(Crédit photo : Centre aixois des Archives départementales
des Bouches-du-Rhône)
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L'arrivée et l'installation des
Harkis en Provence
(Var et Alpes de Haute Provence)
Le mot Harki est un mot provenant d'un
terme arabe, harka, et qui signifie mouvement. Le mot est né, semble-t-il,
en 1956, lorsque le commandement supérieur ordonne la création
d'unités supplétives dont les combattants étaient
recrutés parmi la population musulmane. Le vocable harki est toutefois
confus car il peut englober aussi bien des appelés que des ralliés
volontaires par conviction idéologique, ou encore des moghaznis
c'est-à-dire des combattants recrutés par les S.A.S, ou
enfin des membres des Groupes Mobiles de Sécurité.
On estime à 200 000 le nombre de musulmans servant sous le drapeau
français pendant la guerre d'Algérie ; mais si on ajoute
ceux qui servaient sous le régime civil, on peut alors considérer
que le nombre de Harkis s'élèverait à 500 000 personnes.
Si, comme nous l'avons vu précédemment, rien n'avait été
prévu pour l'accueil des Français rapatriés, on peut
affirmer, qu'en très haut lieu, l'abandon des Harkis avait été
envisagé même si, le 28 avril 1962, le Comité des
Affaires algériennes avait décidé la mise en place
d'un camp de transit à Marseille. Le 11 mai, lors d'un débat
à l'Assemblée Nationale, deux députés algériens,
messieurs Azem Ouali et Deramchi posaient la question à Robert
Boulin : " Que va-t-il advenir des Harkis et des Moghaznis ? ".
La réponse fut claire : " Tout musulman venant sur le territoire
métropolitain a le droit de bénéficier de la loi
de décembre 1961 " (1). Il omettait de préciser comment
les Musulmans pourraient quitter l'Algérie. Il semblait ne pas
connaître les intentions de son collègue, le ministre des
Affaires Algériennes qui le 16 mai interdisait le rapatriement
des supplétifs et de leur famille, et prévoyait des sanctions
contre ceux qui enfreindraient ses ordres. Les premiers Harkis avaient
débarqué à Marseille un mois plus tôt et les
arrivées n'ayant pas cessé depuis, le ministre des Armées
décide le 26 mai l'ouverture du camp du Larzac pour trois mois
et de prendre en charge l'encadrement des détachements, et leur
transport. Comme on le voit, si en Algérie, la situation était
confuse quant aux décisions à prendre à l'embarquement
ou non des Harkis, elle ne l'était pas moins au plus haut niveau
de l'Etat, avec un président de la république qui ne désavoua
jamais son ministre des Affaires Algériennes se montrant même
méprisant envers les supplétifs " des Français
? Ces Arabes en burnous et djellabas ! "
Il aura fallu donc le dévouement et l'abnégation de nombreux
officiers et sous-officiers français, surtout de la Marine Nationale,
qui ont bravé les ordres du commandement supérieur et des
autorités politiques pour qu'un certain nombre de Harkis puissent
avec leurs familles être repliés en France.
Selon une première estimation -ancienne- parue dans Documents Nord-Africains,
n°608, 22 mai 1965, les Musulmans rapatriés d'Algérie
étaient :
3 150 dans les Bouches du Rhône
1 938 dans le Var
1 835 dans les Alpes Maritimes
947 en Vaucluse
802 dans les Alpes de Haute Provence
239 dans les Hautes Alpes, soit en tout, 8 911 personnes en Provence Alpes
Côte d'Azur.
En réalité, on verra que ces chiffres sont largement sous
estimés ; d'abord parce que d'autres Harkis viendront s'établir
dans les départements du Midi, ensuite parce que des familles entières
qui avaient été séparées vont se regrouper,
enfin parce que la natalité contribuera à augmenter le nombre
de ressortissants de Français Musulmans.
Les Harkis
dans le Var
(Crédit photo : Centre aixois des Archives départementales
des Bouches-du-Rhône)
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Le 22 juin 1962, le La Fayette quitte Toulon pour Alger. Le journal de
bord (2) annonce l'embarquement de passagers sans autre renseignement.
Il s'agit en fait de Harkis. C'est plus de quarante ans après,
à la lecture des ordres du Commandement de bord (3) que nous l'apprenons.
920 personnes ont été convoyées à Marseille.
