La condensation par le froid au service de la vinification
Un appareil français permet la récupération de l'alcool des gaz de fermentation
Les viticulteurs métropolitains et nord-africains s'efforcent chaque jour, d'améliorer leur production,
d'abaisser les prix de revient et d'écouler sur le marché international du vin des produits de première qualité.
Les recherches techniques sont activement poussées et patronnées par les organisations coopératives.
Ainsi, par exemple, l'Institut coopératif du vin, qui groupe plus de 250 caves produisant 3.500.000 d'hectolitres de vin par an, s'est donné pour but l'amélioration des méthodes de production actuelles, la valorisation des sous-produits inemployés ou mal utilisés.
Cet organisme a été amené à soutenir une réalisation particulièrement intéressante, due à deux ingénieurs de Montpellier ; MM. Jullien et Voisin, pour la récupération de l'alcool entraîné par le gaz carbonique de fermentation,
La récupération des gaz de fermentation
L'élaboration du vin à partir du jus de raisin a lieu sous l'action des levures alcooliques, transformant le sucre en alcool. Cette réaction donne lieu à un abondant dégagement de gaz carbonique.
Un litre de vin produit dégage en moyenne 40 litres de gaz. Ce gaz entraîne avec lui, hors du liquide
des substances volatiles, notamment de l'alcool éthylique. Un pour cent de l'alcool total produit est ainsi perdu.
Aussi, l'invention de MM. Jullien et Voisin est particulièrement intéressante, car elle permet non seulement la récupération de cet alcool, mais encore celle des éthers volatils qui entrent dans la composition du bouquet des vins.
En distillerie industrielle divers procédés ont été expérimentés pour cette récupération. Mais ils ne peuvent être employés dans la vinification
Condensation par l'action du froid
Le nouveau procédé, appliqué aujourd'hui à l'échelle industrielle dans un très grand nombre de caves, est basé sur la condensation par le froid. Le gaz recueilli par un système de canalisation a partir des cuves est dirigé vers l'appareil et refroidi.
A moins 15° C, on peut récupérer 95 % de l'alcool perdu. Entre moins 20° C. et moins 30° C., la totalité des pertes. Pour recueillir le liquide condensé à l'état de gouttelettes, sous l'action de la réfrigération, on fait passer les gaz à travers des chicanes métalliques ou au contact de gouttelettes de façon soit à obtenir les produits de condensation à l'état pur, soit à les utiliser pour enrichir un liquide.
L'appareil condensateur
Le gaz carbonique que l'on veut débarrasser de ses vapeurs d'alcool subit un premier refroidissement dans un échangeur où il emprunte au gaz déjà traité et sortant de l'appareil les frigories qui lui restent.
Il descend ensuite dans une colonne de réfrigération où il est refroidi profondément et remonte
dans un séparateur dans lequel il perd ses gouttelettes d'alcool condensé, soit sur des chicanes métalliques d'où il s'écoule comme eau de vie, soit dans une pulvérisation de liquide.
Puis, avant d'être évacué, il cède à l'échangeur les frigories qui lui restent. Un groupe rnotocompresseur, placé sous le condenseur fournit les frigories.
Réalisations pratiques
Une cave produisant 20.000 hectolitres de vin qui fermentent dans l'espace de 20 jours avec une pointe de fermentation correspondant à 1.500 Hl. par jour perd 20 Hl. d'alcool pur. Cet alcool peut être récupéré sous la forme de 50 Hl. D'eau de vie à 40 degrés ou réincorporé dans le moût en fermentation.
Dans la journée de pointe, la dépense sera d'environ 6500 frigories-heure effectives.