LA GRANDE MOSQUÉE " DJAMA-KÉBIR
"
Du rite malékite,
le seul observé à Alger avant l'arrivée des Turcs,
la mosquée " Djama-Kébir " est le plus grand
des sanctuaires algérois de religion musulmane.
Selon de vieux documents, cette mosquée a été bâtie
sur les ruines d'une basilique chrétienne et l'écrivain
arabe El-Bekri précise que l'abside était décorée
de tapis et d'images saintes le jour des grandes fêtes. Il n'est
cependant pas douteux qu'une partie des substructions du sanctuaire
a ses
assises sur l'ancien rempart romain.
En ce qui concerne la date de construction on est moins affirmatif.
Si l'on s'en tient à une inscription portée sur le minbar,
on peut déduire que cette date équivaudrait à l'an
1018 de l'ère chrétienne. On lit en effet : " Au
nom de Dieu, clément et miséricordieux, ce mihrab a été
élevé le premier jour du Redjeb de l'an 409 ". Toutefois,
après une étude approfondie, le professeur Marçais
a déclaré, il y a quelques années, à l'Académie
des inscriptions et des belles-lettres, qu'il situait à 1097
la construction de la chaine. " Ces arabesques et l'épigraphie
montrent, sans être cependant aussi nettes qu'a Tlemcen et à
Fez, mais de façon certaine, l'influence de l'Espagne "
souligne M. H. Klein dans les " Feuillets d'El-Dfezair ".
Il convient d'ajouter que sous le portique de la rue de la Marine, une
inscription romaine provenant d'un monument d'Icosium, s'étale
comme un témoin du prestige romain : " Lucius Ccilius
Rufus, fils d'Agilis, flamine perpétuel, ayant épuisé
la série des honneurs municipaux de sa patrie, a fait de ses
deniers, ce don et l'a consacré ".
Longue de 48 m., large de 40 m., la grande mosquée d'Alger est,
avec ses 72 piliers, ses 11 toits et ses 11 travées, un peu la
reproduction réduite de la mosquée de Cordoue.
En décembre 1836, le prince de Nemours posa, rue de la Marine,
la première pierre de la galerie de marbre derrière laquelle
se trouve un coquet patio.
Dans ce patio, où entrent en même temps le soleil et la
fraicheur, les fidèles continuent à méditer dans
le calme qu'égaye le chant des oiseaux.
C'est dans cette mosquée que le 13 juin 1873, le préfet
comte d'Ideville installa le muphti Hadj ben Haffaf, premier secrétaire
d'Abd-el-Kader et qui mourut à 90 ans.