La presse locale qui a eu vent de l'affaire annonce 1 100 personnes ;
la télévision régionale présente au débarquement,
filmera quelques images ; ce sera un des rares témoignages filmés
que l'Histoire a conservé. Le Commandant adresse à l'Etat
une facture de 3 342 NF et 10 centimes correspondant à la délivrance
des denrées (1 000 ufs, 400 oranges, 300 pains, 200 pommes,
du buf congelé, du jus d'orange, du café, du sucre
)
Ces Harkis seront acheminés vers le Massif Central et d'autres
régions rurales du centre de la France (4). Le 6 juillet, en pleine
grève des marins de Marseille, un paquebot réquisitionné,
le Phocée, arrive à Toulon avec " 576 réfugiés
de confession musulmane dont 150 enfants de moins d'un an. On remarquera
la citation empruntée à la presse locale varoise qui ne
mentionne pas le terme Harki ! Ces réfugiés sont installés
dans un bâtiment désaffecté, car bombardé en
1944 ; il s'agit de la caserne Beaulieu du 4ème colonial au Mourillon
; une manifestation d'hostilité, d'origine inconnue, des jets de
pierre, est signalée, sans grave conséquence sinon quelques
vitres brisées. Anecdote, le maire de Toulon se souvient de l'arrivée
d'un grand nombre de jeunes femmes musulmanes, qui " assises par
terre dans les jardins du V° dépôt, prirent subitement
le chemin de la gare et disparurent " !
Plusieurs centaines de Harkis seront transportés d'Algérie
vers Marseille sur des bâtiments de la Marine Nationale partis de
Toulon, comme les débarquements de chars le Trieux ou l'Argens
-auparavant, certains harkis auront trouvé refuge dans des baraquements
inoccupés situés au sein de la base de Mers el Kébir
mais les conditions surtout après le 3 juillet sont dangereuses
car le privilège de l'extra territorialité ne s'applique
pour eux. Dans ces cas là, la traversée s'avère particulièrement
pénible car ces bâtiments ne sont absolument pas prévus
pour des transports de passagers. Epuisés, les Harkis transitent
par des camps comme Saint Maurice l'Ardoise (Gard), Rivesaltes (Pyrénées
Orientales)
camps provisoires, mais qui s'installent dans la durée.
Près d'un an après l'arrivée des premiers d'entre
eux il est décidé de les transférer dans des hameaux
forestiers. En fait l'idée avait été émise
très tôt, -par qui ? par le préfet des Alpes de Haute
Provence ? par le Ministère de l'Agriculture ? - dès l'été
1962. Il s'agissait de reclasser les Harkis selon certains critères
: éloignement des centres urbains, s'assurer de leur protection,
les insérer professionnellement et les loger au moindre coût.
75 hameaux forestiers sont prévus dont un tiers en P.A.C.A.
Dans le Var, ces hameaux sont répartis sur neuf localités
déterminées par le Ministre des Rapatriés, qui, en
date du 19 avril 1963, annonce par courrier au préfet du Var que
des chantiers de forestage seront implantés dans son département
(5). Et d'ajouter : " En raison du caractère d'urgence que
revêt le recasement des familles de Harkis, il conviendrait que
ces chantiers soient mis en place avant la fin juillet 1963. "
Ces localités sont : Saint Maximin, Gonfaron, Collobrières,
La Londe, Le Muy, Saint Paul en Forêt, Rians, Montmeyan, Néoules.
Encore faut-il souligner que les hameaux sont très éloignés
du centre urbain ; ainsi le hameau de Capelude sur le territoire de Collobrières
est situé à 14 kilomètres du centre et de ses activités
administratives, scolaires, commerciales. Cet isolement géographique
est propre à tous les hameaux à l'exception des Peyronas
situé à 1,5 kilomètre de Saint Maximin.
Suite à une réunion qui se tient à la Préfecture
du Var le 26 avril 1963 et qui rassemble le Préfet représentant
le Ministre des Rapatriés, son adjoint, le Directeur Départemental
de la Santé, le Conservateur des Eaux et Forêts et son ingénieur,
l'Ingénieur en chef du Génie Rural, l'Inspecteur d'Académie,
il est décidé qu'outre les sites retenus, il reste à
étudier d'autres emplacements possibles à Six Fours, Brignoles,
Pierrefeu, Les Mayons, Puget sur Argens. Il est également décidé
que l'Etat prendrait en charge l'intégralité des dépenses
d'installation y compris la construction de classes supplémentaires
et les frais de ramassage scolaire. Les municipalités, en contrepartie
doivent apporter leur soutien moral (sic) ! 248 logements sont prévus.
