-Alger
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LA MOSQUÉE DE LA PÊCHERIE -------CONSTRUITE
en 1070 (1660 de J.C.) par ordre de la milice. "
Que Dieu, dit une inscription, arrête ses regards sur les soldats
victorieux et donne à chacun mille récompenses. " Ainsi,
ces janissaires à moustaches bourrues, terreur des citadins, pensaient
au salut de leur âme. C'est ici l'un des très rares exemples
de la fondation d'une mosquée par une collectivité. A. BERQUE.
Louis BERTRAND. -------SI elle demeure, pour les artistes épris d'évocations anciennes,, la romantique cité des raïs, Alger est devenue la grande ville moderne, la belle capitale dont peut s'enorgueillir toute l'Afrique. Son charme étrange n'a rien perdu de sa subtilité et tout un peuple, presque indistinct, fraternel, y vit quotidiennement côte à côte, dans la paix bienfaisante qu'une pléïade d'hommes de bonne volonté a construite pour lui, patiemment. EL-BOUDALI SAFIR. -------AVEC ses larges boulevards, ses immeubles modernes, son université célèbre dans le monde entier, ses grands magasins, Alger s'est européanisée ou, plus exactement, elle s'est si complètement " francisée) que, dépouillée de son aspect original, elle est devenue une véritable capitale plus occidentale qu'africaine. Professeur M.'SOUALAH et
Commandant LEHURAUX. -------MAIS voici la ville nouvelle. Partant de la Place du Gouvernement et de Bab-Azoun, elle a crevé les vieilles murailles de Kheir-ed-Dinn, s'est élancée par paliers vers le sud et les hauteurs, élargissant à chaque bond ses artères, se musclant de rapides moyens de transport, de somptueux monuments, d'immeubles trop hauts peutêtre et trop parisiens. Au delà de ces rues neuves, sur le plateau de Mustapha, velouté de pins et de cyprès, elle doit chercher désormais à sauver ses poumons de verdure, ses jardins, le charme de ses hôtels-belvédères, ses villas indigènes - parmi lesquelles le Palais d'Eté du Gouverneur Général, cette splendeur, et le Bardo, ce joyau - et à protéger ses incomparables vues sur la mer et le Djurd jura. Georges ROZET. IL
y a Bougie... Il y a Bône... et il y a aussi le cap
-------ALORS
les étoiles s'allument au-dessus de la campagne blêmissante
et de ce grand pays devenu vague. D'abord on les compte ; bientôt
le ciel en est illuminé. La nuit s'éclaire à mesure
que toute trace du soleil disparaît, et le jour tout à fait
clos est remplacé seulement par des demi-ténèbres.
Cependant la mer dort, comme jamais je ne l'avais vue dormir, d'un sommeil
que depuis un mois rien n'a troublé, toujours limpide et plate,
assoupie, à peine rayée par le rare passage des navires,
avec la transparence, l'éclat et l'immobilité d'un miroir. -------SOUDAIN, me voici sous les voûtes humides et sonores de l'Amirauté, transporté en plein Alger du XVIè siècle. Cette darse colorée, ce sont les îlots de l'El-Djezaïr du pirate Bologhine et des frères Barberousse. Ce fortin surmonté d un minaret octogonal, c'est le Perron de Pedro Navarro. Cet hôtel de l'Amirauté tout paré de faïences vénitiennes au-dessus des arcades que bat la mer, est un authentique palais de raïs, maîtres corsaires. René JANON." -------UN
grand bassin bleu lessive, une tour baguée
de faïence, un vieux fort couleur d'abricot, un palais blanc sur
voûtes vénitiennes, des barques alignées sur l'eau
comme sardines en boîte, six palmiers, les premiers d'Afrique, et
sur tout cela, claquant sec, le pavillon de France. A.- L. BREUGNOT.
