Situer l'usine
La houille blanche en Algérie.
L'Algérie, dont le
développement a été si magistralement exposé
aux yeux des innombrables personnes qui sont venues de tous les coins
de France et de l'étranger, durant les fêtes du Centenaire,
sans cesse sur la route du progrès, vient de mettre en valeur une
nouvelle richesse naturelle dont la répercussion se fera ressentir
dans l'avenir au point de vue économique et même national.
Alors qu'en France, depuis de nombreuses années, l'utilisation
de lai houille blanche est passée du domaine du rêve à
celui de la réalisation, par l'équipement de hautes chutes
dans les Allies, le Massif Central ou les Pyrénées, l'Algérie
ne comptait jusqu'à maintenant aucune installation importante de
ce genre.
Cette lacune a été heureusement comblée, grâce
à l'esprit d'initiative, à la volonté et aux efforts
persévérants de certains hommes qui ont compris tout l'intérêt
qui s'attachait à doter notre beau pays d'installations identiques
à celles réalisées dans la Métropole.
La première haute chute hydro-électrique d'Algérie
et probablement de l'Afrique du Nord est maintenant chose faite.
En effet, après une étude d'un projet d'équipement
de l'Oued-el-Berd, commune mixte de Maillot, M. Paul Servajean, ingénieur
civil, obtenait, par décret, le 6 octobre 1923. une concession
qu'il cédait à la Société Hydro-Electrique
de l'Afrique du Nord, Société anonyme au capital de quarante
millions (40.000.000 de francs), fondée par lui le 1er août
1924, dont il est le Président du Conseil d'Administration.
L'aménagement de l'Oued-el-Berd permet l'utilisation d'une chute
de 400 mètres dont 280 mètres font fonctionner la première
usine d'unie puissance de. 15.000 CV actuellement en service. La deuxième
usine utilisant les 120 derniers mètres est actuellement à
l'étude. La longueur totale du réseau est de 600 kilomètres,
dont une ligne équipée à 120.000 volts de 135 kilomètres,
reliant l'usine à la ville d'Alger. Les autres lignes desservent
les territoires des communes de Maillot, Tazmalt, Akbou, Sidi-Aïch,
El-Kseur, Oued-Amizour, Bougie, Bouïra, Aïn-Bessem, Bir-Rabalou,
Aumale, Sidi-Aïssa, Bou-Saâda, Bordj-bou-Arréridj.
C'est pour assister au couronnement de cette uvre que la Société
Hydro-Electrique de l'Afrique du Nord profitant du Congrès de l'Industrie
du Gaz en France et du Congrès des Producteurs et Distributeurs
d'Énergie Électrique qui ont tenu leurs assises le mois
dernier à Alger, conviait, avec les hautes personnalités
de la Colonie, un nombre important de congressistes à un banquet
à l'Oued-el-Berd même, le 26 avril dernier.
Tous ceux qui y assistèrent ont emporté, en même temps
qu'un excellent souvenir de cette réception, une forte impression
de ce qui avait été réalisé au cur de
cette Kabylie, dans un site incomparable où la technique moderne
fait vrombir maintenant les turbines, sans pour cela déparer la
beauté d'un décor grandiose.
A leur arrivée à l'usine
hydro-électrique de l'Oued-el-Berd, les invités étaient
reçus par M. Paul Servajean, Président du Conseil d'Administration
de la Société Hydro-Electrique de l'Afrique du Nord.
Sous la conduite des ingénieurs qui leur donnèrent tous
les renseignements techniques, Les invités purent admirer les remarquables
installations de la Centrale hydro-électrique et de ses annexes.
Parmi les congressistes se trouvaient d'importantes personnalités
métropolitaines et étrangères des Industries du Gaz
et de l'Électricité.
Des personnalités algériennes étaient également
invitées. Parmi elles : MM. Galle, Président des Délégations
financières ; Deshaires, délégué financier
; d'Olivier, conseiller général ; Vicaire, inspecteur général
des Ponts et Chaussées, de nombreux maires et administrateurs des
diverses communes traversées par les réseaux de la Société
Hydro-Electrique, des Ingénieurs en chef et ingénieurs des
Ponts et Chaussées, les grands chefs indigènes, le Bach-Agha
Madhi Mansour, le Bach-Agha Bouzid Mansour, le Caïd Ahmed, etc.
Face à l'usine se dressait, sur le milieu de l'esplanade, une vaste
tente arabe aménagée somptueusement avec de moelleux tapis
indigènes qui jonchaient le sol.
A quelques mètres de cette tente, sur un talus qui la dominait,
un mât élégant, peint en blanc, faisait flotter le
drapeau national, au-dessous duquel s'abritait la flamme de la "
S. H. A. N. ".
Après que les convives eurent apprécié les qualités
d'un menu signé Bouvard, le réputé traiteur d'Alger,
qui, malgré l'éloignement, assurait un service impeccable,
M. Paul Servajean, prit le premier la parole et, au nom de la Société
qu'il préside, souhaita la bienvenue aux hautes personnalités
présentes et à toute l'assistance. Il fit l'historique de
la Société Hydro-Electrique de l'Afrique du Nord et un exposé
clair et précis des travaux en faisant notamment ressortir le mérite
des ingénieurs et du personnel ayant participé à
divers titres à l'exécution des travaux.
Puis ensuite, M. d'Olivier, vice-président du Syndicat inter-communal
de la Soummam, souligna, dans une allocution, toute la répercussion
qu'avait l'électrification des villages de la région, grâce
à M. Paul Servajean, dont l'activité soutenue a permis d'aboutir
à une réalisation, malgré le scepticisme des populations
devant l'ampleur d'un tel projet. Il adressa, en terminant, de chaleureuses
félicitations à M. Paul Servajean.
Un des congressistes se fit l'interprète de tous pour remercier
la Société Hydro-Electriqu,.' de sa brillante réception.
M. Galle, Président des Délégations financières,
dans une improvisation remarquable et avec un,s chaude éloquence,
rendit hommage à M. Paul Servajean, dont il loua fort les qualités
d'audace et de ténacité réfléchies et dit
combien sa joie était grande de pouvoir le féliciter pour
la réussite de
son projet, devenu réalité grâce à sa persévérante
énergie, lui disant notamment qu'il avait vaincu toutes les difficultés
en réalisant une oeuvre difficile de grande envergure et en donnant
un exemple qui devra être suivi.
Avec humour, un congressiste anglais remercia la Société
Hydro-Electrique de son aimable réception et fit rire l'assistance
par quelques traits savoureux.
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