lycée de Jeunes Filles Fromentin
PARMI LES FLEURS ET LES PINS DE MUSTAPHA-SUPÉRIEUR
Le Gouverneur Le Beau
a inauguré l'internat du lycée de jeunes filles

La fête annuelle du Lycée de jeunes filles a toujours un plein succès, mais cette année, elle comportait en plus de tous ses attraits une signification particulière : celle d'un avènement.

C'est que le nouvel internat — rêvé par Mme Hattinguais, conçu par ses ingénieurs MM. Balensi et Teissier, du service des travaux publics du Gouvernement général et par ses architectes, MM. Garnier et Vasselon, réalisé par un concours heureux d'efforts et de bonnes volontés — le nouvel internat est né. Il couronne la colline boisée de Mustapha supérieur de ses sept fleurons radieux. Et les danses et jeux de la fête s'inspirèrent habilement de cet événement.

On assista donc à une série de tableaux et scènes animés par la grâce exquise des élèves, réglés et dirigés par les dévoués professeurs de gymnastique et danse. Mmes Louis et André. divertissements que je ne décrirai pas davantage car un grand nombre de nos secteurs ont vu ou verront dimanche prochain les « Dix filles à marier », les demoiselles du « Petit Bois charmant » avec leur chasseur, les « Formes géométriques » et les personnifications charmantes de bougies, de plumes, de lumières et de couleurs, les Arceaux fleuris, les Jeux de vacances ainsi que le compère et la commère qui les présentaient. Toute cette joie aboutissait. comme dans la vie à la Rentrée au lycée... Joie aussi. Et trois ballets ravissants prirent alors comme thème le sujet de trois nouveaux pavillons, le Nid,la Ruche, le Gai Logis.


Cette fête artistique, très applaudie, ayant preludé, le gouverneur genéral Le Beau, Mme Hattinguais, directrice du Lycée de jeunes filles et M. Hardy, recteur de l'université d'Alger, entourés de toutes les autorités civiles et militaires, des comités de l'Association de parents d'élèves et de l'Amicale des anciennes élèves inaugurèrent les nouveaux pavillons.

Tout d'abord, Mme Hattinguais ayant adressé des remerciements au gouverneur géneral ainsi qu'au recteur, au directeur des travaux publics, aux architectes et à tous ceux qui mirent d'eux-mêmes à cette vaste réalisation, eut cette belle inspiration.

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(suite dans l'article)


Extrait de l'Echo d'Alger du 17-6-1937 - Transmis par Francis Rambert

mise sur site : janvier 2020

Extrait de l'Afrique du nord illustrée du 1-7-1937 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site : aout 2021

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Le lycée Fromentin
-----Montant par palier vers Belcourt, mais non sans décrire de nombreux tournants, le boulevard Bru offrait de très beaux points de vue sur la ville et sur la baie d'Alger. Il passait près des installations modernes du lycée Fromentin, annexe du lycée de jeunes les du centre ville.
-----Avant 1914, l'un des trois plus illustres hôtels d'hivernants étrangers de Mustapha, le Splendid, dut fermer. Acquis par l'Education Nationale, il devint, après avoir été le siège du Gouvernement provisoire de la France Libre, entre 1942 et 1944, le lycée de jeunes filles Fromentin, réputé le plus beau de France.
Le Gouverneur Le Beau

Le Gouverneur Le Beau



LE LYCÉE DE JEUNES FILLES DE MUSTAPHA SUPÉRIEUR A ALGER

Au cours de pérégrinations à travers l'Allemagne, il y a de nombreuses années déjà, j'eus l'occasion de visiter, tout près de Berlin, sur les bords de la Spree, un internat privé de jeunes filles. L'admiration bien sincère avec laquelle je découvrais l'organisation impeccable de cet établissement était due, certes, à l'heureux et coquet agencement des locaux, mais aussi, et surtout, à la comparaison s'imposant à mon esprit, avec les vétustés et sombres " bahuts " où j'avais passé ma jeunesse.

J'avais toujours conservé de cette visite une impression d'enchantement et je pensais qu'il ne pouvait y avoir rien de mieux dons le genre, chez nous tout au moins. Cette erreur, commise de bonne foi, vient de m'être révélée par la visite du lycée de jeunes filles d'Alger de Mustapha-Supérieur qui surclasse largement l'internat berlinois.

A parler franc, c'est plutôt une série de coquets appartements privés qui ont été édifiés à Mustapha. Des antiques dortoirs aux parquets cirés et boursouflés, il n'existe plus rien. Ici ce ne sont que vastes chambres à coucher aux lits modernes, aux vastes baies tamisées par de clairs rideaux de tulle aux tentes fraîches. Ailleurs, ce sont de petites pièces individuelles rappelant beaucoup les cabines de luxe de nos grands paquebots. Sur le bois verni des meubles se détachent des cadres où sont enchâssées des photographies. Qui donc eut pu, aux temps passés, mettre sur la caisse de bois grossier tenant lieu de table de chevet la photo de sa maman ou de quelque être cher sans encourir les foudres de l'Administration ? Les jours d'hiver, lorsqu'il fallait attendre en grelottant son tour au lavabo représenté par un long baquet de zinc où l'eau coulait, pour un temps limité, d'innombrables et minces robinets de cuivre, pouvait-on penser que nos successeurs auraient leur beau lavabo d'émail particulier ? Et cependant, la chose est ici réalisée.

