sur site le 29-09-2003
Alger, quelques-unes de ses mosquées
d'après "Comité du Vieil Alger, Feuillets d'El-Djezaïr, Fondateur Henri Klein (1910)" Éditions du Tell, 3 rue des frères Torki à 09000 Blida
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Djama-Kébir (Grande Mosquée)

-------Cette mosquée, la plus grande d'Alger, est affectée au rite maléki, le seul qui fût observé à Alger, avant l'arrivée des Turcs. Djama-Kébir fit partie de la ville berbère; elle fut édifiée sur les ruines d'une basilique chrétienne (une partie des substructions repose sur une portion de l'ancien rempart romain) dont l'abside, rapporte l'historien arabe El Bekri, était, en raison de son orientation vers le Levant, utilisée comme lieu de prière. On la décorait de tapis et d'images saintes, les jours de grande fête.
-------Une inscription du mimbar dit : "Au nom de Dieu, clément et miséricordieux, ce mirhab a été élevé le premier jour de Redjeb de l'an 409 (1018)". La construction de la mosquée date donc, au moins, du XIè siècle (Le professeur Marçais donna de ce mimbar une intéressante étude qui, en décembre 1920, fut lue à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Ce mimbar daterait, non de 1018, mais de 1097. Il comporte entre autres ornements, 45 panneaux de cèdre sculptés (carrés, triangles ou trapèzes). Dans son décor floral. L'œillet fait défaut. Bien qu'en ressemblance avec celle de Kairouan, cette chaire accuse l'influence de l'Espagne si nette à Tlemcen et à Fez.).
--------Une inscription placée près du minaret, célèbre le roi de Tlemcen, Abou Tachefin de qui dépendait Alger autrefois, et qui, en 1324, avait élevé cette partie du temple. En voici la traduction:
--------«Au nom de Dieu clément et miséricordieux, lorsque le prince des musulmans, Abou Tachefin (que Dieu le fortifie et l'assiste), eut achevé le minaret d'Alger, dans une période dont le commencement est le dimanche, 17è jour de doul kada de l'année 722 (22 novembre 1322), le minaret susdit sembla, par son aspect actuel, s'écrier : " Quel est le minaret dont la beauté est comparable à la mienne?" Le prince des Musulmans a érigé des boules (les trois pommes de cuivre peintes en vert, fixées à la flèche de la tour), des boules dont il m'a fait une parure brillante, et il a complété ma construction. La lune du firmament s'est présentée à moi dans tout son éclat et m'a dit :" Sur toi, mon salut, ô toi, la seconde lune!" Aucune vue, en effet, ne captive les cœurs comme la mienne! Allons, venez donc contempler ma beauté et l'aspect que de mes couronnes."

--------"Puisse Dieu accroître l'élévation de celui qui m'a achevé comme celui-ci l'a fait â mon égard et comme il a exhaussé mes murailles."
"Que l'assistance de Dieu ne cesse d'être autour de son étendard, le suivant comme un compagnon et lui servant de seconde armée." (Devoulx).

