Alger,
les mosquées
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-----Une
centaine de mosquées à Alger, à la fin du XVIè
siècle, d'après Haëdo ; en 1830, suivant Devoulx, 13
grandes, 109 petites, 32 chapelles et 12 zaouïas. Mais le bon Devoulx
ajoute qu'il ne faut pas chercher de " riches mosaïques, de merveilleuses
broderies, de fines arabesques sur ces bâtiments sans élégance,
sur ces minarets lourds et massifs : " ils
étaient uvre de maçons et non d'artistes
" Ainsi définit-il les oratoires antérieurs au XVIIè
siècle. Alger, à cette époque, n'est qu'un pauvre village
berbère. Mosquée d'Ali Bitchnin -----Piccinino-Ali Bitchnin, renégat italien, armateur de galères pour la course où il employait trois mille de ses esclaves, fonda en 1622 la Mosquée devenue l'Église de Notre-Dame des Victoires. Elle se composait d'une grande nef carrée. Du côté ouest des galeries. Le mihrab, au milieu dit mur oriental, encadré d'une arcade en fer à cheval plein cintre. Le minaret quadrangulaire, haut de 15 mètres, fut abattu en 1860 pour cause de sécurité publique. A l'intérieur, pas de décoration. La mosquée de la Pêcherie -----Djama El-Djedid, de la place du gouvernement à Alger. -----Construite en 1070 (1660 de J.-C.) par ordre de la milice. " Que Dieu, dit une inscription, arrête ses regards sur les " soldats victorieux et donne à chacun mille récompenses ". Ainsi, ces janissaires à moustaches bourrues, terreur des citadins, pensaient au salut de leur âme! C'est ici l'un des très rares exemples de la fondation d'une mosquée par une collectivité. L'usage musulman abandonne ces initiatives aux princes ou à quelques particuliers riches d'intentions et de pécule. -----Le monument s'oriente du Nord-Ouest au Sud-est, sur une longueur de 39m50 et une largeur de 24m. Le plan, en forme de croix latine, évoque une église avec nef, coupole centrale, transept et chevet. -----De là, sans doute, la légende de l'esclave chrétien chargé de diriger les travaux. Dans une pieuse pensée, il disposa la grande coupole au point crucial des quatre voûtes en berceau. En fait, il ne fit que reproduire le type des mosquées turques. Mais il est inscrit au martyrologe. -----Une nef centrale de 9 mètres flanquée de deux nefs latérales de 5m50 et de 6m. Le mihrab, tapissé de céramique creuse le mur sud-est. Sur son ogive: " Louange à Dieu unique. Que Dieu répande ses grâces sur notre Seigneur Mohammed. Ensuite, que Dieu vous accorde sa miséricorde. Celui qui s'est occupé, avec zèle et assiduité, de " la construction de cette mosquée, l'adorateur de Dieu, " qui espère l'indulgence de son Maître et qui se consacre " à la guerre sainte pour l'Amour de Dieu, c'est El-Hadj -Habib, que Dieu lui soit en aide! " Noter une chaire en marbre et un magnifique manuscrit du Coran, envoyé à un pacha d'Alger par un Sultan de Constantinople. La mosquée de Sidi Abderrahmane Et-Taalbi -----Sidi-Abderrahmane, le patron d'Alger. Ne le croyez pas l'un de ces infatigables voyageurs de piété, comme l'Islam en a tant connu, qui vont de ville en ville mendier bribe à bribe la science. Ils reviennent ensuite au pays natal. La pacotille théologique de leur besace, leur doctrine toute de haillons mal cousus, éblouissent la foule. Sidi Abderrahmane ne fut pas de ceux-là : sa fièvre d'ascétisme, sa foi, sa culture lui ont conservé, dans l'hagiographie algérienne, une place de choix. -----La mosquée funéraire qui porte son nom et abrite ses cendres vient du Dey El-Hadj Ahmed El-Euldj, l'ancien cuisinier: " ô toi qui interroges dans le but de savoir la " vérité, je l'ai placée avec ardeur dans cette poésie... " An mille cent huit ".