Mais sur chacun des huit chantiers - celui de Collobrières est
reporté momentanément-, il convient d'attribuer un logement
pour un sous-officier responsable du centre c'est souvent un ancien des
Affaires Musulmanes en Algérie-, un autre logement pour une assistante
sociale, un troisième pour un préposé des Eaux et
Forêts et un quatrième qui servirait de lieu de réunion.
Soit un total pour le Var de 216 logements destinés à autant
de familles, ce qui représenterait plus d'un millier de personnes.
La Commission du Ministère des Rapatriés, réunie
le 6 mai 1963, précise la répartition des chantiers, les
conditions d'implantation et lance un appel d'offres national aux entreprises
du bâtiment. Les marchés sont approuvés par le Ministère
le 22 juin. Les sociétés ayant emporté les marchés
sont invitées à commencer les travaux à compter du
10 août 1963 et de les terminer dans un délai de 75 jours.
Il s'agit de l'entreprise Dasse (domiciliée à Dax) qui est
chargée de la construction de 28 logements à Saint Maximin
et de 28 à La Londe, de l'entreprise Schroth (domiciliée
à Altkirch) qui se voit attribuer les chantiers de Rians et de
Montmeyan, 28 logements sur chacun des sites, et qui partage le chantier
de Saint Paul en Forêt, 12 logements pour elle et 16 pour l'entreprise
Lecorché qui doit par ailleurs construire 28 logements au Muy et
52 à Gonfaron. Entre temps, la Commission a décidé
d'autres emplacements sur trois autres localités, Réquestéron,
l'Escarène et Valbonne sur chacune desquelles seront édifiés
28 logements, tous construits par l'entreprise Dasse. Les logements doivent
être des préfabriqués et doivent être démontables
et récupérables.
Le 30 octobre, le Ministère de l'Agriculture qui s'est vu confier
la surveillance des chantiers adresse une missive aux ingénieurs
en chef du Génie Rural leur enjoignant de tout mettre en uvre
pour que ces " logements soient utilisables au moins avant l'hiver,
c'est-à-dire au premier décembre " (6). Aux 216 logements
décomptés plus haut il faut donc en ajouter 72 compte tenu
du fait qu'il convient de défalquer sur chaque chantier 4 appartements
pour l'encadrement administratif. En tout donc, dans le département
du Var, ce sont 288 familles de Harkis qui doivent être accueillies,
ce qui correspond à environ 1 800 personnes (7).
Le 21 décembre 1963, l'Ingénieur en chef du Génie
Rural du Var notifiait au Ministère des Rapatriés que l'entreprise
Schroth " pour des raisons indépendantes de sa volonté
(intempéries, retards causés par les travaux de viabilité)
n'était pas en mesure de terminer les travaux dans les délais
précités ". Le 7 janvier 1964, le même ingénieur
attirait l'attention sur le fait que " les marches d'escalier n'étaient
pas réalisées à Montmeyan, Rians, Néoules
". Par ailleurs, il signalait que " les canalisations d'eau
étaient installées à une profondeur trop faible et
qu'elles risquaient d'exploser en cas de gel, et qu'il en était
de même à Saint Paul ". Suit un rappel en date du 28
avril 1964. Nouveau courrier le 11 mai : " il convient de remédier
aux imperfections signalées et ce dans un délai de quinze
jours ". L'ingénieur relève également des défauts
d'étanchéité. Nouveau courrier le 20 mai, avec cette
fois une mise en demeure d'effectuer les réparations sous peine
de pénalités. Sur ces chantiers, le procès-verbal
de réception définitive ne sera délivré que
le 2 juillet 1965 -alors que des centaines de personnes sont installées
depuis plusieurs mois- et le certificat administratif déclarant
que " les travaux ont été exécutés selon
les règles de l'art et ne donnent à aucune observation "
ne sera délivré que le 7 juillet 1965 ! La lecture des archives
nous apprend que tous les chantiers ont connu ces désagréments
et il serait fastidieux pour le lecteur de les énumérer.
