EN PRÉSENCE DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL
ET DE MME ROGER LEONARD
15.000 personnes ont assisté à la " Nuit Bleue "
apothéose de la saison algéroise
La " Frégate " a été gagnée par
M. Martin REY de Maison-Carrée
Les années se suivent mais ne
se ressemblent pas... dit-on souvent. Ce dicton a été
mis en défaut avec la désormais traditionnelle fête
de Journalistes algériens
Depuis trois ans, chaque fois, le succès couronne les efforts
déployés par le bureau de l'Amicale. Succès populaire
qui vaut une affluence record se pressant dans les enceintes de l'hippodrome
de la Société des courses d'Alger. Succès spectaculaire
aussi, à un degré moindre, peut-être - car il n'est
pas toujours facile d'innover totalement - mais qui a l'heur de plaire
au grand public.
" La Nuit Bleue " a le grand mérite de réunir.
et de brasser harmonieusement toutes les classes sociales, particularité
lui donnant le caractère de la grande manifestation réellement
unique en son genre.
Un ciel clément
Il s'est pourtant fallu de peu pour que le déroulement des festivités
de la " Nuit Bleue " soit contrarié. Vendredi soir, le
soudain et violent orage qui s'abattit sur Alger n'augurait rien de favorable
pour le lendemain. Les prières ferventes et secrètes des
journalistes furent entendues... et les prévisions optimistes du
météorologue de service samedi après-midi confirmées.
Certes, les nuages étaient présents, voilant souvent la
lune causant autant de tourments au président Ferrari ! La brise
légère constante, aussitôt s'attachait à dissiper
le halo. Ne s'en tenant pas seulement à ces fonctions capitales,
le souffle rafraîchissant chassait même l'épaisse fumée
causée par les artifices de Ruggieri... Quelle bonne volonté
évidente
Le ciel était avec nous ! Jusqu'à
l'aube. Nous faisant apprécier davantage sa bienveillance en se
rappelant à nous deux fois, avec tact durant que les couples se
pressaient sur la piste du cabaret ou au bal dénommé "
champêtre ".
Nuit bleue
Circulant parmi les enceintes du pesage, aux arbres truffés de
points multicolores, ou au pied des bougainvilliers blancs, sous l'intensité
des projecteurs, les parieurs hésitants ou sûrs de leurs
" tuyaux ", vérifiaient les engagements en se pressant
aux guichets du mutuel puis, rapidement regagnaient leur place pour encourager
leurs favoris sur l'anneau lumineux des pistes à. l'éclairage
vraiment parfait.
Favorisés, seuls les convives de Michel Baroli, dont le restaurant
en gradins a agréablement surpris, avaient leurs mises prises à
leur table par des coursiers.
Les pilotes des motos jetèrent une note " pétaradante
" inhabituelle sur le Caroubier, dont la piste de plat exigeait des
motards adresse et force musculaire pour maintenir les machines stables
à 110 et même 120 km.-heure.
" Flamenco "
Avec Maria Aranda et sa compagnie, ce sont des aspects typiques du pur
folklore espagnol qu'il nous a été donné d'applaudir
en regrettant toutefois l'éloignement du podium... A l'invite de
Pascal Mirallès et de son orchestre, ou de la guitare de Ricardo
Blasquez, a répondu le chatoiement des couleurs vives des robes
de Maria Aranda et Esmeralda, contrasté par le noir des costumes
de Ramon Almeda et José de la Motta.
Feux croisés des projecteurs, intensité lumineuse des rampes,
bruit des castagnettes, c'est la " Jota Valenciana. " et aussi
le " Boléro " de Ravel.
Sensations !
Après la danse, après les trompes de chasse du Débucher
d'Alger, place à la cavalcade. aux galops intrépides des
cavaliers du 6° E.S.A.. transformés, semble-t-il, en torches
humaines par la volonté de la pyrotechnie.
Sensation ! Les fils et le char de Vulcaln, entraînés au
galop d'un cheval affolé, boules de feu d'où jaillissaient
vers le ciel de longs traits phosphorescents.
Le hasard
Le tirage tant attendu de la Frégate grand luxe fut confié
à des mains enfantines. Après deux tentatives, le hasard
composa le numéro 14.554 dont le titulaire, malgré de nombreuses
invites du " reporter de service ", ne se présenta pas.
Et pour cause... nous devions apprendre hier après-midi qu'il ne
se trouvait pas au Caroubier.
Soucoupes volantes
La première fois que l'étrange forme monta rapidement à
la verticale pour s'arrêter et amorcer une chute, on pensa que la
pièce avait manqué son effet. Soudain. Surprise, telle une
soucoupe, ou du moins selon l'imagination. le foyer lumineux reprit de
la hauteur, traçant de folles courbes dans le ciel.
D'autres suivirent, à la grande joie du public. Ce dernier, d'ailleurs,
applaudissant les arabesques colorées, les pluies d'or, les cascades
de ce feu d'artifice qui ne déçut pas, bien au contraire.
C'est en une fantasia rapide, trop brève au goût de beaucoup,
accompagnée d'un orage - artificiel celui-la - que passèrent
les spahis du capitaine Le Blanc, vivement acclamés.
Les personnalités
Dans la tribune d'honneur, aménagée également de
petites tables, M. le Gouverneur général et Mme Roger Léonard
ont fait aux journalistes le grand honneur d'assister à ù
leur gala, d'éminentes personnalités avaient pris place
: MM. Cuttoli, secrétaire général ; le Préfet
et Mme Tremeaud ; le maire d'Hussein-Dey et Mme Prince ; le maire d'Alger
et Mme Gazagne ; le président Farès et Mme ; M. Vlalas.
directeur de 1'Agriculture ; le président de la Région économique
et Mme Nicole Schiaffino ; le général Vaillant, représentant
le général commandant la X° R,.M. et Mme ; lechef d'EM
de l'amirai Sala et Mme Lamorte ; MM. de Sérigny, directeur général
de " L'Écho d'Alger " ; Raoul Perrier, directeur de la
" Dépêche quotidienne ", etc...
A la Frégate
Après le départ de M. et Mme Léonard et des autorités,
de très nombreux couples - il fallut instaurer un filtrage sévère
à l'entrée - se rendirent au cabaret la " Frégate
" où Charles et Émile Baroli les recevaient avec leur
bonhommie bien connue.
Une dernière fois, on y applaudit longuement la compagnie Maria
Aranda, avant de s'exclamer joyeusement devant les facéties de
Jean Richard et Roger Pierre.
Le soleil était depuis longtemps apparu au-dessus de l'horizon,
lorsque les derniers convives regagnèrent leur logis.
La Nuit Bleue d'Alger ? Le vértable clou de la saison..
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