À notre gauche,
au pied du Perron séculaire, la darse de l'Amirauté, exquise
à toute heure en son apparent abandon, retirée hors de la
fièvre du grand port pourtant si proche, et qui a su garder un
peu de son aspect d'autrefois, un peu du reflet des choses barbaresques
et l'ultime souvenir des vieux maîtres espagnols. -------FÉERIE inespérée et qui ravit l'esprit ! Alger a passé mes attentes. Qu'elle est jolie, la ville de neige sous l'éblouissante lumière ! Une immense terrasse longe le port, soutenue par des arcades élégantes. Au-dessus s'élèvent de grands hôtels européens et le quartier français, au-dessus encore s'échelonne la ville arabe, amoncellement de petites maisons blanches, bizarres, enchevêtrées les unes dans les autres, séparées par des rues qui ressemblent à des souterrains clairs. Guy de MAUPASSANT. -------IL
faut vivre sur les bords méditerranéens pour goûter
le charme des poètes latins et grecs, pour comprendre l'influence
de cette mer sur les destinées du monde entier. Jean MELIA. -------ALGER-LA-BLANCHE avec ses petites maisons d'un blanc mat qui descendent vers la mer, serrées les unes contre les autres. Un étalage de blanchisseuse sur le coteau de Meudon. Par là-dessus, un grand ciel de satin bleu, oh ! mais si bleu !... Alphonse DAUDET. -------ALGER, tout de même, quand on y arrive, sort de la mer comme elle sortait autrefois : d'un seul coup. Elle est une gigantesque cité toute bâtie en gradins, entre le cap Matifou et la pointe Pescade. Et, cependant, les gradins n'arrivent pas jusqû à la mer. Alger jouit de ce privilège qu'elle fut, de tout temps, posée sur un piédestal. Et ce piédestal, à l'heure qu'il est, repose au-dessus de la mer sur une centaine de formidables piliers, soutenant autant d'arcades, sur lesquelles sont posés les boulevards de la ville. Rien au monde ne donne une plus solide impression de capitale, de ville qui commande. Au-dessus des boulevards, la ville s'étale, par grandes avenues concentriques. Et quant à l'ancienne Casbah, elle est devenue si petite qu'il vous faudra la chercher. Claude FARRERE
---CHAQUE matin, éveillé avant le soleil, de mon lit j'assiste à son assomption sur la mer, le port, la ville. A peine a-t-il émergé, déjà il éblouit. Les deux môles, les vapeurs à l'ancre, les barcasses surchargées de dockers noirs, semblables à des barques du Styx, les petits bateaux-pilotes, affairés et importants comme des roquets, se détachent en grisaille confuse sur la surface miroitante, et comme martelée, de l'eau parcourue de courants incompréhensibles. Ainsi vus de haut, à six cents mètres, j'aime ce port aux lents mouvements, si calme, si vivant pourtant de la plus forte vie, mais atténuée et ralentie par la distance, et cette mer humaine. Henry de MONTHERLANT. -------AUTRE charme d'Alger : son paysage maritime. La mer y est omniprésente. Dans les rues les plus étroites de la haute ville, tout à coup, entre deux pans de murs éblouissants de blancheur, on la voit luire immensément. L'envergure du golfe, la courbe parfaite des rivages, la grandeur un peu théâtrale de cette ville en amphithéâtre, comme en parade devant son miroir d'eaux, tout cela compose un ensemble que je crois unique. Louis BERTRAND. -------NOUS grimpons à travers les escaliers étroits. Nous émergeons dans le plein soleil. Des pièces de linge flottent comme des pavillons, bleus, incarnats, vert pistache, rose indien. Les collines nous cernent, chargées de verdure et la mer fume dans sa cuve, entre les longs caps violets. La rumeur d'Alger monte vers nous comme le roulement d'un lointain orage... Emmanuel ROBLÈS.
-------...AU
bas, par-delà les maisons du faubourg Bab-Azoun et de Mustapha-Inférieur,
apparaît la nappe bleue de la mer, ourlant d'une mince frange argentée
la courbe gracieuse du rivage. Théophile GAUTIER.
-------HEUREUSEMENT, la vigilance de certains esprits distingués a permis de soustraire, çà et là, à la pioche des démolisseurs, quelques beaux vestiges du passé. Des écrivains ont fait revivre, dans leurs livres, l'histoire souvent tragique de ces mystérieuses demeures, qui rappelle par certains côtés celle des palais de Venise, et ce n'est pas sans un serrement de coeur que le visiteur de ces chefs-d'oeuvre de l'architecture mauresque, au courant de l'histoire, se représente les drames affreux qui se sont déroulés, jadis, dans le mystère des patios ou parmi les arabesques dorées des salles richement revêtues de faïences rares. Professeur M. SOUALAH et
Commandant LEHURAUX -------LES
meilleures oeuvres de l'époque sont les palais citadins et les
villas des champs. A. BERQUE. -------CONSTRUIT à la fin du XVIème siècle, dans le prolongement de la mosquée Ketchaoua, le palais du dey Hassan Pacha, connu sous l'appellation de Palais d'Hiver, a vu passer successivement de nombreux souverains. Professeur M. SOUALAH et
Commandant LEHURAUX -------ENTRE onze heures et midi, j'arrivais au carrefour de Si-Mohammed-El-Schérif. Ce carrefour est le dernier refuge de la vie arabe, et je ne connais pas de lieu de conversation plus retiré, ni plus frais, ni mieux disposé. A l'angle, un grainetier, un peu partout des bancs garnis de nattes où des gens fumaient et jouaient aux dames... Le seul bruit véritable et continu qu'on entendît de seconde en seconde, c'était la voix du marchand crieur public qui répétait une éternelle arithmétique : tleta douro, arba douro, khamsa douro. Eugène FROMENTIN. -------LES
marches et les dalles paraissaient toutes gondolées, tant les babouches
et les pieds nus des femmes y avaient tracé de sillons ; le marbre
des colonnes torses avait pris cette teinte jaunie et ce poli particulier
que donnent les frôlements des mains humaines quand ils ont duré
des siècles et qui est une des manifestations de la vétusté. Pierre LOTI. -------POUR les peintres, elle [la Casbah] est une sorte de témoignage, permanent de l'infini pouvoir de la lumière. Lucienne FAVRE.
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