SQUARES et JARDINS : Alger, royaume de la flore.
Les jardins suspendus d'Alger
Afrique du nord illustrée du 16-5-1931 - Transmis par Francis Rambert

Les jardins suspendus d'Alger.

Dans sa " bibliothèque historique ", Diodore, de Sicile, nous conte comment le roi Nabuchodonosor-le-Grand réalisa, pour l'amour de la belle Amytis, l'une des sept merveilles du monde : les jardins suspendus de Babylone.

Deux mille cinq cents ans plus tard, Alger-la-Blanche se dresse dans l'éclat de sa jeune beauté, n'ayant rien à envier aux splendeurs de la ville disparue des rives de l'Euphrate : soleil éclatant, ciel pur. charme oriental, luxe, belles filles, et même jardins suspendus.

Bien qu'elles semblent avoir été en proie à la folie de construire des immeubles sans autre recherche qu'un lucre immédiat et sans soucis de l'esthétique, les générations précédentes et la génération actuelle ont cependant conservé, peut-être à leur insu, le sens de la beauté. Aussi, pour égayer le style sobre des édifices modernes et pour leur donner cette apparence de fraîcheur inhérente à l'idée que l'on se fait d'une ville orientale, la verdure et les fleurs sont-elles devenues leur plus belle parure.

Rue d'Isly, sur la terrasse de l'immeuble Bielle, il existe un véritable jardin. C'est un joli coin vert, un berceau de feuillage qui, à la hauteur du sixième étage, étale sa douceur. Au cœur même d'Alger, dominant l'artère la plus animée de la capitale, on est fort agréablement surpris de trouver une telle profusion de plantes formant une voûte d'ombre dans laquelle se détachent de jolis bouquets aux teintes vives.

En plein centre encore, rue Michelet, à la hauteur de la rue Richelieu, il est une terrasse où croissent, comme en pleine terre, des fleurs et des plantes vertes.

Toujours rue Michelet, mais plus haut, à l'angle de la rue Beau-Séjour, soutenu par d'élégantes colonnes, un grand massif de verdure s'étale au troisième étage. Des nappes de chèvrefeuille s'échappent d'entre les balustres et retombent en odorants tapis. Des plantes grimpantes s'élancent autour des piliers et se rejoignent, formant une voûte de fleurs. Que dire aussi du magnifique jardin qui coiffe l'Hôtel Aletti ? Là, le géranium pousse en touffes épaisses, Les pensées, les pâquerettes, de nombreuses variétés de plantes au feuillage charmant tapissent les vastes parterres, tandis qu'une jolie fontaine de style maure murmure doucement, donnant à l'ensemble une impression de fraîcheur.

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mise sur site : oct.2021

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Les jardins suspendus d'Alger
Les jardins suspendus d'Alger.

Dans sa " bibliothèque historique ", Diodore, de Sicile, nous conte comment le roi Nabuchodonosor-le-Grand réalisa, pour l'amour de la belle Amytis, l'une des sept merveilles du monde : les jardins suspendus de Babylone.

Deux mille cinq cents ans plus tard, Alger-la-Blanche se dresse dans l'éclat de sa jeune beauté, n'ayant rien à envier aux splendeurs de la ville disparue des rives de l'Euphrate : soleil éclatant, ciel pur. charme oriental, luxe, belles filles, et même jardins suspendus.

Bien qu'elles semblent avoir été en proie à la folie de construire des immeubles sans autre recherche qu'un lucre immédiat et sans soucis de l'esthétique, les générations précédentes et la génération actuelle ont cependant conservé, peut-être à leur insu, le sens de la beauté. Aussi, pour égayer le style sobre des édifices modernes et pour leur donner cette apparence de fraîcheur inhérente à l'idée que l'on se fait d'une ville orientale, la verdure et les fleurs sont-elles devenues leur plus belle parure.

Rue d'Isly, sur la terrasse de l'immeuble Bielle, il existe un véritable jardin. C'est un joli coin vert, un berceau de feuillage qui, à la hauteur du sixième étage, étale sa douceur. Au cœur même d'Alger, dominant l'artère la plus animée de la capitale, on est fort agréablement surpris de trouver une telle profusion de plantes formant une voûte d'ombre dans laquelle se détachent de jolis bouquets aux teintes vives.

