Mars 1962 en Algérie, après les accords d'Évian
A l'occasion du 55e anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars, Guy Pervillé a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Il revient sur un demi-siècle de relations complexes et passionnelles entre la France et l'Algérie.
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19 mars

A l'occasion du 55e anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars, Guy Pervillé a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Il revient sur un demi-siècle de relations complexes et passionnelles entre la France et l'Algérie.

Extrait du Lefigaro.fr

Guy Pervillé est professeur émérite d'histoire contemporaine. Il va publier un nouveau livre aux éditions Vendémiaire (Paris): Une histoire iconoclaste de la guerre d'Algérie et de sa mémoire.

FIGAROVOX/ENTRETIEN.- La présence officielle de François Hollande aux cérémonies de commémoration du 19 mars l'année dernière avait fait polémique. Pourquoi?
Guy PERVILLÉ
.- La participation officielle du président de la République François Hollande aux cérémonies du 19 mars était une première depuis que la loi du 8 novembre 2012 avait officialisé cette date de commémoration de la guerre d'Algérie, concurremment avec le 5 décembre choisi arbitrairement par Jacques Chirac dix ans plus tôt. Ce vote avait ranimé la querelle qui opposait, depuis beaucoup plus longtemps, les associations d'anciens combattants de gauche (FNACA et ARAC) qui ne voulaient commémorer que le 19 mars 1962 - date du cessez-le-feu ordonné par les accords d'Evian signés le 18 entre le gouvernement français et le GPRA - et toutes les autres associations qui préféraient n'importe quelle autre date parce que le 19 mars avait été non la fin de la guerre, mais le début de sa pire période.

En réalité, les rédacteurs de la loi avaient tenté de les apaiser en faisant du 19 mars "jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie", "une journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie", ce qui est plus proche d'un deuil national que d'une fête nationale. De même, dans son discours du 19 mars 2016, le président Hollande a voulu désamorcer ce conflit mémoriel en reconnaissant que "le 19 mars n'est pas la fin de la guerre d'Algérie, c'est le commencement de sa fin". Il a voulu tenter de ménager à la fois les partisans et les adversaires français du 19 mars, et aussi de satisfaire les Algériens sans accepter toutes leurs revendications. Reste à savoir si cette politique de conciliation généralisée a des chances de réussir une vraie réconciliation générale.

Le dimanche 19 mars marque le 55e anniversaire des accords d'Évian. Comment expliquez-vous que la guerre d'Algérie continue à susciter autant de passion aussi bien en France qu'en Algérie?

D'une façon générale, on peut admettre que la mémoire de la guerre d'Algérie a continué de hanter les esprits de ceux qui l'ont directement vécue, et que leur arrivée à l'âge de la retraite a facilité une nouvelle flambée de leurs mémoires, avant qu'elles disparaissent avec la dernière génération des témoins. Mais cette interprétation naturaliste est tout à fait insuffisante pour expliquer le retour de mémoires irréconciliables auquel nous assistons depuis plus de vingt ans.

En France, tous les gouvernements de 1962 à 1997 avaient jugé impossible de réunir tous les Français dans une mémoire nationale cohérente d'une "guerre sans nom" qui avait abouti à une paix contestable et à une mini-guerre civile, et c'est pourquoi ils avaient tous prôné une politique du silence, fondée sur l'amnistie et l'amnésie. Mais depuis le procès de Maurice Papon à Bordeaux (1997), l'idée s'est imposée d'un rapport direct entre la participation de celui-ci à la déportation des juifs décidée par les Allemands de 1942 à 1944, et sa participation à la guerre contre les patriotes algériens en tant que superpréfet de Constantine (1956-1958) puis de préfet de police de Paris, responsable de la répression de la manifestation algérienne du 17 octobre 1961.

