rue Liberté , la Mairie
LABORATOIRE d'HYGIÈNE MUNICIPAL
Par M. le Dr GILLES, chef du Laboratoire

Bulletin municipal, avril 1953 - collection B.Venis
sur site le 19-2-2008

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du Laboratoire municipal d'hygiène surprend toujours agréablement le visiteur

Au dernier étage du Nouvel Hôtel de Ville, un peu à l'écart des bureaux, la découverte du Laboratoire municipal d'hygiène surprend toujours agréablement le visiteur non prévenu. Vastes salles d'analyse aux placages immaculés, paillasses ou tables faïencées de blanc couvertes d'appareils étranges, contrastent avec le style habituel des locaux administratifs, et l'on ne peut qu'être étonné de trouver ici pareille installation modèle qu'envierait nombre de grandes capitales.

De construction récente, cette belle réalisation s'inclut dans le plan définitif d'aménagement du Nouvel Hôtel de Ville d'Alger et l'on ne saurait en parler sans évoquer la mémoire du Docteur Lemaire, directeur du bureau d'Hygiène, qui, à sa mort, en 1943, laissa des plans minutieusement étudiés dans leurs moindres détails, image exacte de ce que devait être le laboratoire actuel.

Commencés à la fin de l'année 1950, les locaux définitifs, rapidement équipés en matériel, permettaient dès octobre 1951, la centralisation des différents services d'analyse bactériologique et le contrôle hygiénique, dispersés dans des installations provisoires, avec des possibilités d'action trop souvent limitées.

L'installation actuelle comprend trois grandes salles plus les dépendances (bureau, laverie, resserre) couvrant au total plus de 145 mètres carrés. Salle de préparation des milieux de culture microbienne, salle de stérilisation, laverie, forment un tout bien distinct de la salle d'analyse ayant entrée indépendante sur un couloir latéral de distribution. Vastes pièces baignées de lumière, faïencées à mi- hauteur, puis ripolinées de blanc, toutes renferment le plus récent matériel de précision qu'exigent les techniques modernes d'analyses médicales, offrant ainsi à l'hygiéniste les possibilités immenses du contrôle bactériologique pratique et de la recherche.

L'installation actuelle comprend trois grandes salles plus les dépendances (bureau, laverie, resserre)

Sous cet aspect définitif, le Laboratoire constitue une dépendance directe du bureau d'Hygiène de la Ville d'Alger, un auxiliaire technique indispensable de celui-ci dans le dépistage et la prévention des maladies transmissibles à l'homme. Fermé au public, il ne peut, en aucun cas, recevoir d'analyses privées, sa seule raison d'être étant la défense de la collectivité. Essentiellement axé sur la bactériologie, dans ses rapports les plus étendus avec l'hygiène en général, il se distingue de façon absolue du Laboratoire de chimie annexé à la Pharmacie municipale, ou du Laboratoire des abattoirs spécialisé dans l'étude des viandes (examens d'urgence) et des produits de charcuterie.

Son rôle consiste donc à effectuer toutes analyses bactériologiques utiles aux diverses sections médicales et vétérinaires du Service. Le relevé de son activité depuis le 1er janvier 1952 (date de sa mise effective en fonctionnement) traduit la diversité de ses attributions :
1°/) analyse bactériologique des eaux de consommation distribuées dans la Ville d'Alger par les soins des services municipaux. Contrôle des opérations d'épuration ;
2°/ surveillance hygiénique des eaux de puits, sources, citernes situées sur le territoire de la commune ;
3°/ surveillance hygiénique des piscines d'eau de mer et d'eau douce ;
4°/ surveillance des denrées alimentaires vendues sur le territoire de la commune et axée actuellement principalement sur le contrôle hygiénique des laits, des crèmes glacées et des coquillages ;
5°/ analyses médicales des prélèvements effectués par le Service de l'Inspection médicale scolaire dans les dispensaires pour enfants scolarisés de la Ville d'Alger.

C'est ainsi qu'au cours d'une première année de fonctionnement (1er janvier au 31 décembre 1952), 2.461 analyses ont été effectuées.

Parmi toutes ces attributions, l'analyse bactériologique des eaux de consommation occupe la place d'honneur. Nul ne saurait le nier, il est de première importance pour une cité de pouvoir procurer à la population de l'eau saine et pure. Seul l'examen microbiologique permet le contrôle et la surveillance constante des eaux potables. Il est nécessaire non seulement de reconnaître les contaminations qui peuvent survenir par suite d'influence:- diverses, mais surtout de les faire disparaître par la prise de mesures judicieuses. La liaison étroite qui existe entre le Laboratoire, le Service municipal d'épuration et le Service municipal des eaux offrent, dans ce domaine, les plus sérieuses garanties.

Même souci de défendre la santé publique en contrôlant les puits, les sources, en provenance de nappes trop souvent polluées, les piscines soumises à des règles sanitaires rigoureuses, ou en surveillant la qualité hygiénique des denrées alimentaires qu'un consommateur non averti doit pouvoir acheter sans risques.

Le lait, aliment de base destiné à des enfants, des malades, des vieillards, a fait, au cours de l'année 1952, l'objet d'une surveillance sévère. Plus particulièrement le contrôle des laits pasteurisés a été organisé à tous les stades, et cet effort municipal a été officiellement reconnu par la Haute Administration algérienne. Par lettre en date du 11 septembre 1952, le Gouvernement Général de l'Algérie (Direction de l'Agriculture) demandait à Monsieur le Maire d'Alger de bien vouloir accepter que le Laboratoire municipal d'hygiène soit mis à la disposition de ses services pour le contrôle officiel des ateliers de pasteurisation. Cet agrément fait l'objet d'un arrêté gubernatorial en date du 28 février 1953.

Du même fait, en application d'un arrêté du 20 juin 1950, cette officialisation s'étend au contrôle hygiénique des crèmes glacées, important problème d'actualité médicale. Cas de fièvres typhoïdes, paratyphoïdes, colibacilloses, dus à des produits de fabrication douteuse, ont forcé l'attention des Pouvoirs publics dans la plupart des grandes nations. Ici encore, la Ville d'Alger peut se flatter d'être ailée de l'avant, et de posséder des moyens de contrôle ayant permis, au cours du seul été 1952, l'analyse de 285 prélèvements. Action rarement répressive, mais plutôt éducative que les professionnels eux-mêmes sollicitent, comprenant que garantie sanitaire, et intérêts commerciaux sont loin d'être opposés.

Ajoutons enfin pour finir que le Laboratoire est en voie d'agrément pour le contrôle bactériologique officiel des coquillages.

Attributions multiples, certes !

Mais avec un seul but, la défense de l'intérêt général, cette belle réalisation, que le public ignore, et qui fait pourtant honneur à notre grande cité, est une arme de choix pour la sauvegarde du meilleur capital : la santé.

N'est-ce pas là la mission du Bureau municipal d'Hygiène !

G. GILLES,
Chef du Laboratoire.