On imagine donc aisément la très grande précarité
des conditions de vie des Harkis. D'autant que ces installations qui à
l'origine devaient être provisoire s'avèrent durables, puisque
le 27 septembre 1967 il est prévu des travaux d'agrandissement
des centres du Muy et de Gonfaron et les travaux d'alimentation en électricité
sont confiés à une entreprise de Fréjus. Le 14 septembre
1967 il est décidé la construction d'une station d'épuration
au Muy dont les travaux sont confiés à la Société
Anonyme des Services Opérationnels d'Assainissement du Sud de la
France domiciliée à Vauvert dans le Gard. D'autre part d'autres
chantiers ont été ouverts à Bormes-Pignans, à
Collobrières et à Saint Raphaël en date du 6 avril
1964 et confiés à l'entreprise D'Alberto de Grenoble. Sur
le contrat il est stipulé que les travaux de terrassements doivent
être effectués par les Harkis car les crédits sont
limités (à titre d'exemple, le coût de la construction
des bâtiments du Muy, de Gonfaron et de Saint Paul en Forêt
facturé à l'état s'élevait à 981 614
francs). Les Harkis devaient également procéder au brossage
de l'ancien badigeon sur les bâtiments à restaurer. Ici aussi,
l'ingénieur déplore la lenteur des travaux. Mais l'entreprise
se plaint de la mauvaise volonté des Harkis pour effectuer les
tâches qui leur avaient été attribuées.
Outre ces conditions de vie précaires, on rappellera l'éloignement
des hameaux des centres de localités, hameaux isolés, aux
confins de bourgs ruraux, les contacts avec l'extérieur étant
rares, contacts qui auraient pourtant favorisé l'intégration
sur cette terre de France pas très accueillante, il faut hélas
le reconnaître ! D'autant que les municipalités sont très
réticentes dès qu'il s'agit de construire des H.L.M. pour
les Harkis ou d'aménager un carré musulman dans le cimetière
communal à dominante chrétien ; comment donc les intégrer
à la vie métropolitaine ?
D'autre part de nombreux observateurs soulignent les conditions de vie
très strictes à l'intérieur des hameaux, la discipline
quasi militaire. Le courrier serait contrôlé par le personnel
d'encadrement qui exercerait même la rétention de certains
documents à caractère administratif. Enfin le bakchich était
roi.
En conclusion de ce chapitre, à combien estimer le nombre de Harkis
dans le Var et que sont-ils devenus ?
Le recensement de 1968 qui ne fait pas la distinction entre anciens supplétifs,
militaires de carrière, civils rapatriés, fonctionnaires
et Algériens de France qui auraient acquis la nationalité
française, compte 16 000 Français musulmans rapatriés
en P.A.C.A. On peut donc penser aujourd'hui que ce nombre est vraisemblablement
plus élevé, car outre l'accroissement naturel il est difficile
de savoir combien ont pu s'installer dans des cités H.L.M. de centres
urbains échappant à la concentration dans des camps ou des
hameaux. En 2002, dans un article du Monde, en date du 30 mai, José
Lenzini proposait 18 000 harkis dans le Var, ce nombre englobant nécessairement
la deuxième -voire la troisième ? - génération.
Les hommes étaient affectés à des travaux de reboisement
de la forêt domaniale et à des travaux d'équipements.
Les enfants étaient scolarisés à l'école du
village. Ils étaient quasiment les seuls à avoir un contact
régulier avec l'extérieur ; le seul lien que les harkis
avaient avec les pouvoirs publics se faisait par le personnel d'encadrement.
Les familles, outre le salaire des hommes percevaient une allocation.
Enfin des amicales créées surtout à l'initiative
d'officiers et sous-officiers de l'armée française, en activité
ou non ont joué un rôle important dans l'aide apportée
aux anciens supplétifs. (8)
Il n'en demeure pas moins que les difficultés d'accession à
la nationalité française, la quasi impossibilité
d'avoir accès à des logements urbains décents, sont
autant de facteurs qui vont concourir à la ségrégation.
