![LE DEUXIÈME MEETING NATIONAL DE MAISON-BLANCHE](../images/92_maison_blanche_deuxieme_meeting_17_5_1953_echo.jpg)
LE DEUXIÈME MEETING NATIONAL DE
MAISON-BLANCHE
Pilotes, parachutistes et matériel ont magistralement prouvé
le renouveau des Ailes françaises
Extraordinaire exhibition des « F-84 » de Reims
Michel BERLIN échappe à la mort
Fête du matériel
volant, fête des surhommes, le deuxième Meeting national
de lair compte parmi les plus sensationnels spectacles présentés
sous le chapiteau du ciel.
Véritablement, chacun des 35.000 spectateurs de Maison-Blanche
a senti lambiance du Grand Cirque des Clostermann et des Mouchotte.
Miracle dexaltation collective, de la folle bravoure dune
poignée dhommes !
A ce côté solennel, cependant, sajouta la note humaine
et pittoresque des grands mouvements de foule.
Pique-nique gigantesque, bonne humeur générale, cuivres
de la musique de lair, soleil préludèrent à
la fête.
Une fête fort bien organisée du reste. Le service dordre
ayant tiré une leçon dexpérience de 1951,
fonctionna admirablement, Nous nous plaisons à le reconnaître.
Certes, il y eut bien, de ci de là, quelques accrochages, mais
ces menus incidents viennent sajouter justement au côté
pittoresque dont nous pariions. Des speakers qualifiés...
Avant daborder le compte rendu du meeting, disons tout de suite
que les organisateurs avaient mis au point un système de sonorisation
à lintention du public.
Jacques Noetinger tenait le micro avec Robert Cartier, M. Dufer et le
capitaine Mlchaut. On ne pouvait choisir meilleurs speakers, car ces
quatre hommes connaissent à fond le métier, ayant tâté,
qui du parachutisme, qui du vol à réaction et qui de lacrobatie...
Ce qui donnait à la diffusion une homogénéité
incontestable.
Le pré-meeting
Le spectacle commença dés le matin avec le planeur de
Michel Berlin. Le « Nord 2.000 » évolua avec grâce,
le pilote se permettant daudacieuses figures.
Cette exhibition précéda quelques mises en train dElisabeth
Boselli, de la parachutiste Odette Goegel et du vétéran
Marcel Doret...
Deux appareils français à réaction basés
à Dusseldorf arrivèrent en fin de matinée. Us avaient
relié lAllemagne à Alger en 2 h. 28 !
L'arrivée des officiels
Larrivée du cortège officiel marqua le début
du meeting proprement dit.
Prirent place au podium les plus hautes personnalités de la ville
et du département.
Aux côtés de M. Léonard, représentant le
président de la République en cette grande occasion, et
de Mme Léonard, on remarquait notamment : le général
Bonnafé, commandant la 5e région aérienne et représentant
M. le Ministre de lAir, dont les chefs de cabinet étalent
également les hôtes dAlger : MM. Benoit-Barert et
le colonel Lhéritier ; M. Farès, président de lAssemblée
algérienne ; M. le préfet Trémeaud, ainsi que M.
Chevallier, député-maire dAlger. On notait encore
la plupart de nos parlementaires, MM les Secrétaires généraux
du Gouvernement général et les généraux
commandant les différentes armes, ainsi que lamiral Sala.
Le général Leroy, commandant lAir en Algérie,
assumait, avec MM Février et Dufer, les délicates fonctions
de commissaire. Comme tel il avait pris place à la tour de contrôle,
assisté de nombreux officiers chargés des services de
liaison et de sécurité. La Coupe de France de parachutisme
Elle devait être disputée, vers 15 heures, par un quatuor
délite.
Nous en dirons deux mots tout à
l'heure, car il nous faut signaler la spectaculaire exhibition de Michel
Berlin sur un planeur « Nord 2.000 » et le stick féminin
composé de Mlles Goegel, Charguereau et Brigitte, dont les parachutes
bleu, blanc et rouge, sépanouissant au milieu des nuages,
rappelaient élégamment le but patriotique de cette manifestation.
Élisabeth Boselli, dont nos lecteurs connaissent la grâce
et la culture, fit sur son « Stampe » une démonstration
dacrobatie vraiment éblouissante. Son atterrissage, salué
par une ovation enthousiaste, précéda de quelques minutes
le championnat de France.
Le sergent-chef Durand le remporta brillamment, devançant de
quelques dixièmes de seconde notre concitoyen, le lieutenant
Gerber, considéré comme lun des premiers experts
mondiaux en matière de parachutisme. Michel BERLIN
A 15 h. 22, Michel Berlin, las de lacrobatie, grimpait dans
son « Stampe ». Il effectuait une gamme de figures
extraordinaires de sang-froid et d'audace : tonneaux, vrilles, feuilles
mortes, etc... Berlin, spécialiste du vol à très
basse altitude, travaillait à quelques dizaines de mètres
des spectateurs.
