LA
CALLE STATION TOURISTIQUE
Entre deux promontoires
massifs représentés par le cap Rosa et le cap Roux, un
petit port, une ville gracieusement étagée au bas d'une
montagne prolongée par une presqu'île s'avançant
orgueilleusement dans la mer, trois superbes plages d'un sable éblouissant,
composent un admirable ensemble, tel qu'il est difficile de trouver
ailleurs son pareil.
La coupe harmonieuse de la magnifique baie du Boulif, dont les eaux
baignent une des plus belles plages du monde, les forêts centenaires
qui la dominent, traversées par une ravissante route en corniche,
la pureté des lignes en même temps que leur douceur, tout
concourt à donner à ce paysage un aspect grandiose mélangé
de grâce antique, qui frappe le voyageur d'un sentiment d'admiration
et de surprise.
C'est le petit port de pêche de La Calle, célèbre
de tous temps par ses coraux et par l'abondance et la qualité
de son poisson.
C'est le vieux " Bastion de France ", où s'installa
au début du seizième siècle la Compagnie Royale
d'Afrique, qui inaugura la première prise de possession de l'Afrique
du Nord par les Français.
La Calle symbolise à merveille le déroulement des peuples
et des races qui se sont succédé sur nos rivages africains.
On retrouve dans les environs des vestiges antiques du plus haut intérêt,
telle que la nécropole de la Chéfia où le docteur
Reboud a fait une si ample moisson d'inscriptions libyco-berbères.
D'après la table de Petinger, la ville actuelle occuperait une
partie de l'emplacement de la station romaine de Tuniha ou Tuniza qui
semble avoir eu une certaine importance.
Déjà à cette époque lointaine, la station
de Tuniha était le centre d'une importante pêcherie de
coraux, de ce corail rouge, rose et noir, dont Pline signale l'emploi
très recherché pour les parures des dames romaines.
Plus tard, sous la domination arabe et turque, l'exploitation des bancs
de coraux ne se ralentit pas et l'ancien centre romain prit le nom caractéristique
de Marsa El-Kharaz, le port aux breloques.
Le géographe arabe El-Bekri vante la qualité des coraux
de Marsa El-Kharaz, qu'il estime très supérieure à
celle de tous les coraux connus, notamment à ceux de Sicile et
de Ceuta.
Il relate, en outre, que son port était un centre actif de transactions
et qu'il servait à construire des bâtiments de guerre utilisés
par les corsaires, qui ravageaient constamment les côtes d'Europe.
Les dommages causés par ces corsaires furent tellement importants
qu'ils provoquèrent de sérieuses représailles.
La florissante cité de Marsa El-Kharsaz fut prise d'assaut et
détruite par le gouverneur aragonais de la Sicile, Roger de Loria,
en 1286, et ne fut pas relevée de ses ruines.
Ce fut vers 1524 que deux négociants marseillais, Thomas Linches
et Carlin Didier, acquirent des Arabes une étendue de côtes
qui furent désignées sous le nom de concessions d'Afrique,
et fondèrent le Bastion de France, à proximité
de l'ancien port aux Breloques.
A la suite de vicissitudes diverses, la Compagnie d'Afrique abandonna
le Bastion et vint s'installer à la Cala de Massacarère.
C'est sous ce nom que figure La Calle dans le texte de la première
convention passée avec les Turcs en 1550.
Le nom de Massacarère constitue évidemment une déformation
du nom arabe Marsa El-Kharaz et le mot Cala, qui est à l'origine
du nom actuel, a pris sa signification dans le fait que le petit port
servait de cale aux bateaux très nombreux que l'on y construisait
et que l'on y radoubait.
La Calle a été, pendant près de trois siècles,
la capitale très prospère des concessions françaises
d'Afrique dont les comptoirs s'étendaient du cap Nègre
jusqu'à Bougie.
La place fortifiée ne comprenait que l'emplacement actuel de
la presqu'île.
Elle fut détruite deux fois et abandonnée pendant un court
délai en 1799 et en 1827 et elle fut réoccupée
définitivement en 1836.
Quand la France va être amenée à célébrer
très prochainement le centenaire de la conquête de l'Algérie,
la date du quatrième centenaire de la prise de possession de
la Cala de Massacarère sera un fait déjà largement
révolu.
Le nom de la presqu'île de France évoquera à cette
occasion chez tous nos compatriotes des souvenirs qui nous sont chers
et nous avons le ferme espoir que les Pouvoirs publics sauront honorer
comme il convient la mémoire des excellents Français qui
dotèrent les premiers notre Patrie d'une aussi admirable région.
Car, et il convient de ne pas l'oublier, les Établissements français
d'Afrique ont joué un rôle considérable dans l'histoire
du ravitaillement de la Métropole, dans des circonstances parfois
tragiques, notamment pendant la période des guerres où
la Révolution française eût à faire face
à une Europe coalisée contre ses libertés.
Admirable région certes, car nulle contrée n'offre avec
autant d'intensité toutes les séductions de la terre algérienne
; la douceur exquise du climat bien supérieur à celui
de la Côte d'Azur en hiver et à celui des plus belles plages
de France en été ; la beauté et la diversité
des paysages et des sites environnants, l'exotisme et le pittoresque
de l'Orient, sans oublier l'intérêt qui s'attache aux civilisations
disparues et à tout un passé prodigieusement riche en
souvenirs.
