la flèche de
la tour), des boules dont il m'a fait une parure brillante, et il a complété
ma construction. La lune du firmament s'est présentée à
moi dans tout son éclat et m'a dit :" Sur
toi, mon salut, ô toi, la seconde lune!" Aucune
vue, en effet, ne captive les curs comme la mienne! Allons, venez
donc contempler ma beauté et l'aspect que de mes couronnes."
--------"Puisse Dieu accroître
l'élévation de celui qui m'a achevé comme celui-ci
l'a fait â mon égard et comme il a exhaussé mes murailles."
"Que l'assistance de Dieu ne cesse d'être autour de son étendard,
le suivant comme un compagnon et lui servant de seconde armée."
(Devoulx).
--------La grande mosquée
occupe une superficie de 2 000 mètres. Ses dimensions sont à
peu près de 48 mètres sur 40.
--------À la mosquée étaient
annexées jadis : 1°/ el djenina (le petit jardin); 2°/
el mocella (oratoire pour les services funèbres); 3°/ une grande
cour où était installée une batterie de quatre canons,
élevée après le bombardement de Lord Exmouth, en
1816.
--------Le monument s'appuie sur soixante-douze
piliers et est recouvert de onze toits. Il comprend onze travées.
Son ordonnance est en réduction, un peu celle de la mosquée
de Cordoue.
--------La cour aux ablutions comprenait
autrefois "un jet d'eau, un noyer et un oranger sauvage".
--------La partie voisine du mirhab fut endommagée
en 1683 par les boulets de Duquesne. Les esclaves chrétiens furent
employés à sa restauration comme l'avaient été
les captifs de 1529, pour les dégradations éprouvées
par le temple, lors de la défense du Penon qu'assiégeait
Kheïr-ed-Din. Un texte ancien nous apprend que lors du bombardement
de Duquesne, les livres saints de la mosquée furent mis en sûreté
au Fort l'Empereur. Le mirhab, conformément à la tradition
malékite, doit demeurer nu, sans ornements.
--------L'inscription romaine, placée
sous le portique de la rue de la Marine provient d'un monument décorant
jadis Icosium. La suite de cette inscription a été retrouvée
plus tard, rue Bruce. En voici la traduction : "Lucius
Coecilius Rufus, fils d'Agilis, flamine perpétuel, ayant épuisé
la série des honneurs municipaux de sa patrie, de ses deniers a
fait ce don et l'a consacré."
--------Le minaret, haut de quinze mètres,
est orné en son sommet, de vingt-quatre merlons. En 1856, le Génie
civil para cette tour de faïence bleue, d'un assez joli effet.
--------Le dessous de la grande mosquée
est constitué par de hautes voûtes qu'occupa le Génie
militaire en 1830 et qui furent dans la suite, louées à
des particuliers. M. Picon, premier constructeur du boulevard du Centaure
(aujourd'hui: boulevard Gambetta), en fut le locataire, de 1836 à
1838.
--------En cette mosquée, se tenaient
autrefois les séances du Tribunal Supérieur appelé
le Midjelès. Là, siégeait le muphti hanéfi,
lequel, en sa qualité de Turc, avait le pas sur son collègue
maléki.
--------Le muphti hanéfi fut, en 1847,
destitué pour malversations. Il fut envoyé aux îles
Sainte-Marguerite, puis de là, en Egypte. A son départ,
plusieurs registres de cette mosquée, qui présentaient un
réel intérêt, disparurent (Devoulx).
--------Le 13 juin
1873, le préfet Comte d'Ideville installa solennellement le muphti
Hadj ben Haffaf, qui avait été le premier secrétaire
d'Abd-el-Kader, et mourut âgé de 90 ans, en octobre 1889.
Son successeur fut El Hadj Kadour Chérif, ancien lieutenant de
l'Emir.
--------Le ler mars 1904, le préfet
Rostaing vint remettre la Légion d'Honneur au muphti Ben Zakour
(Aïeul de l'actuel muphti de Djama-Djedid.) dont les services dataient
de 1844. Le 24 mars 1919, à l'issue de la cérémonie
à la mémoire des Indigènes tombés sur le Front,
le secrétaire général Borde remit, en présence
des autorités réunies, la Légion d'Honneur au muphti
Ben-Nacer.