--------La grande mosquée occupe une superficie de 2 000 mètres. Ses dimensions sont à peu près de 48 mètres sur 40.
--------À la mosquée étaient annexées jadis : 1°/ el djenina (le petit jardin); 2°/ el mocella (oratoire pour les services funèbres); 3°/ une grande cour où était installée une batterie de quatre canons, élevée après le bombardement de Lord Exmouth, en 1816.
--------Le monument s'appuie sur soixante-douze piliers et est recouvert de onze toits. Il comprend onze travées. Son ordonnance est en réduction, un peu celle de la mosquée de Cordoue.
--------La cour aux ablutions comprenait autrefois "un jet d'eau, un noyer et un oranger sauvage".
--------La partie voisine du mirhab fut endommagée en 1683 par les boulets de Duquesne. Les esclaves chrétiens furent employés à sa restauration comme l'avaient été les captifs de 1529, pour les dégradations éprouvées par le temple, lors de la défense du Penon qu'assiégeait Kheïr-ed-Din. Un texte ancien nous apprend que lors du bombardement de Duquesne, les livres saints de la mosquée furent mis en sûreté au Fort l'Empereur. Le mirhab, conformément à la tradition malékite, doit demeurer nu, sans ornements.
--------L'inscription romaine, placée sous le portique de la rue de la Marine provient d'un monument décorant jadis Icosium. La suite de cette inscription a été retrouvée plus tard, rue Bruce. En voici la traduction : "Lucius Coecilius Rufus, fils d'Agilis, flamine perpétuel, ayant épuisé la série des honneurs municipaux de sa patrie, de ses deniers a fait ce don et l'a consacré."
--------Le minaret, haut de quinze mètres, est orné en son sommet, de vingt-quatre merlons. En 1856, le Génie civil para cette tour de faïence bleue, d'un assez joli effet.
--------Le dessous de la grande mosquée est constitué par de hautes voûtes qu'occupa le Génie militaire en 1830 et qui furent dans la suite, louées à des particuliers. M. Picon, premier constructeur du boulevard du Centaure (aujourd'hui: boulevard Gambetta), en fut le locataire, de 1836 à 1838.
--------En cette mosquée, se tenaient autrefois les séances du Tribunal Supérieur appelé le Midjelès. Là, siégeait le muphti hanéfi, lequel, en sa qualité de Turc, avait le pas sur son collègue maléki.
--------Le muphti hanéfi fut, en 1847, destitué pour malversations. Il fut envoyé aux îles Sainte-Marguerite, puis de là, en Egypte. A son départ, plusieurs registres de cette mosquée, qui présentaient un réel intérêt, disparurent (Devoulx).
--------Le 13 juin 1873, le préfet Comte d'Ideville installa solennellement le muphti Hadj ben Haffaf, qui avait été le premier secrétaire d'Abd-el-Kader, et mourut âgé de 90 ans, en octobre 1889. Son successeur fut El Hadj Kadour Chérif, ancien lieutenant de l'Emir.
--------Le ler mars 1904, le préfet Rostaing vint remettre la Légion d'Honneur au muphti Ben Zakour (Aïeul de l'actuel muphti de Djama-Djedid.) dont les services dataient de 1844. Le 24 mars 1919, à l'issue de la cérémonie à la mémoire des Indigènes tombés sur le Front, le secrétaire général Borde remit, en présence des autorités réunies, la Légion d'Honneur au muphti Ben-Nacer.
--------Le personnel de la grande mosquée se composait de : deux imams, un porte-crosse du muphti, un huissier, dix-neuf professeurs, dix-huit mouedden, huit lecteurs du Coran, huit oukils ou administrateurs.
--------Il y avait, en outre: huit balayeurs et trois allumeurs.
--------En décembre 1836, le prince de Nemours posa la première pierre de la galerie de marbre de la rue de la Marine, qui fut élevée par les " Condamnés " du colonel Marengo, avec 22 fûts de la mosquée Es-Sida.
--------Une urne contenant le procès-verbal de la cérémonie, rédigé en français et en arabe, et des pièces d'or, d'argent et de bronze, à l'effigie de Louis-Philippe et au millésime de 1836, a été placée sous l'une des colonnes.
-------- En avril 1903, le temple devant lequel devait passer le président Loubet, fut, du côté du boulevard, bordé d'une grille de dessin oriental.
--------Le 9 mai 1865, l'Empereur visita Djama-Kébir. La mosquée fut classée en avril 1887.

