-Vérités
sur l'OAS et la guerre d'Algérie
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L'histoire en direct Le dernier ouvrage de jean-Claude PEREZ* révèle et précise nombre d'aspects cachés ou méconnus d'une histoire qui aujourd'hui encore gêne bien du monde. Le troisième ouvrage de Jean-Claude PEREZ, écrit avec courage et une sensibilité qui ne surprendra que ceux qui le connaissent mal, mérite une lecture attentive. Et cela d'abord parce qu'il sort de l'ombre des faits occultés ou même oubliés, qui sont indiscutables et permettent de comprendre comment et pourquoi la guerre d'ALGÉRIE reste une cicatrice qui jamais ne sera tout à fait refermée. Il y était médecin. Il a risqué sa vie, en toute lucidité. Pas seulement durant ce drame, mais juste après, lorsque l'exode le conduit en Espagne, pourchassé par des tueurs. Il l'a risquée encore des années plus tard, lorsqu'en 1972 divers malfrats l'ont cru (comme CIMETERRE, c'est-à-dire GOREL, le trésorier de l'OAS) dépositaire d'un imaginaire trésor. GOREL fut assassiné, dans Paris.. PEREZ a heureusement survécu, refait sa vie, avec les difficultés qu'on imagine ou qu'on lira ici. Mais son ouvrage est moins une autobiographie qu'un chapitre de l'histoire, qui vient en compléter ou en rectifier d'autres, et précise les raisons pour lesquelles une flambée insurrectionnelle, en automne 1954, s'est progressivement transformée en guerre par la faute de nos gouvernements successifs. PEREZ rappelle utilement qu'en 1930, on fêtait le centenaire de l'arrivée des Français sur cette terre qui, de l'aveu de Ferhat ABBAS, n'existait pas comme nation. Or les laïcs et francs-maçons qui gouvernaient, à Paris, furent horrifiés. Voilà qu'en cette occasion des milliers de musulmans, qui avaient de 1914 à 1918 combattu pour la France, demandaient à devenir français. Il n'en était pas question pour les professeurs de la tolérance et des droits de l'homme. Nul ne rappelle, dans les cours d'histoire, que " pour tendre un rideau confessionnel entre les Judéo-Chrétiens et les musulmans ", Paris incita en 1931 à la création d'une association des ulémas. Désormais la subversion n'avait plus qu'à s'installer dans un nid qui devenait, sous une apparence religieuse, une plate-forme politique. Puis militarisée... La guerre de 1939-1945, huit ans après cette décision, a empêché de voir que les ulémas surgissaient des meneurs, comme Ibrahim BACIIIR, cité par PEREZ, qui appelait " au triomphe de l'arabisme et de l'islam ". La suite en découle, d'autant, comme le rappelle l'auteur, que les Américains des syndicats et de l'OSS, paravents de 1'ARAMCO et autres pétroliers, allaient prendre langue avec une minorité, non sans ouvrir leur portefeuille pour l'aider à s'imposer. Et à s'armer. Il y avait aussi nos chers alliés anglais. PEREZ apporte ici des précisions incontournables, comme on dit de nos jours: sur le rôle d'un attaché commercial, au consulat britannique d'ALGER; sur les stocks d'armements constitués durant la guerre d'Afrique contre l'Allemagne qui, après 1947, s'ouvraient sous le nez de nos gouvernants au profit des futurs tueurs du FLN. Des dizaines d'ouvrages, partiels et souvent partiaux, ont ignoré ce fait. En outre, au Caire, ceux qui entouraient AL HUSSEINI - ancien serviteur du nazisme - s'occupaient de détecter et d'aider, du Maroc à la Tunisie, en passant par l'ALGÉRIE, les quelques anti-français qui ont préparé les massacres de la Toussaint 1954. Et tuaient déjà les leurs, s'ils refusaient de se rallier à eux. L'ombre de Conrad KILIAN, le découvreur du pétrole du Sahara, et des richesses en minerais rares des confins algériens, passe dans le livre. On sait qu'il fut "suicidé " en 1947. Avec le maréchal LECLERC, tué " accidentellement " et le colonel puis député DRONNE, nous combattions, sans connaître encore PEREZ, pour que la France bénéficie de ces découvertes. Dans la coulisse, l'auteur situe parfaitement les intrigues, qui déjà en 1954 et jusqu'en 1962, mènent à Messali ADJ et Abderraman FARES, pivot, dès le retour au pouvoir de Charles de GAULLE, "du délestage de l'ALGÉRIE" comme disait ce dernier. Pour se venger du fait que ces départements non seulement n'aient pas rejoint sa " dissidence ", après la défaite de 1940, mais aient fourni à la France, sans être gaullistes, des contingents de valeureux combattants. UNE DES PLUS GRANDES OPÉRATIONS D'INTOXICATION On sait tout cela, diront divers " anciens ",
Mais non! Depuis trente ans cela ne s'apprend pas dans les écoles,
et PEREZ rappelle que Paris fut averti, plusieurs mois à l'avance,
que la Toussaint 1954 serait le départ d'une flambée sanglante.
Et n'a rien fait. François MITTERRAND, ministre de l'Intérieur
clamait que " l'ALGÉRIE c'est la France ". De GAULLE
allait en 1958 le dire et le redire. La verbosité et la démagogie
couvraient la trahison. Il faut savoir aussi ce que PEREZ rapporte avec
précision: à Paris, le PCF était furieux d'apprendre,
par des fuites, habituelles au ministère de l'Intérieur,
que des révolutionnaires algériens allaient s'aviser de
déclencher un coup, dans les AURES, sans même avoir mis les
communistes dans la confidence. Du coup l'appareil expédie en mission
secrète à ALGER, Benoît FRACHON et Marcel DUFRICHE.
Ce dernier est apparemment le second de FRACHON, mais je puis assurer
pour l'avoir parfois pisté à l'étranger bien avant
1954, qu'il était important aux yeux du KGB. Néanmoins,
c'est seulement après 1956 que le PCF se lance vraiment dans l'aide
au FLN et à ses porteurs de valises. Comme ils doivent être fiers aujourd'hui ceux qui ont agi de la sorte. Jamais il n'y a eu autant d'assassinés en ALGERIE que depuis que de GAULLE a offert ce pays à ses tueurs. Et son économie est ruinée. Mais PEREZ n'insiste pas là-dessus. il ne polémique pas. Il raconte, et livre quelques-uns des dessous de ce qui se passait du côté de l'OAS. Trop peu à mon gré! Car tout de même un SUSINI, qui avait su se placer auprès du Général SALAN, a fait assassiner suffisamment de Français autour de lui, et détourné assez d'argent (ce qu'ont rapporté plusieurs ouvrages, sans qu'il puisse ou n'ose les contester) pour qu'on n'ait pas d'indulgence à son égard. Il évoque des faits incontestables, comme les dizaines
de millions de francs de l'époque destinés à faire
évader DEGUELDRE et qui n'ont débouché sur aucune
tentative de ce genre, mais l'argent a " disparu ". Et Pierre
DEBIZET cité par lui, gaulliste, dissident et néanmoins
à cheval entre les arcanes du pouvoir et ceux qu'il tentait de
protéger, comme PEREZ, a fort bien su dans quelles poches il s'est
égaré. Pierre de VILLEMAREST
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