
Réalisation à lhonneur
des techniciens dE.G.A.
LA NOUVELLE C0KERIE GAZIÈRE DU GUÉ-DE-CONSTANT1NE
EST LA PLUS MODERNE D'EUROPE
Une vue des conduites servant au refroidissement
des gax condenseurs à air et extracteurs
Elle sera officiellement inaugurée en mars
En mars prochain, Électricité et Gaz dAlgérie
inaugurera officiellement son usine à gaz dAlger - Gué-de-Constantine.
Cette industrie du gaz est sans doute une des plus vieilles implantées
en Algérie. La première usine date en effet de 1852. Industrie
plus que centenaire qui connaît, par ailleurs, un développement
considérable depuis ces quatre dernières années
et continue à croître. Pour janvier 1954, lémission
journalière algérienne la plus forte en mètres
cubes est de lordre de 294.500 m3. En 1947, même mois, elle
nétait que de 210.000 m3.
Pour janvier 1958 les prévisions portent sur 395.000 m3 journaliers.
Cette progression découle pour une forte proportion de laugmentation
de la consommation domestique.
Mais il nest pas impossible de songer que cette industrie gazière
interviendra dans la naissance industrielle de lAlgérie.
Lavenir le montrera. Dores et déjà, les techniciens
dE.G.A. en sont fermement et raisonnablement convaincus.
Les usines à gaz fournissent déjà tous les cokes
industriels nécessaires à lAlgérie. Elles
vont sans doute exporter sur le Maroc oriental. Elles sont prêtes
aussi à accroître leurs fournitures de gaz industriel pour
les industries qui se fonderaient. A vrai dire, les installations de
cokerie dE.G.A. peuvent satisfaire tous les besoins industriels
nord-africains.
UNE RÉALISATION TECHNIQUE ALGÉRIENNE
La presse algéroise a été conviée, hier,
à parcourir lusine dAlger-Gué.
Sous la direction de M. Lecutier, directeur, chargé de la production
et de léquipement gaz, et en compagnie de MM. Dubreuil,
ingénieur en chef ; Tremblay, ingénieur, et de M. Fagart,
ingénieur, secrétaire de la direction générale
et du conseil dadministration dE.G.A., les reporters ont
parcouru lusine en voie dachèvement. Visite instructive
au cours de laquelle ils ont, durant près de deux heures, suivi
un « amphi » ambulant austère, mais toujours intéressant
de par sa clarté et sa concision.
Nous naurons pas la prétention den faire une relation
technique.
Et ce nest pas lobjet de ces colonnes.
Les ingénieurs dE.G.A. ont particulièrement insisté
sur la collaboration importante apportée par lindustrie
algérienne à la réalisation de cette installation
qui peut être classée parmi une des plus sinon la
plus modernes usines actuelles dEurope.
Pour lusine dAlger-Gué, E.G.A. a été
le maître de luvre et a établi les conceptions
et les plans principaux.
Certaines parties et certains appareils ont même été
mis au point par les services dÉlectricité et Gaz
dAlgérie. Ils ont alors fait lobjet de plans de détails
pour lexécution par les constructeurs.
Il a été employé extrêmement peu (moins de
1 %) de matériel étranger dans lusine. Et quand
on a été obligé de le faire, on s'est efforcé
de faire travailler en Algérie sur licences ou sur plans étrangers.
Par cette méthode hardie qui a ainsi permis, notamment à
la métallurgie et à la chaudronnerie algérienne
de prouver ses possibilités, on est arrivé à des
prix de revient et à une qualité égaux à
la production métropolitaine ou étrangère et, dans
certains cas, parfois, à un coût inférieur.
Du fait de la suppression de léloignement on a bénéficié
dun gain de temps variant de 10 à 20 % selon les cas. Et
dune souplesse totale dans la coordination.
Cette collaboration confiante a permis de battre un record de vitesse
de construction.
