Kerrata

Visitant les gigantesques travaux entrepris au barrage de KERRATA
La centrale hydro-électrique de l'oued Agrioun
sera une des plus belles de France déclare M. NAEGELEN
Elle résoudra le problème de industrialisation de l'Algérie

Echo du 8-4-1950 - Transmis par Francis Rambert

Une des plus belles centrales de France
La France a montré ici ce qu'elle est capable de faire, ce que sont capables de faire ses ingénieurs. Ces entreprises de travaux publics privées et cela a également sa valeur, car des réalisations d'une telle ampleur ne sont pas sans frapper les populations.
La centrale hydro-électrique d'Ahrzerouftis est incontestablement l'une des plus belles de France. Ce sera notre fierté d'avoir donné à nos populations l'énergie électrique dont elles ont besoin et ceci grâce au concours de la métropole sans lequel rien n'aurait pu être réalisé. "

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Visitant les gigantesques travaux entrepris au barrage de KERRATA
La centrale hydro-électrique de l'oued Agrioun
sera une des plus belles de France déclare M. NAEGELEN
Elle résoudra le problème de industrialisation de l'Algérie

Augmenter au ' maximum la productivité du sol, résoudre en même temps le problème de l'industrialisation de l'Algérie, à la fois pour fixer sur place un certain nombre de travailleurs et subvenir aux besoins d'une économie rurale moderne avec ses industries annexes, voila, en bref, les objectifs des grandioses travaux d'aménagement hydro-électrique de l'Oued-Agrioun, qu'ont visité hier M. le ministre Naegelen, gouverneur général de l'Algérie, et M. Gabriel Taix, conseiller technique pour l'électricité au cabinet du ministre du Commerce et de l'Industrie.
Un débit de 180 millions de mètres cubes
L'aménagement de l'Oued-Agrioun a pour but d'utiliser l'énergie des eaux de cet oued et de son affluent l'Ahrzerouftis sur la plus grande hauteur de chute possible. Au total, on disposera d'un débit moyen de 180 millions de m³, utilisés sur 420 m. de chute brute, fractionnée en deux usines. D'autre part, il a pour but également, grâce à la création d'un barrage, d'assurer une fourniture régularisée annuellement c'est-à-dire de pouvoir fonctionner à plein au moment des fortes charges annuelles, quelle que soit la saison.
L'étude économique qui a été faite avant la mise en route des travaux, a fait apparaître un prix de revient très sensiblement comparable au prix de revient de l'énergie fournie par les usines thermiques.

Il est à noter d'ailleurs que ce prix de revient est forcément plus onéreux en Algérie qu'en France, à pluviométrie égale, en raison de l'extrême irrégularité des précipitations.

Celle-ci nécessite la création d'ouvrages de retenue beaucoup plus importants en moyenne que sur les rivières de France, et c'est à ces ouvrages qu'est due l'augmentation du prix de revient.

Par contre, les aménagements hydro-électriques présentent le grand avantage de nécessiter presque uniquement des charges de capital, les dépenses de main-d'œuvre et de matières premières étant très faibles une fois les centrales achevées.

C'est ainsi que le personnel de la centrale et du poste de l'Oued-Agrioun comportera une vingtaine de personnes au maximum.
Le fait que les dépenses soient presque uniquement des versements d'intérêts permet de conserver à l'énergie un prix de revient indépendant des variations de salaires et du prix du charbon. C'est donc un élément de stabilisation intéressant :

1° A l'amont du village de Kerrata, le barrage de régularisation (Iril-Emda) créera une retenue de
100 millions de mètres cubes. Il aura une hauteur moyenne de 60 mètres, une longueur en crête de 400 mètres. Une usine de pied de barrage utilisera la chute créée par lui.

2° Immédiatement à l'aval de Kerrata, à l'entrée des gorges, un petit barrage voûte de dérivation, permet l'entrée en galerie des eaux de l'oued. Il est utilisé en étape provisoire comme barrage de retenue pour l'usine provisoire des gorges du Chabelt-el-Akra. Sa hauteur hors sol est de 31 mètres.

3° Une galerie de 8 km 800 environ conduira les eaux jusqu'à la vallée de l'Ahrzerouftis dans laquelle se trouve l'usine.

4° L'usine a été prévue sous une boucle de l'Oued Ahrzerouftis, le niveau du radier étant à 60 m. sous le niveau de la plate-forme.

Les travaux seront terminés en 1952

La création d'une usine souterraine a été motivée par le souci d'utiliser au maximum, c'est-à-dire
sur la plus grande hauteur possible. les eaux de l'Oued Agrioun, ce qui a permis accessoirement de la protéger contre les risques de guerre.