C'est pourquoi, à partir de 1997, la politique mémorielle française a radicalement changé. Le gouvernement de Lionel Jospin et le président de la République Jacques Chirac ont pris position pour une large ouverture des archives publiques, et les deux chambres du Parlement ont voté à l'unanimité la loi du 18 octobre 1999 qui officialisait l'expression "guerre d'Algérie". Mais cette unité nationale s'est brisée sur le choix d'une date commémorative et sur le sens qu'il fallait lui donner, entre la gauche favorable au 19 mars 1962, date officielle du cessez-le-feu d'Évian, et la droite qui y voyait non la fin de la guerre, mais le début de sa pire période. Le président Chirac, réélu en 2002 contre Jean-Marie Le Pen, a préféré le 5 décembre au 19 mars, puis dix ans plus tard le président Hollande a officialisé le 19 mars, mais sans supprimer le 5 décembre. Ainsi, la France n'a pas su choisir entre ces deux dates opposées, soutenues par deux camps irréconciliables.

En Algérie, au contraire, l'État a organisé depuis 1962 une commémoration systématique de la guerre de libération nationale à laquelle il doit son existence et ses dirigeants leur pouvoir. Mais cette commémoration a gardé le caractère obsessionnel et démesuré qui était celui de la propagande du FLN du temps de guerre et auparavant celui de celle du parti nationaliste. Depuis la Constitution de février 1989 qui a mis fin au régime du parti unique, on aurait pu espérer une relative émancipation de l'histoire comparable à ce qu'elle est en France, mais il n'en a rien été car la mémoire de la guerre de libération a été utilisée pour légitimer les deux camps qui se sont opposés dans la guerre civile des années 1990, laquelle n'est toujours pas entièrement terminée. Et les dirigeants algériens ont continué à exploiter le ressentiment anti-français afin de détourner l'attention de leur peuple de ce qui s'est passé en Algérie depuis 1992, puisque les référendums sur la "concorde civile" de 1999 et de 2005 interdisent de chercher à savoir ce qui s'y est vraiment passé.

La guerre réelle a-t-elle laissé place à la guerre des mémoires?

Oui, c'est exactement cela. Depuis mai 1990, au moment où certains croyaient possibles une réconciliation franco-algérienne, une Fondation du 8 mai 1945 a été créée à Sétif autour de l'ancien ministre Bachir Boumaza pour demander à la France de reconnaître sa répression comme étant un -"crime contre l'humanité" (imprescriptible) et non pas un simple crime de guerre. Puis en mai 1995, au plus fort de la guerre civile algérienne et juste après l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République française, cette revendication a été relancée et généralisée à tous les "crimes contre l'humanité" que la France aurait commis contre le peuple algérien de 1830 à 1962, parce que le nouveau président français n'était pas prêt à soutenir inconditionnellement les dirigeants algériens contre leurs ennemis islamistes. Les attentats qui ont endeuillé Paris quelques mois plus tard ont accru la méfiance du président Chirac envers ses partenaires algériens. C'est seulement après la visite officielle à Paris du nouveau président Bouteflika, le 14 juin 2000, que le président Chirac a pris l'initiative, en 2003, de proposer la négociation d'un traité d'amitié franco-algérien sur le modèle du traité franco-allemand de 1963, mais ses chances ont été compromises par le vote irréfléchi à Paris de la loi procoloniale du 23 février 2005, qui provoqué une pétition d'intellectuels français hostiles à l'officialisation de l'histoire, puis des réactions indignées de journalistes et d'hommes politiques algériens, qui ont obligé le président Bouteflika à condamner très énergiquement la colonisation française dans ses discours des 8 mai 2005 et 2006.

Depuis, les deux successeurs du président Chirac, Nicolas Sarkozy en 2007, puis François Hollande en 2012, ont très clairement refusé la revendication de repentance en proposant à sa place de "laisser travailler les historiens". Le président Bouteflika et ses premiers ministres successifs ont renoncé à cette revendication, mais il se trouve toujours des membres du gouvernement et des membres du Parlement algérien pour la soutenir.

Comment ces mémoires sont-elles instrumentalisées dans chaque camp?


