JEMMAPES, le 10ème convoi créé :
Le 6 novembre 1792, sur le sol belge, le général Dumouriez, à la tête de l'Armée du Nord, remporte sur les Autrichiens l'éclatante victoire de Jemmapes. A son côté, participe à la bataille un jeune lieutenant ci-devant duc de Montpensier, fils de ce Philippe d'Orléans qui se dit Egalité.
Jean Benoit
pnha n°54 février 1995
sur site le 12/04 /2002...copié ici : mai 2012

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-------Le 6 novembre 1792, sur le sol belge, le général Dumouriez, à la tête de l'Armée du Nord, remporte sur les Autrichiens l'éclatante victoire de Jemmapes. A son côté, participe à la bataille un jeune lieutenant ci-devant duc de Montpensier, fils de ce Philippe d'Orléans qui se dit Egalité.
-------Cinquante six-ans plus tard , le 14 février 1848, devenu Louis Philippe roi des Français, l'ex- aide de camp de Dumouriez signe une ordonnance créant 17 colonies agricoles en Algérie. L'un de ces centres portera le nom de Jemmapes, et doit se situer, sur 2 850 hectares, à l'embranchement des routes à créer d'El Arrouch et de Philippeville à Bône.
------Les 851 colons recrutés à Paris pour peupler Jemmapes constituent le dixième convoi. Les hommes sont artisans ou boutiquiers mais nullement terriens. Seuls ou en famille, ils quittent la capitale le 12 novembre, sur un train de chalands, gagnent lentement, par rivières et canaux, Châlon sur Saône où des "paquebots" fluviaux les amènent au delta du Rhône. D'Arles, ils ralient Marseille par chemin de fer. "Le Cacique" leur fait traverser la merjusqu'à Philippeville via le petit port de Stora.
------Enfin, ils atteignent les terres riveraines de l'oued Fendeck, immense cuvette couronnée de djebels dont les principaux ont nom Oust, Bou Fernana, Serrak, Mekdoua, Denchaba, Tengout, Saïafa, Ferfour, Regouat, Mazeur, Chrebik, Safia.
------Leur campement a été installé par une compagnie du 8ème de Ligne que commande le capitaine Prosper Couston, directeur de la colonie. Hébergement précaire sous les guitounes, maigre rata, climat capricieux, fièvres et choléra morbus deviennent vite le lot quotidien de la fragile communauté dont la plupart des membres ne sont pas de taille à supporter de telles épreuves.
------Beaucoup vont mourrir, dont le capitaine lui-même, noyé en traversant à cheval un oued grossi par les crues. Cinquante familles plus ou moins rescapées sont... "rapatriées" (déjà !). On comble les vides avec des volontaires mieux rompus aux travaux agricoles et aux rudesses du climat : Provençaux, Languedociens et Maltais, qui se mettent à défricher âprement leur morceau de terre.
------La vie s'organise tant bien que mal. Chaque colon a théoriquement reçu I 200 mètres carrés de lot urbain et 8 à 15 hectares de "terre arable". L'Armée fournit vivres, protection des lavandières et quinine. On ouvre un registre d'état?civil dès 1849, on trace des chemins, on élève des remparts, un four banal, des baraquements d'intendance et d'ambulance, on creuse des puits. Deux soeurs enseignent le rudiment scolaire et le catéchisme.
------En 1851, sont installées les colonies de Sidi Nassar et Ahmed ben Ali (où s'implantent des Francs Comtois et des Dauphinois), qui deviendront Foy et Bayard, administrativement rattachées au chef-lieu dont elles sont peu distantes.
------Jemmapes devient commissariat civil en 1857, avec 12 membres... nommés. Les colons ont fini par quitter leurs baraques de planches pour occuper enfin des maisons en dur où la vie continue : on nait, on meurt, on se marie... souvent entre veufs, ce qui permet d'étendre le domaine initialement concédé et ne manque pas de poser de délicats problèmes de succession aux notaires et tabellions.
