sur site le 8/11/2002
-Harkis : Pour un drapeau
Voici la mirifique et incroyable histoire du drapeau des Anciens Combattants de Mostaganem que vous avons déjà publiée dans notre numéro 6 de juillet 1990.
C'était un nommé Tcham Kouider qui portait le drapeau aux cérémonies patriotiques, aux obsèques des camarades et à l'enterrement des soldats qui tombaient dans cette guerre qui n'avai tni de nom ni de loi.

pnha n°69, juin 1996

14 Ko / 9 s
 
retour
 

-----Voici la mirifique et incroyable histoire du drapeau des Anciens Combattants de Mostaganem.
-----C'était un nommé Tcham Kouider qui portait le drapeau aux cérémonies patriotiques, aux obsèques des camarades et à l'enterrement des soldats qui tombaient dans cette guerre qui n'avait pas de nom ni de loi..
-----Tcham Kouider ressentait bien tout l'honneur qui lui en revenait et n'aurait pour rien au monde consenti à se dessaisir de sa charge glorieuse.
-----Lorsque le F.L.N. le menaça de mort, il en rendit compte à son Président, tout simplement, en bon soldat qu'il était, mais se regimba comme sous une offense lorsqu'on lui proposa de le remplacer dans son honorifique emploi. Cela se passait vers la fin de l'année 1956. Tcham Kouider fut abattu le 14 février 1957. Sa dépouille fut portée par ses camarades. On fit un discours. Caïd Mechta portait le drapeau et l'inclina bien bas devant la tombe encore ouverte.
-----Il ne se passa pas longtemps avant que Caïd Mechta ne fut, à son tour, l'objet de menaces de mort. Il rendit compte à son Président et, tout comme Tcham Kouider, il refusa énergiquement de renoncer à ce qu'il considérait comme un honneur, si périlleux qu'il fut. Il fut abattu le 21 juin 1957.
-----Bensekrane Yahïa conduisit le cortège jusqu'au cimetière aux stèles blanchies et à son tour, il inclina le drapeau devant la tombe de son prédécesseur. Quelques jours plus tard, il fut lui-même menacé et lui aussi ne put accepter de se renier. Il porta le drapeau des cérémonies du 14 juillet. Il fut abattu le 8 août 1957.
-----Les évènements prenaient une meilleure tournure et Hadj Gachegache, tout raide de l'honneur qui lui était fait, ne fut abattu que le 27 août 1958.
-----C'était pourtant au temps où il semblait qu'on apercevait le sourire de la paix et où soufflait un vent vivifiant d'espérance.
-----Bey Bagdad lui succéda...
-----Bey Bagdad fut abattu le 14 juillet 1959.
-----Addad Ali fit comme tous ceux qui l'avaient précédé et avec son humeur tranquille, quand il fut menacé, il refusa calmement de céder le poste de confiance dont il était investi. Il fut abattu le 11 septembre 1959.
-----Son camarade Rahmouni Lakdar releva sa charge et après tant d'autres, il fut abattu le 7 novembre 1960.
-----Il se trouva des volontaires dans la section des Anciens Combattants de Mostaganem pour briguer encore l'emploi de porte-drapeau qui revint à Belarbï Larbi.
-----Belarbi Larbi reçut une balle dans la nuque le 16 janvier 1961.
-----Il advint que Belarbi Larbi n'en mourut pas. Il fut suivant le mot administratif et blasphématoire, rapatrié. Il prit le bateau pour la France puisque la terre où il était né avait cessé d'être la France. Il emporta son drapeau.
-----Belarbï Larbi est en France. Il est toujours porte-drapeau. Il n'est pas sûr de ne pas être encore menacé. Il ne se pose pas la question de savoir ce que signifie encore le drapeau de la section des Anciens Combattants de Mostaganem, ni ce qu'il. pourra advenir de son drapeau et de lui même.
-----Il est le dixième porte-drapeau de sa section à avoir risqué sa vie pour l'honneur de porter le drapeau.
-----Je salue son drapeau, roulé aujourd'hui dans sa gaine et lourd du poids de tant d'âmes et de tant de foi et de tant d' amour de la France.

