A Kouba, en présence de MM. Charles
BRUNE et Roger LÉONARD
M. Emmanuel TEMPLE a inauguré solennellement
le Centre des Invalides de l'Afrique française
M Marcel RIBÈRE, député d'Alger a rappelé
au ministre les revendications des A.C. nord-africains
Le ministre a décoré de la médaille militaire soixante-sept
anciens combattants
Une décision du
général Weygand, un terrain donné par S. Exc. Monseigneur
Leynaud, des crédits votés par l'Assemblée algérienne,
le dévouement inlassable de M. Gardel, directeur des Anciens
combattants au gouvernement général, voila les bases de
cette uvre admirable qu'est le centre des invalides de l'Afrique
française à Kouba qu'a inauguré samedi M. Emmanuel
Temple, ministre des Anciens combattants et victimes de la guerre.
Mais avant de relater cette cérémonie empreinte de grandeur
disons qu'on sentait la présence invisible mais fidèle
d'un grand chef de l'armée d'Afrique, le général
Juin qui, le 11 mai, à l'occasion de la commémoration
de la victoire du Garigliano serait élevé à la
plus haute dignité de la hiérarchie militaire : maréchal
de France.
Ce serait le deuxième maréchal de France né en
terre algérienne, Franchet d'Esperey ayant vu le jour à
Mostaganem.
On sentait aussi la présence d'un regretté disparu : Raoul
Bergeaux, ce grand invalide de guerre qui, selon la parole du ministre,
oubliait ses souffrances pour adoucir celles de ses compagnons.
Le centre des invalides de l'Afrique
française
C'est le 25 septembre 1941,
que le général Weygand, alors gouverneur général
de l'Algérie, donna ses premières instructions en vue
de l'établissement d'un avant-projet qui devait être longuement
et minutieusement étudié.
La construction envisagée était destinée à.
l'hébergement des Invalides de guerre de toute l'Afrique française.
En fait, avec la cessation des hostilités, seule l'Algérie
devait être intéressée au parachèvement de
l'uvre ainsi conçue.
Les premiers plans furent dressés par M. Martinet, ingénieur
en chef des travaux d'architecture et M. Christofle, architecte, sur
les indications précieuses données avec une largeur de
vue prophétique par M. Raoul Bergeaux. Celui-ci, un des plus
glorieux soldats qu'ait jamais connu l'armée d'Afrique et très
grand invalide de guerre, était à l'époque le directeur
de l'ancien centre installé à titre précaire et
révocable dans les locaux du grand séminaire. Ces locaux
vétustes devaient être échangés, par un acte
administratif enregistré le 22 avril 1943, contre le vaste terrain
de 5 ha. 41 a. 30 ca.. sur lequel ont pu être édifiés
les nouveaux bâtiments.
L'orientation générale du projet devait finalement être
mise au point et réalisée par M. Christofle. Cette orientation
reposait sur le souci essentiel de parvenir à ce que toutes les
chambres d'invalides fussent claires et ensoleillées.
Les bâtiments ou se trouvent ces chambres ont en effet été
construits avec la préoccupation dominante de permettre leurs
mouvements aussi bien aux paraplégiques, liés à
leur voiture d'infirmes, qu'aux ingambes et aux unijambistes, aux invalides
musulmans pendant la période sacrée du Ramadan, enfin
aux mutilés de guerre soit de passage à Alger, soit à
la recherche d'un asile au moins pour une nuit.
Les chambres de paraplégiques, situées au rez-de-chaussée,
sont de dimensions plus grandes que les autres et leurs dispositions
intérieures sont telles que l'invalide peut conduire, lui-même
sa petite voiture jusqu'à son lit et peut passer de l'une dans
l'autre par ses propres moyens.
Les chambres des invalides, incapables de gravir un escalier, sont également
situées au rez-de-chaussée et de plain-pied avec les jardins
comme les précédentes.
Enfin, l'infirmerie a été conçue de telle manière
qu'elle permet de dispenser les soins médicaux dans des conditions
de facilités et de sécurité portées au maximum.
Au centre des bâtiments a été aménagé
un quartier pour le divertissement des pensionnaires. Il comprend :
une bibliothèque, une salle de cinéma et d'audition radiophonique,
une salle de jeux. Même les paraplégiques peuvent se rendre
à ce quartier en suivant des rampes en pente douce.
Le chauffage, les cuisines, les réfectoires, les buanderies,
les garages, ont également été aménagés
suivant les progrès de la technique la plus moderne.
Enfin, trois salles ont été prévues .pour les cultes
catholique, musulman, et israélite.
En résumé, le nouveau Centre des invalides de Kouba peut
abriter 300 invalides dont 240 en chambres individuelles.
L'inauguration
M. Emmanuel Temple. qui
procéda à l'inauguration, était accompagné
de MM. Charles Brune, ministre de l'Intérieur ; Roger Léonard,
gouverneur général de l'Algérie ; Cuttoli, secrétaire
général du gouvernement ; Ribière, directeur de
l'Office national des anciens combattants et victimes de la guerre ;
Gardel, directeur des Anciens combattants au Gouvernement général.
Assistaient à. la cérémonie les hautes autorités
civiles. militaires et religieuses, parlementaires, délégués
à l'Assemblée algérienne, conseillers de l'Union
française, directeurs du Gouvernement général,
conseillers généraux.
Étaient présents : le général Calliès,
commandant la 10° région militaire, et S. Exe. Mgr Leynaud,
archevêque d'Alger. les présidents et présidentes
des fédérations et associations d'anciens combattants
et victimes de la guerre, les associations des veuves de guerre, des
fils de tués, de la Croix-Rouge.
A l'entrée du centre. les personnalités ont été
accueillies par MM. Carayol. maire de Kouba ; Kerdavid. directeur, et
Fontanille, médecin chef du centre.
Les honneurs étaient rendus par les spahis du 6° groupe,
la musique de l'air et une délégation des enfants de troupe
de l'école militaire préparatoire de Koléa.
Le ministre Temple découvrit la plaque commémorative gravée
de ces mots :
" Ce centre des invalides de guerre a été inauguré
le 26 avril 1952 par M. Emmanuel Temple, ministre des Anciens combattants
et victimes de la guerre, en présence de M. Charles Brune, ministre
de l'Intérieur, M. Roger Léonard étant gouverneur
général de l'Algérie. "
Puis M. Kerdavid prononça une courte allocution pour exprimer
la reconnaissance des pensionnaires du centre.
Et dans l'immense réfectoire frappé de la Légion
d'honneur, de la médaille militaire et de la croix de
guerre. eut lieu un déjeuner servi par deux anciens combattants,
Charles et Emile Baroli.
Participaient également à ce repas empreint de la fraternité
d'armes, les vétérans du centre de grands blessés
d'Indochine et une délégation des enfants de troupe de
Koléa.