
UN POINT DHISTOIRE
LE JARDIN DESSAI DALGER
parc public et pépinière
Il est bien difficile, pour un peintre
et homme de lettres, de parler de cette merveille quest le Jardin
dEssai du Hamma sans accumuler les épithètes louangeuses
et se perdre dans le chant des couleurs et des rimes ! Il est difficile
aussi de ne pas dire que ce joyau, dun seul Carra, est pourtant
plus précieux à nos yeux que les mines de Kimberley.
Et cependant, le rôle joué par cet établissement
dans lévolution agricole de lAlgérie est de
première importance.
En 1830, dès les débuts de la conquête, les terres
de lancien palais où se trouve actuellement lhôpital
Maillot, furent mises en cultures d'essai par le général
Lacroutz. Cest cette idée qui fut à la base de la
transformation en sol agricole des marécages insalubres (hamma)
du pied de la colline boisée des Arcades. Comme lécrit
M. Carra, directeur actuel du Jardin dEssai, « Lacte
de naissance du jardin fut signé en décembre 1832 par
le général Avisard, gouverneur général par
intérim, sur proposition de lintendant civil Genty de Bussy
».
Mais l'emplacement de cet embryon était en dehors des limites
présentes: il sagissait de cinq hectares où sélève
maintenant lusine électrique E.G.A. (ex-Lebon). Cela portait
le nom, vivant encore sur une enseigne de café, de « Petit
Jardin dEssai ».
En 1837, acquisition de 18 hectares du côté de la charmante
Fontaine des Platanes.
Lensemble devient alors la « Pépinière centrale
du Gouvernement », jusquen 1861, où lon adopta
le titre de « Jardin dAcclimataion ». A partir
de cette époque, de plantation darbres fut lancé
; un vaste mouvement de propagation décret du 27 septembre 183fi
imposait, dailleurs, aux concessionnaires de fermes domaniales,
lobligation de planter 50 pieds darbres fruitiers ou forestiers
par hectare concédé. Comme il y avait également
à fournir des plants, les Ponts et-Chausssées, le Génie
militaire et les Communes, les pépinières de
Hamma ne chômaient guère, sous la direction
de M. Hardy.
On rencontre, au cours des années, de curieuses précisions
sur les nouveautés introduites en Algérie. Cest
ainsi que, du temps dû préfet Lautour-Mézeray (1865),
la mandarine prit son essor. Ce préfet écrivait dailleurs
au directeur Hardy : « Il faut que vous menvoyiez encore
25 mandarines ; celles que vous mavez adresées sont parties
pour Nice hier : je les ai envoyées à Son Altesse
Royale ia princesse Stéphanie, tante de lempereur, en vous
faisant lhonneur de leur acclimatation en Algérie »
Ce n'est, quen 1867 que le Jardin dEssai connut, à
quelques hectares près, sa superficie actuelle. Et comprenait
alors, sur la partie plate dite « Petit Jardin dEssai »,
disparue aujourdhui, 4 hectares sur la colline des Arcades et
jusquaux abords du ravin de loued Kniss (ravin
de la Femme-Sauvage), 21 hectares 50. Le jardin dessai
moderne compte maintenant 62 hectares tout compris.
Déjà, en 1867, létablissement avait fourni
à la colonisation un nombre important de plants divers, dont
nous donnons ici une idée, daprès M. Carra, toujours
: « Arbres verts résineux, 156.732 ; arbres économiques,
muriers, 271.039 : arbres forestiers 293.446 ; arbres fruitiers, agrumes
576.576 ; etc... ». On ne peut dresser la liste complète
des arbres dalignement et des essences fruitières exotiques
introduites pendant cette période. Signalons seulement, lacclimatation
du mandarinier (1845), de lavocatier (1843), du bananier, du néflier
du Japon, de lanonier, de goyavier ».
Il fallut attendre jusquau 1er janvier 1913 pour que le Jardin
dEssai revint à la gestion du Gouvernement général.
Lannée suivante, il recevait son programme : conserver
au Jardin dEssai son caractère de promenade publique ;
en faire un centre de biologie végétale et dexpansion
botanique ; en faire également un milieu denseignement.
Quatre directeurs sattachèrent à répondre
à cette attente : MM. Castet, Brichet, Boyer et, maintenant.
Carra, ancien élève de lInstitut agricole dAlgérie,