LE 5 JUILLET 1962 A ORAN
Geneviève de Ternant
Église du Vu, Nice le 05 juillet 2001
-----Beaucoup d'Oranais et surtout des femmes
et des enfants avaient quitté la ville durant les trois mois précédents,
mais on ne vide pas une ville de 400.000 habitants et de plus de nombreux
habitants du bled s'y étaient réfugiés après
l'abandon par l'armée française des villages et les exactions
dans les fermes.
Du 1er juillet, date du vote de l'indépendance jusqu'au 4, il n'y
eut en ville que quelques défilés de voitures surchargées
d'arabes, hommes et femmes hurlant des slogans et des you-you, mais en
somme, plutôt bon enfant
-----Le 5, ordre avait été
donné par radio d'ouvrir les magasins, les bureaux et de reprendre
le travail. Or une foule déferla des quartiers arabes vers les
quartiers européens dés le matin, par la Place Kargentah
vers la Place d'Armes " pour un défilé pacifique "
-----Comment, alors, expliquer que les hommes
étaient presque tous armés, et que beaucoup de femmes dissimulaient
un couteau sous leur voile ?
-----A 11 heures un coup de feu retentit
sur la place d'Armes, un signal sans doute, des cris jaillirent : "
l'OAS, c'est l'OAS qui nous tire dessus "
-----Tout le monde savait que les commandos
avaient quitté la ville fin juin, et qui aurait été
assez fou pour provoquer une foule déjà surexcitée
?
-----En tous cas, ce fut le début
de l'horrible carnage : une chasse à l'Européen commença
sauvage, systématique.
-----On égorgea, on tua au revolver
ou à la mitraillette, on prit des rues en enfilade, tuant tout
ce qui bougeait, on pénétra dans les restaurants, les magasins,
les appartements, assassinant les pauvres gens avec des raffinements de
cruauté, arrachant des yeux, coupant des membres. On vit même
des femmes dépecer des vivants avec les dents. Les auxiliaires
de l'armée algérienne, les A.T.O. emmenaient les Européens
prisonniers par longs cortèges vers le commissariat central où
ils étaient battus et tués, ou vers le Petit Lac, ou vers
la Ville Nouvelle.
-----Pourtant dans cette folie sanguinaire,
des arabes sauvèrent des européens, d'autre intervinrent,
et permirent de délivrer des prisonniers.
-----Le général Katz avait
donné l'ordre de ne pas bouger et les 18.000 soldats français
qui se trouvaient à Oran, restèrent cantonnés dans
les casernes sans intervenir.
-----Katz téléphona à
De Gaulle pour l'informer de l'ampleur du massacre. Le chef de l'état
répondit " ne bougez pas "
-----C'est le seul exemple dans l'histoire
d'un massacre perpétré sur une communauté sans défense,
en présence d'une armée qui laisse assassiner ses ressortissants
sans intervenir.
-----La tuerie dura près de six heures.
Lorsque à 17 heures les gendarmes français sortirent de
leur trou à rats, le calme revint aussitôt.
-----Les cadavres jonchaient la ville, on
en trouva pendus aux crocs des bouchers, dans des poubelles
-----Dans la chaleur de juillet, la puanteur
était horrible.
-----Les soldats français et algériens
déversèrent par camions les cadavres dans le Petit Lac et
les couvrirent de chaux vive. Nul ne sait le bilan exact de cette Saint-Barthélémy.
-----On parlait dans les semaines qui suivirent
de 3.000 morts et disparus
-----C'est le chiffre que donna le sinistre
De Broglie et que reprit le ministre André Santini.
-----Ce qui est sûr, c'est que le massacre
était prémédité car les tueries commencèrentà
la même heure aux quatre coins de la ville qui était vaste.
-----On peut presque dire que les morts eurent
de la chance, car le sort des disparus qui furent signalés par
des témoins dans les mines de l'Algérie, dans des prisons
sordides, dans des maisons closes et des bars à soldats, traités
en esclaves ou torturés fut sans nul doute pire encore.
-----La France vient de
reconnaître le génocide des Arméniens par les Turcs.
Elle nous doit de reconnaître la responsabilité de De Gaulle
et de son gouvernement dans le massacre des oranais le 5 juillet 1962.
-----Sans haine, sans amertume mais avec
détermination nous demandons que soit proclamée la vérité.
Geneviève de Ternant
Eglise du Vu, Nice le 05 juillet 2001
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