Djama-Djedid (Mosquée de la Pêcherie)

--------Cette mosquée, du rite hanéfi, fut élevée en 1660, sur l'emplacement de la médersa Bou Anan. Ce temple, construit de par la volonté de la Milice, est à vrai dire, rappelons-le, l'œuvre de la population entière d'El-Djezaïr, qui fournit tous les fonds nécessaires à son édification.
--------Auprès de ce monument que baignait jadis la mer, se trouvaient la petite mosquée "des Pêcheurs" (Mesdjed-el-Houatin) et la Porte de la Mer (Bab-el-Behar), indiquée précédemment.
--------Cet édifice affecte la forme d'une croix. Sa superficie est de 1 371 mètres carrés.
--------L'architecte qui en dressa les plans était un esclave chrétien lequel, dit une légende, fut mis à mort pour avoir évoqué en cet ouvrage le symbole de sa propre religion. Rien n'est moins exact, car ainsi qu'on l'a déjà fait remarquer, Mahomet II donna en 1453, après la prise de Constantinople, la basilique Sainte-Sophie (de forme cruciale), comme modèle de mosquée.
--------Or, Djama-Djedid ayant été construite sous les Turcs et pour les Turcs, il est tout naturel qu'elle ait reçu la forme qui la signale.
--------Le minaret avait, en principe, trente mètres de hauteur. Les remblais effectués dans la rue de la Marine, après 1830, réduisirent cette hauteur à vingt-cinq mètres. Dans la rue de l'Arc, dénommée autrefois Kâ-es-sour (le pied du rempart), se trouvait une entrée du temple, que surmontait une inscription turque. Cette pièce graphique fut détruite en 1846 par un fanatique musulman, alors qu'un savant de France cherchait à en déchiffrer le texte.
--------Il y a à remarquer en cette mosquée : le mirhab tapissé de faïences précieuses et encadré de fines broderies de plâtre (Auprès du mirhab se trouve une inscription mentionnant le nom du directeur des travaux de l'intérieur : El-Hadj Habib), et le mimbar (tribune à prières) fait de marbres délicatement ciselés, débris de la chaire de Djama-es-Sida, détruite en 1832. Le plafond de bois ciselé et enluminé qui décore la mahakma attenante à ce temple, vient aussi de la mosquée Es-Sida).
--------Djama-Djedid possède un Coran (jadis à la mosquée Ketchaoua) qu'offrit au XVIIIè siècle, un sultan de Constantinople au pacha d'Alger. Ce livre est certes supérieur par ses enluminures à bien des échantillons artistiques de ce genre qu'a légués le Moyen-Âge.
--------L'horloge à carillon (sortie des ateliers de wagner, fut rapportée à Alger en 1833) que l'on voit sur le minaret, se trouvait en 1842 sur la Jénina. Elle fut en 1847, transportée à Djama-Djedid, non sur le temple même, mais sur un échafaudage dressé à l'extérieur, cela en considération de la loi coranique opposée à l'emploi sur les mosquées de la cloche qui rappelle le christianisme, ainsi d'ailleurs que de la trompette qui évoque le souvenir de la religion judaïque (Devoulx).
--------Cependant en 1853, pour donner une assise plus stable à l'horloge, on dut installer celle-ci sur le minaret où elle se trouve actuellement. L'émotion causée dans la population musulmane par cet événement fut assez vive mais elle ne dura pas.
--------En mars 1857, furent placées trois cloches pesant respectivement 50, 80 et 120 kilogrammes. --------L'accommodation du minaret fut oeuvre de l'architecte de la ville, Bournichon. La même année, il fut procédé à la restauration de la mosquée. La dépense s'éleva à 20.000 francs. En septembre 1859, l'horloge fut dotée d'un cadran transparent.
Ainsi qu'il a été dit précédemment, les sous-sols de cette mosquée servirent de magasins à l'armée, jusqu'en 1864, époque à laquelle les Domaines les louèrent à un particulier.


