UN INSTITUT INDUSTRIEL A MAISON-CARRÉE
L'Institut Industriel d'Algérie
vient d'ouvrir ses portes.
Nous avons pu voir hier, alors que notre photographe prenait les clichés
qui accompagnent cet article l'arrivée des premiers élèves.
Préparer des chefs d'atelier, des techniciens habiles et finis,
tel est le programme de cette nouvelle école professionnelle.
Le Gouvernement général de qui dépend cette institution
donne, du reste, dans une brève notice les raisons qui ont motivé
cette création :
Cet établissement, dont l'Administration a voulu faire une École
modèle, est édifié à Maison-Carrée,
sur le plateau de Belfort exposé aux brises salubres de la mer,
dans des conditions d'hygiène et de climat très favorables.
Il convient de signaler tout de suite que l'Institut Industriel d'Algérie
est une création originale, d'abord parce qu'elle est adaptée
aux besoins spéciaux de la Colonie, et aussi parce qu'on n'en
trouve pas l'équivalent exact dans la Métropole.
La formation d'ingénieurs, futurs chefs de bureaux d'études,
n'est pas le but essentiel recherché par l'I. I. A., la Colonie
trouvant en France, à cet égard, un recrutement abondant
et facile (École Centrale, Écoles d'Arts-et Métiers,
Instituts spéciaux). Les chefs de fabrication, les chefs de travaux
scientifiquement et techniquement formés font au contraire défaut
en Algérie. C'est cette lacune que l'Administration se propose
de combler par la préparation en trois ans de techniciens habiles
et instruits, capables de devenir des agents de maîtrise dans
les spécialités ci-, après :
1° Électricité,
2° Mécanique générale,
3° Métallurgie, forge, chaudronnerie, charpente en fer,
4° Travaux publics : bâtiments, ponts et chaussées,
chemins de fer,
5° Modèlerie, moulage, fonderie,
6° Menuiserie de bâtiment, ébénisterie, charpente,
7° Moteurs thermiques, machines à vapeur et moteur à
explosion,
8? Dessin industriel, dessinateurs-projeteurs.
L'enseignement général et technique des deux premières
années comprendra les matières suivantes :
1° Mathématiques générales et appliquées.
Mécanique rationnelle. Physique et chimie générales.
Enseignement économique.
2° Mécanique appliquée. Résistance des matériaux
et élasticité. Graphostatique. Dessin industriel, notions
d'usinage et de fonderie. Métallurgie et procédés
thermiques. Thermodynamique et physico-chimie. Physique industrielle.
Technique générale des machines usuelles, mécaniques
et électriques, des engins de manutention et moyens de transport.
Électrotechnique générale et appliquée.
Constructions industrielles.
Cet enseignement sera commun à tous les élèves,
quelle que soit leur destination définitive. C'est seulement
après l'acquisition de ces connaissances communes que les jeunes
gens se consacreront finalement à une spécialité
choisie.
La répartition se fera dans la limite des places disponibles
de chaque atelier, d'après le rang de classement au concours
d'entrée et le désir exprimé par les familles.
C'est donc seulement après un stage préalable, par roulement,
que la plupart des élèves se fixeront dans l'atelier afférent
à leur spécialité. Ils devront y apprendre, d'abord,
la conduite des machines-outils. Ils étudieront minutieusement,
ensuite, tout ce qui concerne les phases d'usinage, le fonctionnement
des machines, leur rendement optimum, les meilleures conditions de travail
des outils, le temps nécessaire aux préparations et montages,
les méthodes modernes enfin, pour l'établissement des
prix de revient des objets manufacturés, et des travaux divers.
L'atelier deviendra ainsi, en dehors de sa destination habituelle d'apprentissage,
un véritable laboratoire de la technique et de la fabrication.
Par cet enseignement les élèves de l'Institut industriel
acquerront le bagage nécessaire à un véritable
conducteur de travaux pratiques et plus tard à un chef d'industrie.