-----On trouve dans
les Archives dites "de la Révolution Algérienne"
(Editions JA page 340 Document 64 ), copie d'une lettre du Groupe FLN
(5 membres) de l'Exécutif Provisoire, adressée au GPRA en
date du 27 juin 62. Ce groupe se plaint, entre autres, de ne pouvoir signer
divers protocoles prévus avec les autorités françaises
avant le 11 juillet, vu le manque de directives du dit GPRA, notamment
: le protocole sur le Maintien de l'Ordre, d'où "porte ouverte
aux risques d'intervention de l'Armée française après
le 2 juillet en cas de débordements" (dixit) (ils avaient
peur pour rien ! NDLR).
-----Comme
Katz le reconnaît dans son livre: le statut des FAFA qui découle
de la déclaration de principe des Accords d'Evian (JO du 20 mars)
reste imprécis et ambigu et ce jusqu'au moins la remise des pouvoirs
de l'Exécutif Provisoire à une Assemblée Nationale
Algériennne élue (prévu dans le chapitre V des accords
d'Evian) qui ne sera effective que le 27 septembre 62 par A.Fares en personne
à la tribune de cette assemblée à Alger.(1)
-----Cet état
de fait permet à Katz d'écrire (avec raison pour une fois)
dans sa note n°99 du 20 juin 62 adressée à ses chefs
de corps : que les FAF "contribueront par
leur présence à rétablir et développer la
confiance entre les communautés et qu'elles seront en mesure d'intervenir
pour porter secours en cas d'agression aux ressortissants se réclamant
de la Nationalité Française" fin de citation.
(2)
-----Inutile
de dire que cette note restera lettre morte et qu'elle fut contredite
par des ordres stricts de non intervention la veille de l'indépendance.
Donc il ressort clairement de tout cela que la France était en
droit d'intervenir pour protéger ses ressortissants selon les accords
signés et en l'absence d'un protocole additionnel plus restrictif
(puisque non signé du fait du FLN) au moins jusqu'à la fin
des pouvoirs de l'exécutif provisoire, comme les délégués
FLN l'écrivaient eux-mêmes au GPRA (qui avait sûrement
d'autres chats à fouetter, vu ses dissensions internes).
-----Donc,
c'est bien la France en la personne du Général De Gaulle
(voir livre de Peyrefitte) qui unilatéralement n'a pas usé
de ses prérogatives : abandonnant aux massacres des citoyens français,
européens et musulmans et ce au moins juridiquement jusqu'au 27
septembre 62 où la clause de remise totale de souveraineté
prévue par les accords d'Evian a été remplie avec
retard du fait de la lutte qui sera encore sanglante, pour le pouvoir(3).
-----Il est
à remarquer que le sentiment de culpabilité fut tel, qu'on
ne retrouve plus de traces d'ordre écrit (4)de non intervention
que cependant certains officiers dont le Lieutenant Khellif affirment
avoir dû émarger la veille de l'indépendance et que
pour les victimes françaises on s'en voit tenu au chiffre du Directeur
FLN de l'hôpital d'Oran : 25 morts ! auquel l'Armée
Française se réfère sans plus approfondir alors qu'au
Consulat de France on déclarait 800 "disparus" dès
les premiers jours(5) aucune enquête sérieuse n'a été
effectuée dans les quartiers Musulmans où les gens enlevés
avaient été amenés et il y eut une complicité
évidente entre les autorités militaires françaises
et algériennes pour étouffer l'affaire dans le désordre
et le chaos provoqués par l'exode des français d'Oranie.
La provocation du 5 juillet avait bien abouti : faire avancer vers le
Pouvoir l'Armée des frontières, sous prétexte de
rétablir l'ordre, faire peur aux Français dans la ville
la plus européenne d'Algérie ce qui correspondait aux vues
du clan arabisant d'Oujda conduit par Boumédienne et Ben Bella
qui faisaient d'une pierre deux coups avec leurs services spéciaux
qui sont toujours au pouvoir en Algérie (6)
-(1) En effet les Accords d'Evian n'ont jamais prévu la remise
des pouvoirs au GPRA mais à une "Assemblée Nationale
Algérienne élue.
- (2) Cette note fait référence à une "période
de transition" après l'indépendance sous la direction
de l'exécutif provisoire qui était la création juridique
française.
- (3) La responsabilité juridique et morale du pouvoir français
était donc bien engagée.
- (4) Pour le moment aux Archives "consultables" car il faut
attendre 60 ans pour les autres !
