Imposante cérémonie
au Monument aux Morts
La stèle aux morts glorieux de 39-45 de la ville d'Alger a été
inaugurée hier
Dans les jardins rénovés
du square Laferrière, un soleil et un ciel véritablement
hors saison, jetaient un vif éclat sur les voiles des veuves
et les sombres tenues masculines.
Les pelouses d'un vert tendre, les tons clairs des constructions, les
gerbes de fleurs, les drapeaux éclairaient la traditionnelle
cérémonie. La vie hier était présente à
la Fête des Morts...
La remise d'insignes aux " veuves et ascendants de guerre "
Dès 10 heures, un détachement du 9° Zouaves, drapeau
en tête, vient se placer le long de l'avenue Pasteur. La musique
de garnison s'installe juste à côté.
Au pied du monument, M. Gazagne, délégué à
l'Assemblée algérienne, maire d'Alger, remet leur insigne
aux ascendants et veuves de guerre : spectacle poignant ; douleur de
ceux qui se souviennent ; ici, c'est une veuve dont les traits, ravagée
par les larmes, se convulsent sous le voile de grand deuil ; là,
un vieillard très digne, très droit, sa boutonnière
est chargée de rubans, il a fait Verdun. son fils a fait, l'Ailette
et n'en est pas revenu ; plus loin, un orphelin timide ouvre de grands
yeux tristes.
Les personnalités
M. Gazagne va maintenant accueillir les personnalités. Nous avons
noté : MM. Rogues, secrétaire général-adjoint
du Gouvernement général, représentant M. le Ministre,
Gouverneur général de l'Algérie, accompagné
de M. Wolf, directeur des cabinets civil et militaire ; Angeli, représentant
M. le président de l'Assemblée algérienne ; Mme
Henriette Charles Vallin, MM. Fourment, Belaïche, délégués
à l'Assemblée algérienne ; Roux, préfet
d'Alger accompagné du directeur de son cabinet ; M. Genton ;
MM. Torrès, président du Conseil général
; Sorensen, Aït Ali, conseillers généraux, le général
de Monsabert ; le général Moriliére, adjoint au
général commandant la X°' Région ; le général
Bonnafé commandant la V° Région aérienne ;
le représentant de l'amiral, commandant la marine en Algérie
; le général Laurent, commandant la division d'Alger ;
le général Maunier-Condroyer, adjoint au général
commandant la division d'intervention algéro-tunisienne ; le
général Gauduchon, commandant la gendarmerie ; le colonel
Boisseau, directeur du cabinet militaire du gouverneur ; les membres
du conseil municipal ; les représentants du corps consulaire
; M. Gardel, directeur du service des anciens combattants au Gouvernement
général ; le général Arnould, du cadre de
réserve, les représentants des associations d'anciens
combattants et des amicales régimentaires.
Inauguration de la stèle aux morts 39-45
Les autorités se groupent devant le monument. M. Gazagne dévoile
la stèle. en tirant l'étamine qui recouvrait les noms
des morts de la guerre 39-45.
Puis le maire se dirige vers l'estrade où il va prendre la parole.
" Il y a cinq ans, l'Allemagne capitulait. La France et l'Algérie
célébraient, dansl'alégresse une victoire chèrement.
gagnée.
Six années de durs combats avaient endeuillé de nombreuses
familles ; et si l'Armée d'Afrique avait porté le fer
jusqu'à Baden-Baden, elle n'y était parvenue qu'au prix
de lourds sacrifices.
Notre ville, à elle seule, a eu le douloureux honneur d'avoir
donné à la France et à la liberté, 932 de
ses enfants.
Nous avons voulu que leurs noms soient gravés à jamais
dans la pierre auprès de ceux de leurs aînés de
14-18.
Unis comme au front, telle est la devise des anciens combattants ; telle
doit être celle de tout Français d'Algérie quelle
que soit son origine ".
Le discours de M. ROGUES
M. Rogues prend à son tour la parole :
" Il y aura 8 ans dans quelques jours, déclare-t-il, l'Algérie
reprenait le combat. s'engageant dans le sillage glorieux tracé
par les FFL ; de Tunisie en Allemagne, ses fils devaient se distinguer
dans des combats glorieux. Beaucoup de ces soldats sont, hélas,
tombés prématurément ; ils ont cruellement payé
de leurs souffrances et de leur mort notre condition retrouvée
d'hommes libres.
Pourtant, la lutte n'est pas terminée. Dans un monde divisé,
inquiet, agité, les forces de destruction et d'oppression n'ont
pas complètement disparu. Contre elles, les Nations Unies ne
cessent de soutenir, à l'intérieur comme à l'extérieur,
un combat dont dépendra l'existence même de notre civilisation.
Unis dans le souvenir, vigilants au milieu des épreuves actuelles,
fidèles et confiants dans l'avenir, vous formerez un bloc sans
fissures contre lequel s'émousseront toutes les tentatives, d'où
qu'elles viennent, des initiateurs inconscients ou stipendiés
du désordre ".
Grand défilé militaire
M. Rogues dépose ensuite une gerbe au monument. Une minute de
silence est alors observée. Sonnerie " Aux Morts "
" Marseillaise ". MM. Gazagne et Mariani procèdent
à l'appel des morts.
Les autorités viennent se masser aux grilles du square. Entraînés
par la musique de garnison, les détachements passent, dans un
ordre impeccable. Drapeau en tête, le 9° Zouaves ouvre la
marche, suivi d'une section d'Air-Algérie et d'un groupe de la
marine d'Alger . Viennent ensuite une compagnie du 1°' RTA, des
éléments du 13° RTS. Du 19° Génie. du GTRG
520, du 411° RAA, du 45° Transmissions et du 27° Train.
Une section du 5° RCA fermait la marche.
Une foule compacte applaudit longuement les soldats et se dispersa lentement.