Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui décembre
1999 n°107
Le 16 octobre, c'est d'abord le refus du 19 mars
-----Plus
une idée est simple et indiscutable dès lors qu'elle repose
sur des faits historiques irréfutables, plus il paraît difficile
de la faire admettre lorsque la mauvaise foi, le calcul politique, la
combine ou le sectarisme refusent tout entendement.
Tous les ans depuis des aunées, j'affirme ici qu'on ne peut accepter
que soit commémoré l'anniversaire du prétendu "
cessez-le-feu " en Algérie,le sinistre 19 mars 1962.
-----Deux
fois par an, à l'approche de cette date puis à celle du
16 octobre, j'explique pourquoi - et bien d'autres avec moi -en l'absence
d'un accord de toutes les associations de combattants en Algérie
et tant que la FNACA et ses alliés persisteront à vouloir
célébrer ce cessez-le-feu, nous maintiendrons la commémoration
du 16 octobre. Car celle-ci, à nos yeux, est la plus digne, la
plus chargée d'émotion et de reconnaissance envers tous
ceux qui sont morts pour la France dans les douloureux conflits d'Afrique
du Nord entre 1952 et 1962, puisque c'est la date anniversaire de l'inhumation
en 1976, à la Nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette
et en présence du Président de la République, du
Soldat inconnu d'Afrique du Nord. Geste d'une authentique puissance d'évocation,
puisque ce soldat repose désormais parmi ses camarades des autres
conflits dans lesquels l'Armée Française a été
engagée.
-----Comment
peut-on se rassembler un 19 mars, devant un monument aux Morts, une plaque
ou une stèle portant l'inscription "19 mars 1962" ? comment
peut-on y lire, avec une solennité qui révolte, le texte
de l'Ordre du Jour du Général Ailleret lorsque l'on songe
à toutes les victimes massacrées par la suite ? Comment
peut-on ignorer - ou vouloir ignorer - que le cessez-le-feu n'a été
respecté, strictement hélas que par une seule des deux parties,
l'Armée Française, qui s'est retirée d'un terrain
qu'elle occupait après y avoir totalement vaincu son adversaire,
le FLN, et qu'ainsi elle abandonnait aux couteaux des égorgeurs
des centaines de milliers de personnes qui lui étaient restées
fidèles ? Pourquoi ne pas vouloir admettre, devant l'accumulation
des faits incontestables et des témoignages émouvants, que
cette date prétendue "officielle" a été,
effectivement, le début d'un épouvantable massacre de populations
civiles et de combattants musulmans, qui n'avaient commis qu'un seul crime,
celui d'avoir choisi la France et d'avoir cru en sa parole, plusieurs
fois exprimée par le Président de la République d'alors
sous des formules devenues tristement célèbres, comme "Je
vous ai compris", "De Dunkerque à Tamamrasset" et
bien d'autres.
150.000 victimes au moins, selon les historiens les plus sérieux,
oubliées pudiquement chaque année le 19 mars!
-----Il faut
bien chercher une explication à cet acharnement des dirigeants
nationaux de la FNACA à vouloir à tout prix maintenir la
commémoration du 19 mars et en faire une journée nationale.
Ne serait-elle pas dans la part d'influence qu'y exercerait un parti politique
qui soutint le FLN en pleine guerre d'Algérie et eut ses Aspirant
Maillot. Après tout pour lui aussi, la date du 19 mars était
une sorte de victoire, comme elle l'est devenue pour l'Algérie
indépendante où, depuis, l'on n'a jamais cessé d'égorger.
Ce sont des réflexions qui me viennent à la lecture d'une
solide documentation personnelle qui se meuble constamment d'éléments
nouveaux et que je garde précieusement. Après tout, s'il
croit que je me trompe, le Président départemental du Rhône
de la FNACA, dont j'ignore l'appartenance politique - en admettant qu'il
en aie une - peut toujours m'intenter un procès en diffamation.
Il a de l'expérience en la matière puisqu'il l'a fait contre
l'un de nos présidents, il y a quelques années.
------Quoi qu'il en soit, avec une logique
qui mérite d'être soulignée, ce parti politique s'efforce
de faire voter à tout prix, par l'actuelle Assemblée Nationale,
la reconnaissance officielle du 19 mars, en voulant profiter d'une majorité
opportune à laquelle il appartient.
-----Alors,
restons vigilants, continuons à dénoncer l'hypocrisie et
le scandale du 19 mars, à informer nos concitoyens de ce que fut
réellement ce "cessez-le-feu", qu'on prétend comparer
au il novembre 1918 et 8 mai 1945 qui mirent fin à deux guerres
mondiales au cours desquelles le sol national était occupé.
Et l'on ajoute - argument dérisoire - qu'après tout, au-delà
de ces deux dates, il y eut aussi des victimes.
-----Sans doute,
mais pas un génocide.
Général de Division (CR)
François LESCEL
Président de la FARAC
Fédération des amicales régimentaires et des anciens
combattants de Lyon etsa région
50 rue Philippe de Lassalle 69004 Lyon
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