-------Donc, je
le disais en préambule, nous le savons ( bulle, savon, non?), je
vécus à Maison-Carrée dans ma tendre enfance. Pour
être à l'abri des bombardements de la Grande Guerre de 39-45.
-------Ma grand-mère s'était
remariée après le décès du père de
mon père, blanc mais pas père blanc.( vous suivez?).
-------Car s'il avait été père
blanc, mon père n'aurait pas été mon père
il n'aurait pas eu de fils mais il aurait pu m'appeler son fils si je
l'avais rencontré. Et moi, je lui aurais dit :« Mon père...».
Passons.
-------Donc, voir plus haut, j'étais
petit. J'avais une voiture à pédales et je pédalais.
-------Je me souviens très vaguement
de cette ferme. Quand on était sur le seuil de l'entrée,
face à l'extérieur, sur le côté gauche, un
grand bassin.Sur la droite, un chemin qui menait aux communs et se poursuivait
plus loin, bien plus loin vers la voie de chemin de fer.Une voie ferrée,
oui.
-------Donc, voir plus haut, je pédalais.
-------Mon oncle Claude, très jeune
à l'époque, une vingtaine d'années. C'est le fils
du deuxième mari de ma grand-mère.Il me voit pédaler:«où
vas-tu ? (yau de poêle...personne ne la connait celle-là!)
-Au bout!
-Au bout de quoi?
-Au bout.( Rappel non antitétanique: je suis petit, moins de trois
ou quatre ans, l'esprit peu développé, encore maintenant
d'ailleurs.)»Et me voilà, pédalant dans ma petite
voiture ...à pédales c'est pourquoi je pédale. Si
cela avait été une barque, j'aurais ramé. Bien que
parfois, on peut ramer sans barque. Comme on peut pédaler sans
pédales, d'accord. Je ne veux contrarier personne.
-------Et je pédale, et je pédale,
et je pédale, et je pédale. J'insiste pour bien montrer
que je pédale longtemps. Je pédale encore. Charmant bambin.
Déjà si tenace, si volontaire, si à métaux,
si fois neuf cinquante quatre.
-----Mais
voilà qu'après un certain temps, ne me voyant plus, l'on
se mit à ma recherche.( Je raconte les propos, moi, je me souviens
peu...je vous dirai plus bas).
-------Et on cherche, appels, et on cherche,
re-appels ( ou pioche! oui, j'ai osé). Pas de Bernard ( c'est moi,
pas chocolat pour un sou).
«Où est-il ?
- Au bout.
-Quel bout?»
-------C'est Claude qui m'a trouvé.Au
bout. Au bout du chemin, vous savez, ce chemin, à droite, qui menait
à la voie ferrée, ma voiture presque sur les rails ! Avec
mes petites jambes, j'avais parcouru un bon kilomètre, voire plus
pour aller au bout.Le bout, c'était là, la voie ferrée.
-------Frayeur rétrospective familiale.
-------Figurez-vous que je manque de souvenirs
sur mon adolescence. Pourtant, là, je revois la voiture, je me
revois pédalant, je revois Claude.
|