LE MÉMORIAL NATIONAL DE
LA
GUERRE D'ALGÉRIE
ET DES COMBATS DU MAROC
ET DE LA TUNISIE
|
En 1998, a été décidé la construction d'un
mémorial de la guerre d'Algérie, rappelant également
les combats menés au Maroc et en Tunisie.
Il a été créé à cette fin un groupe
de réflexion composé de représentants des principales
associations combattantes de cette période, d'historiens et de
parlementaires. Ce groupe a largement consulté dans le milieu associatif
concerné par la guerre d'Algérie, aussi bien dans celui
des anciens combattants, que dans ceux des harkis et des rapatriés.
A l'issue de ses travaux, le groupe de réflexion a estimé
que le mémorial sur lequel seraient inscrits les noms des soldats
et supplétifs morts pour la France en Algérie, au Maroc
et en Tunisie entre 1952 et 1962, devait être élevé
à Paris, lieu symbolique de la reconnaissance nationale, dans un
site prestigieux propice aux célébrations. Il a considéré
que le choix de l'emplacement était une donnée prioritaire,
témoignant de manière exemplaire d'une volonté de
reconnaissance nationale.
La Ville de Paris, qui a été sollicitée pour mettre
un site à disposition, en a proposé plusieurs. Le groupe
de réflexion les a systématiquement visités, pour
retenir finalement, à l'unanimité, la parcelle de la promenade
du quai Branly comprise entre le pont d'Iéna et l'avenue de la
Bourdonnais (7ème arrondissement).
UNE MISE À
JOUR PERMANENTE
Dans le même temps, le recensement des noms des
combattants à inscrire sur le monument a été entrepris,
par fusionnement des fichiers correspondants, détenus respectivement
par le Service des pensions des armées, s'agissant des anciens
militaires, et par le Bureau des mentions de la DMPA, s'agissant des civils.
Il a été demandé parallèlement aux associations
membres du groupe de réflexion de comparer cette liste avec leurs
propres éléments, afin d'y apporter éventuellement
les identités complémentaires qui n'y figureraient pas.
Aujourd'hui, 22 959 noms, dont celui de 3 010 supplétifs, ont été
inscrits sur la liste. Le monument s'avère,
dans sa conception, propice aux modifications, qui seraient alors apportées
via le dispositif informatique associé au mémorial.
Un concours a ensuite été lancé pour choisir un concepteur
et un jury, composé de maîtres d'oeuvres qualifiés,
de membres du groupe de réflexion et de représentants de
la DMPA, a été constitué.
Un avis d'appel public à la concurrence a été lancé
le 13 avril 2001. Parmi les neuf candidats qui ont répondu, quatre
ont été sélectionnés pour présenter
un projet. C'est celui de l'architecte Gérard COLLIN-THIÉBAUT
qui a été retenu.
Le marché de conception-réalisation a été
notifié au concepteur le 29 novembre 2001 et l'oeuvre a été
installée sur le site en octobre 2002, en coopération avec
la mairie du VIlème arrondissement.
LES CARACTÉRISTIQUES
Ce mémorial est constitué de trois colonnes
alignées, de section carrée (5,85 m de haut x 0,60 m de
côté), séparées chacune de deux mètres
et moulées dans un béton de la même teinte que la
pierre calcaire de Paris.
Sur les côtés externes des colonnes des extrémités
est sculptée en creux la mention : " Mémorial National
de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie,
1952-1962".
Sur la face avant de la première colonne,
un afficheur électronique à lettres permet de faire défiler
en continu, de la base au sommet, les noms et prénoms des soldats
et supplétifs morts pour la France, année par année,
et par ordre alphabétique.
La deuxième colonne diffuse
des messages rappelant la période de la guerre d'Algérie
et le souvenir de tous les combattants morts au cours du conflit et des
supplétifs qui ont disparu après le cessez-le-feu(I) .
(1) Messages défilant
sur la colonne centrale
"A la mémoire des combattants morts pour la France
lors de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la
Tunisie, et à celle de tous les membres des forces supplétives,
tués après le cessez-le-feu en Algérie, dont
beaucoup n'ont pas été identifiés ".
" 1 343 000 appelés ou rappelés, 405 000 militaires
de carrière ou engagés, près de 200 000 supplétifs
ont servi sur les différents théâtres d'opération
d'Afrique du Nord :
Algérie : du 1er novembre 1954 au 2 juillet 1962
Maroc : du 1er juin 1953 au 2 mars 1956
Tunisie : 1er janvier 1952 au 20 mars 1956 ". |
La troisième
permet la recherche rapide d'un nom sur l'ensemble de la liste, grâce
à une borne interactive.
