| Présentation 
        de Léon Lehuraux de l'Académie des Sciences Coloniales 
        ALGER LA LUMINEUSE
 ---------Alger est 
        au fond d'un golfe qui s'incurve régulièrement comme les 
        deux branches d'un immense croissant. De hauts coteaux, à pentes 
        raides, la dominent. Entrevue de l'avion ou du paquebot, la ville ressemble 
        à un gigantesque amphithéâtre et apparaît, dans 
        sa blancheur, très homogène ; mais aussitôt débarqué, 
        l'on s'aperçoit qu'elle est la réunion de deux cités 
        absolument dissemblables, superposées l'une à l'autre.---------En 
        bas, une ville construite toute en longueur entre les dernières 
        pentes de la colline et la mer, a l'aspect de n'importe quelle grande 
        ville européenne avec ses immeubles à multiples étager 
        et ses grandes artères. C'est l'Alger moderne, aux larges rues 
        commerçantes, abondamment éclairées le 'soir et animées 
        par une circulation intense où se côtoient toutes les races 
        méditerranéennes.
 ---------On 
        passe, sans transition, de la vie occidentale la plus raffinée 
        à la vie orientale en gravissant les ruelles tortueuses et étroites 
        qui conduisent au quartier arabe, dernier témoin du passé 
        dans l évolution et la transformation de la vieille cité 
        barbaresque. Une masse grise couronne la colline et domine toute la rade 
        : c'est la Casba, antique citadelle des Deys dont une partie est aujourd'hui 
        transformée en Musée de 
        l'Armée d'Afrique et porte le nom du maréchal de France 
        Franchet d'Espérey, le glorieux vainqueur de la bataille d'Orient.
 ---------Aux 
        abords mêmes de la ville, c'est le triomphe des fleurs. Les jardins 
        qui avoisinent les villas sont des parterres incomparables. Suivant l'époque 
        de l'année. les roses polychromes s'épanouissent orgueilleusement, 
        ou bien c'est le mois du bougainville et de la glycine tapissant les murs 
        de toutes leurs grappes violacées, et alors les maisons deviennent 
        invisibles sous ce tapis éclatant. Les environs d'Alger ne sont 
        qu'une couronne embaumée, un collier vivant autour d'une ville 
        blanche, où les entrelacs de verdure et de fleurs splendides sont 
        avivés de lumière ardente.
 ---------Alger 
        la Blanche baignée d'or, radieuse sous la magie de son soleil, 
        a toujours été honorée des artistes et des poètes 
        attirés par cette belle cité aux vivantes colorations. Nombreux 
        sont les peintres et les écrivains qui se sont énivrés 
        de cette richesse d'atmosphère et qui ont laissé, sur la 
        cité enchanteresse, des oeuvres dans lesquelles ils ont voulu traduire 
        les sentiments profonds de volonté passionnée dont ils Je 
        sentaient animés. Ces ceuvres poétiques ou picturales sont 
        comme ce pays si original et si accueillant, où se rencontrent 
        toutes les races, où elles se pénètrent, se fondent 
        peu à peu à la mode française, qui sait attirer les 
        cceurs et les corps et imprègne ce sol de sa douceur, de sa grâce 
        et de son exquise volupté.
 ---------On 
        aimerait que cette petite anthologie de l'art et de la littérature 
        algérois, fort incomplète certes et qui sera, espérons-le, 
        suivie d'autres albums, aidât à faire comprendre tout cela, 
        à faire comprendre l'âme de notre chère Algérie 
        et de sa belle capitale qui se repose et se balance sur la mer comme une 
        immense mouette blanche. Je ne puis commenter ces quelques pages où 
        l'on trouve de l'azur et des flammes, des oripeaux superbes, des femmes 
        arabes mystérieuses sous le voile blanc, en des tableaux ravissants. 