Elles ne le sont que d'un seul côté, du côté algérien, puisque c'est de celui-ci que vient la revendication de repentance. Celle-ci ne peut pas être considérée comme étant une simple manipulation cynique de la mauvaise conscience française par les dirigeants algériens, qui peut être oubliée quand elle a manifestement échoué. En réalité, cette revendication est enracinée dans plus d'un demi-siècle, et même plus de deux tiers de siècle, si l'on remonte au 8 mai 1945, de propagande nationaliste ; elle a donc laissé des traces dans de nombreux esprits qui ne sont plus capables de distinguer entre la propagande et l'histoire. C'est pourquoi la revendication de repentance a été relancée d'abord en dehors de l'État, par la Fondation du 8 mai 1945 à partir de mai 1990, puis élargie par la presse à toute la période 1830-1962 à partir de mai 1995, avec l'approbation du gouvernement algérien de l'époque ; et enfin, depuis 2007, elle conserve de nombreux partisans à l'intérieur du Parlement, comme les 125 députés qui avaient voté en 2010 une proposition de loi prônant le jugement par un tribunal spécial algérien de tous les "crimes contre l'humanité" commis par la France contre le peuple algérien de 1830 à 1962 (ainsi que les essais de bombes atomiques effectués au Sahara de 1962 à 1964).

Et aussi à l'intérieur du gouvernement, comme le ministre des Anciens Moudjahidine Tayeb Zitouni, qui déclarait en octobre 2014: "Notre devoir est de continuer à dévoiler les massacres et les crimes barbares perpétrés par l'armée coloniale française en Algérie au temps de l'occupation. Nous organiserons des séminaires, colloques et produirons des documents écrits et audiovisuels sur cette période jusqu'à ce que viendra une génération en France qui reconnaîtra les crimes de ses ancêtres et demandera pardon. Ce jour-là, nous refuserons ce pardon, parce que tout ce que la France a commis en Algérie est impardonnable" (Le soir d'Algérie, 17 octobre 2014). Une telle déclaration, évidemment contre-productive, comporte une dimension pathologique évidente.

Du côté français, à l'exception de Franco-algériens influencés par la Fondation du 8 mai 1945, il n'y a pas eu de soutiens explicites à cette revendication de repentance, parce que ses partisans français étaient sans doute embarrassés de sembler obéir à des ordres venant d'Algérie ; mais ils n'en avaient pas besoin pour penser spontanément de la même façon, puisqu'ils croyaient sincèrement que la réconciliation franco-algérienne exigeait une repentance française. Cet état d'esprit est compréhensible de la part de militants et d'intellectuels qui avaient pris parti contre l'État français colonialiste au nom des vraies valeurs de la gauche française bafouées par Guy Mollet, Robert Lacoste et François Mitterrand durant la guerre d'Algérie. Mais on s'étonne de le voir partager par des jeunes qui n'étaient même pas nés en 1962 et ne sont donc responsables de rien.

En 2006, Daniel Lefeuvre écrivait Pour en finir avec la repentance coloniale. Emmanuel Macron en expliquant que la guerre d'Algérie était un crime contre l'humanité a-t-il cédé à cette idéologie de la repentance?

Oui, et c'est un événement imprévu qui me plonge dans un océan de stupéfaction. Comment imaginer qu'un brillant énarque devenu très jeune ministre, puis candidat à la présidence de la République à moins de 40 ans, pourrait prendre le risque de désavouer le refus de la repentance maintenu depuis 2005 par les trois présidents successifs, Chirac, Sarkozy et Hollande? On peut sans doute l'expliquer par une manœuvre politicienne visant à capter le soutien de l'Algérie et le vote des électeurs franco-algériens, mais l'imprévoyance du risque de s'aliéner les électeurs français hostiles au FLN algérien est vraiment stupéfiante. On peut aussi s'interroger sur les limites de la compétence de ce jeune candidat en dehors de l'économie. Mais il me paraît surtout représentatif de ces jeunes nés bien après 1962 qui ont le plus grand mal à comprendre que l'Algérie coloniale ait pu passer si longtemps pour française, et qui sont en grande majorité favorables à la définition de la colonisation comme un "crime contre l'humanité" et à la revendication algérienne de repentance, alors que logiquement ils devraient refuser de répondre à ces questions puisqu'ils ne sont responsables de rien.

