EN PRÉSENCE DU PRÉSIDENT LAQUIÈRE ET DE NOMBREUX
ÉLUS
M. le gouverneur général Roger LEONARD
a inauguré les nouvelles mairies de Loverdo et Nelsonbourg
M. FROGER a remis la croix de chevalier de la Légion d'honneur
à M. Pergaud, maire de Berrouaghia.
La grandiose et colorée
figure géométrique faite de rudes montagnes, de coteaux
aux terres plantureuses, de champs dorés de soleil qui a pour sommets
Médéa, Berrouaghia, Nelsonbourg, Loverdo, a formé
hier le cadre à d'amples manifestations que présida M. Roger
Léonard, gouverneur général de l'Algérie,
ayant à ses côtés M. Raymond Laquière, président
de l'Assemblée algérienne ; M. Amédée Froger,
président de la Fédération des maires ; Farès,
président du Conseil général ; M. le préfet
Trémeaud, auxquels s'étaient jointes de nombreuses personnalités
: parlementaires, élus de la région, chefs militaires, représentants
des cultes, administrateurs, maires, présidents de centres municipaux.
De toutes ces manifestations qui se déroulèrent en présence
des populations enthousiastes, on peut dégager quelques points
:
Elles ont été un témoignage d'hommage au gouverneur
général de l'Algérie dont c'était la première
visite dans le Titteri
Elles ont consacré l'évolution de la vie communale dans
la région par l'inauguration de deux nouvelles mairies : Nelsonbourg
et Loverdo et la remise de la croix de chevalier de la Légion d'honneur
à un édile de caeur et de raison, M. Albert Pergaud, aussi
valeureux ancien combattant. qu'administrateur réaliste.
Ces manifestations ont permis d'honorer l'armée d'Afrique, représentée
par le glorieux escadron du 1° spahis algériens,
Elles donnèrent la possibilité de célébrer
les mérites d'une belle équipe d'élus - ils sont
quatre comme les quatre as - MM. Farès, Vignau, Bouchenafa et Renner
qui, par leur action soutenue et efficace soit à l'Assemblée
algérienne soit au conseil général, tracent l'heureux
chemin du progrés social et économique de la région.
Et c'est sans doute grâce à ceux-là, aidés
par leurs nombreux amis, les maires et présidents de centres municipaux,que
l'on a pu avoir hier la réconfortante vision d'une région
laborieuse allant vers son heureux destin dans l'harmonie et l'union amicale.
Les personnalités
Durant les manifestations, aux cotes de M. le Gouverneur général
se trouvaient MM. les députés Saïah Menouar, Brahimi
Ali, Aït Ali ; MM. Laquière, président de l'Assemblée
algérienne ; Froger, president de la Fédération des
maires ; Farès, président du Conseil général
; Trémeaud, préfet d'Alger ; Vignau , Bouchenafa, délégués
à l'Assemblée algérienne ; le general Lardin, commandant,
la 21° D.I.A. ; Renner, conseiller général ; Gardel,
directeur des A.C. ; Z Ricaud, sous-préfet de Médéa
; capitaine Girault, chef du cabinet militaire ; Driot, directeur du cabinet
du président de
l'Assemblée algérienne ; Ould Aïssa, chef adjoint du
cabinet civil ; le colonel Chapard, commandant le 1er spahis algériens
; le R.P. Jean-Marie Fricker, abbé mitré de N.-D. de l'Atlas
de Tibharine ; l'archiprêtre Avignon ; le muphti Fekhar ; le rabbin
Choukroun ; le lieutenant-colonel Soymier, commandant la gendarmerie ;
Zévaco, vice-président de la Fédération des
maires ; MM. les administrateurs Saurel, Bougeot, Gorgeot, Dufour ; de
nombreux maires : MM_ Pichetto (Loverdo), Rostoll (Médéa),
Campagne (Lodi), Georges (Damiette), Foulon (Ben-Chicao). Champredonde
(Champlain). Pergaud (Berrouaghia), Rodet (Brazza), Mezaour (Arthur),
Cassagne (Ain-Boucif), Celse (Letourneux), Panis (Boghar). Banchereau
(Nelsonbourg) ; les presidents de centres municipaux Kenniche, Khiter,
Wacheux, secrétaire de la Fédération des maires.