La nouvelle usine, dont la construction avait été envisagée
dès 1948, na effectivement commencé ses travaux
quen 1951.
En deux ans, il a donc fallu lédifier tout en concevant
et en mettant au point le matériel qui la composée,
afin dêtre prêt juste à temps pour le début
de la pointe dhiver 1953-1954 et relayer les batteries de fours
du Hamma qui se sont arrêtées à bout de souffle
pendant lannée 1953.
A huit jours prés, si ce record navait été
établi, la distribution du gaz à Alger naurait pu
être assurée que difficilement et par ia force des bras.
Lavenir montrera, pensent les techniciens E.G.A., le rôle
que remplira le développement des usines à gaz dans lindustrie
algérienne.
Dans ce cas concret, les installations dAlger-Gué auront
au moins permis, une nouvelle fois, de révéler la vitalité
de lindustrie algérienne dont on parle tant, et trop souvent,
comme dune chimère.
LA COKERIE-GAZIÈRE DU GUÉ-DE-CONSTANTINE
Elle constitue un instrument des plus modernes adapté aux nouvelles
orientations du gaz, industrie qui traverse une profonde évolution.
Cette usine donne des taux de production et de travail qui sont encore
inconnus dans les installations de cette puissance ou même dans
les plus grandes usines. A la qualité de ses diverses productions
elle allie la souplesse des solutions.
Par des études approfondies de toutes ses parties, qui ont conduit
à une grande efficacité de ses réglages très
poussés, elle offre une simplicité de conception et de
marche remarquable.
Les résultats recherchés ont été ainsi obtenus.
Les puissances de productions retirées des fours et appareils
ont été sérieusement augmentées. Lensemble
de lusine est beaucoup plus économique que ceux par fois
plus puissants édifiés ailleurs.
A Alger-Gué, grâce aux améliorations et mises au
points faites, ou en cours dévolution, par les ingénieurs
E.G.A., une « unité de production » qui se compose :
Dune batterie de six chambres de fours à coke, capable
de produire à charge normale 25 000 m3 à 5.500/5.700 calories ;
Dune ligne de cracking de 33.0000 m3 jour à 2.200-4.000
calories. Il sagit, là d'un brevet français pratiquement
unique au monde et appliqué pour la première fois industriellement
;
Dune ligne de gaz à leau carburé de 65.000
m3 jour à 2.700/3 500 calories ;
Dune petite adjonction de gaz de gazogène de réglage
et dappoint ; cet ensemble peut produire par jour 125.000 m3 de
gaz démission.
Mais, par le jeu des différents appareils, des différents
gaz et des différents chauffages, on peut abaisser cette production
à 20.000 m3 par jour, tout en gardant les fours à leur
marche nominale constante la plus économique.
Avec cette unité on atteindra des productions qui, rapportées
à la tonne de charbon, pourront atteindre 1.400 m3, alors quhabituellement
les taux étaient de 500 à 700 m3.
Signalons quavec sa deuxième batterie de fours à
coke actuellement montée, et la deuxième ligne de cracking
qui sera ajoutée en 1954, ainsi quavec ladjonction
des lignes de gaz à leau du Hamma. réinstallées
à Alger-Gué après modernisation, on disposera dune
deuxième unité de production identique.
Actuellement, la production du Gué-de-Constantine est envoyée
au Hamma où la diffusion urbaine sopère. Depuis
trois ans, une émission automatique à 7 kilos a lieu sur
Blida.
En 1960, lusine du Hamma cessera totalement son service.
Moderne par sa conception, aisée dans son fonctionnement (les
manutentions y étant extrêmement réduites), puissante
et souple dans sa production, la nouvelle cokerie-gazière du
Gué-de-Constantine marque une étape importante dans le
domaine de lindustrie gazière.
Sa réalisation est tout à lhonneur des techniciens
dÉlectricité et Gaz dAlgérie.