Ajoutons que les installations de l'Oued Agrioun, commencées en 1948. seront terminées en 1952. Elles fourniront cent quatre-vingt millions de kilowatts-heure, c'est-à-dire le quart de la production
prévue pour cette année, soit sept cent millions de kilowatts-heure.
Précisons aussi que son usine souterraine sera la première créée en Afrique française.
La gigantesque usine souterraine d'Ahrzerouftis
Au cours de la matinée, le gouverneur général et sa suite se sont rendus par voie ferrée étroite dans
la galerie d'amenée, longue de près de 9 km. et revêtue de béton d'un diamètre de 3 mètres. Là M. Naegelen fit sauter à la dynamite la dernière semelle de rocher, large de 70 centimètres, séparant les deux tronçons de la galerie.
Puis il visita, les travaux de retenue de l'Iril Emda, le barrage de dérivation de Kerrata et, dans
l'après-midi, l'usine souterraine d'Ahrzerouftis, vaste cathédrale haute comme la nef de Notre-Dame de Paris et située à 60 mètres nous terre.
Allocution de M. Naegelen
Avant de quitter ce gigantesque champ de travail qui porte la marque du génie français et fait honneur à la technique et au rude labeur de nos ingénieurs, M. Naegelen a bien voulu nous déclarer :
" Je suis venu il y a un an presque jour pour jour, et rien n'était encore visible de ces travaux gigantesques que vous venez de voir aujourd'hui. L'usine d''Ahrzerouftis me fait songer a une espèce de cathédrale moderne avec sa nef.
Après avoir vu les tunnels d'amenée des eaux de l'oued Agrioun, je ne peux que vous dire mon immense satisfaction, car les prévisions ont été réalisées et que, même, nous sommes quelque peu en avance sur le rythme qui avait été prévu. D'autre part, en dehors du fait de l'importance de ces travaux, vitaux pour l'avenir de l'Algérie, nous avons pu donner du travail à un grand nombre d'ouvriers.
Une entreprise indispensable
La consommation augmente sans cesse de 12 % environ chaque année. Aussi était-il, non pas nécessaire. mais indispensable qu'une telle entreprise soit mise en chantier, surtout que l'énergie thermique revient plus cher que l'énergie hydraulique.
Nous avons un retard à rattraper dans ce pays par rapport au Maroc si nous voulons lui donner le développement correspondant l'industrialisation projetée.
Une des plus belles centrales de France
La France a montré ici ce qu'elle est capable de faire, ce que sont capables de faire ses ingénieurs. Ces entreprises de travaux publics privées et cela a également sa valeur, car des réalisations d'une telle ampleur ne sont pas sans frapper les populations.
La centrale hydro-électrique d'Ahrzerouftis est incontestablement l'une des plus belles de France. Ce sera notre fierté d'avoir donné à nos populations l'énergie électrique dont elles ont besoin et ceci grâce au concours de la métropole sans lequel rien n'aurait pu être réalisé. "
Les personnalités
Au cours de sa visite, le gouverneur général était accompagné de Mme Marcel-Edmond Naegelen ; M. Taix, conseiller technique pour l'Électricité au cabinet du ministre de l'Industrie et du Commerce ; colonel Boisseau ; capitaine Granger, du cabinet du gouverneur ; MM. Augarde, député de Bougie ; Aït Ali, représentant M. Saïah Abdelkader, président de l'Assemblée algérienne ; Bensalem, président de la sixième commission des grands travaux ; Bisgambiglia ; Décaillet, délégué de la région ; Sahli Mohand, délégué ; Pélabon. secrétaire général du Gouvernement général ; Tixier, directeur général des Finances ; Drouhin, directeur de l'Hydraulique ; Bouakouir, directeur de l'Énergie, du Commerce et de l'Industrie ; Papon, préfet de Constantine ; Fournier, conseiller général, maire de Kerrata ; Byr, sous-préfet de Bougie ; Maisonneuve, président du
conseil d'administration de l'E.G.A. ; Weckel, directeur général de l'E.G.A. ; Peron, chef des travaux de l'E.G.A. ; Cevrot, adjoint à M. Peron ; Fayart, ingénieur à l'E.G.A. des grands travaux de Marseille ; Richard, directeur général ; Maure, directeur des travaux ; Farot, Fade et Castilii, ingénieurs de la société Campenon Bernard ; Pigeot, directeur général des entreprises, et Lanilis.
son adjoint à l'entreprise d'Ahrzerouftis, directeur ; MM, Tansimi ; Forès, rapporteur général du budget.