Cette situation conduira en 1975 au premier grand mouvement de contestation
des Français musulmans rapatriés, mouvement qui sera surtout
celui de jeunes ; les fils de Harkis âgés de vingt ans à
cette date, étaient arrivés à l'âge de sept
huit ans dans ces hameaux et ne voyaient pas d'issue favorable à
leur avenir. Cette première révolte sera hélas suivie
de bien d'autres puisqu'en avril 1997, un groupe de Harkis du Var (la
troisième génération ?) manifestait devant la Préfecture
des Bouches du Rhône ! Certes depuis 1975 l'encadrement militaire
des hameaux a été supprimé ; les hameaux eux-mêmes
ont progressivement disparu, mais les difficultés d'intégration
que nous avons soulignées plus haut, ont entraîné
les représentants des deuxièmes et troisièmes générations
vers des emplois peu qualifiés, voire un chômage endémique
; quant aux supplétifs, nombreux sont ceux qui attendent encore
des indemnisations ou des régularisations de leur service dans
l'Armée française. (9)
Heureusement, le musée des troupes de Marine de Fréjus rappelle
le rôle glorieux qu'ont joué les Harkis puisqu'il a exposé
le fanion de la harka 823 du 21ème RMIa implantée en 1961
en Petite Kabylie et commandée par le sous-lieutenant Michel Taithe
mortellement blessé au cours d'un accrochage avec le F.L.N. la
même année. Dans une vitrine voisine, on se souvient du comportement
héroïque du chef d'équipe de la harka du 3ème
régiment de parachutistes coloniaux, HassaÏne Mohamed -médaille
militaire, sept citations- qui se sacrifia pour sauver ses camarades d'un
accident de tir en se jetant sur une grenade dégoupillée
; il fut proposé pour la légion d'honneur. Enfin, figure
également l'écusson de la harka commando du I/75R.I. Ma
qui s'illustra dans le nord du Constantinois.
Quant au niveau le plus haut de l'état, il fallut attendre le 25
septembre 2001, pour que Jacques Chirac, alors président de la
république, reconnaisse que " la France, en quittant le sol
algérien, n'a pas su sauver ses enfants ".
Notes :
(1) La Dépêche d'Algérie, 11 mai 1962.
(2) Archives de la Marine, Toulon, le La Fayette, côte 16 J 16.
(3) Archives de la Marine, Toulon, le La Fayette, côte 16 J 17.
(4) De nombreux ouvrages ont été consacrés aux Harkis
; consulter notamment : Michel Roux, Les Harkis, les oubliés de
l'histoire, 1954-1991, La Découverte, Paris, 1991.
Mohand Khellil, " Les Français musulmans rapatriés
: d'ambiguïtés en malentendus " in Les rapatriés
d'Algérie en Languedoc-Roussillon, 1962-1992, Actes du Colloque,
Université de Montpellier, 1992.
Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus Harkis, Fayard, Paris, 1994.
Anne Heinis, L'insertion des Français musulmans, étude fondée
sur les populations regroupées dans le Midi de la France dans les
centres d'ex Harkis, Montpellier III, thèse de IIIème cycle,
1977.
Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les Harkis, une mémoire
enfouie, éditions Autrement, 1999.
Plus récemment, Fatima Besnaci-Lancou présidente de l'association
" Harkis et Droits de l'Homme " a publié en collaboration
avec Gilles Manceron Les Harkis dans la colonisation et ses suites aux
éditions de l'Atelier avec une préface de Jean Lacouture.
Elle a également publié Fille de Harki, aux éditions
de l'Atelier en 2003 et Nos mères, paroles blessées, une
autre histoire de harkis aux éditions Emina soleil en 2006.
A noter également un film documentaire de 26 minutes, " Un
mouchoir sur l'Histoire " réalisé pour France 3 Rhône
Alpes en 1998 par Farid Haroud dont le père a séjourné
quatre ans au hameau forestier de Rians avant de réussir à
partir pour s'installer à Vienne en Isère. Et un téléfilm
écrit par Dalila Kerchouche et réalisé par Alain
Tasma en 2006, Harkis, dans lequel la vie et l'exploitation des Harkis
dans les hameaux forestiers sont retracées avec réalisme
et émotion mais sans pathos excessif. Dalila Kerchouche est l'auteure
de Mon père, ce Harki paru aux éditions du Seuil en 2004.
(5) Archives Départementales du Var, côte 746 W 63 et 64.
Les mesures sont d'autant plus urgentes que des familles de Harkis qui
avaient réussi à se cacher en Algérie après
l'indépendance, continuent d'arriver en France ; le flux ne cessera
réellement que quatre ou cinq ans plus tard.
(6) Archives du Var, op.cit. Il convient de préciser à l'attention
du chercheur que les plans des hameaux et des bâtiments sont disponibles
aux archives.
(7) Selon une enquête de Anne Heinis, enquête réalisée
pour les besoins de sa thèse sous la direction de l'ethnologue
Jean Servier, le nombre moyen de personnes par famille dans les hameaux
forestiers serait de 6,3 en 1970, 6,5 en 1971, 7,1 en 1972 et 7,6 en 1974.