La Calle est le pays du tourisme par excellence et ses environs forment
une suite ininterrompue de paysages enchanteurs.
C'est le pays des grands lacs d'eau douce et d'eau salée où
abondent toutes les variétés de poissons ; des forêts
immenses de toutes essences avec une prodigieuse poussée de végétation
parmi le ruissellement des eaux courantes ; des routes magnifiques traversant
alternativement des paysages de plaine et de grande montagne ; des descentes
à pic dans des vallées verdoyantes et vers la mer ; des
terres d'une exceptionnelle fertilité et des fonds de mer d'une
incomparable richesse.
Il est impossible d'excursionner en Algérie sans visiter cette
région qui relie de façon si harmonieuse la terre algérienne
à la terre tunisienne.
Rien n'est plus agréable que de la parcourir en tous sens.
La descente d'Aïn-Draham par le col de Bamouch en passant, soit
par Lacroix et Oum-Theboul pour arriver à La Calle, soit par
Roum-el-Souk pour parvenir au lac Oubeïra, est un véritable
enchantement.
La route du Boulif surplombant la mer avec des aperçus multiples
sur la côte, au milieu d'épaisses forêts et aboutissant
aux sources qui alimentent la ville est un spectacle grandiose qui l'emporte
en beauté sur toutes les routes similaires.
Mais si l'on veut voir vraiment ces contreforts étages et boisés
du massif kroumirien et savourer comme il faut le charme de cet étrange
pays, il faut quitter la route et renoncer à l'automobile pour
prendre le mulet ou le bâton d'alpiniste.
Partout l'altière beauté des paysages frappe l'esprit
d'admiration.
Un aussi admirable pays mérite que l'on s'organise pour le faire
connaître et pour y attirer les touristes et les estiveurs.
C'est dans ce but qu'a été fondé à La Calle
un Syndicat d'Initiative de tourisme dont tous les efforts ne cessent
de tendre vers la mise en valeur des innombrables ressources touristiques
de La Calle et de sa région et vers l'organisation de cette contrée
pour en permettre l'exploration complète, facile et agréable.
Le goût des déplacements est d'ailleurs encore plus en
faveur aujourd'hui qu'avant la guerre, mais il est contrarié
par la cherté de toutes choses et les voyages en France deviennent
dorénavant un luxe à la portée des seuls millionnaires.
La plupart des contrées qui attiraient naguère les Algériens
au delà de nos rivages sont maintenant fermées au plus
grand nombre.
Est-ce un mal '? Nous ne le croyons pas et nous serions tentés
de nous en féliciter puisque cette impossibilité a amené
les Algériens à mieux connaître leur pays et à
en apprécier davantage les innombrables ressources.
Est-il possible de passer une saison estivale plus agréablement
qu'à La Calle, et cela est si vrai que nous voyons chaque année
un grand nombre de commerçants, de chefs d'industrie, de fonctionnaires,
d'officiers, de colons et de petits employés venir s'installer
parmi nous pour la période des vacances.
Notre coquette cité possède d'excellents hôtels
et s'installer chez Barnier, chez Coudert. est synonyme de bonne chère,
de chambres confortables et de vie à bon marché.
Les attractions ne font pas défaut avec les concerts si appréciés
de l'excellente musique municipale, la confortable salle de cinéma
où se déroulent les films les plus attrayants et les plus
rares, les bals et les fêtes de nuit.
Nos plages font la joie des baigneurs et des familles dont les enfants
deviennent rapidement de vigoureux gaillards.
Les sports sont faciles et nombreux : pêche, chasse, tennis, promenades
à cheval, en voiture, en automobile, le tout à des prix
très abordables. Il n'est pas exagéré d'affirmer
que La Calle est le pays de la santé où les maladies sont
inconnues et où les personnes débilitées se rétablissent
comme par enchantement. L'air exceptionnellement pur et la délicieuse
brise marine qui souffle constamment, en font un sanatorium de premier
ordre.
Les pittoresques promenades au bord de la mer permettent aux personnes
de tous âges de se distraire, et de faire des cures d'exercice
et de bon air.
Les embellissements de la ville se poursuivent sous l'active impulsion
du Syndicat d'Initiative et de la .Municipalité, qui font tous
leurs efforts pour rendre le séjour de leurs hôtes aussi
agréable que possible.
Ils en sont récompensés d'ailleurs par le nombre des estiveurs
qui va croissant chaque année et qui, grâce à l'installation
prochaine d'un nouvel hôtel, est appelé à devenir
très important.
Le Syndical d'Initiative de La Calle. salue nos aimables hôtes,
touristes et estiveurs, et les convie à nouveau pour des excursions
variées et pour l'estivage prochain, dans un cadre qu'il veut
rendre encore plus attrayant, avec des facilités de toutes sortes
qu'il s'ingéniera à faire encore plus grandes.
Pour tous renseignements, s'adresser à M. le Docteur Arnaud,
président du Syndical d'Initiative de Tourisme de La Calle.
Toutes indications utiles seront fournies aux automobilistes de passage
par le secrétariat du Syndicat, installé dans son nouveau
kiosque, place de Tunis, sur la route nationale de Bône à
Tunis.
I. BARRIS du PENHER.
Délégué financier, Président d'honneur du
Syndicat d'Initiative de Tourisme, de La Calle.