        Feuilletons ensemble l'album et déambulons de conserve, en flâneurs, 
        dans cette ville française d'Afrique dont certaines rues, à 
        peine européanisées, ont gardé leurs noms un peu 
        pédants mais combien délicieux, comme disait mon cher et 
        regretté ami Paul Duclos, qui adorait s'y promener en solitaire 
        Hercule, du Sagittaire, des Lotophages, de la Licorne, Scipion, etc...
 ---------Nous 
        irons d'abord à la Casba et nous ferons, chemin faisant, d'intéressantes 
        observations chez cette population musulmane qui laisse surprendre ses 
        secrets intimes et se montre au naturel dans ce quartier, où elle 
        se sent bien chez elle.
 ---------Ici, 
        la vie indigène est prise sur le vif, la maison musulmane montre 
        une façade impénétrable et concentre toute la vie 
        au dedans. Celle du pauvre voisine avec la demeure du riche ; toutes deux 
        ont le même aspect : un mur blanc sans fenêtre, une porte 
        basse rarement entr'ouverte, aucune ornementation 
        extérieure. Mais les intérieurs diffèrent, sauf un 
        trait commun qui frappe : l'extrême propreté du home. Si 
        nous avons la fortune d'être accueillis dans la somptueuse demeure 
        d'un riche notable, nouss serons surpris et émerveillés. 
        Dès le seuil franchi, l'on débouche généralement 
        par un couloir obscur dans une cour dallée en mosaïques au 
        milieu de laquelle une eau abondante coule dans une vasque très 
        élégante. Des colonnades en marbre soutiennent le premier 
        étage : un large chemin rectangulaire dessert les pièces 
        du rez-de-chaussée qui reçoivent l'air et la lumière 
        par de grandes baies vitrées donnant sur la cour. Un escalier en 
        colimaçon conduit à l'étage où l'on retrouve 
        des colonnades en bois sculpté, cette fois. Parfois, la maison 
        est surélevée d'un second étage semblable au précédent, 
        puis ce sont les terrasses dominant la ville arabe, les quartiers européens 
        et la rade ; de ce belvédère, on voit, à ses pieds, 
        les rues étroites où grouille fine population pittoresque 
        composée d'échantillons de toutes les races africaines.
 ---------En 
        descendant vers la cité, dans le labyrinthe de rues et de ruelles 
        de la ville arabe, nous rencontrons les jeux de lumière les plus 
        imprévus. Les étages en porte à faux qui surplombent, 
        les longues voûtes très sombres sous lesquelles on s'engage 
        parfois, font passer sans transition d'une demi-obscurité à 
        la lumière aveuglante d'un carrefour, où le soleil que rien 
        n'arrête se réfléchit sur un mur blanc. De loin en 
        loin, la boutique d'un marchand de légumes pique une note verte 
        ou rouge, voisinant avec des quincailleries ou d'odorantes rôtisseries, 
        puis des cafés maures d'oie s'échappe le son monotone d'une 
        flûte en roseau. Le long des murs, de nombreux Arabes accroupis 
        ne semblent pas dérangés dans leur rêverie par le 
        passage des ânes lourdement chargés qui les frôlent.
 ---------Que 
        de choses à visiter, à admirer ! C'est la vie intense d'un 
        port moderne où se succèdent les paquebots de luxe et les 
        navires de commerce, les remorqueurs, les lourds chalands et les barques 
        légères, témoins sans cesse en mouvement d'un important 
        trafic d'exportations et d'importations. C'est aussi, au pied des coteaux 
        de la Bouzaréah et de Notre-Dame-d'Afrique. ce magnifique boulevard 
        Front-de-Mer contre lequel la mer vient se briser. Mais ce n'est pas cela 
        qui fait le charme d'Alger, ce n'est pas cela qui a séduit Henry 
        de Montherlant qui a consacré des pages délicieuses à 
