Mars 1962
en Algérie
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-----J.P.Ferrer:« À un moment où la 2ème chaîne diffuse une apologie de De Gaulle, rassembleur, veuillez trouver ci joint le scanner d'une poésie écrite aux Baumettes en 1962 par deux détenus de lAlgérie Française : un Français de métropole Bernard Salkin, 19 ans (qui me la remise afin de la diffuser), et un Français de Tunisie, décédé accidentellement en 1970 environ, Jean Pierre R***, 21 ans.» |
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En ce vingt-six mars, les Français dAlgérie, Par Charles le Menteur, trompés, trahis, vendus, Étaient venus clamer lamour de la patrie. Mais les sbires veillaient, le piège était tendu, Dans la foule hachée par une pluie de balles Dont les noirs assassins arrosaient la chaussée Plus de chants, plus de cris, le fracas des rafales Effaçait puissamment les râles des blessés. A grand renfort de fer, les tristes mercenaires Offraient un sacrifice à Charles le Mauvais. Les robes des femmes plaquaient des tâches claires Sur le magna affreux que le sang empoissait. Et les corps des martyrs samoncelaient grotesques, Inondant le pavé dun rougeoyant étang, Où les stylets dacier traçaient en arabesques Le nom du Grand Moloch, avide de sang. Ironique un mourant, avant de saffaisser, Dans un ultime effort, répandant ses entrailles, Cria : « Vive le Prince ! et Vive sa canaille ! Nest ce pas grâce à eux, que je crève en Français ? » |