MAILLOT, la Grande Kabylie
1.- INCENDIE DE FORÊT
Aux environs de Maillot, mille hectares de forêt brûlent
DEUX EUROPÉENS SONT CARBONISES
LE FEU N'EST PAS ENCORE CIRCONCRIT

Echo d'Alger du 1-7-1927 - Transmis par Francis Rambert

2.- Le drame de Bouira
La mort du conservateur Potier et du brigadier Orsatti , - Les cérémonies à Bouïra et à Maillot
Echo d'Alger du 2-7-1927 - Transmis par Francis Rambert

3.-Inauguration du monument élevé à la mémoire de l'inspecteur-adjoint Pottier et du brigadier Orsati
Afrique illustrée du 20-7-1929 - Transmis par Francis Rambert
Fév.2021

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HÉROISME DU BLED

INCENDIE DE FORÊT
Aux environs de Maillot, mille hectares de forêt brûlent
DEUX EUROPÉENS SONT CARBONISES
LE FEU N'EST PAS ENCORE CIRCONCRIT

Maillot, 30 juin. De notre correspondant particulier. - Hier, mercredi 29, un violent incendie se déclarait dans l'importante forêt de pins d'Alep située aux alentours de l'oued Berg, dans le canton des Beni-Aissa, commune de Maillot.
Le fléau prit ,en quelques heures des proportions considérables.

Immédiatement les premiers secours étaient organisés par M. Courtin, administrateur, par tous les gardes forestiers de la région et les indigènes des douars environnants, cependant que le soir M. Potier, inspecteur des Eaux et Forêts, se rendait sur les lieux du sinistre.

Le vent qui, au cours de la journée n'avait pas été très violent dégénéra, au crépuscule, en une véritable bourrasque alimentant l'incendie qui allait d'une telle rapidité que les malheureux M. Potier et M. Orsati, brigadier, complètement épuisés et à moitié asphyxiés, se laissèrent gagner par les flammes. Ils étaient retirés, quelques instants, après du brasier entièrement carbonisés et méconnaissables.

Le garde Macquart., qui était avec eux, dut son salut à la présence d'un rocher qui le protégea en partie des flammes ; malgré cela il est atteint par de sérieuses brûlures à la face et aux mains. Son état n'inspire cependant aucune inquiétude.

Le garde Passemart aurait eu une jambe brisée.

A l'heure où je vous adresse ce compte-rendu, l'incendie continue toujours ; le vent souffle avec violence faisant des ravages fantastiques. Plus de 1.000 hectares ont été déjà la proie des flammes.

Les obsèques de l'inspecteur Potier auront lieu aujourd'hui à Bouïra ; celles du brigadier Orsatti, ã Maillot.

LA CONSTERNATION A BOUÏRA

Bouïra,30 juin (de notre correspondant particulier). - Ce matin une douloureuse nouvelle jetait la consternations parmi la paisible population de notre ville. On apprenait en effet la mort tragique de MM. Potier Etienne, inspecteur-adjoint des Eaux et Forêts à Bouïra, et Orsatti, brigadier, chef du triage de Maíllot, carbonisés au cours de l'incendie qui anéantit la forêt du douar M'Chedallah.

Voici les détails que j'ai pu recueillir sur ce triste événement : _

Tous les ans à pareille époque l'Administration des Eaux et Forêts procède à l'incinération des aiguilles de pins et autres végétaux pour dégager nos forêts. Cette incinération, commencée hier par un vent d'Est, s'opérait normalement sous la direction de M. Potier, inspecteur ; Orsatti, brigadier,' chef du triage, et d'autres agents quand brusquement le vent changeant de direction, d'une façon aussi rapide qu'inattendue, propageait le feu aux arbres des alentours avec une telle soudaineté que MM. Potier. et Orsatti n'eurent pas le temps d'échapper à la fournaise qui les encerclait ; ces deux braves atteints par l'asphyxie mouraient carbonisés.

M. Potier, fonctionnaire d'élite unanimement estimé dans notre centre, tombe au champ d'honneur laissant une veuve et une petite fille dont la douleur fait peine à voir.

Puissent les marques de sympathie de notre population tout entière apporter à sa veuve éplorée, ainsi qu'à sa chère petite fille, le courage dont elles ont tant besoin à la suite de la terrible catastrophe qui les frappe dans leur plus chère affection.

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HÉROISME DU BLED
HÉROISME DU BLED
Le drame de Bouira
La mort du conservateur Potier et du brigadier Orsatti ,
Les cérémonies à Bouïra et à Maillot

LE DRAME
Maillot, 1er juillet. (De notre envoyé spécial). -- Un drame, un drame affreux, vient d'endeuiller les régions de Bouïra et de Maillot, le Service des Eaux et Forêts, et l'Algérie tout entière.