(8) citons par exemple, l'Association des familles et amis des parachutistes
coloniaux, l'Association des Anciens des Affaires Algériennes créée
par des officiers S.A.S. ou encore l'Association de l'Amicale de la demi
brigade des fusiliers marins (A.A.D.B.F.M.) ; cette dernière association
est créée le 9 mars 1962 sous le patronage du C.E.M.M. qui,
par une circulaire du 21 avril 1962 se charge de la faire connaître
et encourage les dons ; originalité, les officiers d'active peuvent
y adhérer. Elle comptera jusqu'à 295 membres actifs et 2000
membres bienfaiteurs et donateurs. La D.B.F.M. avait été
créée en avril 1956 était constituée de trois
bataillons ce qui représentait un total de 3 000 hommes et avait
intégré des harkis ; fin avril 1962, les 1er et 2èmes
bataillons se replient sur Toulon et le 3° sur Mers el Kébir
; c'est ainsi qu'elle songe à rapatrier ses harkis.
(9) il existe aujourd'hui une Association Bénévole des Harkis
du Var à Vidauban dont une des missions est de défendre
les intérêts des membres de cette communauté et l'Union
Nationale des Harkis Associés et Sympathisants a son siège
à Roquebrune sur Argens. L'Union Nationale des Travailleurs Français
d'Origine Nord Africaine et de leurs Amis est à Draguignan.
On ne saurait conclure ce chapitre sans consacrer quelques lignes à
une association, l'A.N.S.S.E. (association nationale des supplétifs
de souche européenne) appelée parfois l'association des
harkis blancs qui regrouperait environ 300 membres dont une quarantaine
dont le Var et une vingtaine dans les Alpes Maritimes. Le président
national est un Varois, domicilié au Thoronet ; grièvement
blessé par le F.L.N. alors qu'il a dix sept ans, il est plus tard
exempté du service militaire. Il s'engage alors dans les supplétifs
- " car on ne passait pas de visite médicale " - où
il sert cinq années durant, et obtient la médaille militaire.
L'association milite pour que soient reconnus à ses adhérents
les mêmes droits qu'aux harkis.
Les Harkis
dans les Alpes de Haute Provence.
(Photo MHeMO / collection Hélène Durand)
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Au bord de la Durance, à Manosque, un camp de harkis appelé
" les quatre saisons " abrita pendant plusieurs années
des dizaines de familles. Mais dans cette localité, résident
également de nombreux immigrés algériens qui s'ils
n'ont pas tous collaboré avec le F.L.N. ont approuvé la
lutte pour l'indépendance. Ceci entraîne une sourde rivalité
entre les deux communautés dont les enfants continuaient de se
traiter à l'aube du XXIème siècle de " traîtres
" ou " d'immigrés (qui auraient dû rester chez
eux) ". La rivalité est exacerbée par le silence des
parents qui contribue fortement au malaise ambiant.
C'est pour cela que Hamouche Zerrouki, directeur de l'Office municipal
de la jeunesse de Manosque a mené un travail de transmission de
la mémoire par une série d'entretiens vidéo. Une
association locale, le Créops, présidée par Ali Mekki,
a préparé une enquête et un colloque en 2002 dont
l'objectif est de permettre aux " Algériens immigrés
" et aux Harkis de " maîtriser leur histoire " afin
de pouvoir enfin dialoguer.
Dans le même esprit, Yamina Guebli, fille de harkis et réalisatrice
de films interpelle les communautés en affirmant : " Certains
jugent leurs voisins pour ne pas avoir à affronter leur propre
histoire
Je leur dis : réveillez-vous, regardez où
vous êtes et demandez-vous pourquoi ". (1)
Comme dans le Var, les Harkis furent regroupés très tôt
dans des hameaux de forestage à Bayons, Jausiers, Saint André
les Alpes et Ongles où dans ce village de 237 habitants, 25 familles
de supplétifs furent accueillies entre 1962 et 1971.
Chaque année à Ongles est organisée une journée
de colloque commémorant le drame des Harkis.
(Extrait du dossier de presse de
la MHeMO)
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Notes :
(1) Lire à ce sujet l'article du Monde paru le 30 juin 2002 et
signé Philippe Bernard. L'article signale une publication pour
septembre 2002 du Créops, qui est une enquête sur "
les héritiers involontaires de la guerre d'Algérie "
menée par le sociologue Saïd Bouamama.
Gérard Crespo
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