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Quarante ans
Une vie ! Depuis lIndépendance,
La France entière honore et soutient lAlgérie
Elle ignore, fustige, honnit, avec indécence,
Les Pieds-noirs, les Harkis, ces maudits de la Patrie
!
Quarante ans
Une vie ! Il na été question
Que du peuple algérien, misérable
victime
« Dindigne barbarie et de ségrégation
»,
De ces « héros victorieux » dun
sordide racisme !
Pour les autres, les proscrits : le mépris,
lanathème
Leurs morts et leurs martyrs ? personne nen
a cure !
Racines éradiquées, pour qui est le
problème ?
Bafoués, trahis, haïs, lhumiliation
perdure !
Merci, peuple de France de ton indifférence
Pour ces Français exclus ! Merci, merci
la France !
Quarante ans
Une vie ! Les journaux et les livres,
Les éditorialistes ont fait la surenchère
Du mensonge, de linjure envers ces fautifs
quon livre
A lopinion publique, excitant sa colère
!
Merci, hommes de plume pour votre décadence
Et votre intégrité ! Merci, merci
la France !
Quarante ans
Une vie ! la classe politique,
Le clergé, les édiles ont dispensé leurs vux
Daltruisme et de bonté pour ce peuple dAfrique
Pour les autres, les bannis, aucun geste chaleureux
Certains poussent limposture en feignant lignorance
De toutes les forfaitures ! Merci, merci la France !
Quarante ans
Une vie ! Le mensonge sur les ondes,
Les films à sens unique, les débats
hypocrites,
Les témoins engagés dont les propos
inondent
Et submergent la voie dune « Vérité
» proscrite
Paroxysme de la honte ! Tous ces traîtres encensés
A coup dapologie ! Spectacle insupportable
Que le peuple béat, complice ou insensé,
Accepte sans révolte. Malheur aux misérables
Victimes de ces félons et de leur complaisance,
Et doublement meurtris
Merci, merci La
France !
Quarante ans
Une vie ! Quelques suborneurs,
Dhabiles arrivistes, jouant un double jeu,
Drainant le désarroi, lamertume, le
malheur,
Ont feint de rétablir la probité de
lenjeu !
Ayant toujours recours à la compromission,
Sous toutes les Républiques, la tare fut
la même :
Les suffrages négociés à chaque
tour délections
Mais sagissant du fond, la vérité suprême,
Moulins à vent stériles ! Ces chantres
dimpuissance
Ont cultivé limpasse ! Merci, merci
la France !
Merci, merci la France !
Pour tous ceux qui sont morts sur tes champs de
bataille,
Ceux qui se sont battus autour de ton drapeau,
Pour ceux qui tont bâtie, un souvenir
qui vaille ?...
Ceux qui ont fait ta gloire, sans répit,
sans repos
Pour tous ceux disparus, victimes expiatoires
Ceux, égorgés, massacrés dont
on ne parle pas
Pour tous ceux, innocents, condamnés par
lHistoire
Mais aussi par toi-même et conduits au trépas
Par des balles françaises bourrées
de déchéance,
Dhorreur et dinfamie ! ! Merci, merci
la France !
Etienne MUVIEN
2002
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