--------Ainsi qu'il a été dit, Djama-Djedid fut sauvée de la ruine en 1831, par le colonel du génie, Lemercier.
--------Menacée à nouveau en 1910, ainsi que sa voisine, l'antique Djama-Kebir, par un projet de transformation de la ville, elle fut encore sauvée grâce à l'intervention des Amis du Vieil El-Djezaïr. La gracieuse mosquée, Djama-Djedid est devenue célèbre par le particulier charme qu'elle présente aux soirs illuminés des 14 juillet, dans le luxe de ses broderies de feu, de ses pendeloques de gemmes embrasées, de ses rutilants colliers de corail, de ses incandescentes étoiles éclatant sur des lacis d'or semés de pierreries.
--------M. Ben Zakour en est actuellement le Muphti. Elle fut visitée par l'Empereur, le même jour que Djama-Kébir. Classée en 1887.

Djama-Safir

--------Cette mosquée, située rue Kleber, fut fondée en 1534, par le renégat Safar ben Abd-Allah, qu'affranchit Kheir-ed-Din. Elle fut reconstruite par Baba-Hassan en 1791, sur le plan de la mosquée Ketchaoua. L'une de ses inscriptions apprend que le monument fut construit en neuf mois. Une autre inscription fait connaître que le dey Hussein la rebâtit en 1827.
--------Cette Djama est remarquable par sa coupole octogonale, ses colonnes anciennes et son mirhab tapissé de jolies faïences persanes. Dans les premiers temps de son existence, Djama-Safir était extérieure à l'ancien Alger. Le quartier où elle se trouve était alors un lieu presque inhabité. C'est une mosquée de rite hanefi. M. Kemichi en est l'imam.

Sidi-Ramdam

--------Djama Sidi-Ramdam fut édifiée avant l'arrivée des Turcs, dans le voisinage de la primitive Casbah berbère, située au haut de l'escalier de Verdun, construction dont fut fait le bastion XI, et qu'en 1930, fit classer le Comité du Vieil Alger.
--------Ce temple, dénommé : mosquée de la vieille Casbah (Djama Kasbah el-Kedima) est un échantillon des cadres de dévotion pauvres et sévères ou pria la première population d'El-Djezaïr.
--------Comme les temples berbères, comme Djama-Kebir, Sidi-Ramdam est recouverte de toits à tuiles.
--------Dans l'intérieur s'érigent dix-huit colonnes disposées sur deux rangs. Ces colonnes sont d'époques bien postérieures à celle de la fondation de l'édifice.
--------Cette mosquée possédait cinquante immeubles assurant son entretien avec leurs revenus.

Sidi Abd-er-Rahman

--------La gracieuse mosquée Sidi Abd-er-Rahman qui avec son élégant minaret à colonnettes, se dresse de façon si pittoresque au-dessous des bosquets du jardin Marengo, a été construite en 1696, sur l'emplacement de la kouba en laquelle avait été inhumé, en 1471, le célèbre docteur africain, Sidi Abder-Rahman.
--------Ce personnage, qui alla en Orient étudier les sciences et la théologie appartenait à la tribu des Tçalba, laquelle au VIIIè siècle, domina sur la Mitidja, d'où son surnom de : Tçalbi.
Détail déjà rappelé : Abd-er-Rahman habita à Alger une maison de la rue de la Charte, aujourd'hui enclavée dans l'ancienne Préfecture. Il était né en 1387.
--------De nombreux musulmans furent enterrés autour de la mosquée du saint, qui elle-même contient plusieurs tombes.
--------On remarque à l'extérieur
--------Le tombeau de Ouali Dadda dont les restes étaient autrefois rue du Divan. La kouba érigée en cette rue, fut démolie en 1864 pour l'agrandissement du couvent de la Miséricorde. Sur son emplacement se trouve une école de filles. À cette kouba était annexé un refuge entretenu avec les biens que laissa le saint. Selon la légende, ce saint venu d'Orient par mer, sur une natte, souleva contre les navires de Charles-Quint les flots qu'il battit au préalable, de verges. Il mourut en 1554.
--------Son tombeau présente l'inscription suivante : "Il est le saint des créatures et le pôle des êtres créés. Lorsqu'il se proposa de partir pour l'autre monde, en louant Dieu, nous entendîmes une voix prononçant la date de sa mort; elle disait : "Que Dieu l'abreuve d'une boisson purifiante". Année 961 (1554)." )Ouali Dadda, rapporte Berbrugger, tenait, en dépit de sa sainteté, rue du Divan, une taverne où il vendait de l'alcool. On conserva dans sa primitive kouba, son fusil, sa masse d'armes et sa hallebarde.

