-----Voici la mirifique
et incroyable histoire du drapeau des Anciens Combattants de Mostaganem.
-----C'était un nommé Tcham
Kouider qui portait le drapeau aux cérémonies patriotiques,
aux obsèques des camarades et à l'enterrement des soldats
qui tombaient dans cette guerre qui n'avait pas de nom ni de loi..
-----Tcham Kouider ressentait bien tout l'honneur
qui lui en revenait et n'aurait pour rien au monde consenti à se
dessaisir de sa charge glorieuse.
-----Lorsque le F.L.N. le menaça de
mort, il en rendit compte à son Président, tout simplement,
en bon soldat qu'il était, mais se regimba comme sous une offense
lorsqu'on lui proposa de le remplacer dans son honorifique emploi. Cela
se passait vers la fin de l'année 1956. Tcham Kouider fut abattu
le 14 février 1957. Sa dépouille fut portée par ses
camarades. On fit un discours. Caïd Mechta portait le drapeau et
l'inclina bien bas devant la tombe encore ouverte.
-----Il ne se passa pas longtemps avant que
Caïd Mechta ne fut, à son tour, l'objet de menaces de mort.
Il rendit compte à son Président et, tout comme Tcham Kouider,
il refusa énergiquement de renoncer à ce qu'il considérait
comme un honneur, si périlleux qu'il fut. Il fut abattu le 21 juin
1957.
-----Bensekrane Yahïa conduisit le cortège
jusqu'au cimetière aux stèles blanchies et à son
tour, il inclina le drapeau devant la tombe de son prédécesseur.
Quelques jours plus tard, il fut lui-même menacé et lui aussi
ne put accepter de se renier. Il porta le drapeau des cérémonies
du 14 juillet. Il fut abattu le 8 août 1957.
-----Les évènements prenaient
une meilleure tournure et Hadj Gachegache, tout raide de l'honneur qui
lui était fait, ne fut abattu que le 27 août 1958.
-----C'était pourtant au temps où
il semblait qu'on apercevait le sourire de la paix et où soufflait
un vent vivifiant d'espérance.
-----Bey Bagdad lui succéda...
-----Bey Bagdad fut abattu le 14 juillet
1959.
-----Addad Ali fit comme tous ceux qui l'avaient
précédé et avec son humeur tranquille, quand il fut
menacé, il refusa calmement de céder le poste de confiance
dont il était investi. Il fut abattu le 11 septembre 1959.
-----Son camarade Rahmouni Lakdar releva
sa charge et après tant d'autres, il fut abattu le 7 novembre 1960.
-----Il se trouva des volontaires dans la
section des Anciens Combattants de Mostaganem pour briguer encore l'emploi
de porte-drapeau qui revint à Belarbï Larbi.
-----Belarbi Larbi reçut une balle
dans la nuque le 16 janvier 1961.
-----Il advint que Belarbi Larbi n'en mourut
pas. Il fut suivant le mot administratif et blasphématoire, rapatrié.
Il prit le bateau pour la France puisque la terre où il était
né avait cessé d'être la France. Il emporta son drapeau.
-----Belarbï Larbi est en France. Il
est toujours porte-drapeau. Il n'est pas sûr de ne pas être
encore menacé. Il ne se pose pas la question de savoir ce que signifie
encore le drapeau de la section des Anciens Combattants de Mostaganem,
ni ce qu'il. pourra advenir de son drapeau et de lui même.
-----Il est le dixième porte-drapeau
de sa section à avoir risqué sa vie pour l'honneur de porter
le drapeau.
-----Je salue son drapeau, roulé aujourd'hui
dans sa gaine et lourd du poids de tant d'âmes et de tant de foi
et de tant d' amour de la France.