        notre ville. dont il ne peut voir une photographie, a-t-il dit, " 
        sans un étrange attendrissement de cceur ". Les exigences 
        redoutables de l'urbanisme moderne ne lui ont rien enlevé de sa 
        séduction. On se sent attiré vers elle par un sortilège 
        secret qui résulte sans doute de la pureté du ciel, de la 
        couleur de la mer, de la tiédeur de l'air tout embaumé de 
        parfums qui, pour être indéfinissables, n'en sont pas moins 
        irrésistibles.
 ---------Ce 
        qui plaît dans le panorama d'Alger, c'est la franchise de sa couleur. 
        La mer est d'un bleu sombre, la ville d'un blanc de lait, les montagnes 
        environnantes sont toutes fauves comme des troupes de lions qui se chauffent 
        au soleil, et le ciel semble un dais de satin plus doux de ton que la 
        turquoise. Il n'est guère possible d'imaginer tableau plus hardi 
        et mieux composé. Il n'est pas besoin de dons particuliers pour 
        admirer la riche coloration des moindres objets, la limpidité de 
        l'atmosphère, les teintes inoubliables dont se parent les montagnes 
        environnantes, les eaux calmes de la mer ou les espaces lointains de la 
        verdoyante Mitidja. Le promeneur le plus placide retient difficilement 
        un cri d'admiration quand, au tournant d'un chemin champêtre, il 
        se trouve en présence d'un de ces paysager grandioses qui étonnent 
        par leur beauté et qui prennent des tons si expressifs au lever 
        du jour ou sous les rayons du soleil couchant. A quelque endroit que l'on 
        se trouve on découvre toujours la mer, la ville et les montagnes 
        ; mais selon que l'on est plus ou moins élevé, la ville 
        se développe ou se rétrécit et la mer l'environne 
        alors d'une grande nappe bleue ou frissonnent de longues raies de lumière.
 ---------Rien 
        ne blesse les yeux dans ce tableau simplement composé et qui tire 
        toute sa valeur de l'excessive pureté de l'atmosphère. Et 
        cet ensemble est si vaste, les dégradations de teintes qui suivent 
        le mouvement du soleil lui donnent une telle vie, que l'on ne 
        peut se rassasier d'admirer. Mais ce ne sont pas ses changements d'aspects 
        qui le font aimer des yeux. Il enchante par sa grandeur, par son sentiment, 
        par sa beauté sans pareille. Les choses très belles s'affirment 
        et ne se discutent pas. On les sent, et c'est suffisant.
 C'est tout cela qui enthousiasme les artistes et les écrivains. 
        L'Algérie se montre fière d'avoir été la divine 
        inspiratrice de tant de vocations picturales, dominées par le talent 
        magistral de Dinet, chef de cette belle Ecole africaine qui compte chaque 
        année à la villa Abd-El-Tif, qui est la Médicis d'Alger, 
        de nouveaux émules de ce maître admirable.
 ---------On 
        ne saurait assez se réjouir de voir l'éclosion de talents 
        qui, en étant dignes, se consacrent à la gloire du soleil, 
        à la dévotion de la lumière, qui magnifient ce bel 
        élément dont les Anciens faisaient une divinité : 
        la Flamme, force attirante. belle. réconfortante ; la Clarté, 
        vivification de toutes choses. C'est par sa lumière que l'Algérie 
        est incomparablement séduisante, qu'elle est un pays oit jamais 
        l'on ne demeurera insensible à la grande puissance solaire. Dans 
        cette Algérie dorée, dans cette majestueuse ville d'Alger 
        la Lumineuse qui vibre intensément d'une vie artistique et intellectuelle. 
        l'on apprécie, mieux que partout ailleurs. la phalange de nos peintres 
        qui, les premiers, ont jeté le cri joyeux et triomphant qui est 
        la chanson du Soleil !
 LÉON LEHURAUX.
 