La Mosquée de Sidi Abd-Er-Rahmane, sise sur les hauts d'Alger, fut édifiée en 1692 sur l'emplacement de la première sépulture du Saint, patron d'Alger, pour les Musulmans.
-----Sidi Abd-Er-Rahmane naquit en 1387, fit ses études en Orient et mourut à l'âge de 84 ans.
-----Ses ouvrages de Théologie sont étudiés dans les Zaouïas (Confréries religieuses ) par les "Tolbas".
Son nom figure en lettres d'or sous la coupole de la Médersa voisine de son tombeau.
-----Le Comité du vieil Alger a, par une plaque de marbre, honoré, rue de Charte, le lieu où fut sa maison.
-----Le prestige du Saint fut très grand et dépassa les bornes de la ville.Il fut un temps où les juges au Conseil des Prud'hommes venaient affirmer la sincérité de leurs déclarations, sur sa tombe, c'est dire s'il a été vénéré. --Près du Saint dorment plusieurs Deys.
-----Dans le cimetière entourant la Mosquée, se trouvent les sépultures du dernier Bey de Constantine, du vénéré Sidi Mansour et d'Ouali-Dadda. D'après la légende, c'est ce dernier qui créa la tempête qui sévit contre la flotte de Charles-Quint venu assiéger la ville d'Alger 1541.
-----D'innombrables visiteurs algériens et étrangers ont visité le tombeau. Parmi eux, citons : la Reine Amélie du Portugal, le Roi Oscar de Suède, le Roi Edouard VII et la Reine Alexandra, ...le Président de la République française A. Millerand en 1922.
( Source: " le diadème et les perles", Yvon Grena ,une fenêtre ouverte sur le Monde méditerranéen)

-------Le temporel de Ouali-Dadda était d'une certaine importance. Son haouch de Maison-Carrée qu'acquit le Maréchal Clauzel, comprenait un marabout sous son vocable. Là, au début de la Conquête, furent tués 30 soldats de la Légion Étrangère. Il y avait en ce lieu, nombre de vaches, de moutons, de chevaux, une grande quantité de grains, sous la garde du Ministre des Biens Ruraux.
--------Le 10 du premier mois de l'année, celui-ci remettait à l'Oukil de la rue du Divan, la somme qui lui revenait. Cette somme assez élevée, tomba après 1830, à 720 francs.
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--------Le tombeau de Sidi-Mansour, précédemment à la porte d'Azoun. Les restes de ce marabout furent transportés à Sidi-Abd-er-Rhaman en 1846, quand eut lieu la démolition du rempart près duquel le saint était inhumé. Ce personnage qui vivait au XVIè siècle fut le disciple de Sidi Zenouk qui, lui-même, avait suivi les leçons de Abd-er-Rahman. (Voir à : La Porte d'Azoun et ses abords).
La tombe de marbre de Khedeur-Pacha, qui fut étranglé en 1605 par ordre de Kouça Mustapha, pacha vassal de la Sublime Porte.
--------Le tombeau d'Ahmed-Bey de Constantine, qui fut interné en 1848 à Alger et habita une maison de la rue Scipion où fut plus tard le commissariat central.
--------Le tombeau de Sidi Abd Allah dont une rue de la ville porte le nom.
--------La tombe du muphti hanefi Boukandoura et, tout près, celle de Ben Zakour, imam de la grande mosquée.
--------Le magnifique tombeau de marbre de Youcef Pacha, ciselé d'épigraphies et de fleurs stylisées.
--------Au-dessus de ces sépultures se dressent un cyprès et un palmier centenaires du plus joli effet.
--------Dans les bâtiments attenants à la mosquée, se trouvent le tombeau de l'oukil Sidi Ouada, dernier architecte de ce temple, et plusieurs tombes anciennes.
--------Cette partie de l'édifice comprend les cuisines où sont préparés les repas destinés aux pauvres que secourt régulièrement la mosquée.

