---------Nous avons,
il y a quelque mois, à l'occasion de la présentation aux
lecteurs d'Algeria, du futur hôpital psychiatrique de Blida, indiqué
dans quel esprit avaient été coordonnés, en Algérie,
les services sanitaires, groupés par décision du Gouverneur
Général en date du 26 septembre 1932, sous une direction
unique : celle de la Santé Publique, confiée au Médecin
inspecteur général Lasnet.
---------Auprès
de cette direction siège un conseil supérieur de la Santé
Publique, institué par un arrêté de même date
et qui comprend des commissions techniques spéciales. Elles sont
chargées de l'étude des questions d'organisation et des
programmes se rapportant au fonctionnement des services d'assistance,
ainsi qu'à la lutte contre les maladies sociales. ---------Ces
commissions sont au nombre de huit et se répartissent de la manière
suivante :
---------Commission
des hôpitaux ;
---------Commission
de l'Assistance médicale indigène ;
---------Commission
de la Tuberculose ;
---------Commission
de la Protection maternelle et infantile ; ---------Commission
des maladies vénériennes ; ---------Commission
des maladies des yeux ; Commission des maladies mentales ;
---------Commission
des stations hydro-minérales et climatiques.
*****
---------On peut
juger, par les attributions qui leur sont dévolues, queces commissions
poursuivent l'étude de toutes les questions intéressant
l'hygiène sociale et médicale.
---------La
seule commission des hôpitaux, à l'examen de laquelle nous
nous livrons aujourd'hui, nous révélera l'importance de
la tâche entreprise et déjà réalisée
en partie par la Direction de la Santé Publique.
*****
UN PEU D'HISTOIRE
---------On peut
dire que l'assistance médicale en Algérie était à
peu près inexistante avant l'arrivée des Français
en 1830. Paludisme, dysenterie, variole, typhus sévissaient partout.
Des asiles sans médecins, annexés aux mosquées, recevaient
les infirmes, les vieillards et les fous.
---------Un
équipement complet de cinq hôpitaux de 300 lits fut apporté
par l'escadre de l'amiral Duperré. Avec les troupes du général
de Bourmont s'installaient des infirmeries et des ambulances fixes et
nos médecins militaires y soignaient militaires, colons et indigènes.
---------Le
premier hôpital civil fut créé à Alger en 1831
et la construction des hôpitaux militaires était activement
poussée. En 1844, on en comptait déjà 32 avec 13.700
lits. ---------Le
statut des hôpitaux date de 1849 et ces établissements, dotés
de l'autonomie financière, sont ouverts de la façon la plus
libérale à tous les malades sans distinction de race ni
de religion.
---------A
la fin de l'Empire et à partir de ce moment, l'Assistance publique
reçoit une vive impulsion qui se manifeste par la création
de la plupart des hôpitaux civils qui existent aujourd'hui. Des
sections de vieillards et d'incurables, des dépôts de mendicité
sont organisés.
---------En
1894, l'Institut Pasteur est créé et l'Algérie s'oriente
vers la lutte contre les maladies contagieuses et sociales.
---------L'extension
donnée à la médecine de colonisation permet de sur-veiller
davantage l'application des mesures et, peu à peu, disparaissent
les épidémies qui, périodiquement, ravageaient le
pays choléra, variole, peste, typhus et le paludisme même
recule pas à pas.
L'EFFORT DEPUIS LA GUERRE
---------C'est vers
l'hygiène sociale et la médecine préventive que l'effort
a été fait depuis la guerre. La protection sanitaire des
indigènes a été la préoccupation dominante
de nos gouvernants. Aux médecins de colonisation
dont le nombre accru s'élève actuellement à 112 ont
été adjointes des infirmières-visiteuses au nombre
de 80, chargées de la surveillance des mères et des nourrissons,
et des auxiliaires-médicaux dont l'effectif est de 108, chargés
de les assister dans les hôpitaux et dans les tournées des
douars.
---------Les
crédits pour ces services sont passés de 20 millions en
1920 à 145 millions en 1932.
---------Les
lits d'hôpital sont passés en dix ans de 3.600 à 6.671
; les lits de vieillards de 750 à 2.002.
---------Le
corps médical algérien compte, aujourd'hui, plus de 800
praticiens. En 1833, les médecins civils étaient au nombre
de 81.
---------Le
nombre de consultants augmente à une cadence régulière.
De 35.000 en 1914, il est de 74.000 en 1933. La confiance gagne les populations
indigènes et les femmes, notamment, sortent de leur claustration
pour venir demander des soins. Aussi, en résulte-t-il une diminution
de la mortalité et un accroissement régulier de la population.
