Miliana, plus loin que les alentours d'Alger.
RASSEMBLÉS A MILIANA DEPUIS MERCREDI
Des milliers de pèlerins invoquent la bienveillance de Sidi Ahmed ben Youssef
le marabout qui éteint le feu et guérit la fièvre

RASSEMBLÉS A MILIANA DEPUIS MERCREDI
Des milliers de pèlerins invoquent la bienveillance de Sidi Ahmed ben Youssef
le marabout qui éteint le feu et guérit la fièvre

Hérissée de fusils et d’étendards, la troupe des pèlerins marchait sur Miliana, dans le soleil et la poussière. Venus des douars lointains de Duperré et de Cherchell, ils cheminaient depuis deux jours, entraînant sur leurs pas, tout au long de la route, des milliers d’autres fidèles.

Comme eux enthousiastes, comme eux pressés d’honorer, dans son sanctuaire, le grand marabout Sidi Ahmed ben Youssef.

On n’était pas loin de midi. On approchait du but. Les vagues de pèlerins déferlaient maintenant, compactes, bruyantes, extraordinairement animées. Cette armée pacifique avec sa piétaille et ses cavaliers, ses armes et ses emblèmes, présentait un aspect étrange. Et pour tout dire inattendu. Taxis, voitures et camions, englués dans la foule, avançaient au pas - en direction du mausolée. Dans un étourdissant concert de yous-yous et de coups de feu qui rythmaient la bousculade.

A un détour du chemin, la troupe s’immobilisa. Le silence se fit, étrangement pesant. Et des milliers de fidèles se prosternèrent, face à l’Est, pour dire une fervente prière. Une heure plus tard, le pèlerinage entrait à Miliana. Comme y était entrée, voici plus de quatre siècles, la monture du marabout défunt.

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Extrait de l'Echo d'Alger du 2-5-1953 - Transmis par Francis Rambert
juin 2024

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RASSEMBLÉS A MILIANA DEPUIS MERCREDI
Des milliers de pèlerins invoquent la bienveillance de Sidi Ahmed ben Youssef
le marabout qui éteint le feu et guérit la fièvre

Hérissée de fusils et d’étendards, la troupe des pèlerins marchait sur Miliana, dans le soleil et la poussière. Venus des douars lointains de Duperré et de Cherchell, ils cheminaient depuis deux jours, entraînant sur leurs pas, tout au long de la route, des milliers d’autres fidèles.

Comme eux enthousiastes, comme eux pressés d’honorer, dans son sanctuaire, le grand marabout Sidi Ahmed ben Youssef.
On n’était pas loin de midi. On approchait du but. Les vagues de pèlerins déferlaient maintenant, compactes, bruyantes, extraordinairement animées. Cette armée pacifique avec sa piétaille et ses cavaliers, ses armes et ses emblèmes, présentait un aspect étrange. Et pour tout dire inattendu. Taxis, voitures et camions, englués dans la foule, avançaient au pas - en direction du mausolée. Dans un étourdissant concert de yous-yous et de coups de feu qui rythmaient la bousculade.

A un détour du chemin, la troupe s’immobilisa. Le silence se fit, étrangement pesant. Et des milliers de fidèles se prosternèrent, face à l’Est, pour dire une fervente prière. Une heure plus tard, le pèlerinage entrait à Miliana. Comme y était entrée, voici plus de quatre siècles, la monture du marabout défunt.

LA VIE ET LA MORT D'AHMED BEN YOUSSEF
Le saint Ahmed ben Youssef était né vers 1500 à Khaala, en Oranie. Il fait là ses premières études. Puis part à la découverte de l’Afrique.

Il se fixe quelque temps à Bougie et devient le disciple préféré du cheikh Sidi Zerroukh. Après lui avoir transmis une part de sa science. Sidi Zerroukh l’invite à parcourir l'Afrique en fondant des zaouïas.

Par sa sagesse et sa bonté, Sidi Ahmed ben Youssef fait partout des adeptes. Il devient bien vite l'objet de la vénération des fidèles. Portant de ville en ville la bonne parole, Sidi Ahmed sillonne en tous sens le pays. Il passe à Miliana. Il passe à Blida dont il dit un jour : « On t’appelle Blida, moi je t’appelle petite rose ! » Après une existence aussi pieuse qu’itinérante, il meurt près d’Orléansville. On avait pris soin de demander au saint homme où il désirait- être enterré. Sa réponse avait été nette... et imprécise. « Quand je serai mort, attachez-moi sur ma mule. Là où elle s’arrêtera, vous m’enterrerez ». On fit donc comme il avait voulu. La mule marcha Jusqu’à Miliana où elle s’arrêta sur un tas de fumier, se refusant obstinément à repartir. Ainsi se trouvait vérifiée la prédiction de Sidi Zerroukh qui avait dit un jour à son disciple : « Tu seras enterré sur un tas de fumier. Mais en ce lieu, la prospérité naîtra ». A cet en droit on construisit une mosquée et les dévots y viennent honorer le saint.

QUATRE SIÈCLES DE PÈLERINAGE

L’invocation à Sidi Ahmed passe pour guérir la fièvre et éteindre le feu. C’est ainsi qu’on ne va jamais faire appel à lui avec des bijoux car on ne peut ensuite les faire fondre. Depuis quatre siècles, les fidèles viennent chaque année, en pèlerinage, sur la tombe de Sidi Ahmed.

Cette année la cérémonie a connu un éclat exceptionnel. Les chefs du pèlerinage, en arrivant à Miliana, sont allés saluer les autorités. Tandis que les prières commençaient.

Depuis mercredi, groupés autour du tombeau du saint, les pèlerins demandent à Sidi Ahmed de soulager leurs misères et de combler leurs vœux.