------En 1867- après 19 années d'existence -voici l'ex-colonie promulguée commune de plein exercice, avec pour premier maire le colonel Antoine d'Hesmivy d'Auribeau, arabisant distingué ( il peut lire " les Mille et une Nuits "dans leur texte littéraire) et homme intègre, qui n'hésite pas à se déposséder de terres offertes en récompense de ses brillants états de service pour y implanter des familles de colons.
-------Un maire non pas élu - ni lui, ni ses successeur M. M. Kayser, de Lannoy Denis et Merle - mais toujours nommé par l'administration tant impériale que républicaine.
-------L'eau est amenée à Jemmapes depuis la lointaine source d'Aïn Saïafa ; on construit des fontaines, une gendarmerie, une modeste mairie. Une église aussi, où peut officier le curé Auguste Estienne, dans un sanctuaire placé sous le patronnage de Spérat (ou Speratus), premier martyr chrétien d'Afrique, décapité à Carthage à la tin du IIème siècle avec ses onze compagnons scillitains.
-------En 1871, au lieu dit Souk el Sebt, sont attribuées des concessions à des familles alsaciennes ayant quitté leur province pour ne pas subir l'occupation allemande. Ce sera La Robertsau, nom d'un village de l'agglomération strasbourgeoise. Ce centre, avec ceux d'Auribeau (Aïn Cherchar), Lannoy (Djendel) et Roknia, délègue bientôt un adjoint spécial au siège jemmapois de la commune mixte créée en 1874 sur 123 558 hectares, avec une population indigène répartie en 21 douars.
-------Près de Roknia, se dissimulent les fameuses grottes de Taya, jamais complètement explorées en raison de leur immensité ; près d'Auribeau, les sources chaudes d'Oued Hammimine sont appréciées, depuis la plus haute antiquité, pour leurs vertus curatives.
-------Le 1 1 mai 1884, pour la première fois, les citoyens peuvent avoir un maire élu. A Jemmapes, c'est Ernest Perney ; à Gastu, Alexandre d'Hesmivy d'Auribeau, arabisant distingué comme son père, et qui assure la fortune de sa commune en faisant greffer les milliers d'oliviers sauvages dont est couverte la région.
-------Ainsi, après 36 années de génèse, peut-on considérer que la maturité est atteinte : indépendance municipale assurée, épidémies et maladies en régression, terre rationnellement travaillée, qui dispense ses richesses en céréales, agrumes, tabac, chêneslièges, vignes, oliviers...
-------Richesses ? Voire !... C'est compter sans le phylloxéra qui, après avoir ravagé la Métropole et permis l'implantation du vignoble algérien, vient ruiner (souvent avec l'aide des banques et des spéculateurs) les espoirs de maints colons. Les uns renoncent et s'effacent, les autres s'acharnent. Le travail, le courage, la solidarité des syndicats agricoles embryonnaires font que la machine se remet en route malgré sirocco, cryptogames, grèle et sauterelles.
-------Le vin des cépages nouveaux titre un degré élevé : en témoignent les médailles que commencent à décerner les concours agricoles ; les agrumes alignent largement leurs frondaisons bien vertes en toutes saisons ; les scourtins des pressoirs à olives suintent d'une huile de grande qualité.
-------L'intense marché du lundi rassemble des centaines de vendeurs et des milliers d'acheteurs entre les mains desquels passent grain, couffins ou poignées d'oeufs, pesantes mottes de beurre, légumes, criblure, dattes pressées, tout ce qui beugle, glousse, braie, caquette, bêle, hennit... en échange de gros billets de la banque de l'Algérie qui sortent de portefeuilles souvent ligotés par une interminable lanière de cuir.
-------En 1903, le chemin de fer à voie étroite qui reliait depuis 1864 Bône aux mines du Mokta el Hadid, est prolongée vers l'ouest jusqu'à la ligne ferroviaire Constantine-Philippeville, via le canton jemmapois. Ce B.M.S.C. (Bône Mokta Saint-Charles) est vite surnommé Bien Marcher Sans Courir, tant sa poussive locomotive et ses rustiques wagons peinent dans les moindres montées ; au point que , affirme-t-on , l'on peut en descendre et y remonter en marche pour cueillir quelques fleurs, piéger des grives à la glu ou "changer l'eau des olives"...