--------À l'entrée du marabout de Sidi Abd-er-Rahman est scellée une inscription où est célébré l'oukil Abd-el-Kader qui, en 1627, édifia le monument. La première ligne du texte dit : "Ceci est le tombeau de Sidi Abd-er-Rahman".
--------Au-dessus du porche se voit une autre inscription nommant le dey Hadj Ahmed qui ordonna la construction de l'édifice. Le mot "Bitchoukin" (Amour) qui s'y trouve forme un chronogramme donnant d'après la valeur numérale des lettres, la date de la fondation de la mosquée : année 1108 (1696).
--------Dans l'intérieur du temple, repose ce saint, sous une magnifique châsse de bois sculpté et doré qu'environnent des bannières de soie. A la coupole, sont suspendus nombreux, des lustres de cristal et aussi des étendards d'étoffes précieuses qui, avec les ex-voto et les faïences rares du pourtour, forment un ensemble d'une exquise originalité.
--------Une inscription s'y trouve aussi, qui rappelle que l'entier achèvement de l'édifice fut réalisé par les soins de l'oukil Sidi Ouada, sous le pacha Abdy, en 1730.
--------Tout près est appendu un tableau reproduisant l'aspect présenté, il y a deux siècles, par la mosquée dont le minaret apparaît tout enluminé (Des traces de couleurs se retrouvent, en effet, sous la couche de chaux des murs de ce minaret).
--------Il y a en outre dans ce sanctuaire, les tombeaux d'Hassen-Pacha, de MustaphaPacha et du dey Ahmed.
--------Au fond, près du mirhab : le tombeau de Rosa, fille d'Hassen-Pacha. (Mirhab décoré, contrairement à la tradition malékite, ce temple n'ayant qu'un caractère de chapelle).
--------Au pied de la châsse, sont inhumés les restes du savant Boudjema qui fut le professeur de Sidi Abd-er-Rahmnan.
--------Dans le sanctuaire furent déposés des étendards offerts par la population musulmane aux Tirailleurs lors de leur départ pour les expéditions coloniales et pour la grande guerre. La bibliothèque renferme un manuscrit précieux, vieux de
plus de 750 années.

--------En cette mosquée vinrent plusieurs souverains. Des distributions hebdomadaires d'aliments aux indigents ont lieu à Sidi Abd-er-Rahman. Chaque année, la femme du Gouverneur en fonction préside l'une d'elles.
--------C'était, extérieure à la mosquée, et dans le jardin Marengo même, que se trouvait naguère encore, la kouba où fut déposée Lella Aïcha, petite fille du célèbre docteur. Cette kouba fait aujourd'hui partie de la nécropole de Sidi Abd-er-Rahman.
--------De nombreuses dotations furent faites dans le cours des siècles au profit de cette mosquée. Celle-ci, en 1830, possédait soixante-neuf immeubles, rapportant annuellement 6 000 francs.
--------Parmi les dons en nature faits à Sidi Abd-er-Rahman, nous relevons celui, original, d'une dame Douma bent Mohammed qui, en 1825, constitua en habous ses chaudrons de cuivre en faveur du tombeau du saint. Ces ustensiles devaient servir à la cuisson des aliments distribués aux pauvres. Ils devaient être "entretenus, étamés et réparés" sur les revenus d'une boutique dont la donatrice était propriétaire.
--------On sait que les mosquées donnaient droit d'immunité à tous les individus poursuivis qui s'y réfugiaient.
--------Sidi Abd-et-Rahmnan, en 1829, servit d'asile à un certain Hadj-es-Saadi, ancien mezouar. Celui-ci, en reconnaissance de la protection qu'il reçut du saint, s'engagea à affranchir tous ses esclaves nègres.
--------C'est sur le tombeau de Sidi-Abd-er-Rahman que les Musulmans, en contestation d'affaires, sont appelés à témoigner en présence de leurs juges, de la sincérité de leurs déclarations.
--------L'actuel imam est M. Amin Kaddour.