--------Le personnel de la grande mosquée
se composait de : deux imams, un porte-crosse du muphti, un huissier,
dix-neuf professeurs, dix-huit mouedden, huit lecteurs du Coran, huit
oukils ou administrateurs.
--------Il y avait, en outre: huit balayeurs
et trois allumeurs.
--------En décembre 1836, le prince
de Nemours posa la première pierre de la galerie de marbre de la
rue de la Marine, qui fut élevée par les " Condamnés
" du colonel Marengo, avec 22 fûts de la mosquée Es-Sida.
--------Une urne contenant le procès-verbal
de la cérémonie, rédigé en français
et en arabe, et des pièces d'or, d'argent et de bronze, à
l'effigie de Louis-Philippe et au millésime de 1836, a été
placée sous l'une des colonnes.
-------- En avril 1903, le temple devant
lequel devait passer le président Loubet, fut, du côté
du boulevard, bordé d'une grille de dessin oriental.
--------Le 9 mai 1865, l'Empereur visita
Djama-Kébir. La mosquée fut classée en avril 1887.
Djama-Djedid (Mosquée de la Pêcherie)
--------Cette mosquée,
du rite hanéfi, fut élevée en 1660, sur l'emplacement
de la médersa Bou Anan. Ce temple, construit de par la volonté
de la Milice, est à vrai dire, rappelons-le, l'uvre de la
population entière d'El-Djezaïr, qui fournit tous les fonds
nécessaires à son édification.
--------Auprès de ce monument que
baignait jadis la mer, se trouvaient la petite mosquée "des
Pêcheurs" (Mesdjed-el-Houatin) et la Porte de la Mer (Bab-el-Behar),
indiquée précédemment.
--------Cet édifice affecte la forme
d'une croix. Sa superficie est de 1 371 mètres carrés.
--------L'architecte qui en dressa les plans
était un esclave chrétien lequel, dit une légende,
fut mis à mort pour avoir évoqué en cet ouvrage le
symbole de sa propre religion. Rien n'est moins exact, car ainsi qu'on
l'a déjà fait remarquer, Mahomet II donna en 1453, après
la prise de Constantinople, la basilique Sainte-Sophie (de forme cruciale),
comme modèle de mosquée.
--------Or, Djama-Djedid ayant été
construite sous les Turcs et pour les Turcs, il est tout naturel qu'elle
ait reçu la forme qui la signale.
--------Le minaret
avait, en principe, trente mètres de hauteur. Les remblais effectués
dans la rue de la Marine, après 1830, réduisirent cette
hauteur à vingt-cinq mètres. Dans la rue de l'Arc, dénommée
autrefois Kâ-es-sour (le pied du rempart),
se trouvait une entrée du temple, que surmontait une inscription
turque. Cette pièce graphique fut détruite en 1846 par un
fanatique musulman, alors qu'un savant de France cherchait à en
déchiffrer le texte.
--------Il y a à remarquer en cette
mosquée : le mirhab tapissé de faïences précieuses
et encadré de fines broderies de plâtre (Auprès
du mirhab se trouve une inscription mentionnant le nom du directeur des
travaux de l'intérieur : El-Hadj Habib), et le mimbar (tribune
à prières) fait de marbres délicatement ciselés,
débris de la chaire de Djama-es-Sida, détruite en 1832.
Le plafond de bois ciselé et enluminé qui décore
la mahakma attenante à ce temple, vient aussi de la mosquée
Es-Sida).
--------Djama-Djedid possède un Coran
(jadis à la mosquée Ketchaoua) qu'offrit au XVIIIè
siècle, un sultan de Constantinople au pacha d'Alger. Ce livre
est certes supérieur par ses enluminures à bien des échantillons
artistiques de ce genre qu'a légués le Moyen-Âge.
--------L'horloge à carillon (sortie
des ateliers de wagner, fut rapportée à Alger en 1833) que
l'on voit sur le minaret, se trouvait en 1842 sur la Jénina.
Elle fut en 1847, transportée à Djama-Djedid, non sur le
temple même, mais sur un échafaudage dressé à
l'extérieur, cela en considération de la loi coranique opposée
à l'emploi sur les mosquées de la cloche qui rappelle le
christianisme, ainsi d'ailleurs que de la trompette qui évoque
le souvenir de la religion judaïque (Devoulx).