Nos correspondants ont, hier, conté l'incendie qui a détruit un millier d'hectares de forêts domaniales et au cours duquel ont péri, victimes du devoir, deux des plus sympathiques et des plus-dévoués chefs de cette région forestière.
Résumer le drame ? Je ne saurais mieux faire que de rapporter le succinct mais évocateur récit qu'en fit M. le Directeur des Forêts de l'Algérie :

" Un incendie purement accidentel, dit-il, s'était produit avant-hier dans la forêt de l'Oued-Sahel, près de Maillot, au cours de travaux d'incinérations effectués par nos propres ouvriers.

Avertis que le feu, alimenté par un peuplement épais de résineux et poussé par un vent violent, prenait de l'extension, M. l'inspecteur adjoint Potier et le brigadier Orsatti, obéissant à la consigne, se rendaient immédiatement sur les lieux et prenaient la direction des secours. C'est pendant l'avant-dernière nuit, vers 8 heures du soir, alors qu'entouré de son personnel il s'était aventuré au cœur du massif, sur le versant escarpé de l'Oued Berd, pour mieux prendre ses dispositions en vue de la lutte contre le feu, qu'une saute de vent imprévue rabattit les flammes sur le groupe des malheureux forestiers, aveuglés par la fumée au milieu d'un peuplement de pins d'Alep très dense et entouré de tous côtés par l'incendie.

Cinq purent échapper, les gardes Susini et Collet, indemnes ; Passemard, à demi intoxiqué ; Macquart, gravement brûlé, et Salomon, qui se blessa en sautant d'une falaise pour éviter d'être brûlé vif. Quant aux deux chefs, l'officier, M. Potier et son subordonné, le brigadier Orsatti, sans doute voulurent-ils reculer les derniers devant l'ennemi qu'ils étaient venus combattre et laissèrent-ils ainsi passer la dernière minute où le salut était encore possible. Toujours est-il qu'ils restèrent dans le feu et qu'on retrouvait un peu plus tard leur corps affreusement calciné au milieu des tisons encore fumants et des cendres encore chaudes à quarante mètres de la tranchée de crête qu'ils avaient essayé d'atteindre et qui eût été leur salut. "

Qu'ajouter à ceci ?

Quelques mots seulement : le conservateur Potier était marié et père d'une mignonne fillette. Le Brigadier Orsatti, père de deux enfants, avait dû envoyer sa femme ã Tunis où elle devait se faire soigner les yeux ; ses enfants sont actuellement ã la garde de son beau-frère et Mme Orsatti, malgré les télégrammes envoyés, ignore peut-être encore, à l'heure actuelle, le malheur qui la frappe.
Ces indications suffisent pour donner une horreur de l'accident imprévisible que toute l'Algérie déplore aujourd'hui. .

Nous pourrions ajouter que, au moment. où nous écrivons ces lignes, le feu, vu de la route de Constantine, continue actif, en plusieurs foyers dont les fumées s'élèvent épaisses vers le ciel ; qu'il a été si près de l'usine en construction de M'Zarirt, que le personnel a dû s'éloigner ; mais nous savons que toutes les dispositions sont prises pour. le combattre, et que l'on peut avoir confiance dans la population et dans les forestiers.


Inauguration à Maillot
Inauguration à Maillot

Samedi 6 juillet dernier, avait lieu en pleine forêt, l'inauguration du monument élevé à la mémoire de l'inspecteur-adjoint Pottier et du brigadier Orsati brûlés vifs dans le terrible incendie du 29 juin 1927.

Dans la nombreuse affluence on remarque diverses personnalités : MM. de Peyrimhoff, inspecteur général des Forêts ; Mourgues, conseiller général de la région ; Robbe, maire de Bouïra ; Courtin, administrateur ; Pierret, inspecteur-adjoint, etc.

Ce monument construit par M. Tramalloni, entrepreneur forestier en reconnaissance à l'administration forestière, est remis, après une allocution empreinte de sincérité à cette administration. M. de Peyerimhoff remercie, puis après avoir fait l'éloge du beau geste de M. Tramalloni, relate le tragique incendie qui enleva à l'administration forestière deux agents de grande valeur professionnelle.

Dans son discours, M. Courtin, administrateur apporte les hommages de la population de Maillot, et retrace à son tour, la tragédie de juin 1927 de laquelle il fut le premier témoin oculaire