Sidi-Abd-er-Rahmân

Extrait du bulletin municipal, novembre 1953, n°11 - collection B.Venis
ici, le 28-5-2007

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Le sanctuaire, tel qu'il était au début du XIXe siècle
Le sanctuaire, tel qu'il était au début du XIXe siècle

Le 20 septembre 1953, au cours d'une séance publique, le Conseil Municipal d'Alger a adopté à l'unanimité, un rap-port présenté par M. Arnold, adjoint, donnant un avis favorable au principe de la cession à l'Algérie d'une parcelle de terrain communal de 815 mètres carrés, sise à l'angle des rues Ben Cheneb et Sidi Abderrahmane.

La Ville a consenti cette cession à condition que ce terrain soit uniquement affecté aux besoins du sanctuaire de Sidi Abrerrahmane, et qu'aucune construction n'y soit édifiée.

En la circonstance, devait préciser M. Jacques Chevallier, député-maire, " la Ville d'Alger, en rendant à la Mosquée Sidi Abderrahmane ce qu'elle désirait depuis longtemps, a fait un geste qui sera certainement apprécié de la population musulmane. Aussi, lorsqu'il a appris ce geste, M. le bâtonnier Kaid Hammoud, de l'Ordre des Avocats de Fez, a tenu, pour remercier la Ville d'Alger, à lui faire don d'une lettre autographe de l'Emir Abdelkader, particulièrement précieuse ".

Nous donnons, dans les pages qui suivent, le texte original de cette lettre, ainsi que sa traduction, et un reportage illustré sur la Mosquée Sidi-Abderrahmane, un des hauts lieux d'Alger.

Une lettre de l' Emir ABDELKADER don du batonnier de Fez KAID HAMOU à M. Jacques CHEVALIER, Député-Maire d'Alger

Une lettre de l' Emir ABDELKADER don du batonnier de Fez KAID HAMOU à M. Jacques CHEVALIER, Député-Maire d'Alger

Louange à Dieu seul !
A notre fils, le vertueux, l'honorable esseyed Mohammed ben Abdelkader Abou Taleb !

Sur vous puissent se répandre le salut parfait de Dieu, toute sa bénédiction, sa miséricorde et ses grâces.

Si vous voulez avoir de nos nouvelles, sachez que nous nous portons bien et que nous sommes en paix. Dieu en soit loué.

Nous vous informons de ce que vos lettres nous sont parvenues et de ce que nous avons été profondément désolés en apprenant ce qui vous est arrivé. Nous n'avons pas manqué d'écrire à l'Ambassadeur et au Consul de France pour vous recommander à leur attention.

Si vous parvenez à jouir de la protection et de la sécurité qu'il vous faut, cela sera notre satisfaction ; sinon, nous vous conseillerions de vous rendre auprès de vos frères à Sétif ou à °raiz. Vos raisons seraient légitimes et il ne vous serait point reproché de résider auprès de vos frères. Ils ne vous ont pas oublié en demandant à Dieu de vous réserver un meilleur sort et de vous assister. Puisse Dieu exaucer leurs prières.

Nous tous, avec ceux qui vivent parmi nous, vous adressons nos salutations ainsi qu'à tous les vôtres.

Ce 25 Djoumada Eth Thanéa 1293 (de l'Ere hégirienne 1873).
Signé : ABDELKADER BEN MAHIEDDINE.
(Suit le cachet du signataire).
P.S. - Nous avons également écrit au Ministère des Affaires Etrangères pour vous recommander à lui. S'il plaît à Dieu, votre désir sera réalisé.

minaret

Le sanctuaire de Sidi Abderrahmane se compose d'une mosquée, flanquée d'un élégant minaret carré à étages d'arcatures, où brillent des revêtements de faïences de Perse et de Rhodes. A Sidi Abderrahmane, on peut admirer aussi des colonnettes triples munies de chapiteaux de style saâdien, provenant de Marrakech.

Sidi Abderrahmane El Tsalibi, né en 1347, mort en 1471, marabout de la tribu des Tsaliba, souveraine en Mitidja jusqu'à l'arrivée des Turcs, est aussi célèbre chez les musulmans d'Algérie par la sainteté de sa vie que par sa science. Ce grand musulman, fondateur de la confrérie des Rahmania, très répandue en Algérie et pour laquelle il a composé une " Règle " en 1.600 vers arabes, alla en Orient étudier les sciences et la théologie.

A l'entrée du marabout de Sidi Abderrahmane est scellée une inscription où est célébré l'oukil Abdelkader qui, en 1627, édifia le monument. La première ligne du texte dit : " Ceci est le tombeau de Sidi Abderrahmane ".

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l'archiduc Joseph-

Les plus illustres visiteurs d'Alger se rendent à la mosquée Sidi-Abderrahmane.
A la fin de l'été dernier, voici surpris, dans la cour du sanctuaire, LL. AA. l'archiduc Joseph-
François, arrière petit-fils de l'empereur d'Autriche, François Joseph, et oncle d'Otto de
Halsbourg, son épouse Anne d'Autriche, descendante du grand duc de Toscane, et leur fille Béatrice.

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Sur la terrasse de Sidi Abderrahmane, il y a plusieurs tombeaux.

Sur la terrasse de Sidi Abderrahmane, il y a plusieurs tombeaux. Celui de Ouali Dadda, dont les restes étaient autrefois rue du Divan. Selon la légende, ce saint, venu d'Orient par la mer, sur une natte, souleva contre des navires de Charles Quint les flots qu'il battit au préalable de verges. Il mourut en 1554. Il y a aussi le tombeau de Lalla Aïcha, petite fille de Ouali Dadda qui, elle aussi, contribua d'après la légende, à da déroute des vaisseaux de Charles Quint. On peut remarquer également les tombeaux d'Ahmed Bey, de Constantine ; celui de Sidi-Mansour, dont la koubba se trouvait près de l'ancienne porte Bab-Azoun ; et enfin la magnifique sépulture de marbre de Youssef Pacha, ciselée d'épigraphie et de fleurs stylisées.

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l'intérieur du temple,

L'actuelle Sidi Abderrahmane qui a remplacé, sans doute un édifice plus ancien, a été commencée en 1696, sous le dey El Hadj Ahmed. Elle a été achevée en 1730. Dans l'intérieur du temple, repose Sidi Abderrahmane, sous une magnifique chasse de bois sculpté et doré, entouré de bannières de soie. A la coupole sont suspendus des lustres de cristal et des étendards d'étoffes précieuses, caressant des ex-voto et des faïences rares. Dans ce sanctuaire se trouvent les tombeaux de Mustapha Pacha, du dey Ahmed, d'Hassem Pacha. Au fond du mirhab, il y a le tombeau de Rosa, fille d'Hassem Pacha, et au pied de la chasse, sont inhumés les restes du savant Boudjema, qui fut le professeur de Sidi Abderrahmane.