--------Cependant en 1853, pour donner une
assise plus stable à l'horloge, on dut installer celle-ci sur le
minaret où elle se trouve actuellement. L'émotion causée
dans la population musulmane par cet événement fut assez
vive mais elle ne dura pas.
--------En mars 1857, furent placées
trois cloches pesant respectivement 50, 80 et 120 kilogrammes. --------L'accommodation
du minaret fut oeuvre de l'architecte de la ville, Bournichon. La même
année, il fut procédé à la restauration de
la mosquée. La dépense s'éleva à 20.000 francs.
En septembre 1859, l'horloge fut dotée d'un cadran transparent.
Ainsi qu'il a été dit précédemment, les sous-sols
de cette mosquée servirent de magasins à l'armée,
jusqu'en 1864, époque à laquelle les Domaines les louèrent
à un particulier.
--------Ainsi qu'il a été dit,
Djama-Djedid fut sauvée de la ruine en 1831, par le colonel du
génie, Lemercier.
--------Menacée à nouveau en
1910, ainsi que sa voisine, l'antique Djama-Kebir, par un projet de transformation
de la ville, elle fut encore sauvée grâce à l'intervention
des Amis du Vieil El-Djezaïr. La gracieuse mosquée, Djama-Djedid
est devenue célèbre par le particulier charme qu'elle présente
aux soirs illuminés des 14 juillet, dans le luxe de ses broderies
de feu, de ses pendeloques de gemmes embrasées, de ses rutilants
colliers de corail, de ses incandescentes étoiles éclatant
sur des lacis d'or semés de pierreries.
--------M. Ben Zakour en est actuellement
le Muphti. Elle fut visitée par l'Empereur, le même jour
que Djama-Kébir. Classée en 1887.
Djama-Safir
--------Cette mosquée,
située rue Kleber, fut fondée en 1534, par le renégat
Safar ben Abd-Allah, qu'affranchit Kheir-ed-Din. Elle fut reconstruite
par Baba-Hassan en 1791, sur le plan de la mosquée Ketchaoua. L'une
de ses inscriptions apprend que le monument fut construit en neuf mois.
Une autre inscription fait connaître que le dey Hussein la rebâtit
en 1827.
--------Cette Djama est remarquable par sa
coupole octogonale, ses colonnes anciennes et son mirhab tapissé
de jolies faïences persanes. Dans les premiers temps de son existence,
Djama-Safir était extérieure à l'ancien Alger. Le
quartier où elle se trouve était alors un lieu presque inhabité.
C'est une mosquée de rite hanefi. M. Kemichi en est l'imam.
Sidi-Ramdam
--------Djama Sidi-Ramdam
fut édifiée avant l'arrivée des Turcs, dans le voisinage
de la primitive Casbah berbère, située au haut de l'escalier
de Verdun, construction dont fut fait le bastion XI, et qu'en 1930, fit
classer le Comité du Vieil Alger.
--------Ce temple, dénommé
: mosquée de la vieille Casbah (Djama Kasbah el-Kedima) est un
échantillon des cadres de dévotion pauvres et sévères
ou pria la première population d'El-Djezaïr.
--------Comme les temples berbères,
comme Djama-Kebir, Sidi-Ramdam est recouverte de toits à tuiles.
--------Dans l'intérieur s'érigent
dix-huit colonnes disposées sur deux rangs. Ces colonnes sont d'époques
bien postérieures à celle de la fondation de l'édifice.
--------Cette mosquée possédait
cinquante immeubles assurant son entretien avec leurs revenus.
Sidi Abd-er-Rahman
--------La gracieuse mosquée
Sidi Abd-er-Rahman qui avec son élégant minaret à
colonnettes, se dresse de façon si pittoresque au-dessous des bosquets
du jardin Marengo, a été construite
en 1696, sur l'emplacement de la kouba en laquelle avait été
inhumé, en 1471, le célèbre docteur africain, Sidi
Abder-Rahman.
--------Ce personnage, qui alla en Orient
étudier les sciences et la théologie appartenait à
la tribu des Tçalba, laquelle au VIIIè siècle, domina
sur la Mitidja, d'où son surnom de : Tçalbi.
Détail déjà rappelé : Abd-er-Rahman habita
à Alger une maison de la rue de la Charte, aujourd'hui enclavée
dans l'ancienne Préfecture. Il était né en 1387.