Dans Médéa
en fête
Sous un ciel intensément bleu et un soleil dont les chauds rayons
musaient sur les feuilles jaunies des platanes séculaires, le gouverneur
général Léonard et les personnalités qui avaient
été accueillies à la limite de l'arrondissement à
Edmond-Daudet, anciennement Camp des Chênes, par M. Ricaud, sous-préfet
de Médéa. ont été salues à l'entrée
de la ville par M. Rostoll, maire. et les membres du conseil municipal,
ainsi que par le personnel de la sous-préfecture.
Et le long cortège se rendit à pied vers la place, au milieu
d'une haie formée par des centaines d'écoliers.
Place Edmond-Daudet, M. le Gouverneur général passa en revue
l'escadron d'honneur du 1er spahis et salua son glorieux étendard.
Puis ont lieu la présentation des corps constitués, des
officiers de réserve, des anciens combattants et des notabilités
des deux collèges.
Allocution de bienvenue du
maire
Dans son allocution de bienvenue, M. Rostoll, maire, salua le gouverneur
général et toutes les personnalités :
" Les Médéens sont parfaitement sensibles à
l'intérêt que vous voulez bien leur montrer, ils ont profondément
ressenti cette marque de courtoisie à leur égard, aussi,
soyez certain que nulle réception grandiose, nulle manifestation
imposante n'a touché leur cur comme cette simplicité
avec laquelle vous venez a eux. "
Parlant des réalisations sociales, le maire de Médéa
attira l'attention de M. le Gouverneur général sur l'impérieuse
nécessité de concrétiser le projet de construction
d'un hôpital civil à Médéa. Et M. Rostoll a
conclu :
" En espérant que vous emporterez de notre ville la meilleure
impression. je veux terminer sur une
note optimiste en clamant que ceux qui se permettent de critiquer l'uvre
de la France sur cette terre algérienne, ne trouveront ici, aucun
écho. "
Réponse de M. le Gouverneur
général
Dans sa réponse. M. Roger Léonard dit combien il avait été
sensible à l'accueil de la cité si visiblement française
; il exprima sa joie d'avoir salué l'étendard du 1er spahis
algériens, dont Médéa a été le berceau.
Il remercia les anciens combattants de s'associer à une commune.
Répondant aux préoccupations formulées, il précisa
que Médéa pouvait envisager la réalisation prochaine
d'un hôpital civil de 400 lits.
" J'ai signé, dit-il, le 21 octobre les arrêtés
portant enquête pour l'acquisition du terrain. Cette uvre
est inscrite dans la première tranche du plan quadriennal et il
me sera agréable d'en poser la première pierre. "
Enfin, M. Roger Léonard forma des vux pour la prospérité
de Médéa et exalta la grandeur de l'Algérie et de
la France.
Puis une sobre cérémonie du souvenir se déroula devant
le monument aux morts.
Visites
Le soir a son retour de Loverdo, M, Roger Léonard visita l'emplacement,
du futur hôpital régional et entendit avec intérêt
les explications fournies par M. Bettoli, architecte, qui présenta
une remarquable maquette. Puis sous la conduite de M. Magrou, architecte
et de M Pruniaux, principal du collège Bencheneb, eut lieu la visite
du stade et de l'emplacement du futur centre de formation professionnelle
avant de reprendre la route pour Alger, M. Roger Léonard se rendit
à la salle des jeunes et au Dar-El-Askri.
M. Albert PERGAUD
Chevalier de la Légion d'honneur
A Berrouaghia pavoisée, l'accueil des populations fut particulièrement
chaleureux, après s'être fait présenter le Conseil
municipal et les notabilités, M. Roger Léonard rendit leur
salut aux sapeurs-pompiers qui rendaient les honneurs et déposa
une gerbe de fleurs au pied du monument aux morts.
Puis M, Roger Léonard présida une émouvante manifestation
de sympathie en l'honneur de M. Albert Pergaud, maire, à qui_M.
Froger, président de la Fédération des maires, remit
les insignes de chevalier de la Légion d'honneur.
Dans son allocution, M. Froger souligna les hautes vertus du nouveau chevalier
et en tant qu'ancien
élu de la région, évoqua le souvenir des anciens,
Duclos, Paul Cazelles, Daudet, et exprima tout l'attachement qu'il portait
aux populations de la région.
M. Laquière exprima sa joie de retrouver tant de vieux amis et
avant de donner l'accolade au récipiendaire, il évoqua avec
émotion le rôle de la famille Pergaud et de tous les anciens
qui ont fait l'Algérie française.