- (5) Voir ouvrage de J.E Chevènement, officier issu de l'ENA chef
de Cabinet adjt du Préfet chargé des liaisons militaires
et à ce titre supervisant le Colonel de la "force locale attaché
à Mr Herly 1" Consul de France à Oran (critiqué
par Katz qui le trouvait trop curieux sur les "disparus").
- (6) Un montage médiatique fut organisé par les responsables
FLN d'Oran à Pont-St-Albin le 10 juillet pour tout "mettre
sur le dos d'un sanguinaire mais minable chef de bande M. Attou qui sévissait
dans les quartiers Est depuis le 19 Mars (voir presse locale dont Echo
d'Oran sous "influence depuis l'indépendance). Le pseudo commandant
Bakhti (de son vrai nom Némiche) complice de Ben-Bella dans l'affaire
de la poste d'Oran et qui lui était tout dévoué tirait
les ficelles de cette affaire que personne ne crut à Oran même
chez les Musulmans.
J-F Paya
Ouvrage "Les Archives de la Révolution Algérienne"
de Mobamed Harbi édité en France (Bibliothèque Nationale
en Histoire)
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Les Forces françaises
en présence à Oran
le 5 juillet 1962, passibles de non-assistance à
personnes en danger
-----En fonction
des Archives militaires et des destinataires des circulaires du Commandement
du "Secteur Autonome d'Oran" nous pouvons donner la liste des
unités et des effectifs (18 000 hommes) présents à
Oran ce jour-là. Lorsque l'on pense que sur presque un millier
d'officiers présents on peut compter sur les doigts d'une ou deux
mains maximum ceux qui ont eu le courage de transgresser les ordres, on
reste sidéré, car certes il y eut le Général
Katz obéissant avec zèle à De Gaulle mais le reste
ne fut pas particulièrement glorieux, le plus hardi étant
le lieutenant FSNA Kheliff commandant de Compagnie du 30è BCP qui
mena une action longue et loin de sa base sans bien connaître la
ville d'Oran. Pourtant les risques pour la "carrière"
étant moins graves (avec en plus un prétexte d'assistance
à personne en danger) que ceux pris par d'autres précédemment
en rupture de ban avec l'Armée gaullienne ! (comme le lieutenant
Kheliff qui passa bien Capitaine après une mutation en métropole).
-----Liste
des unités présentes à cran, et à proximité,
le 5 juillet 1962
Secteur Oran Ville
-----3 Régiments
d'Infanterie + 1 bataillon : 5è RI - 21è - 67è -
3/43è RI -
-----3 Régiments
d'Infanterie de marine + 3 Bataillons : 8è RIMA - 22è -
66è -1/2è - 1/75è - RIMA - 1/2è RAMA
-----2 Régiments
de Zouaves : 2è et 4è Zouaves
-----1 Régiment
de Cuirassiers : 3è Cuir
-----3 Bataillons
de Chasseurs Portés 10è - 29è - 30è BCP
-----2 Bataillons
RA : 1/27è et 324è RA
-----2 Groupements
GAAL : 452è et 457è
-----Enfin
23 escadrons de Gendarmerie Mobile
-----A
cela il faut ajouter les éléments de l'Armée de l'Air
basés à la Sénia et de la Marine à Mers-el-Kébir,
Arzew et Tafaraoui (Aéro-Navale).
-----Soit
une garnison totale de 18 000 hommes dont 12 000 sur le seul secteur d'Oran
-Ville cantonnés sur plusieurs sites, casernes, lycées,
collèges, stades, écoles imbriqués dans la ville
à proximité immédiate des événements
tragiques qui ont eu lieu.
-----En
fait ce 5 juillet à Oran fut ponctuellement la journée la
plus sanglante depuis le début de la guerre d'Algérie à
nos jours malgré ce qui s'y passe encore en 1998.
-----Mais
elle a surtout le triste privilège d'être
un cas unique dans l'histoire où une armée sur le terrain
en place à proximité de ses ressortissants civils désarmés
et pacifiques les laisse se faire massacrer par des éléments
étrangers sans intervenir (sauf cas rares et isolés).
-----Si on
doit reparler du 17 octobre 61 à Paris qui a eu lieu en pleine
guerre d'Algérie alors que le FLN était encore "l'ennemi
officiel" pourquoi pas de cette journée occultée
par l'historiographie gaullienne et FLN, qui a eu lieu après la
fin supposée de toutes les hostilités et en voie d'effacement
de notre histoire avec son millier de victimes identifiables et appelées
hypocritement "disparus".
-----D'autre
part cette journée fut un des actes fondateurs de l'Etat Algérien
dans sa composante militaro-mafieuse manipulatoire et provocatrice dont
les effets sont plus que jamais présents à ce jour.
J-F Paya
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