--------De nombreux
musulmans furent enterrés autour de la mosquée du saint,
qui elle-même contient plusieurs tombes.
--------On remarque à l'extérieur
--------Le
tombeau de Ouali Dadda dont les restes étaient autrefois
rue du Divan. La kouba érigée en cette rue, fut démolie
en 1864 pour l'agrandissement du couvent de la Miséricorde. Sur
son emplacement se trouve une école de filles. À cette kouba
était annexé un refuge entretenu avec les biens que laissa
le saint. Selon la légende, ce saint venu d'Orient par mer, sur
une natte, souleva contre les navires de Charles-Quint les flots qu'il
battit au préalable, de verges. Il mourut en 1554.
--------Son tombeau présente l'inscription
suivante : "Il est le saint des créatures
et le pôle des êtres créés. Lorsqu'il se proposa
de partir pour l'autre monde, en louant Dieu, nous entendîmes une
voix prononçant la date de sa mort; elle disait : "Que Dieu
l'abreuve d'une boisson purifiante". Année 961
(1554)." )Ouali Dadda, rapporte Berbrugger, tenait, en dépit
de sa sainteté, rue du Divan, une taverne où il vendait
de l'alcool. On conserva dans sa primitive kouba, son fusil, sa masse
d'armes et sa hallebarde.
La Mosquée
de Sidi Abd-Er-Rahmane, sise sur les hauts d'Alger, fut édifiée
en 1692 sur l'emplacement de la première sépulture du
Saint, patron d'Alger, pour les Musulmans.
-----Sidi
Abd-Er-Rahmane naquit en 1387, fit ses études en Orient et
mourut à l'âge de 84 ans.
-----Ses
ouvrages de Théologie sont étudiés dans les Zaouïas
(Confréries religieuses ) par les "Tolbas".
Son nom figure en lettres d'or sous la coupole de la Médersa
voisine de son tombeau.
-----Le
Comité du vieil Alger a, par une plaque de marbre, honoré,
rue de Charte, le lieu où fut sa maison.
-----Le
prestige du Saint fut très grand et dépassa les bornes
de la ville.Il fut un temps où les juges au Conseil des Prud'hommes
venaient affirmer la sincérité de leurs déclarations,
sur sa tombe, c'est dire s'il a été vénéré.
--Près
du Saint dorment plusieurs Deys.
-----Dans
le cimetière entourant la Mosquée, se trouvent les sépultures
du dernier Bey de Constantine, du vénéré Sidi
Mansour et d'Ouali-Dadda. D'après la légende, c'est
ce dernier qui créa la tempête qui sévit contre
la flotte de Charles-Quint venu assiéger la ville d'Alger 1541.
-----D'innombrables
visiteurs algériens et étrangers ont visité le
tombeau. Parmi eux, citons : la Reine Amélie du Portugal, le
Roi Oscar de Suède, le Roi Edouard VII et la Reine Alexandra,
...le Président de la République française A.
Millerand en 1922.
( Source: " le diadème et les perles", Yvon Grena
,une fenêtre ouverte sur le Monde méditerranéen)
|
-------Le temporel de Ouali-Dadda
était d'une certaine importance. Son haouch de Maison-Carrée
qu'acquit le Maréchal Clauzel, comprenait un marabout sous son
vocable. Là, au début de la Conquête, furent tués
30 soldats de la Légion Étrangère. Il y avait en
ce lieu, nombre de vaches, de moutons, de chevaux, une grande quantité
de grains, sous la garde du Ministre des Biens Ruraux.
--------Le 10 du premier mois de l'année,
celui-ci remettait à l'Oukil de la rue du Divan, la somme qui lui
revenait. Cette somme assez élevée, tomba après 1830,
à 720 francs.
---------Le
tombeau de Sidi-Mansour, précédemment à
la porte d'Azoun. Les restes de ce marabout furent transportés
à Sidi-Abd-er-Rhaman en 1846, quand eut lieu la démolition
du rempart près duquel le saint était inhumé. Ce
personnage qui vivait au XVIè siècle fut le disciple de
Sidi Zenouk qui, lui-même, avait suivi les leçons de Abd-er-Rahman.
(Voir à : La Porte d'Azoun et ses abords).
