KREIDER, dud-oranais

le Kreider de création relativement récente est l'œuvre presque exclusive de l'armée
Extrait Afrique du nord illustrée du 9-6-1920 - Transmis par Francis Rambert

Le Kreider

Situé aux avants-postes du Sud-Oranais, non loin du vaste Chott-el-Chergui, contre Modzbah et Bouktoub, sur la voie ferrée qui mène d'Oran à Aïn-Sefra et Colomb-Béchar, le Kreider de création relativement récente est l'œuvre presque exclusive de l'armée, plus précisément de notre vaillante Légion étrangère et des Bataillons d'Afrique, dont la sueur et le sang ont abondamment arrosé les sables arides de ces parages.

A l'origine s'élevaient aux lieu et place du Kreider, quelques blockhaus que l'ingéniosité de braves troupiers d'Afrique ne tarda guère à transformer en petite ville.

Grâce à la proximité de vastes nappes d'eau - en particulier le Chott-el-Chergui précité - légumes, arbres et plantations de toutes sortes surgirent peu à peu, corrigeant par leur aspect riant la sévère perspective du paysage. Les civils-brocanteurs, marchands, cultivateurs, fonctionnaires affluèrent à leur tour et l'on peut affirmer qu'à l'heure actuelle le Kreider est l'un des endroits du Sud-Algérien où la vie offre le maximum d'agréments compatibles avec les ressources locales.

Tous ceux qui ont séjourné dans cette petite ville ont certainement ressenti une étrange sensation de solitude reposante, de calme et ne reliront pas sans émotion ces lignes évocatrices des frères Tharaud (La Fête Arabe) adaptée parfaitement au sujet qui nous occupe :

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1920. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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mise sur site: aout 2021

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Le Kreider

Situé aux avants-postes du Sud-Oranais, non loin du vaste Chott-el-Chergui, contre Modzbah et Bouktoub, sur la voie ferrée qui mène d'Oran à Aïn-Sefra et Colomb-Béchar, le Kreider de création relativement récente est l'œuvre presque exclusive de l'armée, plus précisément de notre vaillante Légion étrangère et des Bataillons d'Afrique, dont la sueur et le sang ont abondamment arrosé les sables arides de ces parages.

A l'origine s'élevaient aux lieu et place du Kreider, quelques blockhaus que l'ingéniosité de braves troupiers d'Afrique ne tarda guère à transformer en petite ville.

Grâce à la proximité de vastes nappes d'eau - en particulier le Chott-el-Chergui précité - légumes, arbres et plantations de toutes sortes surgirent peu à peu, corrigeant par leur aspect riant la sévère perspective du paysage. Les civils-brocanteurs, marchands, cultivateurs, fonctionnaires affluèrent à leur tour et l'on peut affirmer qu'à l'heure actuelle le Kreider est l'un des endroits du Sud-Algérien où la vie offre le maximum d'agréments compatibles avec les ressources locales.

Tous ceux qui ont séjourné dans cette petite ville ont certainement ressenti une étrange sensation de solitude reposante, de calme et ne reliront pas sans émotion ces lignes évocatrices des frères Tharaud (La Fête Arabe) adaptée parfaitement au sujet qui nous occupe :

" Oh ! comme l'âme est faite pour la monotonie, le journalier, l'habitude ! Tout ce mystère enchante, déçoit, ravit, excède tour à tour. Quand vient un peu de lassitude et qu'aussitôt apparaît l'irritant désir de comprendre, si grande et votre impuissance et si complet votre échec, que vous éprouvez jusqu'à l'angoisse, la sensation d'être perdu, d'être seul. Ce pays coloré n'est plus qu'un froid miroir, où se reflètent obstinément votre inquiétude et vos questions. Quels sentiments s'agitent, quelles pensées se dérobent derrière les voiles de ces femmes, sous la laine de ces burnous, au fond de ces maisons fermées, plus secrètes que des cœurs ? Y a-t-il seulement quelque, chose à découvrir dans ce pittoresque implacable ? Toute te cette vie exotique vous demeure tellement étrangère qu'elle arrive à vous apparaître non plus comme la vie même, mais comme une image, un tableau, dont la réalité se déroulerait quelque part à des milliers de lieues... "

Le Kreider ne manque pas d'aperçus pittoresques. On y trouve, sur une légère éminence, un fort, ancien poste d'optique, dont l'aspect quelque peu romantique est bien fait pour surprendre en cet endroit ; on y trouve une source d'eau chaude et une forêt - ou plus exactement un bois assez épais pour ménager un ombrage reposant ; on y trouve une vaste piscine aménagée non loin du poste de commandement ; on y trouve une ferme entourée d'arbres où se poursuivent certains travaux concernant l'élevage du cheptel ; on y trouve enfin, outre de nombreux fruits et légumes, des asperges qui n'ont rien à envier - quand à la saveur - à celles d'Argenteuil.

Mais tous ces agréments ne seraient rien sans la gaîté primesautière de ses habitants, plus particulièrement de sa petite garnison.
Cette gaîté s'est donné libre cours, récemment, à l'occasion des fêtes de la mi-carême qui se sont déroulées au milieu d'une affluence nombreuse à laquelle s'étaient mêlés des curieux accourus des centres voisins. Le cirque Charlot, entre autres spectacles, a suscité l'hilarité des spectateurs grands et petits. Les promenades à dos de mulets, aux selles ornées de feuillage, ont fait aussi la joie de jeunes cavaliers.

Et comme il n'est pas de fête réussie sans musique, les excellents exécutants de la Légion étrangère se sont fait entendre dans des morceaux heureusement choisis.