M. Bouchenafa souligna la fierté de la population de voir son maire
estimé à l'honneur. Il cita les heureuses réalisations
sociales de M. Pergaud à qui il renouvela le témoignage
de son amitié née sur les bancs de l'école.
M. Vignau fit un bel éloge du maire de Berrouaghia qui par son
action ferme et réaliste, ses qualités de cur, assure
à la cité la paix sociale et le progrès économique,
et souhaita le voir longtemps à la tête de ses fécondes
activités.
M. Pergaud dit combien il était touché par l'ampleur de
cette manifestation. L'honneur qui m'échoit, dit-il, est dû
à la municipalité qui, depuis 10 ans travaille dans la concorde.
Enfin, il exprima sa reconnaissance à M. le Gouverneur général
et à toutes les personnalités présentes.
M, Roger Léonard précisa que depuis longtemps il avait médité
de venir à Berrouaghia, centre où rayonne la civilisation.
Et après avoir rappelé les qualités de M. Pergaud,
homme de cur et de raison, M. le Gouverneur général
souligna combien il connaissait les difficultés des maires et des
présidents de centres qui, en Algérie, ont le rôle
que joue l'infanterie dans les batailles.
La nouvelle mairie de Nelsonbourg
Et voici Nelsonbourg, fière de sa nouvelle mairie : un blanc bâtiment
aux proportions harmonieuses
conçues par M. l'architecte Solivérès et réalisées
par M. Record et cheik Touari.
M. Roger Léonard est accueilli par M. Isaï Banchereau. maire
de la ville, entouré de ses adjoints, MM. Bergon et Ahmed Belfaci.
Dans son allocution de bienvenue, M. Banchereau déclara notamment
:
" Ce centre. créé en 1911, ne fut érigé
en commune de plein exercice qu'en août 1947, par distraction de
la commune mixte de Berrouaghia, dont il était un centre de colonisation
avec adjoint spécial.
Ces cinq années de propre administration ont été
employées après bien des difficultés et un certain
flottement. à accentuer les progrès économique, matériel
et social, de bien-être, enfin ".
Et M. Banchereau, après avoir remercié le gouverneur général
de sa visite, exprima sa gratitude à tous ceux qui avaient aidé
à cette édification : le préfet Trémeaud,
les délégués Vignau. Bouchenafa, Farès, le
conseiller général Renner, le sous-préfet Ricaud.
Avant. de couper le ruban symbolique, M. Roger Léonard félicita
la municipalité pour sa réalisation et l'assura du concours
et de la sollicitude de l'administration.
La nouvelle mairie de Loverdo
Liesse dans la grand'rue de Loverdo on frissonnent drapeaux et guirlandes.
Toute la population est là et claquent les détonations des
fusils dans les notes des teubels et des derboukas. Présentation
du conseil municipal, des notables et des anciens combattants. Et, après
l'hommage aux morts de la guerre, M. Roger Léonard se rend à
la nouvelle mairie qu'il va inaugurer. C'est un remarquable bâtiment
dont la première pierre a été posée le 28
juillet 1951 par M. Vignau, délégué à l'Assemblée
algérienne. On travaille vite clans la région. Les lignes
pures et harmonieuses ont été dessinées par
MM. Lathuillere. Bettoii et Hassan. MM. Obedia et Floreè ont réalisé
l'uvre.
Après avoir souhaité la bienvenue au gouverneur général
et à toutes les personnalités, M. Pichetto, maire, remercia
le sous-préfet et les élus de la région de l'avoir
aidé dans sa tâache.
" Il m'est agréable enfin, de constater aujourd'hui, la présence
à nos côtés de tous les habitants du village. A eux
aussi, je dis " merci ", et j'ajoute : " Cette mairie est
la maison commune, elle vous est ouverte, vous y serez toujours les bienvenus
et servis au mieux de vos intérêts. "
Le banquet
Et se déroula un grand baquet offert par les communes de Nelsonbourg
et de Loverdo, et servi
par M. Riera, traiteur à Mééea.