-------Et, coup d'audace !, voici qu'à l'heure où le manchon du gaz (de ville) concurrence la mêche fumeuse de la lampe à pétrole, une petite usine électrique, sous son toit de tôle ondulée, dispense, dès la tombée de la nuit, sa clarté souvent hésitante mais symbole de progrès.
-------Arrive la Grande Guerre, avec son cortège de misères et de deuils. Les familles accueillent de jeunes réfugiés venus des territoires où l'on se bat et où meurent tant de pères, frères, fils dont il faudra graver le nom sur des plaques de marbre extrait du proche Filfila, pour les sceller sur un monument aux Morts conçu par le sculpteur Maxime Real del Sarte.
-------On panse les plaies, on prépare l'avenir, on parle déjà de la célébration du Centenaire de l'Algérie. On construit des écoles, une mosquée. On abat la vieille mairie où se sont succédés, depuis 1884, M.M. Perney, Châtellain, Gouvert, d'Hespel, Xuereb pour la remplacer par un vaste hôtel de ville où se succéderont, à leur tour, M. M. d'Hespel, Willemin, Rochette, Di Scala et Antoni.
-------Chaque année, les premiers samedi, dimanche et lundi de septembre, revient le temps de la grande fête. Très réputée, elle attire en foule la population des "faubourgs" : Philippeville, Bône, Guelma, Constantine, tant elle est préparée avec soin et tant sont renommés ses feux d'artifice, fantasia, orchestres de danse, course cycliste, tournois de boules, stands forains, jeux, attractions scéniques, et cette parure florale d'ensemble dont le thème varie chaque année et que font éclore les mains de fée des belles Jemmapoises.


Hommes et femmes d'exception.
-------Que dire de ces femmes et de leurs hommes qui peuplent le terroir jernmapois ? Peut-on en établir un portrait-robot, en cet entre-deux guerres relativement heureux, avant l'accablement de 1940 ?
-------La collaboration d'une Zakina ou d'une Bardoucha , rarement des deux, ne les dispense pas de manier la tête de loup ou le chiffon-par-terre ; elles cuisinent assez souvent du moyen et du petit gibier, aiment remplir des corbeilles de blondes oreillettes et tiennent en réserve dans leur buffet une odorante bouteille de "jus de sauterelles".

-------Elles sortent peu, sinon pour effectuer une rapide emplette, bavarder avec la proche voisine après "l'avisse !" du tambour de ville, emmener les enfants à l'école ou au "Royal Cinéma Parlant", se rendre au cimetière pour nettoyer et fleurir les tombes, aller faire leurs dévotions et s'installer devant la porte de la maison à la fraîcheur du soir.
-------Certaines "sortiront" un peu plus loin, entre 1942 et 45, pour se retrouver dans l'Aviation, les Transmissions ou la Marine. Quelques-unes sont sorties aussi, un certain 11 novembre 1918, pour carillonner l'Armistice... avec tant de vigueur qu'une des cloches de l'église en restera fêlée.
------Les hommes sont, en politique, pareils au vin : ils se divisent en blancs, rosés, rouges et... incolores comme la fameuse eau de vie de marc du pays dont le titre frise 90 degrés. Une fois leur journée plus ou moins bien gagnée, ils se complaisent à pratiquer une joie de vivre qui les mène au boulodrome, au bistrot, au califourchon d'une chaise pour une sieste supplémentaire, ou au chien qu'on siffle pour aller tirer , seul, un lièvre, des grives ou un perdreau.
-------Mais c'est par bataillons fournis que " la Diane " ou " l'hallali " les dirigent vers Tsmara, Dem el Begra, Zaïtria, Radjeta, Oum Djedien et autres forêts à gland, opulentes en bête noire, pour des battues somptueuses qu'embaument des macaronades mijotant en de vastes lessiveuses.
