-Maison-Carrée, Le 10ème arrondissement du Grand Alger
Le vieux pont de Maison Carrée -1910

On procède en ce moment à la réfection du pont de l'Harrach. Il nous a paru intéressant de donner à cette occasion quelques renseignements sur l'ancien pont dont les culées servirent, en 1875, à la construction de celui actuel.

Ce pont, dit Berbrugger. était pourvu d'une inscription arabe faisant connaître qu'il avait été bâti, en 1736, parle pacha Ibrahim ben Ramdan. Cette inscription se trouve aujourd'hui au Musée d'Alger. A l'époque de la conquête, les arches se poursuivaient sur la terre ferme jusqu'auprès de la colline où s'élève la Maison-Carrée - en 1697, le pacha El-Hadj Ahmed ben Hadj Nosli dont les restes ont été inhumés déjà à la Mosquée de Sidi-Abd-er-Rhaman, avait édifié un pont, au même endroit, que les eaux emportèrent.

Avant cette dernière date, sous la domination musulmane, aucun pont n'existait sur l'Harrach. Aussi, rappelle Berbrugger. " lorsque après l'insuccès de son attaque contre Alger, en 1541. Charles-Quint se mit en retraite sur le Cap Matifou, il fallut avec les débris des navires brisés par la tempête, en improviser un à la hâte, où passèrent les Allemands et les Italiens, pendant que les Espagnols traversaient la rivière au gué d'Amont, et que l'Empereur passait sur la barre de l'Harrach avec son État-Major et ses gardes. "

Sous la domination romaine, un pont traversait la rivière qui portait alors le nom de Savus. Ce pont dont on voyait jadis les amorces, se trouvait en aval du pont métallique qui vient d'être déplacé.

Les opérations de déplacement du pont métallique sur l'oued Harrach. à Maison-Carrée, auxquelles nous avons assisté ces jours derniers, nous permettent de fournir à nos lecteurs des renseignements très intéressants sur cette délicate et dangereuse opération, dirigée et menée à bonne fin par MM. Meley père et fils, ingénieurs-constructeurs à Alger.

Nous adressons nos félicitations à ces Messieurs et à leurs dévoués collaborateurs, notamment M. Basile, conducteur des travaux du chantier et à son personnel, au sergent Blavec et aux sapeurs du Génie de la compagnie du capitaine Jacquot. Tous ont fait preuve d'un entrain, d'une endurance et d'une obéissance remarquables.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1910. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Afrique illustrée du 3-9-1910 - Transmis par Francis Rambert
fév.2021

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LE PONT DE MAISON-CARRÉE

On procède en ce moment à la réfection du pont de l'Harrach. Il nous a paru intéressant de donner à cette occasion quelques renseignements sur l'ancien pont dont les culées servirent, en 1875, à la construction de celui actuel.

Ce pont, dit Berbrugger. était pourvu d'une inscription arabe faisant connaître qu'il avait été bâti, en 1736, parle pacha Ibrahim ben Ramdan. Cette inscription se trouve aujourd'hui au Musée d'Alger. A l'époque de la conquête, les arches se poursuivaient sur la terre ferme jusqu'auprès de la colline où s'élève la Maison-Carrée - en 1697, le pacha El-Hadj Ahmed ben Hadj Nosli dont les restes ont été inhumés déjà à la Mosquée de Sidi-Abd-er-Rhaman, avait édifié un pont, au même endroit, que les eaux emportèrent.

Avant cette dernière date, sous la domination musulmane, aucun pont n'existait sur l'Harrach. Aussi, rappelle Berbrugger. " lorsque après l'insuccès de son attaque contre Alger, en 1541. Charles-Quint se mit en retraite sur le Cap Matifou, il fallut avec les débris des navires brisés par la tempête, en improviser un à la hâte, où passèrent les Allemands et les Italiens, pendant que les Espagnols traversaient la rivière au gué d'Amont, et que l'Empereur passait sur la barre de l'Harrach avec son État-Major et ses gardes. "

Sous la domination romaine, un pont traversait la rivière qui portait alors le nom de Savus. Ce pont dont on voyait jadis les amorces, se trouvait en aval du pont métallique qui vient d'être déplacé.