Les trois colonnes sont érigées sur une aire traitée
dans une autre couleur et une autre matière. Une inscription au
sol rappelle le souvenir des morts au cours des opérations ou après
le cessez-le-feu.(2)
(2) Inscription
gravée sur le sol
" A la mémoire des combattants morts pour la France lors
de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie,
et à celle de tous les membres des forces supplétives,
tués après le cessez-le-feu en Algérie, dont
beaucoup n'ont pas été identifiés ". |
********
3 mars 1998 |
Constitution du groupe de réflexion
sur la création du mémorial de la guerre d'Algérie |
1998-2000 |
Réunions du groupe de réflexion |
13 avril 2001 |
Appel public à candidature pour
le projet |
24 avril 2001 |
Date limite de réception des
candidatures (9 dossiers reçus) |
9 mai 2001 |
Première réunion du jury
pour sélectionner les candidats admis à présenter
une offre |
30 mai 2001 |
Désignation des quatre candidats
admis à présenter un projet |
25 juin 2001 |
Remise du dossier de consultation aux
4 candidats retenus |
31 août 2001 |
Date limite de réception des
projets |
12 septembre 2001 |
Seconde réunion du jury en vue
de l'examen des projets et du classement des candidats |
25 septembre 2001 |
Désignation du lauréat,
Gérard COLLIN-THIÉBAUT |
22 mai 2002 |
Autorisation de travaux au titre de
la loi du 31 décembre 1913 accordée par le chef de service
départemental de l'architecture et du patrimoine de Paris |
22 mai 2002 |
Ordre de service à l'entreprise
OLIN-LANCTUIT prévoyant le démarrage des travaux, le
programme prévoyant deux phases :
- du 22 mai au 14 septembre 2002: travaux préparatoires en
usine
- du 15 septembre au 30 octobre 2002 : installation sur le site |
22 octobre 2002 |
Signature entre la Ville de Paris et
le ministère de la défense de la convention portant
transfert de gestion de la parcelle du quai Branly |
5 décembre 2002 |
Inauguration officielle par Monsieur
Jacques CHIRAC, Président de la République, en présence
de Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN, Premier Ministre, de Madame Michèle
ALLIOT-MARIE, ministre de la défense, et de Monsieur Hamlaoui
MEKACHERA, secrétaire d'Etat aux anciens combattants. |
****************
En 1998, un groupe de réflexion sur la création d'un mémorial
de la guerre d'Algérie a été mis en place (Arrêté
du 3 mars 1998 (JO du 11 mars 1998).
Ce groupe de travail, présidé par M. Jean Lanzi, journaliste,
ancien combattant d'Algérie, fut chargé d'étudier
les questions suivantes :
- type
de monument à créer
- choix
du lieu de l'implantation
- détermination
de la liste des combattants dont le nom serait inscrit sur le monument
- moyens
de financement.
Au nombre des membres, figuraient des personnalités du monde combattant,
des directeurs de centres d'archives et des historiens,
M. Michel
Boesch (Bureau Réglementation et litiges des pensions militaires
de retraite et état civil, ministère de la Défense)
M. Hugues
Dalleau (UNC-UNCAFN)
M. Georges
Durand (Association des professeurs d'histoire- géographie)
Général
Maurice Faivre (Cercle pour la défense des combattants d'Afrique
du Nord)
M. Jacques
Goujat (FNCPG-CATM)
M. Gilbert
Jacquemin, puis M. Georges Doussin (ARAC)
M. Jean-Charles
Jauffret (historien) Mme Martine Lemalet (historienne) M. Wladyslas Marek
(FNACA),
M. Benjamin
Stora (historien)
M. Pierre
Velon, puis M. Serge Cours (Union fédérale)
et des parlementaires, MM. Jacques Baudot, sénateur, Marcel Lesbros
, sénateur, Maxime Gremetz, député, et Jean-Jacques
Kucheida, député.
Enfin, Monsieur Tahar Boubebci, ancien vice-président du conseil
d'administration de l'Office national des anciens combattants, participa
au groupe de travail en tant que personne qualifiée.
Le groupe a notamment décidé que le mémorial porterait
les noms des seuls combattants ayant obtenu la mention réglementaire
" Mort pour la France " entre 1952 et 1962 en Algérie,
en Tunisie et au Maroc.