  ---------UNE 
        large échancrure du rivage arrondie en demi-cercle presque régulier 
        ; une enceinte de collines boisées où les maisons blanches 
        brillent dans la verdure sombre ; à droite, des masses rocheuses 
        violemment découpées par la mer ; à gauche, derrière 
        le profil amoindri des hauteurs qui s'abaissent, le poudroiement lumineux 
        d'une grande plaine, et, surgissant au fond, les hautes montagnes souvent 
        coiffées de neige ; un air léger, vibrant, qui dessine nettement 
        les contours et où les couleurs s'harmonisent dans la lumière 
        : telle apparaît la baie d'Alger, moins vaste, mais aussi belle 
        que les baies vantées de Naples ou de Rio. Maurice WAHL"Alger"
 
 JE 
        vois encore, sans que je bouge, Parmi d'opaques frondaisons,
 Des villas blanches à toits rouges,
 Comme des nids dans des buissons.
 Claude-Maurice ROBERT. "Alger"
 
 ---------ALGER-LA-BLANCHE 
        nous apparaît aux premières lueurs de l'aube baignée 
        de lumière, grimpant en gradins à l'assaut des collines. 
        Elle se découpe immaculée sur le bleu lumineux d'un ciel 
        céruléen.---------Alger 
        c'est encore un peu l'Europe et c'est déjà l'Afrique...
 Joe CEURVORST. 
 ---------LE 
        panorama d'Alger est célèbre, c'est un des plus beaux de 
        la terre. Il y a sur notre globe une dizaine de points où la seule 
        vue de la nature donne à l'homme une émotion vive, une exaltation, 
        une évocation puissante de beauté. Là, il se sent 
        vivre d'une vie plus intense, il éprouve le besoin d'attribuer 
        à une supériorité l'arrangement du spectacle qui 
        le charme. Son admiration est si violente que son coeur n'est point satisfait, 
        que son âme souffre d'un vide s'il ne peut mentalement exprimer 
        sa reconnaissance d'être là... Alger est l'un de ces points-là 
        ! Eugène BRIEUX. 
 ALGER, 
        jamais je ne t'ai vue si belle, si parée, si harmonieuse, à 
        la fois si sultane et si reine de la Mer, que de cette loggia vertigineusement 
        ouverte sur tes dévals, tes retours, et tes courbes.Jean POMIER.
 
 
 ---------IL 
        faut bien avouer qu'Alger, pour quiconque y a tant soit peu vécu, 
        est incomparable. Pour moi, en dépit des années, je ne m'en 
        lasse point. Aujourd'hui, comme il y a trente ou trente-cinq ans, c'est 
        toujours la grande ville joyeuse, vivante, épanouie dans sa fécondité 
        et sa lumière, où il suffit, le matin, de pousser sa persienne 
        devant un grand ciel invraisemblablement pur et. splendide, pour se sentir 
        l'âme en jubilation. Louis BERTRAND."D'Alger la Romantique à Fez la Mystérieuse "
 
 ---------LA 
        mer, comme une coupe sans bords, s'arrondit et semble fuir de tous côtés 
        dans l'infini. Ses écailles plombées scintillent sous les 
        caresses de la lumière naissante ; puis elle s'étale comme 
        un désert d'ardoise tacheté de blanc, ou bien c'est une 
        nappe bleue, d'un bleu indéfinissable et changeant, profond et 
        transparent quand on le voit de près, absolument mat quand on s'en 
        éloigne. Eminemment sensible, elle change de nuance au moindre 
        accident qui survient dans le ciel. Capricieuse même dans son repos, 
        l'azur sombre de l'inquiétude, l'éclair vert de la colère, 
        se succèdent dans le battement de ses flots, et souvent elle est 
        livide. Il faudrait, pour la comprendre, savoir ce qui se passe au loin 
        dans tout l'air invisible qui pèse sur elle. Emile MASQUERAY.  
 -------DÉCIDÉMENT, 
        mon cher, il y a deux villes au monde Paris et Alger ; Paris, la ville 
        de tout le monde ; Alger, la ville de l'artiste.
 Jules de GONCOURT.
 
 ---------J 
        'AI habité, en un ou divers séjours, 
        cinq mois à Tunis, quatre à cinq mois à Fez, quatre 
        mois à Marseille, quatre mois à Tanger, plusieurs semaines 
        à Jerez de la Frontera, à Madrid, à Barcelone, à 
        Milan. Qu'ai-je écrit sur ces villes? Peu ou rien. Tandis que les 
        pages qui suivent sont peut-être la dixième partie de ce 
        que j'ai écrit ou à écrire sur Alger. Il y a là 
        un petit fait qui en dit plus qu'aucune digression.Henry de MONTHERLANT
 
   ---------CE 
        cri arraché aux rêveurs devant certains sites : " On 
        voudrait mourir ici ! ", je l'ai poussé vingt fois à 
        Mustapha, et il ne me déplairait pas de savoir que je pourrirai 
        sous un olivier, au bord de cette route ombreuse qui côtoie la Méditerranée. 
        Si j'avais la liberté de désigner un coin de terre pour 
        y passer en paix le reste de mes jours, je choisirais le coteau de Mustapha, 
        et je bâtirais une maison au-dessus du Palais du Gouvernement. Ernest FEYDEAU. 
 ---------VOILA 
        ce qu'est l'Alger d'aujourd'hui : une ville à laquelle son origine, 
        ses vicissitudes et par-dessus tout son site incomparable conserveront 
        toujours, en dépit de toutes les transformations, un caractère 
        parfaitement original ; ville pleine de surprises, dont la variété 
        d'aspect, les perspectives inattendues, surgissant au coin de nombreuses 
        rues vers les hauteurs ou en échappées fugitives vers la 
        mer, font une cité pleine d'intérêt, amusante et d'un 
        charme spécial. René LESPÈS 
 --------LA 
        Kasbah d'Alger... Elle surgit, dès que le paquebot franchit la 
        passe entre les deux éperons des jetées. ---------La 
        multitude de ses terrasses, de ses minarets, dressent dans le soleil leurs 
        coupoles, leurs cubes éclatants.
 ---------Et 
        tout de suite, la curiosité, la crainte, vous étreignent.
 Jean VIGNAUD. 
 CE sont des horizons de golfe, des espaces 
        Prenants comme l'amour et comme le sommeil,
 Et puis voici la ville au millier de terrasses,
 Tel un grand escalier où monte le soleil.
 Victor BARRUCAND.
 