Je continue néanmoins à m'interroger sur ce cas particulièrement troublant. Emmanuel Macron a sans doute cru que sa formation philosophique lui permettait de trouver la vérité en employant, comme les philosophes et orateurs antiques, un plan dialectique en trois parties (thèse, antithèse, synthèse), mais cela ne dispense pas d'avoir les connaissances nécessaires pour traiter convenablement le sujet. Il a sans doute cru respecter les principes du droit en se référant à la définition actuelle du "crime contre l'humanité", en oubliant que le droit a une histoire qu'il est nécessaire de connaître. La meilleure réponse a été publiée dans Le Monde des 19 et 20 février 2017, par le professeur de droit Bertrand Mathieu: "Il faut bien comprendre que, lorsqu'on a créé la Cour pénale internationale, en 1998, l'objectif n'était pas de punir des actes ayant été accomplis par le passé, comme ceux commis au cours de la période coloniale, car il existe un principe de non-rétroactivité des lois pénales. L'idée était d'établir un système de prévention et de condamnation contre des crimes futurs". Et il continue ainsi: "Qualifier de crime contre l'humanité l'ensemble des dominations subies par un peuple aboutirait à un élargissement excessif du concept et poserait un problème situé à l'intersection du droit et de l'histoire. Cela affaiblirait, d'une part, la notion de crime contre l'humanité, et conduirait, d'autre part, à réécrire l'histoire pour n'y voir plus qu'un long fleuve de crimes contre l'humanité". Mais je ne peux pas cacher mon étonnement d'avoir vu deux jeunes juristes prendre parti pour l'opinion imprudente d'Emmanuel Macron, puis deux jeunes historiennes, se rangeant à l'avis d'une philosophe, en oubliant que l'histoire, qui a pour objectif de connaître et de comprendre les faits passés, n'est pas obligée de les juger, ni moralement ni pénalement. Que l'expression "crime contre l'humanité" ait été employée dans notre langue depuis les débats sur l'abolition de l'esclavage en 1794 ne prouve pas qu'elle avait une valeur juridique effective avant le traité de Versailles de 1919 et avant la création du tribunal international de Nuremberg par les vainqueurs de la Deuxième Guerre Mondiale en 1945. Je ne prétends pas être marxiste, mais je crois devoir rappeler que le philosophe engagé Karl Marx jugeait la colonisation européenne du monde dialectiquement, à la fois comme une succession de crimes abominables et comme une étape de l'histoire de l'humanité nécessaire à la création du marché mondial capitaliste. La régression intellectuelle que nous constatons est donc tout à fait consternante.

Quelles peuvent être les conséquences de ces propos?


Elles peuvent être très graves, en encourageant les dirigeants algériens à relancer la revendication de repentance qu'ils avaient abandonnée, de fait, depuis 2007. Si cela se produisait, la guerre d'Algérie recommencerait sur le plan politique et juridique, puisque les accords d'Évian qui lui ont mis fin étaient fondés sur une amnistie réciproque des crimes commis par les deux camps. À moins que le futur président de la République française accepte de capituler en reconnaissant officiellement la culpabilité unilatérale de la France…

Dans son livre Terreur dans l'hexagone, Gilles Kepel souligne que la tuerie de Toulouse par Mohamed Merah a eu lieu lors du cinquantenaire des accords d'Évian et ajoute que Merah est enfant du mariage malheureux entre la France et l'Algérie. Ce conflit et plus largement la question de la décolonisation pèsent-ils sur l'intégration des enfants d'immigrés?