Au sujet du nom "Abd-er Rahman"

--------Le nom, Sidi Abd-er-Rahman, il convient de l'indiquer en complément de cet article, signifie : Monseigneur, serviteur du Clément - il est porté par nombre de Musulmans.
--------Nous signalerons à ce propos, le sens d'autres noms tels : Abd-Allah, serviteur de Dieu; Abd-el-Aziz, serviteur du Tout-Puissant; Mahi-Eddin, dirigé par la religion; Kheïr-ed-Din, le bien de la religion; Salah-ed-Din (Saladin), le restaurateur de la religion.
--------Parmi les prénoms, certains sont des noms de patriarches ou de prophètes Ibrahim (Abraham); Yacoub (Jacob); Moussa (Moïse); Soliman ou Sliman (Salomon); Daoud (David); Aïssa (Jésus - qualifié prophète, lui aussi).
--------Autres prénoms : Mustapha (élu de Dieu); Mohammed, Mahmoud (le bien loué); Hassan (le beau) avec Hoceïn, Hussein, comme diminutifs; Kadour (le fort).
--------Prénoms féminins : Aïcha (heureuse); Messaouda (fortunée); N'fiça (précieuse); Yasmina (jasmin); Zohra (fleur d'oranger).
--------Parmi les noms, il en est indiquant une origine : Djezaïri (d'Alger), Cherchali (de Cherchell); Trabelsi (de Tripoli), Stambouli (de Constantinople), Ben Genoïs (de Gênes); rappelons en outre que maints noms de chrétiens ne sont autres que des noms arabes modifiés, par exemple : Alvarès (El Farès), Darbéda (Dar Beïda), la maison blanche.

Sidi-Abd-Allah

--------Ce temple à minaret intéressant comporte une école coranique (rue Sidi-Abdallah, dans la casbah, a eu pour nom Haouanat Si Abdallah- les boutiques de Sidi-Abd-Allah - et Aïn-el-Ateuch -la fontaine de la soif-)

Sidi Mohammed Ech-Cherif

--------Ce marabout se trouve dans l'ancien Alger, en un joli site dénommé par les artistes : carrefour Fromentin. Le saint personnage inhumé là depuis 1541 - année de l'expédition de Charles-Quint - est l'objet d'une grande vénération de la part des femmes musulmanes. C'est à lui, en effet, que celles d'entre elles qui désirent goûter les joies de la maternité viennent adresser leurs vœux.
--------À ce marabout a été annexé une zaouia . Un ancien état des dépenses de cet établissement mentionne entre autres choses, l'achat de soixante litres d'huile pour l' l'éclairage - d'un certain nombre de nattes - et aussi de vingt-cinq livres de sucre "pour le breuvage offert aux savants qui viennent faire là leurs dévotions".
--------La zaouïa était généreuse pour les pauvres. À ceux-ci, le jour de la grande fête du Mouloud, elle offrait, dit un document, " deux bœufs, dix-huit mesures de blé, trente livres de beurre, dix charges de bois, six mesures d'huile, etc…".
--------A l'entrée du marabout , se trouve une fontaine que le Comité du Vieil Alger a fait décorer de mosaïques et d'un auvent. L'imam du temple est M.Chérif Zahar.