Prenant le premier la parole, M. Juan, premier adjoint de Loverdo, déclara
notamment :
" La cérémonie d'aujourd'hui consacre l'achèvement
d'un de ces travaux que nous avons voulu inscrire au premier plan de nos
préoccupations pour que notre cher village de Loverdo, ce village
que nous, ses enfants, nous voulons toujours plus beau, pour suivre sa
marche confiante vers un avenir de paix et de bonheur. Nous savons aussi
combien est difficile la tache de mener à bien les destinées
d'une petite commune comme la notre qui vient a peine de débuter
en commune de plein exercice, nous nous répétons souvent
que les générations de demain n'auront pas à se complaire
dans une inaction satisfaite, car la vie des villages est intimement liée,
comme celle des individus. au propres et à l'idéal du moment.
"
M, Bouchenafa, dans un très beau discours, souligna la nécessité
de l'union pour faire de grandes
choses :
" Que nous le voulions, dit-il,notamment, nous formons une même
famille dont l'intérêt générai finit toujours
par l'emporter sur l'intérêt particulier de quelques-uns
de ses membres.
Ayant besoin les uns des autres, nous ne pouvons vivre les uns sans les
autres.
Il suffit. de le faire dans le respect mutuel de nos croyances et de nos
traditions respectives et sur un pied surtout d'égalité
absolue. Cette égalité suppose, cela va sans dire, les mèmes
devoirs et les mêmes droits conditionnés par les mêmes
charges et le même mérite. "
M. Vignau, dans une remarquable élocution. rendit hommage aux pionniers
:
" Notre uvre à nous, leurs fils et petits-enfants, débute.
Elle est plus délicate si elle est moins héroïque.
Elle doit aider une population nouveliement ouverte aux perspectives modernes
à marcher à nos côtés vers un même destin
".
Puis, après avoir parlé des franchises communales. M. Vignau
rappeia :
" M. le député Blachette disait, à l'occasion
d'une cérémonie identique à Champlain ; " La
maison
on l'on s'unit ", et il ajoutait : " L'Algérie mérite
mieux que nos querelles ". Ces mots n'ont pas
manqué de résonner dans nos curs d'Algériens
et doivent nous amener à rechercher et à appliquer des formules
d'entente qui sont les seules constructives ".
" Et M. Vignau de conclure :
" Cette maison est l'un de ces lieux ou s'affirme la France et où
se rendent plus manifestes encore et son génie et ses vertus ".
M. Froger souligna l'appui de la caisse de solidarité et fit l'éloge
des administrateurs. S'adressant à M. Pichetto, il déclara
:" Nous sommes à côté de vous pour vous aider
dans toutes les initiatives que vous aurez avec toutes les libertés
que votre devoir comporte ".
M. Farès dit sa fierté d'être le premier musulman
président du Conseil général et d'être issu
de l'école française. ll se félicita de l'unité
de l'équipe d'élus qui a permis un grand travail dans cette
région autrefois quelque peu oublié. Et il conclut : nous
travaillons ici dans un soul but, un seul idéal, la grandeur de
la France éternelle.
M. Laquière. dans un très beau discours, exprima au gouverneur
général la reconnaissance de l'Algérie et ses souhaits
de le voir longtemps encore inaugurer de nouvelles réalisations.
Il félicita ses collègues : MM- Vign?u. Farès, Bouchenafa,
Renner, de leur travail, souligna que le fils de M. Bouchenafa, le lieutenant
Bouchenafa. se bat en Indochine. Parlant de l'uvre française
M. Laquière déclara : " Nous avons la fierté
de montrer une uvre splendide. Et avec les jeunes nous
formons la chaîne d'or de la grandeur de la civilisation française.
"
M. Saïah Menouar, avec émotion salua au nom des parlementaires
cette journée d'union amicale et félicita ses amis de l'Assemblée
algérienne de leur action et, parlant de l'uvre française,
il rappela cette phrase de M. Vincent Auriol : " L'exemple que l'on
donne vaut mieux que les critiques faciles . "
M. Roger Léonard, très applaudi, dit les bons souvenirs
qu'il emportera de cette journée et enchaîna : " Vous
avez la chance d'avoir à votre tête une équipe qui
sait vouloir et réaliser. Et, répondant, à M. Laquière,
je vous demande de me compter dans votre équipe, car j'ai bien
le désir de continuer à travailler avec vous. Autant qu'il
pourra être de moi je resterai à vos cotés pour faire
une uvre digne de la France. Regardez cette Algérie vivante.
Elle sera une des plus hautes constructions que les générations
des hommes aient jamais édifiées ".
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