Pour assurer l'ouverture en octobre
Les futurs prêtres emménageront le 15 juillet dans les
bâtiments du grand séminaire de Kouha
Le corps du Père GIRARD, fondateur de l'uvre sera transféré
dons lo chapelle du séminaire
En octobre prochain, les
grands séminaristes du diocèse d'Alger entreront dans
leur établissement de Kouba, Les invalides de guerre, qui occupent
les bâtiments depuis quelques années, prendront place incessamment
- on le sait - dans le magnifique centre construit pour eux, à
proximité du séminaire.
Le 15 juillet, professeurs et élèves emménageront,
de sorte que l'ouverture des études de la nouvelle année
scolaire pourra s'effectuer très normalement.
Une page nouvelle viendra donc s'ajouter à l'histoire du grand
séminaire de Kouba.
L'uvre du père
GIRARD
Car il y a en effet une histoire riche en faits curieux et émouvants
que l'écrivain Dazincourt n'a pu que résumer : "
Notice sur Joseph Girard ". Pourquoi ce titre ? Parce que le père
Girard, prêtre de la " Congrégation de la mission
", premier supérieur du grand séminaire de Kouba,
fut toute l'histoire de cet établissement.
Lorsque le P. Girard arriva à Alger, en 1842, il y avait bien
quelque embryon de séminaire comprenant deux locaux: un sur les
hauteurs de Mustapha (ancien consulat du Danemark) ; l'autre rue Philippe.
Les cours étaient alors assurés par des pères jésuites.
Nous passerons sur une multitude d'événements pour en
arriver à l'élection de M. Girard - il avait alors 52
ans - comme supérieur de la maison d'Alger, le 6 août 1843.
Le P. Girard décida M. de Salvandy, ministre de l'Instruction
publique, à faire procéder à quelques
aménagements des locaux. Plusieurs concours furent ensuite offerts
au supérieur qui put réaliser - toujours au prix de grandes
difficultés - ce qui est aujourd'hui le petit séminaire
de Saint-Eugène.
C'était en octobre 1847.
La première installation
à Kouba
Il fallut alors penser au grand séminaire. Le jour anniversaire
de la translation des reliques de saint Vincent de Paul, fondateur de
la congrégation des lazaristes (à laquelle appartenait
le père Girard), le supérieur se rendit avec son évêque
à un festival patriotique. Assis à côté du
général de Cavaignac, Mgr Pavy demanda au gouverneur général
de lui céder le camp de Kouba pour y loger ses séminaristes.
Après avoir pris l'avis du général Charron, chef
du service du génie, le général de Cavaignac accéda
au désir de l'évêque.
Quelques jours après, le 25 mai 1848, l'acte officiel était
signé. Et le 31 mai, le soir du couronnement de la Vierge, directeurs
et élèves firent leur entrée au chant du "
Salve Regina ".
Cette rapide décision évita un échec, En effet,
les séminaristes venaient à. peine de s'installer dans
les anciens baraquements militaires que Mgr Pavy recevait l'ordre d'avoir
à. surseoir à l'exécution de ses plans.
Dans ses notes, le père Girard écrit avec humour : "
On nous défend d'entrer ? Mais nous y sommes. Il nous faut l'ordre
d'en sortir. " A quoi l'autorité répondit alors :
" Restez-y ! "
Les constructions
Tandis que les filles de la charité, autres disciples de saint
Vincent de Paul, répandaient leurs bonnes uvres, les lazaristes
arrivaient en nombre assurer le bon fonctionnement du séminaire,
A Kouba, les aménagements se firent progressivement. Un projet
de construction fut ébauché en 1851
Les travaux de la chapelle ne commencèrent cependant que le 2
octobre 1854 et, deux ans après, le
sanctuaire n'était qu'à la moitié de sa hauteur.
Ce n'est que le 19 juillet 1858 que les ouvriers placèrent la
grande croix dorée au-dessus du dôme.
La première aile du bâtiment (aile Saint-Augustin) fut
commencée en 1859 et achevée en 1861, date à laquelle
on entreprit l'autre aile (Saint-Cyprien) dont les travaux furent terminés
en 1868. La même année, en septembre, les ouvriers mirent
en chantier les grands bâtiments formant les quatre côtés
d'un carré au milieu duquel se trouve la chapelle. Enfin, le
1er novembre 1866, la communauté s'installa, à. midi,
dans le grand réfectoire.
Deux semaines après, le 16 novembre, Mgr Pavy décédait.
Mgr Lavigerie, qui lui succéda, fit créer à Alger
deux établissements libres d'enseignement secondaire, ce qui
laissa au séminaire de Saint-Eugène sa véritable
mission.
Le 8 octobre 1875, l'archevêque d'Alger décida de rassembler
à Saint-Eugène, les petits séminaristes et, à
Kouba, les grands séminaristes. En 1877, le cardinal Lavigerie
nomma une commission des séminaires, tandis que les frères
lazaristes se répartissaient les taches et, il faut bien le dire,
y réussissaient admirablement. Le P. Girard, qui mourut en avril
1879, avait réalisé une grande uvre.
De 1908 à 1951
De nouveaux événements surgirent en 1908, après
la loi de séparation. Les deux séminaires durent fermer
leurs porte. Les quelques élèves destinés au sacerdoce
furent contraints de se rendre soit à Oran, soit à Tunis,
soit à Aubenas, dans ce département français dont
Mgr Leynaud est originaire.
En 1917. Mgr Leynaud, ancien élève de Kouba, venait a
peine de prendre possession du diocèse, qu'il s'attacha à
résoudre cette question des séminaires. En novembre de
la mème année. Son Excellence ouvrit un local à
Saint-Eugène, rue Salvandy (du nom précisément
du ministre de l'Instruction publique) et multiplia ses démarches
jusqu'au jour où l'administration diocésaine
fut autorisée à " racheter " le séminaire
de Saint-Eugène, à. N.-D. d'Afrique. La rentrée
officielle eut lieu le 21 novembre 1920,
Grâce à sa patience, à son intelligence, à
sa volonté et à son esprit de justice et de sacrifice,
Mgr l'Archevêque finit enfin par faire triompher le droit et l'équité
dans la question du " séminaire de Kouba ". Ce fut
cependant au prix d'un échange que le vénéré
prélat obtint la réinstallation du grand séminaire
de Kouba. Et, affirmant, une fois de plus, ses hautes qualités
charitables - qui en ont fait
sa devise - Son Excellence retarda volontairement le retour des grands
séminaristes à Kouba afin de permettre aux invalides de
guerre - qui occupent actuellement les bâtiments - de prendre
possession de leur nouveau centre dans les meilleures conditions.
Peu après la rentrée des séminaristes, le corps
du premier supérieur, qui repose dans le caveau des pères
lazaristes, au cimetière communal de Kouba, sera transféré
dans la chapelle du grand séminaire. Ainsi le père Girard,
qui avait mis " son établissement " sous la protection
de sainte Philomène, restera encore au milieu des futurs prêtres.