A ce jour, 22 319 personnes, dont 3010 supplétifs, ont été
répertoriées. Le groupe de réflexion s'est vu invité
à étudier cette liste au regard de ses propres éléments,
afin de l'abonder éventuellement.
********************
Le jury appelé à évaluer les projets présentés
et à désigner le lauréat était composé
de personnalités du monde combattant et de représentants
de la Ville de Paris. Les ministères et organismes interministériels
concernés étaient représentés par des spécialistes
de la création artistique et de l'architecture :
La composition du jury était la suivante
Mesdames et Messieurs |
Wladyslas MAREK |
président de la fédération
nationale des anciens combattants d'Algérie (FNACA) |
Hugues DALLEAU
|
président de l'union
nationale des combattants (UNC),membre du Haut conseil de la mémoire
combattante |
Françoise DUCROS |
inspectrice de la création artistique
de la délégation aux arts plastiques, ministère
de la Culture et de la communication |
Jean-Louis CHARPENTIER |
architecte à la DRAC, représentant
de la direction de l'architecture et du patrimoine, ministère
de la Culture et de la communication |
Patrick PORCHERON |
directeur de cabinet "de l'adjointe
au Maire de Paris, chargée de la Mémoire et du monde
combattant |
Dominique ALBA |
architecte urbaniste, chargée
de mission au cabinet du Maire de Paris |
Marc BARANI |
architecte consultant, mission interministérielle
pour la qualité des constructions publiques |
: Le directeur général de
la Concurrence, de la Consommation et de la répression des Fraudes
était représenté dans le jury par un membre sans
voix délibérative.
Le secrétariat du jury était assuré par la direction
de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère
de la défense.
NOTE D'INTENTION DE L'ARTISTE,
GÉRARD COLLIN-THIÉBAUT
|
" Pour un
mémorial lumineux "
" Qu'est-ce qu'un mémorial, sinon
un lieu de rassemblement transformant les deuils individuels en deuil
collectif, en hommage à ceux qui ont fait le sacrifice de leur
vie pour leur pays ? On le lit autant qu'on le regarde. Il obéit
en fait aux principes de la tragédie théâtrale
- unité
de temps par la date de commémoration,
- unité
de lieu représentée par le mémorial lui-même,
- unité
d'action lors de la cérémonie.
Les monuments aux morts sont des relais du souvenir et en un siècle
leurs formes sont rentrées dans notre mémoire collective
: témoins de l'histoire, ils se dressent silencieux dans chaque
commune, érigés en hommage à ceux qui ont fait le
sacrifice de leur vie, donnant ainsi un sens à la mort et entretenant
le souvenir. Ils s'élèvent le plus souvent vers le ciel,
quelle que soit leur forme, couverts de listes de noms, le regard se faisant
donc de bas en haut, mais la lecture de haut en bas.
J'ai désiré pour ce projet répondre à ce réflexe
d'identification, en conservant ce regard de bas en haut, par la colonne,
mais également pour la lecture moderne, en tentant d'interpeller
un public mosciique où se mêlent promeneurs, passants réguliers,
touristes,...
Il s'agit, par ce projet, d'être là pour les personnes concernées
mais aussi de happer tout passant, engoncé dans ses pensées
quotidiennes, et de provoquer une émotion, par cette espèce
" d'arrêt sur image ", leur rappelant le sacrifice de
ces jeunes vies à des fins patriotiques. Pour ce faire, il n'y
a que les moyens techniques adaptés à notre temps, et c'est
tout cet ensemble qui en fera un mémorial du troisième millénaire.
" Le regard
vers l'Algérie... "
Etrangement, il ne faudrait pas beaucoup
pour que cette parcelle de 100 mètres de long et 24 mètres
de large, quai Branly, en surplomb de la Seine, rappelle aux appelés
d'alors le quai d'où ils ont embarqué la première
fois en partance pour la ville d'Alger. D'où mon idée de
conserver l'aspect du sol. Dans le respect du cahier des charges, j'ai
décidé de créer un espace physique ouvert quoique
bien démarqué, flanqué de colonnes.
L'ensemble est donc composé d'une matérialisation au sol
et de trois colonnes adossées à l'alignement des platanes,
placées de telle façon que lorsque l'on lira, sur leur face
avant, les noms des soldats, le regard sera tourné vers le sud,
donc l'Algérie... L'axe d'alignement des trois colonnes. quant
à lui se fait d'est en ouest (du levant au couchant, de la naissance
à la mort).