- 1 108, soit 1696 de notre ère. Peut-être ne s'agit-il que de la réfection d'un monument plus ancien : quelques chapiteaux portent le décor familier à l'art saâdien du Maroc (XVIè siècle). Imitation? Importation? Utilisation d'une ancienne colonne venue de Merrakech ou de Fez? L'exemple, nous l'avons vu, n'est pas rare en Algérie de ces vieux fûts entrés dans l'ornementation d'un bâtiment neuf. Ces vétérans, pour la plupart éclopés, reprennent du service. -----L'ensemble comprend dépendances, oratoire, minaret, un cimetière à sépultures de choix, parmi lesquelles celle d'Ahmed, le dernier bey de Constantine, et enfin la salle de prières où repose le Saint. La coupole a huit pans; chacun porte trois fenêtres disposées en triangle et saillant sur l'extérieur. Au fond et dans le cadre du mihrab, céramiques persanes. Minaret carré avivé de faïences: sur chaque face, trois défoncements entre des arcades plein cintre Mosquée de Sidi Mohammed Bou Qoubrin -----Sidi Mohammed ben Abderrahmane, Bou Qoubrin, né dans le Djurdjura vers 1728, ancien élève de la fameuse Université égyptienne d'El-Azhar, est le fondateur de l'Ordre religieux kabyle, les Rahmania. -----A sa mort, en 1790, on l'inhuma dans son pays natal. Mais les Turcs, astucieux politiques, se défiaient de ces marabouts qui, une fois en terre, jouent à l'administration des tours du plus mauvais goût. -----Nuitamment, ils se saisirent des restes du saint homme et l'ensevelirent à Alger. Vous croyez sans doute que les fidèles en restèrent quinauds ? Inépuisable imagination berbère! Elle attribua aussitôt au bienheureux Bou Qoubrin deux corps et deux tombeaux, l'un en Kabylie, l'autre à Alger. De là, le surnom de Bou Qoubrin (l'homme aux deux sépultures). -----L'épigraphie dédicatoire, sur plaque de marbre, affirme que " celui qui visitera cette mosquée avec intention sera " au nombre des heureux dans les deux vies, s'il plaît à Dieu. Et la construction bénie a été faite en l'année " 1206 ", soit 1792 de J-C. L'édifice est un groupe de deux salles à trois nefs. La principale dresse, en avant du Mihrab, une coupole octogonale; le tombeau du saint est à droite. Mosquée Ketchaoua -----Construite en 1794, complètement remaniée pour devenir la cathédrale d'Alger, elle était couverte d'une vaste coupole dont chaque pan ouvrait, comme à Sidi Abder. rahmane, trois fenêtres en triangle. La salle de prières mesurait 20mx 24m. Nef carrée, entourée de colonnes de marbre venues d'Italie; le mihrab à l'Orient, et, du côté opposé, comme à Bitchnin, deux galeries. Arcs en fer à cheval brisé. -----Suivant Devoulx, " des peintures et des inscriptions ornaient cet intérieur fort coquet et fort élégant " . A signaler la porte en bois sculptée par Ahmed ben Lablatchi, amin de la corporation des menuisiers, transportée ensuite à la mosquée d'Ali Bitchnin et qui figure aujourd'hui au Musée des Antiquités. Les mosquées d'Ali Bitchnin et de Ketchaoua, d'autres
encore de même période, mais d'intérêt secondaire,
se caractérisent par la salle centrale, généralement
carrée, surmontée d'une coupole à huit pans. Dispositif
entièrement nouveau, importé de Turquie. Nous voilà
loin de l'oratoire moresque, avec ses nefs sensiblement égales,
ses nombreux piliers, ses travées étroites.
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