---------En
1856, la population indigène est de 2.446.000 ; en 1931, elle est
de 6.533.000. Cet accroissement qui ne dépassait pas 50.000 unités
annuellement a fait de considérables progrès en passant
à 91.529 en 1931, 92.958 en 1932 et 104.754 en 1933.
---------C'est
la preuve la plus formelle des bienfaits de l'action sanitaire entreprise
en Algérie.
L'ASSISTANCE MÉDICALE
EN ALGÉRIE
---------L'Assistance
médicale de l'Algérie est en pleine réorganisation
depuis ces dernières années.
---------Les Assemblées
financières ont adopté un programme de 260 millions et 146
millions ont déjà été votés pour son
exécution.
---------Ce
programme va permettre de doter l'Algérie :
----------D'un
réseau hospitalier complet depuis les hôpitaux d'arrondissement
aux hôpitaux auxiliaires et aux postes de secours des douars ;
----------d'un
équipement très solide de lutte contre la tuberculose avec
organes de dépistage, de traitement et de prophylaxie ;
----------d'une
bonne organisation de protection maternelle et infantile avec services
hospitaliers d'enfants et maternités, crêches, pouponnières,
consultations et "Maison de l'Enfance" ;
----------de
services de dépistage et de traitement du trachome ;
----------de
services de traitement des maladies vénériennes ;
----------de
services de dépistage et de traitement de la lèpre ;
----------de
services de dépistage et de traitement du cancer avec création
d'un centre de recherches.
LA RÉORGANISATION
HOSPITALIÈRE
---------L'Administration
a poursuivi en 1934, la réalisation du programme de réorganisation
hospitalière dont les bases furent posées en 1929.
---------Ce
programme comporte la reprise de 21 hôpitaux militaires sur 25 cédés
et la construction de 9 hôpitaux nouveaux. Ce vaste plan de réorganisation
s'échelonne sur quatre étapes dont les deux premières
sont en cours d'exécution.
---------Voici,
par étape, les villes dans lesquelles seront réaménagés,
reconstruits ou créés, les hôpitaux civils ou auxiliaires
prévus au programme :
---------1è
étape (première année) . - Miliana, Batna, Bougie,
Djidjelli, Mostaganem, Tlemcen, Saïda, Sidi-bel-Abbès.
---------2e
étape (deuxième année) . - Aumale, Bou-Saâda,
Cherchell, Dellys, Orléansville, Biskra, Guelma, Khenchela, La
Calle, Sétif, Arzew, Mascara.
---------3e
étape (troisième année) . - Fort-National, Médéa,
Ténès, Tizi-Ouzou, Aïn-Béïda, Bordj-bou-Arréridj,
Souk-Ahras, Tébessa, Bossuet, Nemours, Tiaret.
---------4e
étape (quatrième année) . - Blida, Téniet-el-Haâd.
---------En
ce qui concerne la cession des hôpitaux militaires et l'organisation
des hôpitaux civils en hôpitaux mixtes, c'est-à-dire,
pouvant abriter des civils et des militaires, un accord est intervenu
entre la Colonie et le département de la guerre.
---------Depuis
la première occupation, les hôpitaux militaires ont continué
à recevoir de la manière la plus libérale les malades
civils. Mais avec l'organisation nouvelle la formule se trouve inversée
: l'Administration passe à l'Assistance publique qui assure elle-même
avec son personnel médical les soins de ses malades et réserve
au Service de Santé militaire Hôpital de Miliana des salles
spéciales où les soldats sont traités par les médecins
de
l'armée.
---------En
ce qui concerne les hôpitaux militaires cédés l'Assistance
publique dispose, dans des conditions de cession avantageuse, des bâtiments
si solidement construits jadis par le génie ; en retour l'armée
bénéficie pour ses malades de toutes les améliorations
introduites par l'Administration civile.
---------La
combinaison permet d'éviter de doubles frais généraux
et est ainsi très avantageuse pour les deux parties.
L'HÔPITAL MIXTE
DE MILIANA
---------Parmi les
hôpitaux à créer ou entièrement reconstruits,
il en est un, celui de Miliana dont nous publions quelques documents photographiques,
qui en sera le prototype.(note du site
: à venir!)
---------Sa
construction est terminée et son ouverture est prévue pour
le mois d'octobre. On procède, actuellement, à l'aménagement
intérieur. Il est l'oeuvre de l'architecte Salvador, conseiller
technique du Gouvernement Général, qui s'est, depuis quelques
années, spécialisé dans la construction des hôpitaux.