Les principales
caractéristiques
Le mémorial sera constitué
d'un espace virtuel uniquement marqué au sol, que l'on traversera,
ou que l'on longera, sans changer sa course, et, au fond, contre les platanes,
des colonnes alignées, de section carrée (5,85 m de haut
x 0,60 m de côté), séparées chacune par deux
mètres, et moulées en béton dans la teinte de celle
de la pierre calcaire de Paris. Sur la face avant de chaque colonne, un
afficheur électronique littéral, enchâssé sur
toute sa hauteur, permettra de faire défiler, en continu, les prénoms
et les noms des soldats et supplétifs morts pour la France, année
par année, et par ordre alphabétique.
Les noms sortiront de terre, pour aller s'éteindre dans le ciel.
Les faces externes des colonnes des extrémités, côté
gauche de la colonne de gauche, pour les passants venant de l'est, et
côté droit de la colonne de droite pour ceux venant de l'ouest,
seront marqués en creux (un peu comme de l'intaille) avec la mention
" MÉMORIAL NATIONAL DE LA GUERRE D'ALGÉRIE ET DES COMBATS
DU MAROC ET DE LA TUNISIE 1952-1962 ". Le tout se jouant de la lumière
du soleil levant le matin, du soleil couchant le soir, et de la lumière
frisante la nuit, grâce à des spots placés dans le
sol de part et d'autre de chaque colonne. Tout en étant discrètes,
ces colonnes seront à la nuit visibles des sites environnants (...).
" Une uvre
patiente, liée à l'éternité"
Souvent mon intention a été
de placer une oeuvre discrète, presque muette, dans un monde bruyant,
agité, qui par contrecoup la rend très présente et
combien parlante. En effet il faut ici une oeuvre patiente, liée
à l'éternité, attendant le visiteur de passage, pour
produire en lui un micron d'imprévisible, une émotion, pour
le pousser à se souvenir.
Il faut voir ici une oeuvre d'art se dissimulant derrière une fonctionnalité,
une utilité bien réelle pour son époque, où
le contemporain réside autant dans le concept que dans l'effet
plastique, d'où aussi le caractère artistique novateur d'un
tel dispositif.
Au mémorial maintenant de rappeler aux passants du quai Branly,
à tous ceux qui l'ignorent ou l'ont oublié, que près
de 23 000 soldats sont morts quelque part pour eux et pour leur pays ".
Gérard COLLIN-THIÉBAUT.
LA GUERRE D'ALGÉRIE ET LES
COMBATS
DU MAROC ET DE LA TUNISIE,
UNE PAGE D'HISTOIRE
|
L'Algérie (1954-1962)
L'Algérie tient au XXème siècle une place à
part dans l'empire français par l'ancienneté de ses liens,
par sa proximité avec le territoire métropolitain et par
un important peuplement européen qui s'est installé à
partir de 1830 au côté des populations locales.
Son rôle s'accroît au cours de la Grande Guerre, où
elle contribue à l'effort militaire français, et surtout
lors de la Seconde guerre mondiale où Alger devient, en 1943 et
1944, la capitale de la France Libre. Français et musulmans venus
d'Algérie participent nombreux à la libération de
la métropole.
La politique officielle d'assimilation apparaît cependant contradictoire
avec l'inégalité politique entre les deux catégories
de population. Aussi bien, le nationalisme algérien s'y développe
et réclame la reconnaissance de l'autonomie politique et des droits
égaux pour les musulmans. L'insurrection de mai 1945, durement
réprimée, apparaît comme le prélude de la guerre
d'indépendance qui éclatera lors de la Toussaint 1954, principalement
dans les Aurès.
Dans un contexte global de décolonisation, au moment où
les protectorats voisins de Tunisie et du Maroc vont accéder à
l'indépendance, l'image d'une Algérie française,
prospère et pacifiée, est trompeuse. Le fossé s'approfondit
entre le million d'européens, souvent citadins attachés
à un territoire qu'ils considèrent tout à la fois
comme leur pays et comme le prolongement de la France, et les 8 millions
d'algériens musulmans. Ruraux pour la plupart, ceux-ci sont menacés
par la paupérisation, peu scolarisés et sous-administrés.
La politique d'intégration et de modernisation économique
et sociale de l'Algérie, engagée en 1955, se heurte à
la fois aux européens désireux de maintenir le statu quo
et aux nationalistes algériens regroupés au sein du F.L.N.