La tombe de marbre de Khedeur-Pacha, qui fut étranglé en
1605 par ordre de Kouça Mustapha, pacha vassal de la Sublime Porte.
--------Le tombeau
d'Ahmed-Bey de Constantine, qui fut interné en 1848
à Alger et habita une maison de la rue Scipion où fut plus
tard le commissariat central.
--------Le
tombeau de Sidi Abd Allah dont une rue de la ville porte le
nom.
--------La tombe du
muphti hanefi Boukandoura et, tout près, celle de Ben
Zakour, imam de la grande mosquée.
--------Le magnifique tombeau de marbre de
Youcef Pacha, ciselé d'épigraphies
et de fleurs stylisées.
--------Au-dessus de ces sépultures
se dressent un cyprès et un palmier centenaires du plus joli effet.
--------Dans les bâtiments attenants
à la mosquée, se trouvent le tombeau de l'oukil
Sidi Ouada, dernier architecte de ce temple, et plusieurs tombes
anciennes.
--------Cette partie de l'édifice
comprend les cuisines où sont préparés les repas
destinés aux pauvres que secourt régulièrement la
mosquée.
--------À
l'entrée du marabout de Sidi Abd-er-Rahman est scellée une
inscription où est célébré l'oukil Abd-el-Kader
qui, en 1627, édifia le monument. La première ligne du texte
dit : "Ceci est le tombeau de Sidi Abd-er-Rahman".
--------Au-dessus du porche se voit une autre
inscription nommant le dey Hadj Ahmed qui ordonna la construction de l'édifice.
Le mot "Bitchoukin" (Amour) qui s'y trouve forme un chronogramme
donnant d'après la valeur numérale des lettres, la date
de la fondation de la mosquée : année 1108 (1696).
--------Dans l'intérieur du temple,
repose ce saint, sous une magnifique châsse de bois sculpté
et doré qu'environnent des bannières de soie. A la coupole,
sont suspendus nombreux, des lustres de cristal et aussi des étendards
d'étoffes précieuses qui, avec les ex-voto et les faïences
rares du pourtour, forment un ensemble d'une exquise originalité.
--------Une inscription s'y trouve aussi,
qui rappelle que l'entier achèvement de l'édifice fut réalisé
par les soins de l'oukil Sidi Ouada, sous le pacha Abdy, en 1730.
--------Tout près est appendu un tableau
reproduisant l'aspect présenté, il y a deux siècles,
par la mosquée dont le minaret apparaît tout enluminé
(Des traces de couleurs se retrouvent, en effet, sous la couche de chaux
des murs de ce minaret).
--------Il y a en outre dans ce sanctuaire,
les tombeaux d'Hassen-Pacha, de MustaphaPacha et
du dey Ahmed.
--------Au fond, près du mirhab :
le tombeau de Rosa, fille d'Hassen-Pacha.
(Mirhab décoré, contrairement à la tradition malékite,
ce temple n'ayant qu'un caractère de chapelle).
--------Au pied de la châsse, sont
inhumés les restes du savant Boudjema
qui fut le professeur de Sidi Abd-er-Rahmnan.
--------Dans le sanctuaire furent déposés
des étendards offerts par la population musulmane aux Tirailleurs
lors de leur départ pour les expéditions coloniales et pour
la grande guerre. La bibliothèque renferme un manuscrit précieux,
vieux de
plus de 750 années.
--------En cette mosquée
vinrent plusieurs souverains. Des distributions hebdomadaires d'aliments
aux indigents ont lieu à Sidi Abd-er-Rahman. Chaque année,
la femme du Gouverneur en fonction préside l'une d'elles.
--------C'était, extérieure
à la mosquée, et dans le jardin Marengo même, que
se trouvait naguère encore, la kouba où fut déposée
Lella Aïcha, petite fille du célèbre docteur.
Cette kouba fait aujourd'hui partie de la nécropole de Sidi Abd-er-Rahman.
--------De nombreuses dotations furent faites
dans le cours des siècles au profit de cette mosquée. Celle-ci,
en 1830, possédait soixante-neuf immeubles, rapportant annuellement
6 000 francs.
