

La délégation du Conseil économique
a visité les zones de forage de la C.R.E.P.S. à In-Salah
Il est de notre devoir de faire fructifier
ces régions pacifiées
par les pionniers dhier a déclaré M. DEVRIES Nul
ne peut encore affirmer quil y ait du pétrole au Sahara.
Mais les promesses du sous-sol sont grandes et encouragent les hardis
prospecteurs, conquérants modernes du Désert. Déjà
In-Salah, à douze cents kilomètres au sud dAlger,
préfigure ce que seront demain les oasis, si lor noir jaillit.
In-Salah, quartier général de la C.R.E.P.S.
Une vie nouvelle, en effet, est née dans la capitale du Tademaït.
Une fois par semaine les multimoteurs dAir France bourdonnent
dans son ciel inexorablement limpide, des camions sillonnent ses abords
désolés.
Et, topographes, géologues, sondeurs, viennent grossir, de temps
en temps, sa minuscule population européenne.
In-Salah est devenue le quartier général de la CREPS (Compagnie
de recherches et dexploitation du pé trole au Sahara).
Cette évolution sopère, sous les yeux du chef dannexe,
le capitaine Thomas. Un officier digne des meilleures traditions du
Sud et qui a mis toute son expérience et sa connaissance du bled
au service des techniciens. Avec dautant plus de plaisir quil
a retrouvé parmi létat-major local de la CREPS,
un autre vieux saharien : le colonel Estève. Sondages à
Berga et Djoua
Les murs roses et crénelés du bordj ont reçu mercredi
la visite des envoyés du gouvernement : la délégation
du Conseil national économique conduite par M. Urbani, représentant
M. Roger Léonard, accompagné de M. Figière, directeur
du Service de presse du Gouvernement général.
La CREPS a iplanté deux forages autour dIn-Salah, Berga
et Djoua.
Tous deux ont été vus par les voyageurs. Le temps manquait
pour se rendre au premier (situé à cent
trente kilomètres au Sud), mais M. Goudant, directeur dAir
France, qui était du voyage, tourna la difficulté :
quelques minutes après sêtre posé sur laérodrome
dIn-Salah, le DC 4 décollait à nouveau et survolait
le chantier de Berga, à très basse altitude
Derricks dans le ciel saharien
Chacun des passagers put à loisir observer le derrick qui dresse
là ses cinquante mètres de charpente
métallique. Autour du pylône, quelques baraquements qui abritent
une poignée dhommes. M. Devries, directeur de la Régie
autonome des pétroles et de la C.R.E.P.S., ainsi que son adjoint,
M. Cazenave. donnèrent quelques précisions sur le chantier
:
« Les forages atteignent 1.300 mètres ; des traces de gaz
sont maintenant décelables. Vous voyez là lun des
chantiers les plus durs du monde. La température atteint 50 degrés
en été et il faut arrêter les travaux, ou tout au
moins les mettre au ralenti dès le mois de mal. »
Berga est lenfant chéri de la C.R.E.P.S. Sa réalisation
lui a demandé des efforts inouïs. Il a fallu, en effet, construire
une piste dune centaine de kilomètres et acheminer quinze
cents tonnes de matériel dans les conditions que lon devine.
Djona est plus facilement accessible, vingt-cinq kilomètres environ
dIn-Salah. Les forages atteignent là trois cents mètres
de profondeur. Et les « cuttings et carottes » extraites constituent
des indices encourageants. Dignes des pionniers d'hier
Un déjeuner succulent fut servi au bordj réunissant autour
des officiels et des dirigeants de la C.R.
E.P.S. les Sahariens, léquipage du DC-4 et les journalistes.
Des allocutions furent prononcées, témoignant du labeur
des techniciens et de lintérêt des personnalités.
M. Devries fit lhistorique des recherches et précisa quil
avait été accordé à la C.R.E.P.S. la prospection
de 145.000 km2 (le territoire dIn-Salah), vaste zone au nord du
Hoggar de conditions géographiques très difficiles. Il rendit
hommage à tous les prospecteurs et techniciens, à Air-France,
à la bienveillance des officiers des Territoires du Sud. Il demanda
à M. Urbanl dintervenir pour que le Gouvernement aide les
travaux. « Sil y a du pétrole au Sahara, nous démontrerons
quil est
exploitable et nous construirons des pipe-lines de 1.500 kilomètres.
Il est de notre devoir de faire fructifier ces réglons pacifiées
par les pionniers dhier. Le Sahara au secours de l'économie
algérienne...
M. Urbani, dans sa réponse, dit combien il avait été
touché par "l'accueil fait aux voyageurs. Lhospitalité
offerte constituait déjà un tour de force. Se tournant vers
les conseillers économiques, lorateur pour suivit :
« Ce raid vous aura permis de voir quel immense pays est lAlgérie,
et combien limitées sont les
zones agricoles. Car sitôt franchis les derniers contreforts de
lAtlas, cest le désert. Or, lAlgérie a
une démographie qui nous fait honneur, mais qui pose bien des problèmes
(220.000 naissances chaque année).
Il faut donc une économie qui ne soit pas uniquement basée
sur lagriculture. Les richesses minières du Sahara, son pétrole,
promettent un essor industriel considérable. Il est bon que vous
ayez été les témoins de ce potentiel ».
Cest M. Dary qui, en sa qualité de vice-président
du Conseil économique, répondit au nom de ses collègues
: « En effet, léconomie dun pays ne peut être
équilibrée qui si elle repose sur une agriculture et une
industrie harmonieusement développées ».
M. Dary, en terminant, assura la C.R.E.P.S. quil serait leur avocat
auprès du gouvernement... Un symbole d'avenir
Lappareil dAlr-France quittait In-Salah à 17 heures.
Bientôt sa palmeraie et ses constructions, à
larchitecture vaguement soudanaise, disparurent, noyées dans
les immensités ocreuses du Tademaït... De ces immensités
doù surgira, peut-être demain une source de mieux-être
pour tous, symbolisée par la silhouette dun derrick dressé
sous un ciel implacable. -
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