Comme il doit être facile de travailler lorsqu'on jouit d'un tel confort, lorsque tout est clair, gai, net autour de soi. Quelle intimité charmante peuvent se créer les jeunes filles qui passent leurs belles années de jeunesse studieuse dans un cadre aussi charmant.

Des salles de lecture, des bibliothèques qui sont autant de petits salons coquets offrent aux élèves leurs sièges moelleux dans un cadre intime. Aux petites tables compartimentées, chacune d'elles peut y faire sa correspondance comme elle le ferait chez elle.

Les salles de classe, avec leurs pupitres spécialement étudiés sont ce qui peut (de loin cependant) rappeler le plus les anciens établissements. Mais, là encore, il y pénètre tant de lumière, tout y est si clair, que la différence est bien marquée.

I! n'est pas jusqu'à l'infirmerie qui ne soit un lieu charmant. Située sur le sommet de la colline, elle domine tout Alger et sa rade. Nulle part, ailleurs, il n'est possible, sur toutes les collines environnant la capitale, de découvrir panorama plus séduisant.

Dans l'enceinte même du lycée, les allées sont fleuries et ces jardins ressemblent étonnamment à ceux que cultivent avec soin les heureux propriétaires de villas.

Ainsi donc, dans un cadre charmeur dont la situation est unique au point de vue salubrité et hygiène a été édifiée une série de pavillons tous plus coquets les uns que les autres et dus au talent des architectes Garnier et Vasselon. " Le Nid ", "Le Gai Logis ", " L'Accueil ", " le Foyer " sont autant de merveilles conçues et réalisées pour le plus grand bonheur des pensionnaires.

A l'occasion de l'inauguration officielle de l'internat du Lycée de jeunes filles de Mustapha-Supérieur, une cérémonie avait été organisée qui revêtit l'éclat des grandes inauguration. Toutes les autorités entouraient la dévouée directrice, Mme Hattinguais. M. le Recteur de l'Académie Hardy, M. le Gouverneur Général Le Beau, les représentants des autorités civiles et militaires assistaient à cet événement. Des discours furent prononcés à cette occasion qui retracèrent les étapes par lesquelles il fallut passer pour obtenir le résultat atteint à ce jour.

Précédant la partie officielle, une fête, en tous points réussie avait été donnée par les élèves des deux lycées de jeunes filles. Toutes, petites et grandes, ont tenu à exécuter le rôle qui leur était dévolu avec le maximum de grâce et de justesse. C'était pour elles la meilleure façon de montrer l'affection qu'elles portent à leurs dévouées maîtresses de danse et de gymnastique.

C'est ainsi que défilèrent sur l'estrade des toutes petites filles qui dansèrent et chantèrent à merveille " Au clair de la Lune ". D'autres, " filles à marier ", bien que fort jeunes, jouèrent parfaitement leurs rôles respectifs ainsi d'ailleurs que toutes ces bambines. Nous vîmes aussi défiler des abeilles, des oiseaux, des animaux savants (ours, lapins, etc..) et des poupées gentilles.

Leurs aînées ne le cédèrent ni en grâce ni en charme à leurs jeunes condisciples et ce fut un éblouissant ravissement qui dura plus de deux heures. La parfaite harmonie et la grâce juvénile de toutes ces fillettes et jeunes filles fut pour tous les spectateurs une suite de tableaux reposants par leur fraîcheur et leur rythme parfait.

A l'issue de la visite officielle, un Champagne d'honneur fut offert aux personnalités invitées. Nous avons alors pu entendre les nombreuses réflexions suggérées aux visiteurs par la vue de toutes les beautés qu'il leur fut donné de contempler. Toutes étaient louangeuses et beaucoup se teintaient d'un regret : celui de n'avoir point connu, dans des temps révolus, autant de bien-être et autant de confort.

Quant à nous, il nous et agréable de constater les grands efforts réalisés pour que la jeunesse puisse passer les années où s'épanouissent l'esprit et le cœur dans un cadre qui ne peut qu'être un précieux auxiliaire à l'éclosion de sentiments purs et généreux.

Ce qui a été réalisé pour le Lycée de jeunes filles est, certes, fort beau, et indiscutablement utile. Il nous est d'ailleurs agréable de souligner ici, avec quel souci d'élégance, de confort et d'hygiène les écoles ont été édifiées à Alger.

Un peu partout il s'en trouve de très modernes et nous ne citerons que celles de la rue Volta, du chemin de la Solidarité et le groupe de la rue Lazerges. Là, les enfants se trouvent dans un cadre charmant, parfaitement adapté à leurs âges. Ils ont sous les yeux de belles visions d'art, qu'elles soient procurées par la nature ou par le génie de l'homme. Des fleurs s'épanouissent dans les jardins, les murs sont ornés de fresques aux teintes douces et rien n'existe plus de rébarbatif pour l'enfant. Il n'est pas jusqu'au tableau noir qui n'ait été égayé par quelques fioritures.