--------Parmi les dons en nature faits à
Sidi Abd-er-Rahman, nous relevons celui, original, d'une dame Douma bent
Mohammed qui, en 1825, constitua en habous ses chaudrons de cuivre en
faveur du tombeau du saint. Ces ustensiles devaient servir à la
cuisson des aliments distribués aux pauvres. Ils devaient être
"entretenus, étamés et réparés"
sur les revenus d'une boutique dont la donatrice était propriétaire.
--------On sait que les mosquées donnaient
droit d'immunité à tous les individus poursuivis qui s'y
réfugiaient.
--------Sidi Abd-et-Rahmnan, en 1829, servit
d'asile à un certain Hadj-es-Saadi,
ancien mezouar. Celui-ci, en reconnaissance de la protection qu'il reçut
du saint, s'engagea à affranchir tous ses esclaves nègres.
--------C'est sur le tombeau de Sidi-Abd-er-Rahman
que les Musulmans, en contestation d'affaires, sont appelés à
témoigner en présence de leurs juges, de la sincérité
de leurs déclarations.
--------L'actuel imam est M. Amin Kaddour.
Au sujet du nom "Abd-er
Rahman"
--------Le nom, Sidi Abd-er-Rahman,
il convient de l'indiquer en complément de cet article, signifie
: Monseigneur, serviteur du Clément - il est porté par nombre
de Musulmans.
--------Nous signalerons à ce propos,
le sens d'autres noms tels : Abd-Allah, serviteur de Dieu; Abd-el-Aziz,
serviteur du Tout-Puissant; Mahi-Eddin, dirigé par la religion;
Kheïr-ed-Din, le bien de la religion; Salah-ed-Din (Saladin), le
restaurateur de la religion.
--------Parmi les prénoms, certains
sont des noms de patriarches ou de prophètes Ibrahim (Abraham);
Yacoub (Jacob); Moussa (Moïse); Soliman ou Sliman (Salomon); Daoud
(David); Aïssa (Jésus - qualifié prophète, lui
aussi).
--------Autres prénoms : Mustapha
(élu de Dieu); Mohammed, Mahmoud (le bien loué); Hassan
(le beau) avec Hoceïn, Hussein, comme diminutifs; Kadour (le fort).
--------Prénoms féminins :
Aïcha (heureuse); Messaouda (fortunée); N'fiça (précieuse);
Yasmina (jasmin); Zohra (fleur d'oranger).
--------Parmi les
noms, il en est indiquant une origine : Djezaïri (d'Alger), Cherchali
(de Cherchell); Trabelsi (de Tripoli), Stambouli (de Constantinople),
Ben Genoïs (de Gênes); rappelons en outre que maints noms de
chrétiens ne sont autres que des noms arabes modifiés, par
exemple : Alvarès (El Farès), Darbéda (Dar Beïda),
la maison blanche.
Sidi-Abd-Allah
--------Ce temple à
minaret intéressant comporte une école coranique (rue Sidi-Abdallah,
dans la casbah, a eu pour nom Haouanat Si Abdallah- les boutiques de
Sidi-Abd-Allah - et Aïn-el-Ateuch
-la fontaine de la soif-)
Sidi Mohammed Ech-Cherif
--------Ce marabout se trouve
dans l'ancien Alger, en un joli site dénommé par les artistes
: carrefour Fromentin. Le saint personnage inhumé là depuis
1541 - année de l'expédition de Charles-Quint - est l'objet
d'une grande vénération de la part des femmes musulmanes.
C'est à lui, en effet, que celles d'entre elles qui désirent
goûter les joies de la maternité viennent adresser leurs
vux.
--------À ce marabout a été
annexé une zaouia . Un ancien état des dépenses de
cet établissement mentionne entre autres choses, l'achat de soixante
litres d'huile pour l' l'éclairage - d'un certain nombre de nattes
- et aussi de vingt-cinq livres de sucre "pour le breuvage offert
aux savants qui viennent faire là leurs dévotions".
--------La zaouïa était généreuse
pour les pauvres. À ceux-ci, le jour de la grande fête du
Mouloud, elle offrait, dit un document, " deux bufs, dix-huit
mesures de blé, trente livres de beurre, dix charges de bois, six
mesures d'huile, etc
".
--------A l'entrée du marabout , se
trouve une fontaine que le Comité du Vieil Alger a fait décorer
de mosaïques et d'un auvent. L'imam du temple est M.Chérif
Zahar.