---------C'est
un très beau type d'hôpital d'arrondissement, parfaitement
situé, entouré d'arbres, parure magnifique qui a été
respectée au cours de la construction.
---------L'ossature
totale de l'immeuble est en béton armé ; les planchers sont
en hourdis creux nervurés béton armé ; des dalles
de liège ont été prévues pour éviter
verticalement la transmission phonique. Les travaux de façade ont
été exécutés pour permettre le passage de
toutes les canalisations : vidange, chauffage, alimentation et eaux chaude
et froide. Ces gaines visitables par des portes mobiles permettent également
la ventilation verticale naturelle de chaque salle.
-
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---------L'hôpital
de Miliana a été construit pour une capacité d'environ
220 lits : 60 lits militaires et 160 lits civils. La difficulté
était de créer un pavillon militaire nettement indépendant
et d'un accès facile à tous les services généraux.
C'est ainsi que le bloc opératoire, au lieu de délimiter
le côté hommes et le côté femmes, a été
placé entre le bâtiment militaire et le bâtiment civil.
---------Dans
les 160 lits civils on compte :
----------Au
rez-de-chaussée : un service de médecine générale
en deux quartiers (hommes et femmes) ;
----------Un
service infantile ;
----------Un
service vénérien (hommes) .
----------Au
1er étage un service de chirurgie générale en
deux quartiers (hommes et femmes) ;
----------Un
service spécialités.
---------Au
2e étage : un service contagieux par box séparés
;
----------Un
service tuberculeux (hommes et femmes) .
---------Le
sous-sol comprend les services généraux,
les services de l'économat, les garages, dépôts, etc...
---------Un
pavillon situé à l'extrémité de l'hôpital
est réservé au logement du personnel.
---------D'autre
part, l'établissement est doté d'installation frigorifique,
de buanderie mécanique, d'installation de chauffage central. Un
système d'absorption des vapeurs et buées est installé
dans le sous-sol de l'usine.
*****
-------Voici d'autre
part, quelques précisions, sur les hôpitaux actuellement
en cours de construction, de cession ou de transformation.
---------1.
- DÉPARTEMENT D'ALGER
---------Hôpitaux
de Dellys et de Fort-National. - D'accord avec taire,
l'Administration étudie l'échange de l'hôpital de
Dellys où l'Armée désire conserver une infirmerie,
contre celui de Fort-National.
---------Cette
solution paraît la seule susceptible de procurer en ce centre l'hôpital
qui y est prévu car il n'y a pas de terrain suffisant qui soit
disponible.
---------Une
commission mixte a déjà étudié sur place à
Fort-National la possibilité de transformer les bâtiments
de cet hôpital militaire en hôpital civil en y adjoignant,
toutefois, une infirmerie de garnison.
-
--------Hôpital
de Bou-Saâda. - Il a été cédé
à l'Algérie le 1er juin pour fonctionner comme hôpital
auxiliaire. Les travaux d'aménagement sont en cours.
---------Hôpital
de Tizi-Ouzou. - L'emplacement de cet établisse-ment
qui doit être mixte et comprendre 126 lits civils et 24 lits militaires,
a été envisagé sur le stand de tir et de tennis de
Tizi-Ouzou, terrain offert par la Municipalité.
L'étude de ce projet est actuellement faite par le service des
Travaux publics. L'exécution est prévue à la 3e étape
mais sera avancée si les crédits le permettent.
-
--------Hôpital de Cherchell.
- La cession doit avoir lieu prochainement. On avait
d'abord envisagé de transformer cet hôpital militaire en
un hôpital auxiliaire géré par la Municipalité
; il a paru plus avantageux d'en faire, pour commencer, une annexe de
l'hôpital de Marengo dont une partie des disponibilités seront
réservées aux vieillards actuellement en excédant
à Marengo.
---------Hôpital
d'Orléansville. - Cédé à
l'Algérie depuis le 1er mai 1935, il comprend un quartier d'hospitalisation
(malades civils et militaires) et, provisoirement, un quartier d'asile
pour aliénés tranquilles, ce qui permettra de décongestionner
l'hôpital psychiatrique de Blida jusqu'à achèvement
des constructions en cours.
---------Hôpital
d'Aumale. - La cession de cet établissement
avait été demandée mais elle doit être différée
jusqu'à achèvement de l'infirmerie de garnison dont les
troupes ont besoin.
---------Cette
formation qui dispose de 300 lits est destinée à abriter
un quartier important de tuberculeux qui recevra une partie des malades
chroniques des hôpitaux d'Alger.
---------II.