Très vraisemblablement. Le frère aîné de Mohammed Merah, Abdelghani Merah, a très courageusement témoigné devant le journaliste Mohamed Sifaoui que sa famille venue d'Algérie après 1962 avait grandi dans un profond ressentiment contre la France. De même, les nombreux cas de radicalisation terroriste que cite le journaliste David Thomson dans son livre Les revenants. Ils étaient partis faire le djihad. Ils sont de retour en France, donnent à penser que ces jeunes Algériens radicalisés croient avoir le droit et le devoir de tuer ou d'estropier tous ceux qui leur sont désignés comme des ennemis de leur religion et de leur peuple, sans se sentir aucunement responsables de leur triste sort. Comme l'a dit une jeune djihadiste non repentie, revenue de Syrie: "Je me suis dit que je n'avais pas ma place et que mes parents étaient esclaves de la société française. Je refusais d'être comme eux. Moi étant d'origine algérienne, j'ai mon grand-père qui est mort durant la guerre. Je n'aime pas dire guerre parce que ce n'était pas à armes égales, moi je dis souvent le 'génocide français'. Le djihad, c'est se battre pour retrouver notre dignité qu'on a perdue, qu'on a voulu écraser". Et un autre djihadiste sans retour le répète: "Nous, on est des Algériens, et la France elle est venue en Algérie, elle a fait la guerre, elle a exterminé, elle a fait un génocide, elle a tué, elle a égorgé les têtes des Algériens.

Donc, il y a non seulement sa guerre contre l'islam dans sa politique actuelle, mais il y a aussi sa guerre contre l'islam dans son histoire. Voilà pourquoi la France est une des premières cibles". Cette conviction paraît une conséquence logique de la politique mémorielle algérienne justifiant l'utilisation de "tous les moyens" au service d'une cause pourvu qu'elle soit déclarée juste. Tous les États concernés, l'Algérie aussi bien que la France, ont le devoir d'apprendre aux jeunes générations à distinguer clairement le bien et le mal, au lieu de les confondre.

La guerre d'Algérie est-elle une guerre sans fin?


Elle le sera aussi longtemps que les dirigeants algériens n'auront pas le très grand courage de mettre fin à l'exploitation politicienne du culpabilisme français, au risque de mécontenter tous ceux qui restent marqués par la vieille propagande nationaliste. Le président Bouteflika aurait pu le tenter à l'occasion de son voyage officiel à Paris en juin 2000 ; mais il a préféré relancer discrètement la revendication algérienne de repentance. Rappelons ce que le regretté Guy Henenbelle, ancien coopérant en Algérie et fondateur de la revue intellectuelle Panoramiques, avait écrit dans Le Figaro en août 2001: "Je demande aux acharnés de la repentance: une fois que vous aurez bien tout excavé, stigmatisé tous ceux qui méritent de l'être, obtenu qu'on revienne, en torturant la loi, sur la sage amnistie gaulliste et la suite (…) vous déboucherez, dites-moi, sur quel résultat, quelles perspectives? Ma conviction est que c'est inutile, néfaste et même dangereux. Oui, les livres d'histoire doivent dire toutes les vérités. Non, il n'est pas sain que la France vive dans des campagnes permanentes de repentance. Cette ritournelle tend à devenir maladive. Je ne pense pas du tout que la campagne récente soit de nature à rendre rationnelles, fraternelles et apaisées les relations entre la France et l'Algérie, qui a montré qu'elle savait fort bien faire encore pis que nous et dont les besoins et les préoccupations immédiates relèvent d'un tout autre registre". Dans un des derniers numéros de sa revue, le n° spécial 62 du premier semestre 2003, intitulé "Algériens- Français: bientôt finis les enfantillages?", il dénonçait "le duo sadomaso entre la culture laïco-chrétienne du culpabilisme français et la culture arabo-musulmane du ressentiment, lequel ne mène à rien de constructif". Nous en sommes toujours au même point.

Entretien de Guy Pervillé par Alexandre Devecchio

19 mars 20107