Général Vanuxem

Porte-Drapeau Mostaganemois condamnés à mort par le F.L.N pour crime de fidélité à la France et assassinés
i) Tcham Kouider le 14 février 1957
2) Caïd Mechta le 21 juin 1957
3) Bensekrane Yahia le 8 août 1957
4) Hennounï Besseghir le 3 octobre 1957
5) Hadj Gachegache le 27 août 1958
6) Bey Bagdad le 14 juillet 1959
7) Addad Ali le 11 septembre 1959
8) Rahmouni Lakdar le 7 novembre 1960
9) Belarbi Larbi, blessé d'une balle dans la nuque le 16 janvier 1961, a survécu, rapatrié, reste toujours porte?drapeau
-----
-----Le 6 juin 1958, le général De Gaulle prononce, à Mostaganem un discours dont voici le passage essentiel : "A ce que vous avez fait pour la France, elle doit répondre en faisant ici ce qui est son devoir . C'est-à-dire considérer qu'elle n'a, depuis un bout jusqu'à l'autre de l'Algérie, dans toutes les catégories, dans toutes les communautés qui peuplent cette terre, qu'une seule espèce d'enfants. II n'y a plus ici, je le proclame en son nom et je vous en donne ma parole, que des Français à part entière, des compatriotes, des concitoyens, des frères, qui marcheront désormais dans la vie en se tenant par la main... Vive Mostaganem ! Vive l'Algérie Française ! Vive la République ! Vive la France ! ..."
(note du Déjanté : De Gaulle le parjure fait homme...)

 

LE BRAVE BELARBI LARBI N`EST PLUS

-----Aujourd'hui, nous avons le grand regret d'annoncer le décès de l'ancien combattant BELARBI, titulaire de la valeur militaire et de la médaille militaire, le seul portedrapeau de notre association ayant miraculeusement survécu à ses blessures, après les assassinats successifs de ses huit compagnons, tous porte-drapeau du Comité d'Entente, tous comme lui Français musulmans - un vrai symbole - et tous, odieusement choisis pour le même crime, celui de leur fidélité à la France.
-----Mieux que personne, le Général VANUXEM dans un magnifique et inoubliable hommage sut refléter dans leur stricte vérité, les réalités sanglantes de ces événements tragiques, qui endeuillèrent la communauté d'anciens combattants de Mostaganem et, au delà d'elle, toute l'Algérie et la France, par l'intermédiaire d'associations particulièrement atteintes, telles "Rhin et Danube", "Les Médaillés Militaires", "La Légion d'Honneur", "La 3è DIA"toujours présentes, grâce à la vigilance inquiète du Général de Montsabert et tant d'autres groupements à cette époque, sans oublier le "Souvenir Français".
-----Le porte-drapeau Belarbi, unique rescapé de ces tueries répétées, était en 1962 "rapatrié"selon la formule toujours difficile à admettre, avec sa femme et ses enfants et petits-enfants maintenant. Installé dans les Yvelines, il continuait à être animé par les mêmes sentiments, comme autrefois en Algérie.
-----Il y a quelques semaines encore, il brandissait fièrement "son drapeau", dans les rues de Mantes-la-Jolie à l'occasion d'une cérémonie du souvenir.
-----Que dire de Belarbi que nous ne sachions déjà ?
-----Au cours des nombreuses années pendant lesquelles il militait au sein du Comité d'Entente des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, il a toujours agi avec la même fidélité, 1e même courage. Présent à toutes les manifestations patriotiques malgré l'insécurité de tous les instants, qui sévissait dans nos rangs, il faisait son devoir, rien que son devoir. Blessé grièvement d'une balle dans la nuque, il ne tardait pas à reprendre du service, à rejoindre le Comité d'Entente et à reprendre le drapeau.
Le Général de Maison Rouge, grand connaisseur d'hommes d'exception, lui attribuait la valeur militaire quelques jours avant l'indépendance de l'Algérie.
-----Les obsèques de Belarbi se sont déroulées selon sa volonté, au Prieuré Saint-Jean à Mantes-la-Jolie, en présence d'une foule recueillie où les drapeaux des groupements d'anciens combattants étaient nombreux.
-----A son épouse Marie; Annie, Sylvie, Jacques et France ses enfants, vont toutes nos pensées.

René Lopez Ancien Président fondateur du Comité d'Entente des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Mostaganem et de sa région.