Sidi-Bou Ghedour
--------Non loin de Sidi
Mohammed Ech-Chérif, un autre saint personnage fut inhumé,
au XVIè siècle, qui était surnommé Sidi bou
Ghedour (l'homme aux marmites) . Pendant le siège d'Alger par Charles
Quint, dit une légende , cet homme descendit sur le quai de la
darse où il brisa une certaine quantité de pots de terre
récemment débarqués. Les Musulmans, d'abord surpris
de sa conduite, constatèrent bientôt avec admiration, paraît-il,
qu'à chaque vase mis en pièce, une galère impériale
se fracassait à la côte . La foule le considéra sur-le-champ
comme un saint et lui donna le surnom de Bou Ghedour.
--------Le mérite
d'avoir provoqué la tempête devenue si funeste à la
flotte de Charles-quint, fut aussi attribué (voir plus haut) à
Ouali Dadda, à Sidi Bethka dont s'élevait le marabout près
de la porte d'Azoun, et à un nègre du nom de Youssef, qu'on
oublia, à la suite d'une démarche que fit auprès
de Hassen-Agha, l'aristocratie religieuse, humiliée de la notoriété
dont commençait à jouir cet esclave.
Marabout Sidi-ben Ali
et Cimetière (dit des Princesses)
--------Rue Mirabeau (cette
voire fut baptisée N'fiça, du nom de l'une des deux princesses
enterrées en son cimetière), anciennement rue de l'Empereur
--------Cette petite
nécropole située au centre de la ville arabe, comprend le
tombeau du saint très vénéré des Musulmans
: Sidi Ahmed ben Ali.
--------Tout près, ont été
inhumées deux filles d'Hassan-Pacha, dont les tombes présentent
deux stèles de marbre et un cippe surmonté d'un turban.
--------Les inscriptions de ces stèles
sont les suivantes
"Voici le tombeau de feue Fatma bent Hassan
Bey. Que Dieu lui pardonne ainsi qu'à tous les Musulmans. Amen!
Amen!"
--------"Voici
le tombeau de celle qui est en possession de la miséricorde de
Dieu N'fiça, fille de feu Hassan Pacha. Que Dieu lui fasse miséricorde
ainsi qu'à tous les Musulmans."
--------D'autres tombes subsistent encore
là, décorées de pièces d'ardoise aux fines
ciselures. De très vieux figuiers étendent leur feuillage
sur ce lieu, colorant d'un étrange jour vert, ce coin d'un charme
particulier.
Mosquée des Mozabites
--------Aux édifices
religieux relevant du rite maleki ou du rite hanefi est à ajouter,
pour Alger, la mosquée d'un culte dissident, celles des Hadites
communément désignés Mozabites.
--------Les adeptes de cette secte n'admettent
que la lettre du Coran, ne souffrant nulle interprétation du livre
de Mahomet. Leur dissidence religieuse valut aux Mozabites du passé,
aux Ouabites, de nombreuses persécutions. Obligés de s'expatrier
de l'Orient, ils s'enfuirent à Djerba puis jusqu'à Tiaret
d'où ils durent encore émigrer pour se fixer dans le Sud
algérien en l'aridité duquel ils créèrent
de magnifiques oasis.
--------Des colonies de schismatiques se
formèrent encore à Masaté, à Zanzibar.
--------Un temple, il y a quelque soixante
ans, fut par eux édifié à Alger, rue de Tanger, sur
l'emplacement d'un plus ancien, dont l'actuelle génération
n'a qu'un vague souvenir.
--------Ce temple qui comporte une coupole
reposant sur des colonnes est décoré d'intéressants
panneaux de faïences.
--------Un hammam l'avoisine.
Seuls, les hommes viennent prier là, les femmes par tradition,
demeurant au pays.
--------A la mosquée
ibadite est adjointe une mahakma que préside un cadi.
--------En raison de leur audacieuse conduite
lors du siège de la ville par Charles-Quint, les Mozabites, détail
donné précédemment, reçurent des Barbaresques,
le monopole des bains maures et des boucheries.
Lieux de dévotion
des Nègres
--------Le mahométisme
des Nègres s'associe, on le sait, de croyances et de pratiques
particulières. On trouvera à ce sujet des indications au
chapitre : La Banlieue (Fontaine des Génies).
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