Les ports maritimes algériens
LA CALLE
LA CALLE, cité courtoise
LE BLASON DE LA CALLE

LA CALLE, cité courtoise
LE BLASON DE LA CALLE

Dans sa monographie dont je parlais mardi M Picquois résume ainsi ses impressions sur l'antique capitale des Concessions françaises, toujours incinérée, et toujours renaissante : " Périr dans les flammes et renaître, comme le phénix des Égyptiens, tel nous apparait le sort de La Calle dans le passé ".

Oui. Et nul blason ne saurait mieux convenir à la cité moderne que ce phénix essorant au-dessus d'un brasier, l'oiseau d'immortalité qui vit de cinnamome, conçu et dessiné par le mème M, Picquois, et dont Mlle Sériot eut le bon goût et l'esprit d'armorier la couverture du " guide " édité par ses soins pour le Syndicat d'initiative local dont elle est la présidente.

Excusera-t-on, maintenant. un ami de La Calle de suggérer aux édiles de l'aimable cité que ces " armes parlantes ", où la branche de corail avec la fleur de lys rappellent une origine dont on doit être fier pour tout ce qu'elle évoque de grandeur et d'héroïsme, feraient très bien aussi ciselées sur le fronton de la Maison Commune et gravées en exergue des papiers officiels ?

Et j'y pense : : on aurait pu ajouter, en pendant aux rameaux de corail, une ramure de cerf, puisque les forêts voisines, elles seules de toute l'Afrique, abritent ce ruminant.


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Echo du 25-3-1952- Transmis par Francis Rambert
nov.2023

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LA CALLE, cité courtoise
Ce blason, conçu par M. E. Picquois. compose les armes parlantes idéales de La Calle. Quant à sa crâne devise : " Je survivrai ", elle ne l'a pas démentie. Elle a survécu, elle vit, elle vivra

LA CALLE, cité courtoiseLA CALLE, cité courtoise
LE BLASON DE LA CALLE

Dans sa monographie dont je parlais mardi M Picquois résume ainsi ses impressions sur l'antique capitale des Concessions françaises, toujours incinérée, et toujours renaissante : " Périr dans les flammes et renaître, comme le phénix des Égyptiens, tel nous apparait le sort de La Calle dans le passé ".

Oui. Et nul blason ne saurait mieux convenir à la cité moderne que ce phénix essorant au-dessus d'un brasier, l'oiseau d'immortalité qui vit de cinnamome, conçu et dessiné par le mème M, Picquois, et dont Mlle Sériot eut le bon goût et l'esprit d'armorier la couverture du " guide " édité par ses soins pour le Syndicat d'initiative local dont elle est la présidente.

Excusera-t-on, maintenant. un ami de La Calle de suggérer aux édiles de l'aimable cité que ces " armes parlantes ", où la branche de corail avec la fleur de lys rappellent une origine dont on doit être fier pour tout ce qu'elle évoque de grandeur et d'héroïsme, feraient très bien aussi ciselées sur le fronton de la Maison Commune et gravées en exergue des papiers officiels ?

Et j'y pense : : on aurait pu ajouter, en pendant aux rameaux de corail, une ramure de cerf, puisque les forêts voisines, elles seules de toute l'Afrique, abritent ce ruminant.

La Calle a pris mon cœur

J'ai vécu une semaine à La Calle. Juste le temps de l'aimer et de souffrir de la quitter, puisqu'un poète s'éprend d'un paysage comme d'un visage. D'ailleurs, voici la note qui synthétise mes sentiments le jour de mon départ : " La Calle m'a conquis. Le site, les êtres, tout y est amical. JE REVIENDRAI. " Ce dernier mot. souligné trois fois, est le signe non équivoque de la sincérité de cet engagement d'amour.
Comme à Bougie et à Bugeaud, j'eusse voulu m'attarder, m'éterniser ici. Car, comme Bougie et Bugeaud, comme Tlemcen et Miliana, comme Alger et le Désert, La Calle a pris mon cœur.