Sidi-Bou Ghedour

--------Non loin de Sidi Mohammed Ech-Chérif, un autre saint personnage fut inhumé, au XVIè siècle, qui était surnommé Sidi bou Ghedour (l'homme aux marmites) . Pendant le siège d'Alger par Charles Quint, dit une légende , cet homme descendit sur le quai de la darse où il brisa une certaine quantité de pots de terre récemment débarqués. Les Musulmans, d'abord surpris de sa conduite, constatèrent bientôt avec admiration, paraît-il, qu'à chaque vase mis en pièce, une galère impériale se fracassait à la côte . La foule le considéra sur-le-champ comme un saint et lui donna le surnom de Bou Ghedour.
--------Le mérite d'avoir provoqué la tempête devenue si funeste à la flotte de Charles-quint, fut aussi attribué (voir plus haut) à Ouali Dadda, à Sidi Bethka dont s'élevait le marabout près de la porte d'Azoun, et à un nègre du nom de Youssef, qu'on oublia, à la suite d'une démarche que fit auprès de Hassen-Agha, l'aristocratie religieuse, humiliée de la notoriété dont commençait à jouir cet esclave.

Marabout Sidi-ben Ali et Cimetière (dit des Princesses)

--------Rue Mirabeau (cette voire fut baptisée N'fiça, du nom de l'une des deux princesses enterrées en son cimetière), anciennement rue de l'Empereur
--------Cette petite nécropole située au centre de la ville arabe, comprend le tombeau du saint très vénéré des Musulmans : Sidi Ahmed ben Ali.
--------Tout près, ont été inhumées deux filles d'Hassan-Pacha, dont les tombes présentent deux stèles de marbre et un cippe surmonté d'un turban.
--------Les inscriptions de ces stèles sont les suivantes
"Voici le tombeau de feue Fatma bent Hassan Bey. Que Dieu lui pardonne ainsi qu'à tous les Musulmans. Amen! Amen!"
--------"Voici le tombeau de celle qui est en possession de la miséricorde de Dieu N'fiça, fille de feu Hassan Pacha. Que Dieu lui fasse miséricorde ainsi qu'à tous les Musulmans."
--------D'autres tombes subsistent encore là, décorées de pièces d'ardoise aux fines ciselures. De très vieux figuiers étendent leur feuillage sur ce lieu, colorant d'un étrange jour vert, ce coin d'un charme particulier.

Mosquée des Mozabites

--------Aux édifices religieux relevant du rite maleki ou du rite hanefi est à ajouter, pour Alger, la mosquée d'un culte dissident, celles des Hadites communément désignés Mozabites.
--------Les adeptes de cette secte n'admettent que la lettre du Coran, ne souffrant nulle interprétation du livre de Mahomet. Leur dissidence religieuse valut aux Mozabites du passé, aux Ouabites, de nombreuses persécutions. Obligés de s'expatrier de l'Orient, ils s'enfuirent à Djerba puis jusqu'à Tiaret d'où ils durent encore émigrer pour se fixer dans le Sud algérien en l'aridité duquel ils créèrent de magnifiques oasis.
--------Des colonies de schismatiques se formèrent encore à Masaté, à Zanzibar.
--------Un temple, il y a quelque soixante ans, fut par eux édifié à Alger, rue de Tanger, sur l'emplacement d'un plus ancien, dont l'actuelle génération n'a qu'un vague souvenir.
--------Ce temple qui comporte une coupole reposant sur des colonnes est décoré d'intéressants panneaux de faïences.
--------Un hammam l'avoisine. Seuls, les hommes viennent prier là, les femmes par tradition, demeurant au pays.
--------A la mosquée ibadite est adjointe une mahakma que préside un cadi.
--------En raison de leur audacieuse conduite lors du siège de la ville par Charles-Quint, les Mozabites, détail donné précédemment, reçurent des Barbaresques, le monopole des bains maures et des boucheries.

Lieux de dévotion des Nègres

--------Le mahométisme des Nègres s'associe, on le sait, de croyances et de pratiques particulières. On trouvera à ce sujet des indications au chapitre : La Banlieue (Fontaine des Génies).