Frôlant à chaque piqué le sol, il saluait la foule
de la main, son légendaire fume-cigarette à la bouche.
Ce numéro dépassait tout ce quon peut imaginer de
témérité. Un véritable défi à
la mort..
Lexhibition tirait à sa fin ; une dernière fois,
Berlin passait « en tranche » devant la, tribune officielle,
son bout d'aile à quelques centimètres de la piste.
Soudain, ce fut laccident Lappareil percuta le sol, avec
un bruit sinistre. Linstant fut terrible. La foule horrifiée
sétait tue, attendant l'explosion fatale.
Michel Berlin navait pas dit son dernier mot. Dans un réflexe
étonnant, il avait coupé le contact. Sa présence
d'esprit lavait sauvé.
Des services de secours se précipitèrent et le tirèrent
des débris du « Stampe ».
Lémotion générale fut apaisée dés
que lon sut la nouvelle diffusée par les haut-parleurs
: la vie de
Michel Berlin nest pas en danger. (Il put, dailleurs, faire
à notre confrère le récit de ce qui avait failli
être une terrible catastrophe )
Nous avons parlé tout à lheure du Grand Cirque.
Le cirque a ses martyrs.
Mais il a aussi une loi terrible : enchaîner le spectacle
quoi quil arrive.
La tradition fut respectée. Et Marcel Doret décolla. 500
meetings, 28 ans d'acrobatie
Un Marcel Doret plus éblouissant que jamais. Pilotant son incomparable
compagnon de toujours : son fameux « Dewoitlne », réglé
comme une horloge. Marcel Doret réussit ce prodige de détourner
lattention de la foule encore avide dêtre définitivement
fixée sur le sort de Berlin.
Il reste un phénomène de laviation : à 58
ans, ayant bouclé son cinq centième meeting, Marcel Doret
en apprend toujours à plus d un champion.
On ne lui ménagea pas du resteles applaudissements.
Les applaudissements dus à un monsieur qui shonore de 28
ans d acrobatie, dont 26 sur le même « taxi ». La
Coupe de l'Audace
Laviation commerciale était aussi de la partie. Le fameux
« Bréguet » deux ponts dAir France, capable
de transporter 100 passagers, et le « Bretagne » dAir
Algérie, ont fait honneur à la technique française.
La maniabilité du colosse en particulier, volontairement privé
de deux moteurs, laissa lassistance bouche-bée.
Cet étonnement admiratif devait atteindre son sommet à
lissue de la coupe de lAudace. Le champion du monde de parachutisme
Pierre Lard opposé à Léo Valentin, lhomme-oiseau,
et à Monique Laroche (également championne du monde) se
payait le luxe après une chute libre impressionnante, d atterrir
près de la buvette, à quelques mètres de la tribune
officielle.
Ce fut lui qui remporta la coupe de lAudace. Sensationnel carrousel
Les ailes américaines apportèrent leur salut. Venus de
Tripolitaine, ils Initièrent le public aux prouesses que l'ont
peut réaliser avec la réaction.
Mais lapothéose du spectacle fut véritablement la
parade des quatre « Thunderjet » français basés
à Reims et conduits par le commandant Delachenal. Elle suivit
le ballet des douze « Vampire » de Blida, du colonel Marchelidon,
et la présentation au public de notre Marcel Dassault «
Ouragan », frère aîné du fameux « Mystère
TV ».
Les quatre « F.-84 », du commandant Delachenal, furent absolument
fantastiques. La foule était pourtant préparée
aux émotions fortes. Les connaisseurs eux-mêmes navalent
jamais vu chose pareille.
Il nexiste pas de qualificatif susceptible dexprimer ce
que chacun ressentit en voyant ces bolides qui paraissaient soudés
évoluer à 900 à lheure.
Ce sont là des exploits quune plume ne peut relater sans
les diminuer.
Après lexhibition inouïe des pilotes rémois,
salués dailleurs par une ovation délirante, on assista
au largage d'un commando de marine sous la direction du commandant Hilley.
Cinq « Junker » avalent amené au-dessus du terrain
ceux que lon appelle aujourdhui « les fantassins du
ciel ». Alger a connu hier lune de ses plus belles journées.
Laviation française a, en quelques heures, balayé
toute la malveillance et les calomnies dont ses cocardes ont été
trop souvent lobjet.
Par leur matériel, par la valeur de leurs représentants,
les ailes françaises ont prouvé au cours du IIe Meeting
national quil fallait compter avec elles.