sur site le 23-03-2003
- Divers textes sur Alger, l'Algérie, les Pieds-Noirs,...
L'exil
pnha, n°93, septembre 1998

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On était des centaines
On était des milliers
Entassés sur les quais
Les bagages à nos pieds
Les enfants dans les bras
Ne cessaient de pleurer
On quittait cette terre
Où nous étions tous nés.

On regarde la mer
Cherchant à l'horizon
La silhouette enfin
Du bateau annoncé
On se tournait parfois
Regardant les maisons
Ces maisons toutes blanches
Qu'on n'reverrait jamais.

On était des centaines
On était des milliers
Laissant sur cette terre
Nos aïeux enterrés
Ceux qui vinrent naguère
Assécher les marais
Y retourner la terre
Semer et cultiver

Ceux qui ont de leurs mains
Construit tant de maisons
Y créant des villages
Et leur donnant pour noms
Lyautey, plus loin Bugeaud
Lamartine et Surcouf
Flottant sur leur clocher
Les couleurs Bleu, Blanc, Rouge.

On était des centaines
On était des milliers
A savoir que naguère
Ils se sont engagés
Ils allaient faire la guerre
Pour leur Mère Patrie
Que ce soit en 14, en 39 aussi.

Combien de tous ces braves
Sont enterrés chez vous
Habillés de sarouel, avec check ou béret
Ils s'appelaient Durand, Hamed ou bien Lévy
Et pour vous tous ces gens
Ont donné de leur vie.

Nous avons débarqué
Le coeur meurtri, serré
Les enfants dans les bras
Les valises à nos pieds
On nous a regardés
Avec haine, sans pitié
On aurait bien voulu
A l'eau nous rejeter.

Aujourd'hui, nous "Pieds-Noirs"
On nous voit de partout
Notre allant au travail
Les a tous rendus fous
On a fait notre place
Et beaucoup de jaloux
On a même intégré
Des "Frangaouis" parmi nous.

R.A.F.