- DÉPARTEMENT D'ORAN
---------Hôpital
de Sidi-bel-Abbès. - Les travaux d'exécution
sont activement poussés ; hôpital d'arrondissement de 150
lits avec maternité, spécialités et quartier de vieillards.
---------Hôpital
de Mostaganem. - Les travaux d'aménagement
commencés depuis un an, ne vont pas tarder à être
achevés.
---------Cet
établissement va constituer un très bel hôpital mixte
avec 160 lits civils et 70 militaires ; il disposera d'une maternité
indépendante.
---------Hôpital
de Saïda. - II sera constitué par l'agrandissement
de l'hôpital auxiliaire actuel. L'avant-projet a été
approuvé, et on procède actuellement à l'établissement
du projet.
---------Hôpital
de Tlemcen. - Ce projet a été retardé
par les forma-lités d'achat de terrain qui doivent donner lieu
à des expropriations.
---------Le
plan est à l'étude, il doit comprendre un hôpital
mixte de 240 lits dont 130 civils et 1 10 militaires ; si les crédits
le permettent il sera construit un quartier d'hospice pour 50 vieillards.
---------III.
- DÉPARTEMENT DE CONSTANTINE
---------Hôpital
de Batna. - Cet hôpital qui figure à
la première étape de la cession devrait déjà
être repris par la Colonie ; c'est le mauvais
état des bâtiments qui est cause du retard ; les avis divers
émis par les architectes ont motivé plusieurs expertises
à la suite des-quelles l'étude du projet a été
décidée ; dès qu'elle sera au point, les travaux
commenceront.
---------Hôpital
de Bône. - La reconstruction sur l'ancien
champ de manoeuvres, auprès de la gare, avait été
décidée l'an dernier. Mais l'étude du terrain a fait
ressortir la nécessité de faire des travaux d'assainissement
que l'état du budget ne permet pas, pour le moment, d'envisager.
---------Il
a donc été décidé que la réorganisation
se ferait sur place par extension et utilisation des bâtiments et
par construction des autres services nécessaires.
---------Un
premier bâtiment sera sous peu mis en chantier.
---------Hôpital
de Djidjelli. - Les travaux d'aménagement
intérieur sont terminés ; cet hôpital extrêmement
coquet et très confortable donne toute satisfaction. Il comprend
un quartier d'enfants tuberculeux ganglionnaires ou osseux envoyés
pour cure marine (30 lits) ; un quartier indigène (12 lits) ; des
chambres séparées pour malades ordinaires et ménages
; et un quartier de 40 vieillards.
---------Hôpital
de Sétif. - Les travaux de construction sont
commencés depuis 2 mois sur un très bon emplacement à
l'entrée de la ville du côté d'Alger.
---------Hôpital
de Guelma. - Il est procédé actuellement
à la mise au point du projet définitif d'aménagement
de cet hôpital.
---------Hôpital
d'A ïn-Beïda. - L'hôpital militaire
est vétuste et a besoin de beaucoup de réparations ; il
semble préférable de bâtir un hôpital civil
entièrement neuf.
---------Hôpital
de Souk-Ahras. - Il a été prévu
le transfert de l'hospice de Souk-Ahras dans les bâtiments de l'hôpital
militaire convenablement restaurés, 90 vieillards pourront ainsi
être hébergés. Dégagé de cette catégorie
d'hospitalisés, l'hôpital civil de Souk-Ahras pourra mettre
à la disposition de l'autorité militaire les 35 lits prévus
dans le projet de convention et taire face aux besoins hospitaliers de
la population civile.
---------Hôpital
de Tébessa. - En raison du peu d'importance
de cet hôpital il a été prévu qu'il deviendrait
une annexe de l'hôpital de Souk-Ahras. Il doit avoir 70 lits dont
13 réservés aux militaires.
---------Hôpital
de Bordj-bou-Arréridj. - L'Administration
envi-sage de transformer cet établissement en hôpital annexe
de celui de Sétif. Il disposera de 40 lits dont 5 militaires.
---------Hôpital
de la Calle. - Les travaux d'aménagement
de cet hôpital-préventorium sont actuellement en cours.
L'établissement comportera un quartier pour les hospitalisations
locales avec 30 lits, c'est la partie qui est mise en construction et
un préventorium pour enfants de 150 lits dans les locaux de l'hôpital
militaire.
*****
---------Cet exposé,
simple énumération de faits matériels et de chiffres,
ne donne encore qu'un faible aperçu de l'oeuvre capitale entreprise
par la France en Algérie : celle d'assurer l'Assistance médicale
sous toutes ses formes à des populations de toutes races.
Louis-Eugène ANGELI.
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