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site le 16-3-2003
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-----J'
entends dire beaucoup de choses à propos du 19 mars 1962. Mais beaucoup
d'anciens appelés du contingent qui en parlent aujourd'hui, n'étaient
plus en Algérie à cette date car l'immense majorité
de ceux qui ont effectué leur service militaire là-bas l'ont
fait entre 1956 et 1961. Ils n'ont eu connaissance de la tragique fin de
la guerre d'Algérie qu'au travers des journaux ou de la radio de
métropole. -----Je fais partie des dernières classes (1961) qui ont réellement vécu cette tragédie AVANT, LE JOUR MÊME, ET BIEN APRÈS LE 19 MARS 1962. -----Je suis arrivé
en juillet 1961 à PALESTRO où l'Armée française
: appelés, harkis, engagés, achevait la reprise en main
de tout le secteur et se rendait maîtresse du terrain dans les moindres
recoins de cette région qui avait été l'une des plus
dures. -----Je ne suis reparti que fin novembre 1962 et je puis témoigner que le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu prévu par les accords d'Evian ne vit malheureusement pas la fin effective des combats et fut en fait ressentie par beaucoup de Français, et à juste titre, comme une amère défaite. -----Bien que mes camarades et moi ne comprenions pas cet abandon incompréhensible du gouvernement de De Gaulle, étant donné que l'Armée maîtrisait alors la situation presque partout sur le terrain, tant à Alger que dans le bled, l'annonce du cessez-le-feu nous remplit toutefois d'un lâche soulagement : pour nous autres appelés, nous allions enfin rentrer dans nos foyers, retrouver nos chères familles, "la quille" quoi ! -----Mais nous allions
vite déchanter, notre maintien sous les drapeaux se poursuivit
bel et bien, étant donné la gravité de la situation
en Algérie dès le lendemain du 19 mars 1962 |
-----Et puis ces jours et ces nuits interminables de bouclages de quartiers dans Alger assurés par mon unité jusqu'en juin 1962, avec l'horrible sensation de ne plus combattre un ennemi mais nos propres frères Français d'Algérie, dont beaucoup ne pouvaient se résoudre à accepter cet abandon incompréhensible de la mère patrie et étaient entrés en résistance pour essayer désespérément de sauver ce qui était un "coin de France" depuis 130 ans (depuis plus longtemps que Nice et la Savoie qui n'intégrèrent définitivement la France qu'en 1860 !). -----Non seulement
la guerre était loin d'être terminée, mais ce cessez-le-feu
était une cinglante défaite pour la France ! Le 19 mars
1962 fut une victoire inespérée pour le FLN (organisation
rebelle algérienne) qui voyait son écrasante défaite
sur le terrain se transformer en victoire morale aux yeux du monde par
cette proclamation du cessez-le-feu qui leur était apportée
sur un plateau par De Gaulle. -----Ressentie
comme une honteuse reculade par beaucoup de nos responsables militaires
de l'époque puisqu'ils avaient gagné sur le terrain et dans
le coeur des populations locales (les ouvriers musulmans de la ferme qui
nous hébergeait à Ain-Taya se mirent à pleurer à
l'annonce des résultats du référendum qui consacrait
l'indépendance de l'Algérie!). Michel SELLIER |