-------Femmes, hommes, marmailles, par familles groupées, sacrifient collectivement au rite de la Saint-Couffin, pantagruelique casse-croûte de Pâques, Pentecôte, Assomption et autres opportunités festives, vers Grébissa ou la Zaouîa, à moins que ce ne soit au Guerbes dont nul ne leur dispute la plage salée, les amples vagues et les abris de roseaux criblés de soleil.
-------Temps bénis !... dont arrive la contrepartie lorsqu'il faut entamer la longue marche - parfois meurtrière - par dorsale tunisienne, ravins italiens, plages provençales, brouillards francs-comtois, neiges alsaciennes, avant de parvenir aux éclaircies printanières entre Rhin et Danube, puis retourner au pays et à la paix... pour neuf ans.
--------En 1948, la tête annuelle se double des cérémonies du Centenaire, avec illuminations, personnalités galonnées, hommage aux pionniers-fondateurs, inauguration de plaques commémoratives, reprises martiales des musiques militaires et retrospective d'un siècle d'histoire locale.
--------Puis six petites années encore, pour savourer un peu de félicité avant l'engrenage : subversion, incendies, assassinats gachis exode...
--------Dispersés par le vent de l'Histoire, les Mougeot, Cini, Ballet, Ravanetti, Bellichon, Abéla, Chapuis, Scanu, Bonmarchand, Olivero, Grest, Croce, Pellegrini, Thëvenon, Zazzi, Vaudey, Greck, Berbessou, Mattéra, Hentz, Paraire, Farina, Lacombe, Frassati, Clément, Cangi, Chambard, Salon Monfourny, Izac, Laffont, Chazeau. Laurent, Javel, Barbato, Delaporte, Losson, Dupont, Aucel, Gamba, Seyvet, Dessertaine, Bouteiller, Flandin, Mangion, Trapp, Bonnici, Goger, Teuma, Huck, Caruana, Blanc, Rodot, Sultana, Biaudet, Lombardo, Magnon, Saliba, Hugonnot, Camillieri, Tournier, Aquilina, Besart, Cornec, Bertucchi, Bourge, Di Napoli, Illarion, Trévisio, Rochette, Didier, Raybaud, Torasso, Bontoux, Jeanmasson, Belle, Curetti, Richard, Breysse, Meilac, Canuel, Xuereb, Berrux, Avril, Nublat, Trouillas, Vitel, Denis, Eiberstein, Paoli, Colnat, Ehrlacher, Faillant, Natrella, Dacre Wright, Rambert, Palenc, Cals, Gougot, Conangle, Hersant, Criscuolo, Jean, Bianco, Kalafat, Langolf, Brethous, Chavanon, Xerri, Letteri, Orosco, Morvan, Bertagnoli, Montacié, Silvestro, Marot, Refalo, Mège, Dol, Monti, Rivano, Massari, Riera, Corgia, Rémy, Antoni, Bouny, Courbon, Réjany, Valibus, Borghéro, Fratti, Reynaud, Guedj, Toumi, Ferrer, Tournou, Faret, Kondratieff, Fenech, Bastien, Baresi, Fède, Santmann, Dupas, Gamboni, Saillard, Brisset, Pétyx... et tous ceux dont la mémoire du chroniqueur, plus de 30 ans après , a l'ingratitude de ne pas avoir conservé le nom.
--------Au delà des ultimes arrachements, deux vieux célibataires : Mathieu et Guérin se résignent aussi à boucler la symbolique valise...
--------Mais le rideau qu'on pourrait croire tombé sur cette scène finale se relève peu à peu. Au fil des années, les lignes du téléphone arabe se mettent à grésiller pour les reprises de contact. Avec quelques autres, Maria Tournier, Gaston Brandi et Jean Benoit se partagent une pieuse mission : à l'une la présidence d'une Amicale qui groupe 300 familles, au second la sauvegarde des tombes demeurées là-bas, au troisième la parution d'un bulletin de liaison "Jemmapes et son canton". Après le décès de Maria, son fils Henri prend le relais.
--------En Ile de France d'abord, puis çà et là dans l'Hexagone, des réunions amicales autour d'une bonne table réunissent ceux qui ne veulent pas oublier. Certains s'en vont pérégriner parfois au pays natal où ils reçoivent un accueil fraternel et émouvant ; et où, grâce à un ami fidèle, le cimetière, annuellement desherbé, reçoit, des autorités municipales algériennes, la réparation des injures du temps.