(Front de libération national). Loin de s'apaiser, le conflit se
durcit et s'étend, le F.L.N. contraignant la population algérienne
à choisir son camp. De son côté, la France intensifie
l'action militaire en envoyant le contingent en Algérie dès
1955. L'armée française quadrille ce territoire, l'administre,
fait de l'action psychologique, de l'assistance sociale et pourchasse
les membres de l'A.L.N.( Armée de libération nationale).
Cependant, aucune solution n'est en vue. La loi-cadre de février
1958 reconnaît la personnalité algérienne, tout en
affirmant que l'Algérie fait partie intégrante de la République.
La faiblesse de la IVème République, qui ne parvient pas
à venir à bout de l'insurrection algérienne, la crainte
éprouvée par les européens d'Algérie de voir
leur pays abandonné au F.L.N. et la volonté de l'armée
de ne pas céder, expliquent la crise de mai 1958 et le retour au
pouvoir du général de Gaulle.
Tout en relançant l'effort militaire, celui-ci propose la "
paix des braves " et met en place un vaste programme de modernisation
économique : le " plan de Constantine ". Les effets en
restent limités. La guerre continue en dépit des revers
subis par l'A.L.N. La cause de l'indépendance algérienne
gagne chaque jour des partisans sur le plan international et dans l'opinion
publique française.
L'évolution de la politique algérienne du général
de Gaulle, qui le conduit de l'idée d'autodétermination
(septembre 1959) à celle d'Algérie algérienne (novembre
1960) radicalise les oppositions. Elles se manifestent notamment à
Alger lors des " barricades " (janvier 1960) et du putsch militaire
(avril 1961). Conforté par les résultats du référendum
de janvier 1961 qui lui apporte le soutien des trois-quarts des français
métropolitains, le général de Gaulle recherche avec
le G.P.R.A. (Gouvernement provisoire de la république algérienne)
les voies de la paix par de longues négociations qui aboutissent
à la signature, le 18 mars 1962, des accords d'Evian. La proclamation
du cessez-le-feu à partir du lendemain 19 mars n'arrête pas
les violences dont les harkis, corps supplétif de l'armée
française, sont, par milliers, les principales victimes. C'est
dans une situation chaotique que la France reconnaît l'indépendance
de l'Algérie le 3 juillet 1962. Ainsi prend fin, avec le retour
des européens en métropole, une présence qui avait
duré plus de 130 ans de l'autre côté de la Méditerranée.
Le Maroc (1953-1956)
Dans un Maroc devenu protectorat français en 1912, la défaite
de 1940 porte un coup sévère au prestige français,
même si le recrutement pour les armées d'unités marocaines
ne se tarit pas. Le nationalisme se développe à l'initiative
du parti de l'Istiqlal et du sultan Mohamed V ben Youssef, qui devient
le symbole des revendications d'indépendance. En 1952, les manifestations
anti-françaises se développent. Dès lors, l'épreuve
de force devient inévitable : méfiant à l'égard
des forces progressistes, le gouvernement français remplace le
Sultan le 20 août 1953. Cette action politique ne fait pas cesser
Je terrorisme nationaliste et engendre même une action violente
dans les classes populaires européennes. Rentré triomphalement
dans son pays, après un exil imposé en Corse puis à
Madagascar (1953-1955), Mohamed V obtient la reconnaissance de l'indépendance
du Maroc par la France, le 2 mars 1956.
La Tunisie (1952-1956)
Placée sous protectorat français par le traité du
Bardo (1881), la Tunisie est au cours de la Seconde guerre mondiale le
théâtre de l'affrontement des troupes de l'Axe et des Alliés
(1942-1943), tandis que des régiments tunisiens s'illustrent en
Italie et en France en 19431944. Le nationalisme tunisien, conduit par
le parti du Néo-Destour mené par Habib Bourguiba, engendre
des actes de terrorisme et un début de guérilla dès
1952. Pendant deux ans, l'armée française doit faire face
à un mouvement armé qui commet plusieurs attentats à
Tunis et dans les grandes villes du pays.
Après les accords signés en juin 1955 mais caducs avant
même d'avoir été appliqués, le protocole du
20 mars 1956 abolissant le traité du Bardo reconnaît l'indépendance
totale du royaume de Tunis. Un an plus tard, la république de Tunisie
est proclamée et Bourguiba en devient le premier président.
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