La Calle, cité courtoise

Ce qui m'a séduit dès l'abord, ce sont les vestiges des anciennes pêcheries de corail dans le décor pittoresque de sa presqu'île historique. Et c'est le "cours " Barris.

Moins majestueux, moins ombragé surtout, que le cours Bertagna de Bône, il est, en revanche, mieux situé puisqu'il est un promenoir au-dessus de la mer, d'où l'œil embrasse le large. Et c'est l'église paroissiale aux deux tours géminées, laquelle, à
distance, fait si " monumental " qu'il m'advint de croire voir la cathédrale de Palma...

Ces grâces et ces séductions extrinsèques pourraient être compromises, comme il arrive trop souvent, partout, par une humanité hostile ou acariâtre. C'est le contraire ici, où la gentillesse de la population décuple et vingtuple la poésie du site.

Paysages et visages sont ici accordés. Pas de dissonance entre les êtres et les aîtres. Chrétiens ou musulmans, les Callois sont affables et prodiguent à l'étranger le dictame de leurs sourires. Et, moi Alceste que Philinte qualifie d' "impossible " à force d'exigence. je ne relève dans mes notes que des épithètes laudatives à l'adresse des hôteliers et de l'homme de la rue : " très courtois, très avenants, très cordiaux ". Et puisqu'il est si rare que de tels compliments puissent être faits sans mentir, et au pluriel surtout, je crois de mon devoir de les reproduire ici, afin que les Callois apprennent que leur urbanité est appréciée à son prix et que les touristes sachent que cette vieille vertu française : le savoir-vivre, suave comme la fleur de lys de son blason, est une fleur spontanée sous le climat de La Calle.

Et La Calle ne fut elle que l'escale la plus courtoise de la Côte algérienne, que ce privilège unique mériterait, à lui seul, qu'on l'aime et qu'on la loue. Ceux qui ont visité Tighzirt et Tipasa, Cap-Aokas et Djidjelli (pour ne pas allonger la liste des sites où le touriste est un intrus et une proie) me comprendront sans que j'insiste.

Un syndicat d'initiative pas comme les autres

Un autre privilège de La Calle, également important pour la prospérité de son tourisme, laquelle importe à sa prospérité tout court, c'est de posséder un Syndicat d'initiative qui n'est pas le négation de ce terme expressif, ce que sont la majorité (je ne dis pas la totalité car il y a des exceptions) de ces agences touristiques, lesquelles, trop souvent, n'existent, que " pro forma " et pour l'octroi d'une sinécure à une
personne " recommandée ".

Et pourquoi le Syndicat de La Calle est-il si différent des autres? Parce que sa présidente, Mlle Seriot que j'al déjà nommée est un esprit dynamique et " initiatif ". Bien que directrice d'école et conseillère municipale, Mlle Sériot trouve le temps de susciter les bonnes volontés éparses, de les grouper, de les stimuleret finalement d'agir en collaborationavec la municipalité..

Je citerai deux exemples de cette action victorieuse des inerties et des carences. D'abord, ce livret-guide, recueil élégant abondamment illustré.

Où Mlle Sériot a réuni deux études parfaitement documentées de MM. Plcquols et- Emerit ; ensuite, et ceci est un vrai tour de force grâce à l'esprit " d'initiative " et au zèle de sa présidente, le syndicat de La Calle à " réfectionné " le dallage du cours Barris, y a implanté 16 bancs de granito, en a renouvelé les plantations et a " offert " ces travaux à la municipalité ! Je précise que le cours Barris est long de 300 mètres.(307) et large de 10 et que les plantations consistent en 64 palmiers des Canaries.

Cela dit, j'ose affirmer, sans enquête préalable et sans crainte qu'on me démente. que ce cas est unique dans toute l'Afrique du Nord et que la présidente de ce Syndicat. d'Initiative hors série, que nous nous permettons de proposer en exemple aux innombrables autres qui croupissent dans l'inaction mérite l'attribution de la couronne civique.