En plein centre encore, rue Michelet, à la hauteur de la rue Richelieu, il est une terrasse où croissent, comme en pleine terre, des fleurs et des plantes vertes.
Toujours rue Michelet, mais plus haut, à l'angle de la rue Beau-Séjour, soutenu par d'élégantes colonnes, un grand massif de verdure s'étale au troisième étage. Des nappes de chèvrefeuille s'échappent d'entre les balustres et retombent en odorants tapis. Des plantes grimpantes s'élancent autour des piliers et se rejoignent, formant une voûte de fleurs. Que dire aussi du magnifique jardin qui coiffe l'Hôtel Aletti ? Là, le géranium pousse en touffes épaisses, Les pensées, les pâquerettes, de nombreuses variétés de plantes au feuillage charmant tapissent les vastes parterres, tandis qu'une jolie fontaine de style maure murmure doucement, donnant à l'ensemble une impression de fraîcheur.

Mais c'est surtout vers la haute ville que se rencontrent ces merveilles. Ce ne sont partout que fleurs odorantes, plantes grasses aux coloris variés, aux formes bizarres, aux épines menaçantes. Aussi, quel charme prenant, lorsque, à la tombée du jour, on suit, en flânant, le chemin du Télemly par exemple. A nos pieds, la ville aux mille feux scintillants, le port, la mer où dansent les fanaux des lamparos. Au-dessus, de belles villas de style arabe, dont les terrasses surplombantes sont parées de citronniers, d'orangers où les fruits d'or se détachent sur le feuillage sombre. Le bougainvillée en tapisse les murs, les hibiscus aux rouges corolles et les délicates grappes mauves des glycines marient leurs teintes, tandis que la brise se charge des senteurs du chèvrefeuille.

Mais, l'un des plus charmants attraits de notre capitale est bien cette t;nasse fleurie, dominant de ses sept étages le coquet quartier de l'avenue de l'Oriental. La verdure, étoilée d'une profusion de fleurettes multicolores, s'y étale en riants massifs au pied d'une longue pergola. Les rosiers grimpants enlacent doucement les fines colonnes, ouvrant au soleil une profusion de fleurettes aux teintes chaudes, aux senteurs capiteuses. Des arbustes, encore jeunes, s'élancent vers le ciel bleu, invitant à la flânerie des bandes de passereaux bavards surpris et heureux de trouver si haut, à mi-chemin de leur course vagabonde, ce gentil coin d'ombre et de fraîcheur.

Entouré de massifs touffus et fleuris, un grand bassin, aux céramiques de couleurs vives, permet à de jolis poissons rouges et noirs de s'ébattre dans une eau claire où retombent en cascatelles bruissantes les gouttelettes irisées de multiples jets d'eau. Au bord de la vasque supérieure, les oiseaux viennent parfois se désaltérer, posant délicatement leurs pattes menues sur le marbre blanc, baissant et relevant, en un geste gracieux, leur petite tête où brillent deux yeux de jais. Les abeilles affairées passent et repassent, chassant sans pitié les papillons dont les ailes se confondent avec les fleurs. Et là-bas, tout au fond, à travers les fines découpures du feuillage, scintille la mer calme et bleue. Au-dessus, les coteaux de Mustapha étalent leur riche damier vert et blanc, formant, jusqu'à l'horizon, comme la continuation du jardin suspendu.

La nuit venue, l'enchantement de ce lieu se fait plus sensible. De la terre nouvellement arrosée, des fleurs, du feuillage, s'exhale une vapeur odorante, tandis qu'une douce clarté bleuâtre accentue les reliefs d'une façon saisissante. Lointaines, étouffées, les rumeurs de la grande ville montent avec peine jusqu'en ce lieu de repos idéal. Évoquant les splendeurs orientales des villes antiques, une raïta, tout à coup, fait vibrer l'air de ses notes traînantes, accompagnant le monotone refrain d'une complainte psalmodiée par les voix indolentes des indigènes occupés aux constructions voisines. Le charme lascif des nuits algériennes est alors plus prenant.

Qui donc oserait prétendre encore qu'Alger a perdu le cachet exotique recherché par les touristes ? Si les exigences de la vie moderne ont quelquefois fait commettre des erreurs, s'il est question de construire ses grattes-ciel, il n'en est pas moins vrai que l'El-Djezaïr d'Hussein Bey vit toujours avec sa casbah, ses mosquées, ses zaouias et ses jardins suspendus.