--------Episodiquement, Jemmapois et Mondoviens se rassemblent, au souvenir de leurs lointains pionniers qui, fin 1848, au Grand Lazaret de Marseille, vécurent quelques jours de vie commune avant leur départ pour l'aventure algérienne. Des Mondoviens et des Jemmapois qui ne désespèrent pas de voir Paris célébrer en 1998, avec eux et quelques autres, le cent cinquantenaire du départ vers l'Afrique des colonies agricoles.

Camille Regnault de Lannoy de Bissy
--------En 1865, on extrait au prix d'un travail de Romain... et d'Egyptien, au flanc du djebel Oust proche de Jemmapes, un obélisque de grès haut de huit mètres.
--------L'initiative de cette tâche hors du commun revient à l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la province de Constantine, Camille Regnauld de Lannoy de Bissy, qui a l'intention de faire figurer ce monolithe à l'exposition universelle de Paris, en 1867.
--------M. de Lannoy , comme on l'appelle dans la région de Jemmapes où il a acquis des terres et fait édifier une résidence, est né en 1809 à Bissy, près de Chambéry, un demi-siècle avant que la Savoie redevienne française. Aussi lui a-t-il fallu bénéficier d'une dispense pour faire ses études au lycée Henry IV à Paris (il y est condisciple du duc de Chartres, fils ainé de Louis Philippe), puis à Polythechnique et à l'Ecole des Ponts et Chaussées.
--------Après avoir exercé à Angers, Grenoble et Valence... où dit-on, il aurait tiré la barbe du préfet, il est nommé dans la province de Constantine en 1852, et y déploie, pendant 20 ans, une activité prodigieuse.
--------Excellent cavalier, il sillonne interminablement le Constantinois, ne craignant ni les fauves (il écarte les lions de son chemin à mains nues) ni les bandits qui sévissent le long des chemins. I1 fait tracer 800 kilomètres de routes et des lignes de chemin de fer, multiplie les puits artésiens et les ouvrages d'art, lance des ponts, creuse des ports, dresse des phares et ouvre des chantiers de fouilles archéologiques.
--------Dans les Babors, il découvre un conifère qui sera désormais répertorié sous le nom d'abies numidica de Lannoy ; l'espèce figure dans la pépinière qu'il crée à Djebel Ouach, au dessus de Constantine, autour de quatre lacs artificiels destinés à fournir le chef-lieu en eau de bonne qualité. Au Mansourah, il fait planter une vaste forêt en forme de Légion d'Honneur, qui couvre ce coin rocailleux d'une ombre bienfaisante.
--------Pressantant que, malgré la violente opposition des viticulteurs du Midi de la France, la vigne fera un jour la richesse de l'Algérie, il expérimente, sur ses terres jemmapoises, tous les cépages connus, pour sélectionner les meilleurs ; l'émir Abd el Kader lui-même, lui en fait parvenir de son exil syrien. II rassemble aussi de nombreuses plantes exotiques dans une sorte de jardin d'essai, et multiplie les eucalyptus pour assécher rapidement les zones marécageuses où prolifèrent les moustiques.
--------Seul échec de sa magnifique carrière : il n'a pas la fierté de voir son obélisque se dresser au centre d'une place parisienne en 1867... aucun capitaine de navire faisant escale dans le port de Philippeville n'a voulu se charger de transporter une aussi encombrante cargaison.
--------Plus prosaïquement, le monument finira par être érigé au centre de Jemmapes, au milieu de la vaste place qui va de la mairie à l'église. Une plaque y est apposée, plus tard, pour rendre hommage au maire et bienfaiteur de la commune, décédé en 1881 et enterré au milieu de ses vignes, sous un mausolée dont l'ancien polytechnicien a lui-même tracé les plans.

Jean Benoit

"Jemmapes et son canton"
J. Benoit : 440 route de Vulmix (A36)
73700 Bourg St Maurice