Lo presqu'île historique

J'ajoute que les curiosités touristiques de La Calle méritent ce dévouement enthousiaste et lucide. En premier lieu, je le répète, les vestiges des établissements de la pêche du corail. Et d'abord le moulin à vent fortifié qui date de 1694, dont nous avons reproduit l'image mardi dernier, lequel garde fière allure sur son socle de roc, du haut duquel ses canons barraient l'accès de la presqu'île aux pirates barbaresques.

Dans celle-ci mème, un ensemble de bâtisses plus ou moins uniformes présente l'aspect d'une citadelle,

C'est ce qui reste de l'antique comptoir des corailleurs établis là après l'abandon du Bastion de France en 1679. Deux constructions chaulées solliieltent le regard, c'est la maison des gouverneurs d'antan devenue la résidence du commandant de garnison. Et; c'est l'antique église, aujourd'hui abandonnée, où prièrent les rudes hommes qui vivaient loin de leur patrie, de leur famille. dans l'insécurité et la frugalité.

Il faut sauver l'église des corailleurs

De style provençal, patinée par les embruns et le soleil, avec la lumière, des chatoiements de vieil ivoire, elie fait bien dans le décor, la vieille église délabrée. Cependant, l'étranger s'étonne qu'une municipalité dévouée au bien public, qui se confond, ici, au patrimoine de gloire dont elle est gestionnaire ne découvre pas un "biais" pour utiliser cette relique de la capitale du corail, afin d'avoir un prétexte honorable de l'entretenir.

N'y a-t-il pas, à La Calle, une œuvre post-scolaire, une école professionnelle, une société d'éducation physique, un orphéon. des scouts, que sais-je encore. qui pourraient, sans irrespect, occuper cet oratoire que son délaissement condamne à une totale disparition ?

Ses prodiges d'hier nous y autorisant. nous faisons confiance à Mlle Serlot, qui a voix délibérative puisqu'elle est une édile : son génie efficient saura lui inspirer l' " initiative " salvatrice qui empêchera ce témoin de l'époque héroïque de se dissoudre en poussière : sa survie importe au prestige de La Calle et pour l'amour de La Calle nous souhaitons qu'on le sauve.

Le Port d'hier et d'aujourd'hui

Ce qui ajoute à la beauté du décor de la presqu'île c'est que l'ensemble des bâtiments anciens se mire dans l'eau du petit port où détonne un peu que le teuf-teuf des chalutiers.

Sur l'un d'eux. un soir, je fus emmené vers le large. Hélas ! De cette promenade que j'eusse voulu recueillie et poétique, son moteur et ses odeurs ont fait une longue nausée. Une récompense toutefois, allège cette épreuve : que La Calle, de là-bas, était belle ! Adossée à ses jardins mamelonnés d'un vert vif que domine une montagne boisée. devant le couloir de laque bleue de son
port qu'encadrent immensément les promontoires symétriques du Cap Rosa et du Cap Roux. c'était, dans la pourpre vespérale, une fresque où le grandiose s'alliait à l'exquisité.

Ici, dans le port, ce qui charme et réjouit, ce sont ces effilées petites barques de pêche. Qu'elle sont jolies, bercées au rythme des vagules, qu'elles chamarent du reflet de leurs gais coloris.

Ce havre ne fut pas toujours ce désert d'eau. Vers 1880, me conta un vieillard qui remaillait des filets, époque où le marché de corail était le plus prospère, ou la petite ville comptait plus de 6.000 habitants, on vit, rassemblées là. jusqu'à 300 balancelles " dont les voiles palpitaient comme des bannières de procession ".

Mais, dés 1884, on n'en comptait plus déjà que 54, et peu d'années plus tard, il n'en venait plus du tout faute de corail, anéanti par la bêtise et la cupidité, les coralliens avaient déserté La Calle.

Être Callois, pour vivre là !

