-Que nos fusillés réintègrent notre mémoire collective nationale
Pieds-Noirs d'Hier et d'aujourd'hui mai1999 n°99,

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Que nos fusillés réintègrent notre mémoire collective nationale
Josselyne Revel-Mouroz
Présidente du Centre d'Etudes Pieds-Noirs

Monsieur le Premier Ministre
Hôtel
57 rue de Varenne .
75007 Paris


Monsieur le Premier Ministre,
Le 5 Novembre dernier, vous avez tenu à réhabiliter les mutins de 1917, qui "refusèrent d'être sacrifiés" et "furent fusillés pour l'exemple".
Si votre but est de réconcilier les Français avec leur histoire et avec eux-mêmes, l'intention est certainement louable. Mais alors, il faut aller jusqu'au bout.
Il y a eu des Français qui ont refusé que des départements français soient sacrifiés et ils ont fait le sacrifice de leur vie pour se battre contre l'abandon de l'Algérie et de sa population, abandon dont on peut voir aujourd'hui où il a mené ce pays.
Le 16 Octobre, le Centre Culturel Algérien organisait un hommage aux porteurs de valises. Nul n'ignore que ces valises contenaient soit des armes, soit de l'argent destiné à l'achat de ces armes qui tuaient et mutilaient des civils innocents et des soldats qui faisaient leur devoir. Cela s'appelle trahison ou collaboration avec l'ennemi, puisqu'il s'agissait bien d'une guerre. Les personnes qui se sont rendues coupables de ce crime sont honorées aujourd'hui. En revanche, le Colonel Bastien-Thiry, le lieutenant Degueldre, le sergent Dovecar et Claude Piegts " furent fusillés pour l'exemple". Même s'ils ont utilisé des méthodes que la morale réprouve, ils l'ont fait par désespoir, parce qu'aucune autre solution ne leur avait été laissée. Ils sont morts pour avoir voulu tenir la parole que d'autres avaient donnée et reniée. Ils sont morts parce qu'ils ne voulaient pas livrer leurs compatriotes à des assassins, qui ont massacré Européens et Harkis et qui continuent de massacrer, femmes et enfants, en particulier, sans obtenir, il est vrai, aujourd'hui l'ab solution qui leur avait été consentie il y a trente-six ans.
Alors, Monsieur le Premier Ministre, nous attendons de vous des paroles d'apaisement et la reconnaissance de la sincérité de ces hommes pour qu'ils "réintègrent aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale".
Dans l'espoir que notre demande légitime sera entendue, je vous Matignon prie de croire, monsieur le Premier Ministre, à l'assurance de ma haute considération


Josselyne Revel-Mouroz
Présidente du Centre d'Etudes Pieds-Noirs