-KENADSA ou KENADZA, sud oranais
Mort du général LECLERC
Le 13è homme ?

Le Père Brenner, ancien Père Blanc, décrit les circonstances de la mort du Général Leclerc le 28 novembre 1947, dans un accident d'avion à 60 km au nord de Colomb-Béchar.
Aujourd'hui, soixante-quatre ans après, le mystère demeure sur la présence irréfutable mais cachée par les autorités, d'un treizième corps inconnu découvert dans l'épave de l'appareil.


mise sur site le 21-11-2011

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voir ici le PDF du récit du père Brenner, cliquer sur l'image : mort du general leclerc

SOUVENIRS INÉDITS DU PÈRE LOUIS BRENNER DES PERES BLANCS, ancien aumônier de la 1ère division française libre, missionnaire à Colomb-Béchar au moment de l'accident d'avion qui coûte la vie au général Leclerc et à ses compagnons.


- Le 13e homme de l'avion du général Leclerc?(Algérianiste n° 136, décembre 2011) A l'attention de L. B. (l'algérianiste n° 132/1 382) et en complément de réponse de J. Lefort (l'algérianiste n° 133, p. 123 et 124* voir ci-dessous)), de la chronique, d'une lettre de Mme de Franqueville (fille du général Leclerc) et de la réponse de Hervé C. de Nice, réponses de Louis Baptiste de Marseille et Pierre C. de Cabriès (l'algérianiste n° 136 p. 121, 122 et 123).

Beaucoup de réponses, encore davantage de doutes ! Les treize corps des victimes du 28 novembre 1947 ont été rapportés dans l'après-midi, venus du lieudit Menaba. Ils ont été pris en charge par le médecin capitaine Ardeber et le lieutenant Gatounine (?) de l'hôpital de Bechar, qui les ont traités pour être présentés au public. Je les ai vus tous en cet état le lendemain matin dans leurs tenues militaires. Ils étaient alignés sur une estrade de bois. J'ai pris quelques photographies. Je dois dire que je ne me suis pas attardé, car je ne connaissais que le général Leclerc (septembre 1943 à Djidjelli en Algérie). Le général n'était pas parmi les corps. Je suis donc allé à la morgue et ai trouvé quelques infirmiers (?) qui fermaient le cercueil, je n'ai clOnc pas revu le général. A quatre, nous avons porté sur nos épaules le cercueil dans la partie exposition, attenant à l'hôpital. Les gardes d'honneur étaient en place, tant militaires que civils. Le lendemain (ou surlendemain), la nuit bien tombée, j'ai présidé la cérémonie religieuse. Puis, direction la gare de Mer-Niger, à un bon kilomètre. En tête de cortège, la musique de la Légion étrangère arrivée de Sidi-Bel-Abbès, puis les corps des victimes; le plus proche de moi était le 13e corps, dans un cercueil en bois blanc, non recouvert du drapeau; non certifié officiellement! J'ai assisté au chargement des cercueils dans la micheline du Mer-Niger nommée " Charles de Foucauld " (deux photos volume III). J'ai publié dans le volume III de ma collection " Afrique du Nord " six photos de ces trois journées: lieu de l'accident, patio de l'exposition des corps, embarquement des corps. En ces jours, un paroissien, le légionnaire Horwath avait recueilli la chevalière qu'il m'a montrée bien nettoyée pour l'envoyer à Mme Leclerc, il avait découpé les étoiles du général et m'en a donné une que je garde toujours (photo dans le volume de la collection " Afrique du Nord " " Algérie et Sahara " avec d'autres photos des deux monuments sur les lieux de l'accident, le très grand bâti par la Légion, l'avion à 150 m à droite et le petit, plutôt une stèle à l'emplacement du corps du général Leclerc). Je suis allé maintes fois en ces lieux prier en 1959. Il s'y trouvait toujours de vieux débris de métal.

Question du 13e homme? En 1960, dans un bulletin confidentiel, l'auteur d'un très bref article, donne son nom, son adresse et son ancienne fonction: aumônier militaire en Allemagne. Il traite cette affaire de vengeance personnelle. Le général aurait fait fusiller un groupe de Français ayant servi sous l'uniforme allemand contre les soviets, l'un d'eux aurait répliqué " Vous servez bien, vous, sous l'uniforme américain ". Un compagnon des fusillés aurait juré de se venger. Cet homme aurait été employé, par la suite, sur plusieurs aérodromes où il aurait préparé son mauvais coup, durant trois années. Son nom n'apparaît pas.

Je n'ai pas utilisé cette information, assez occupé par mes propres soucis. Le confrère qui m'avait transmis le bulletin était quelque peu éberlué. J'ai attendu une source d'information venant d'un autre pour me faire une idée. J'ajoute que ce très bref article indique que les Allemands de ce village avaient élevé dans la forêt une stèle à ces fusillés.

Père Roger Duvollet 70 380 Scey-sur-Saône


Le 13e homme de l'avion du général Leclerc?(Algérianiste n° 133, mars 2011)- Le 13e homme de l'avion du général Leclerc? A l'attention de L. B. (l'algérianiste n° 132/1 382).

J'ai été curieusement mêlé à cette tragique affaire. Inspecteur de police interprète à la direction de la police judiciaire d'occùpation en Allemagne, je me trouvais en décembre 1947 à Lahr (duché de Bade) dans une enceinte militaire française faisant voisiner une base aérienne affectée au transport des autorités et V.I.P. et un camp d'internement hébergeant les rescapés SS du massacre d'Oradour à l'interrogatoire desquels je participais activement. Nous prenions nos repas en commun au mess de l'escadrille. C'est ainsi que je me suis trouvé attablé à côté d'un adjudant-pilote, celui qui aurait dû prendre les commandes de l'appareil qui s'est écrasé dans le désert saharien, entraînant avec l'équipage la mort de son illustre passager. Mon commensal avait refusé de prendre l'air en raison des conditions atmosphériques détestables et du sous-équipement de l'appareil. Sur le terrain il soufflait un vent de sable de plus de 100 km/h et il n'existait aucune couverture instrumentale permettant de s'en affranchir. Et mon voisin, particulièrement remonté me résumait la situation: " un temps de m..., un appareil de m..., un terrain de m... ", description à laquelle il ajoutait dans la foulée " un chef de m... ", lequel devant son refus de prendre " le manche " l'avait gratifié de 30 jours d'arrêts de rigueur, avec, en prime, traduction devant le tribunal militaire. Il a trouvé " un pigeon " pour prendre la suite. On sait ce qu'il en est advenu. Mon commensal ne portait guère dans son coeur le général Leclerc dont il dressait un portrait peu flatteur, partiellement accru par une rancoeur peut-être justifiée: autoritaire, méprisant, cassant, versatile, à la limite du caractériel. Comme quoi la légende pourrait une fois de plus avoir raison des taches de vert-de-gris risquant de souiller l'éclat des trompettes de la renommée.

Jacques L. 13 008 Marseille