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-----Le port d'Alger
est peut-être unique au monde : militaire, touristique, commercial,
il est divisé en zones ayant chacune son pittoresque. Dans la darse
de l'Amirauté, c'est toujours le va-et-vient des torpilleurs de
la Défense Mobile ; souvent un invité, croiseur ou cuirassé,
apporte une allure de bataille navale aux évolutions d'entrée,
de sortie et de pilotage. Et la baie elle-même est fréquemment
le champ de manoeuvre d'une escadre entière. Puis la flotte change
de caractère, voici les embarcations de plaisance, yachts, voiliers
de course, canots et pasteras, alignés le long du quai du Sport
Nautique. On se montre les plus connus de ces petits bateaux effilés
et gracieux : ceux des fils Hanin et des fils Rajasseur. Plus loin, les
entrepôts de charbon, la douane, les hangars de la Transatlantique
et des autres compagnies de navigation, offrent le spectacle classique
des ports méditerranéens, sales, surchauffés, grouillants
; à bord des Sitgès-Hermanos, les amateurs de courses de
taureaux s'embarquent chaque année pour gagner l'Andalousie. De
grands trois-mâts viennent d'Amérique ; et les peintres s'attachent
à fixer sur leurs toiles la forêt voguante, sautillante,
la palette aux cent teintes, chatoyant aux flancs des tartanes, des balancelles,
des felouques turques, et de tout ce qui, venant d'Espagne, d'Italie,
de Marseille, de Corse et de l'Orient, est capable de danser sans couler
sur cette eau verte où flottent les tranches de melons, les bouchons,
les bouteilles, les babouches et les excréments, dans un joyeux
clapotis. Paul Achard |