Les opérations de déplacement du pont métallique sur l'oued Harrach. à Maison-Carrée, auxquelles nous avons assisté ces jours derniers, nous permettent de fournir à nos lecteurs des renseignements très intéressants sur cette délicate et dangereuse opération, dirigée et menée à bonne fin par MM. Meley père et fils, ingénieurs-constructeurs à Alger.

Nous adressons nos félicitations à ces Messieurs et à leurs dévoués collaborateurs, notamment M. Basile, conducteur des travaux du chantier et à son personnel, au sergent Blavec et aux sapeurs du Génie de la compagnie du capitaine Jacquot. Tous ont fait preuve d'un entrain, d'une endurance et d'une obéissance remarquables.

Le pont métallique existant avait, depuis quelques années, été jugé insuffisant en raison de l'importance du trafic, et l'Administration des Ponts et Chaussées avait décidé qu'il était tout-à-fait indispensable de prévoir le remplacement de cet ouvrage par un pont plus important et répondant mieux aux nécessités commerciales. M. Coustolle, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la Circonscription Est d'Alger, avant soumis à M. le Gouverneur général de l'Algérie un projet de pont en béton armé étudié par MM. Considère, Pelnard et Lossier, ingénieurs à Paris, et ce projet ayant été approuvé, l'exécution en a été confiée à M. Meley, directeur et propriétaire de la "Cimenterie Atlas", à Alger.

L'ancien pont, route de Maison-Carrée, avait une largeur de quatre mètres. Le nouveau pont en cours de construction aura une voie de douze mètres en y comprenant les trottoirs.

Le choix de l'Administration a été des plus judicieux en ce qui concerne le système d'ouvrage à construire (béton armé et fretté) car ce pont se trouve à proximité de la mer et ce système réduit au minimum et supprime presque l'entretien ultérieur.

Le nouveau pont devant être édifié à l'emplacement du pont métallique existant, il était indispensable d'assurer la circulation pendant la construction de ce nouveau pont et d'assurer le passage en établissant une passerelle provisoire.

Après examen des différentes solutions possibles où les conditions de sécurité, d'économie et de durée ont été très sérieusement étudiées, l'administration a décidé le déplacement du pont métallique et son ripage angulaire sur pile et culées en bois. .

Pendant deux mois, l'entreprise a travaillé sans relâche à l'établissement des charpentes devant servir au ripage du pont. La pile en rivière étant appelée à supporter au moment des crues des efforts considérables, a été tout particulièrement étudiée, elle a été complètement fondée sur pilotis en eucalyptus et sur semelle importante en béton armé. Tous les appuis ont été d'ailleurs établis de la même façon.

Le 15 août, les préparatifs préliminaires étaient terminés et l'on procédait à un essai permettant d'apprécier d'une manière exacte les charges à déplacer et de se rendre compte du bon fonctionnement des appareils. Cette opération ne pouvait se faire que par expérience directe, le pont à déplacer étant construit depuis trente-deux ans. Cet essai a pleinement réussi et a démontré que les dispositions prises seraient excellentes en faisant quelques modifications de détails.

Ces modifications étaient faites dans la période du 15 au 24 août et à cette date les opérations étaient reprises et menées à bonne fin, sans à coup, après enlèvement de la chaussée représentant un poids mort de quatre-vingt-dix tonnes.

Le 25 août, à deux heures de l'après-midi, le ripage angulaire, partie tout à fait délicate de la manœuvre, était terminé : le 27, à six heures du soir, le pont métallique était raccordé avec les passerelles d'accès. Il reposait sur ses appuis définitifs le 28, a midi, et était de nouveau livré à la circulation le 30 août, à six heures du matin, les épreuves faites le dimanche 29, dans la soirée, ayant été des plus concluantes.

Nous avons remarqué tout particulièrement la présence sur le chantier de M. l'Ingénieur en chef Coustolle qui n'a pas hésité à retarder son départ pour France afin de suivre cette délicate opération dans ses moindres détails et se rendre compte de sa parfaite exécution.