 ALGER...C'est toi cette blancheur mollement inclinée,
 Ces paresses, parmi l'encens et le benjoin,
 Et ton azur sans rides, ô Méditerranée,
 Qu'un azur implacable et sans tache rejoint !
 C'est toi, c'est toi, c'est toi ce jet d'eau solitaire
 Qui danse triste et bleu vers l'étoile du soir,
 Ces flûtes qu'on ne peut entendre sans se taire
 Et que semble briser un indicible espoir.
 C'est toi, ces longues nuits aux étoiles intenses,
 Que traversent sans fin de bleuâtres éclairs,
 Tandis que débordant de lune et de silence,
 Ta terrasse rêveuse écoute, au loin, la mer.
 Edmond GOJON.
 
 HEUREUX pays dont la seule expression naturelle 
        est le sourire.Eugène FROMENTIN.
 
   ---------LE 
        centre, le coeur d'Alger est la place du Gouvernement.---------Qu'on 
        se figure un rectangle long dont trois faces sont formées par de 
        hautes maisons à arcades, garnies de magasins, d'étalages, 
        de cafés, coupées de passages et de rues.
 ---------Le 
        quatrième côté rompt la symétrie ; c'est d'abord 
        une mosquée, la Djema-el-Djedid, toute blanche, aux murs dentelés 
        de merlons, élançant au-dessus de sa coupole et de ses dômes 
        la fine silhouette du minaret, puis une large échappée se 
        découvre avec le port, la mer, les lointains monts kabyles et toute 
        l'ampleur de l'horizon.
 Maurice WAHL. 
 ---------LA 
        place du Gouvernement n'a rien perdu de son premier aspect. Le coeur de 
        la ville s'est, depuis, bien déplacé, mais, comme autrefois, 
        la place du Gouvernement demeure le carrefour où se coudoient tous 
        les types du bassin méditerranéen, où se distingue 
        le cosmopolitisme le plus intense. Jean MELIA."La 
        Ville blanche " 
 ---------... 
        SOUDAIN, comme un bouquet d'étoiles, 
        une grande mélodie claire s'égrenait doucement dans le ciel, 
        et, sur le minaret de la mosquée voisine, un beau muezzin apparaissait, 
        découpant son ombre blanche dans le bleu profond de la nuit, et 
        chantant la gloire d'Allah avec une voix merveilleuse qui remplissait 
        l'horizon. Alphonse DAUDET."Tartarin 
        de Tarascon " 
 SOUS le blanc soleil qui détraque, 
        La Place du Gouvernement
 Dont le sol se fendille et craque,
 Est blanche impitoyablement.
 Jules LEMAITRE.
 
 UNE place bleue. Une foule blanche
 - Haïks et burnous - tournant, discutant,
 Au milieu d'appels et d'une avalanche
 De " slama " (salut) lancés d'un ton éclatant.
 Alexandre LETY-COURBIERE
 " Les Reflets du Croissant "
 
 --------D'AUTRES 
        attroupements encombrent ce pittoresque forum, violemment ensoleillé, 
        de la Place du Gouvernement : ici, des montagnards kabyles et des paysans 
        arabes, engoncés dans leurs épaisses cachabias de laine 
        rousse ; là, de vieux pêcheurs napolitains en cotte bleue, 
        la pipe plantée dans une tête de vrai loup de mer, une casquette 
        de marinier sur le coin de l'oeil, tiennent de longues palabres dans un 
        jargon chantant et aliacé. Ils se racontent des exploits professionnels, 
        évoquent des souvenirs de Palerme, de Sardaigne ou de Capri, échangent 
        des conseils de navigation qui vous font venir l'eau à la bouche, 
        comme des recettes culinaires, pour peu qu'on aperçoive derrière 
        eux un petit bout de port et qu'on sente le souffle enivrant d'une brise 
        marine. René JANON."Hommes de peine et Filles de joie "
 
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