Général
Vanuxem
Porte-Drapeau Mostaganemois condamnés à
mort par le F.L.N pour crime de fidélité à la France
et assassinés
i) Tcham Kouider le 14 février 1957
2) Caïd Mechta le 21 juin 1957
3) Bensekrane Yahia le 8 août 1957
4) Hennounï Besseghir le 3 octobre 1957
5) Hadj Gachegache le 27 août 1958
6) Bey Bagdad le 14 juillet 1959
7) Addad Ali le 11 septembre 1959
8) Rahmouni Lakdar le 7 novembre 1960
9) Belarbi Larbi, blessé d'une balle dans la nuque le 16 janvier
1961, a survécu, rapatrié, reste toujours porte?drapeau
-----
-----Le 6 juin 1958, le général
De Gaulle prononce, à Mostaganem un discours dont voici le passage
essentiel : "A ce que vous avez fait pour
la France, elle doit répondre en faisant ici ce qui est son devoir
. C'est-à-dire considérer qu'elle n'a, depuis un bout jusqu'à
l'autre de l'Algérie, dans toutes les catégories, dans toutes
les communautés qui peuplent cette terre, qu'une seule espèce
d'enfants. II n'y a plus ici, je le proclame en son nom et je vous en
donne ma parole, que des Français à part entière,
des compatriotes, des concitoyens, des frères, qui marcheront désormais
dans la vie en se tenant par la main... Vive Mostaganem ! Vive l'Algérie
Française ! Vive la République ! Vive la France ! ..."
(note
du Déjanté : De Gaulle le parjure fait homme...)
|
|
LE BRAVE BELARBI LARBI N`EST PLUS
-----Aujourd'hui,
nous avons le grand regret d'annoncer le décès de l'ancien
combattant BELARBI, titulaire de la valeur militaire et de la médaille
militaire, le seul portedrapeau de notre association ayant miraculeusement
survécu à ses blessures, après les assassinats
successifs de ses huit compagnons, tous porte-drapeau du Comité
d'Entente, tous comme lui Français musulmans - un vrai symbole
- et tous, odieusement choisis pour le même crime, celui de leur
fidélité à la France.
-----Mieux que personne, le Général
VANUXEM dans un magnifique et inoubliable hommage sut refléter
dans leur stricte vérité, les réalités sanglantes
de ces événements tragiques, qui endeuillèrent
la communauté d'anciens combattants de Mostaganem et, au delà
d'elle, toute l'Algérie et la France, par l'intermédiaire
d'associations particulièrement atteintes, telles "Rhin
et Danube", "Les Médaillés Militaires",
"La Légion d'Honneur", "La 3è DIA"toujours
présentes, grâce à la vigilance inquiète
du Général de Montsabert et tant d'autres groupements
à cette époque, sans oublier le "Souvenir Français".
-----Le porte-drapeau Belarbi, unique rescapé
de ces tueries répétées, était en 1962 "rapatrié"selon
la formule toujours difficile à admettre, avec sa femme et ses
enfants et petits-enfants maintenant. Installé dans les Yvelines,
il continuait à être animé par les mêmes sentiments,
comme autrefois en Algérie.
-----Il y a quelques semaines encore, il
brandissait fièrement "son drapeau", dans les rues
de Mantes-la-Jolie à l'occasion d'une cérémonie
du souvenir.
-----Que dire de Belarbi que nous ne sachions
déjà ?
-----Au cours des nombreuses années
pendant lesquelles il militait au sein du Comité d'Entente des
Anciens Combattants et Victimes de Guerre, il a toujours agi avec la
même fidélité, 1e même courage. Présent
à toutes les manifestations patriotiques malgré l'insécurité
de tous les instants, qui sévissait dans nos rangs, il faisait
son devoir, rien que son devoir. Blessé grièvement d'une
balle dans la nuque, il ne tardait pas à reprendre du service,
à rejoindre le Comité d'Entente et à reprendre
le drapeau.
Le Général de Maison Rouge, grand connaisseur d'hommes
d'exception, lui attribuait la valeur militaire quelques jours avant
l'indépendance de l'Algérie.
-----Les obsèques de Belarbi se
sont déroulées selon sa volonté, au Prieuré
Saint-Jean à Mantes-la-Jolie, en présence d'une foule
recueillie où les drapeaux des groupements d'anciens combattants
étaient nombreux.
-----A son épouse Marie; Annie,
Sylvie, Jacques et France ses enfants, vont toutes nos pensées.
René
Lopez Ancien Président fondateur du Comité d'Entente des
Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Mostaganem et de sa région.
|