Aujourd'hui l'atmosphère de la presqu'île est si calme, tellement rassérénante, l'eau de son port est si limpide dans la brise qui la moire et le soleil qui l'émaille, que c'est là que je voudrais vivre si je devenais Callois. Les pieds nus dans des espadrilles, en short. Avec un grand chapeau kabyle bariolé, que les heures seraient belles, que les jours seraient courts !

Ne quittons pas le port sans prendre une image panoramique de la ville et de ce balcon de 300 mètres qu'est le cours, et souhaitons que les " phaenix canariensis ", aujourd'hui en bouture, se hâtent de cloître en beauté et de balancer au-dessus des 64 colonnes cloisonnées de leurs stipes, les 64 chapiteaux-parasols de leurs panaches. Quel ambulacre. alors, pourra rivaliser avec cette double colonnade végétale et sonore ?

J'oubliais. C'est d'ici que l'église paroissiale, grâce à ses clochers jumeaux que magnifie l'éloignement, prend la silhouette monumentale d'une cathédrale gothique...

Je note enfin que c'est là. sur le promenoir marin du cours Barris, que l'on voudrait voir s'ériger un hôtel digne La Calle et de son avenir touristique, car il faut croire à. ses futurités.

Je ne dis pas un " palace ", mot indiscret dont j'ai horreur car il pue le parvenu. Mais un hôtel honnête, confortable sans esbroufe, dans lequel on dorme bien, mange bien, où l'on ne vous impose pas l'inaudible audition d'une T.S.F. vociférante ; où patrons et personnel sont corrects et non ces énergumènes sans aptitudes professionnelles que les uns et les autres sont beaucoup trop souvent - ce qui rend inefficace toute la propagande que l'on fait par ailleurs pour le tourisme

Promenades périphériques

Bourgade de 6900 habitants, La Calle n'est remarquable que par son site. maritime et forestier.

A part, le cours Barris, ou l'on se recueillera devant le monument, érigé à la gloire de Samson Napollon homme de Cour et condottiere, et de son prédécesseur, Thomas Lenche, " premier Gouverneur français en Barbarie ", rien dans l'agglomération ne sollicite l'attention.
Mais il y a les environs Les plages, d'abord, dont le rivage est dentelé. Celle de l'Ouest, notamment, la plus proche et la plus longue, puisque ses sables d'or s'étalent sur un kilomètre. Il y a des îlots, des criques, des falaises, des promontoires, pleins d'imprévues découvertes.

Il y a la forêt de chênes-liège du Boulif, d'où la haute mer se révèle, immense, illimitée. Il y a les sentiers à travers le maquis et la flore herbacée. dont les racines et les branches frôlent l'écume des ressacs.Enfin, il y a le pèlerinage aux ruines du Bastion de France, à 12 kilomètres à l'ouest, dont nul visiteur bien né ne saurait se dispenser. Tout un ensemble de vestiges médiévaux, émouvants par leur pittoresque et leur signification parle au cœur et à l'esprit tout en charmant les yeux : cette forteresse est le berceau - un berceau rougi de sang et noirci de fumée - de la France africaine.

Je n'oublie pas les Lacs disposés en auréole autour de la cité courtoise. Auréole de miroirs où tout le ciel se double, ce qui les irise du reflet des nuées. Deux sont poissonneux. Le dernier, le Tonga que l'on voudrait assécher, mais qui refuse d'être aride, est le refuge saisonnier des palmipèdes migrateurs ; canard, foulques, pluviers, bécasses, hérons... Ce qui attire les Tartarins de tout le département, même d'Alger, même de Tunis ! Dans l'un je vis, un jour, un hydravion posé. A travers les hautes cannes des roseaux de ses berges, les " arondo donax " des roselières congolaises, on eut dit une élégante libellule jamais vue,un libellulidé antérieur au Déluge.

Ce blason, conçu par M. E. Picquois. compose les armes parlantes idéales de La Calle. Quant à sa crâne devise : " Je survivrai ", elle ne l'a pas démentie. Elle a survécu, elle vit, elle vivra