Gué de
Constantine
Nouvelle unité du potentiel industriel
de l'Algérie
La nouvelle usine de fabrication de boites métalliques du Gué-de-Constantine
peut produire 12.000 boites à l'heure
Hier, au cours de sa visite M. BOUAKUIR a souligné
l'importance pour l'Algérie de cette industrie.
Une belle unité
vient de s'ajouter aujourd'hui au potentiel industriel de l'Algérie,
a déclaré hier matin M. Bouakouir, directeur du Commerce
et de l'Industrie, représentant le gouverneur général,
lors de l'inauguration de l'usine Carnaud (Basse-Indre) du Gué-de-Constantine.
Grâce à ces nouveaux équipements, la gamme complète
d'emballages de fer blanc, de la plus petite boite de conserve alimentaire
aux fûts et tonnelets en tôle noire. est désormais
fabriquée en Algérie.
Une vieille maison
Les Établissements Carnaud, dont la première forge à
été installée à Basse-Indre voici un siècle,
est également une vieille connaissance pour les conserveurs algériens.
En 1924, était installée à Alger une agence commerciale.
Au terme de la même année, dans une petite fonderie du
boulevard Thiers, était entreprises quelques fabrications de
boites. Depuis l'activité de cette société métropolitaine
en Algérie n'a fait que croître.
L'usine du Hamrna depuis la création de son annexe du Gué-de-Constantine,
est spécialisée dans la fabrication semi-automatique des
petites séries de boites et de bidons, en général
non destinés aux conserves alimentaires. Les quinze lignes en
service permettent, une capacité théorique de production
annuelle de 80 millions de boites.
Usine modèle .
Au Gué-de-Constantine, l'usine est, affectée aux fabrications
automatiques à grande cadence de boites destinées à
la conserve alimentaire. Six lignes de fabrication, trois pour les boites
de sardines et trois pour les boites rondes de conserves de fruits et
légumes, permettent une capacité théorique de production
de 9 à 12.000 boites à l'heure, selon les formats.,d'où
un potentiel de 160 millions de boites annuellement.
" Par conséquent, a précisé M. Lelong, directeur
d'Alger des Ets Carnaud, entre l'usine du Hamma et celle-ci, nous pouvons
fabriquer pour le marché algérien 240 millions de boites
par an ".
La visite
Les nombreuses personnalités algériennes présentes.
parmi lesquelles nous avons noté entre autres :
MM. Driot. représentant le président Laquière ;
Moyssenet, représentant M. Cuttoli ; Paoli, représentant
M. Blachette ; Narbonne, délégué à l'Assemblée
algérienne ; Forestier, président du CGPA, ont parcouru
les ateliers sous la conduite des dirigeants des Ets Carnaud (Basse-Indre)
: MM. Jean Petin, président ; Albert Francois-Poncet, directeur
général ; Jacques Lefebvre, directeur ;
Lelong et Brous, directeur et sous-directeur, et particulièrement
apprécié le souci ayant présidé à
la
disposition des lignes orientées vers un meilleur rendement,
tout en exigeant moins d'effort du personnel. Le service des deux usines
est d'ailleurs assuré par 500 personnes, dont 200 au Gué-de-Constantine.
Les machines sont conduites par des femmes sous la surveillance de techniciens
et de spécialistes formés ou recrutés en Algérie
par la société, ou mutés de métropole.
Dans son allocution de présentation. M. Lelong a souligné,
avec satisfaction, l'excellent climat social régnant parmi le
personnel dont plus de la moitié totalise clin ans ancienneté.
Les allocutions
A l'issue de l'intéressante visite, dans le hall de stockage,
au cours d'un vin d'honneur servi par les
maitres traiteurs Charles et Émile Baroli, différentes
allocutions ont été prononcées.
M. Poncet, après avoir rappelé les origines de la firme,
ainsi que ses débuts algériens, a fait état des
deux grandes révolutions industrielles intervenues dans le traitement
du fer blanc : il y a 20 ans, le travail manuel faisant place à
la machine avec pour résultat une notable amélioration
de la qualité. Récemment, l'importante innovation intervenant
dans la fabrication du fer blanc avec le laminage à froid concrétisé
par les puissantes installations de la S.O.L.A.C.
" Nous suivons toujours. dira Mr Poncet, les progrès incessants
de la technique. "'
Cet ensemble d'usines et de moyens modernes donne à la France
une production de fer blanc supérieure à ses besoins.
Un gros tonnage va aller à l'exportation. " L'Algérie,
a ajouté le directeur général de Carnaudl (Basse-Indre),
en consomme annuellement 6.000 tonnes. "
Puis le représentant de la société a motivé
la création de cette nouvelle usine du Gué-de-Constantine
" qui doit avoir une grande puissance de production instantanée
du fait de la caractéristique saisonnière du marché
".
M. Gilbert Narbonne, rapporteur général du budget, a assuré
la direction de Carnaud de l'appui de la
municipalité de Kouba.
Une industrie valorisant
les productions naturelles
Ayant exprimé tout l'intérêt que porte M. Léonard
aux réalisations de ce genre, M. Bouakouir a dit
toute l'admiration que l'ingénieur qu'il est porte à l'organisation
rationnelle de cette usine ; a également rendu hommage "
au souci de productivité du personnel ".
Puis le directeur de l'Industrie et du Commerce a mis en relief le parallélisme
du développement des
Ets Carnaud d'Algérie avec celui des industries de conserves
alimentaires et des activités agricoles et de pêche sardinière.
" Il s'agit, en effet, de ce type d'industries dont la destination
est de valoriser la production naturelle
du pays et qui, de ce fait, sont pour nous parmi les plus désirables
dans le programme d'industrialisation ".
Décentralisation
industrielle
M, Bouakouir a, d'autre part, souligné la décentralisation
vers l'Algérie d'importantes usines métropolitaines et
dont Carnaud (Basse-Indre) donne la preuve.
" Je veux profiter de cette occasion, a-t-il dit, pour répéter
que dans nos efforts pour promouvoir
une certaine industrialisation de l'Algérie, il n'a jamais été
dans notre esprit de n'avoir que nos propres entreprises purement algériennes.
"
Et M. Bouakouir d'ajouter : " J'escime pour ma part insuffisante
la décentralisation de l'industrie française sur l'Algérie.
L'industrialisation que nous désirons ne vise pas à acquérlr
une autonomie systématique et par là même à
renverser brutalement des échanges traditionnels avantageux pour
tous. Mais il nous faut, entre autre, poursuivre le relèvement
du niveau moyen de vie dans la population. Il est un devoir d'ordre
national de promouvoir les entreprises raisonnables créant un
complément de revenue et comportant l'occupation et l'éducation
professionnelle d'une main-d'uvre surabondante, causant un supplément
de pouvoir d'achat. "
Dans sa conclusion, M. Bouakouir a notamment déclaré :
" Nul doute qu'une notable partie de ce supplément de pouvoir
d'achat ne retourne vers les industriels métropolitains. Telle
que nous la. concevons, l'industrialisation de l'Algérie doit
être considérée par ces industriels comme la condition
du maintien du volume de leurs exportations en Algerie. Notre prospérité
est une comme
notre sécurité ".