Bonjour,
Article extrait du matin, (Algérie).
Luc.--------------------------------------------------------------------------------
Harkis, les héros de Chirac
Les harkis de la guerre de Libération nationale sont à l'honneur
de la politique officielle française. Le Président Jacques
Chirac a inauguré, ce jeudi, quai Branly à Paris (VIIe)
le Mémorial national érigé à la mémoire
des combattants de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc
et de la Tunisie 1952-1962 ; un mémorial de trois colonnes carrées,
hautes de six mètres, moulées dans du béton. Sur
la première sont inscrits les noms des « soldats et supplétifs
morts pour la France » en Afrique du Nord qui défileront
sur un écran électronique en permanence. De cette liste,
précise le journal Libération dans son édition de
jeudi, « pourraient surgir, sans compter les réclamations
de familles notamment de "supplétifs" harkis s'estimant
oubliées ». Prudent, le secrétariat d'Etat aux Anciens
combattants précise que « le monument s'avère, dans
sa conception, propice aux modifications qui seraient apportées
via le dispositif informatique ». Pour l'heure, 22 959 noms (ndlr
:commentaire du Parisien :les noms silencieusement défilent...parmi
22959 patronymes 3010 sont arabes ) défileront sur le mémorial.
Un autre monument parisien a été déjà
dédié à la mémoire des victimes civiles et
militaires tombées en Afrique du Nord de 1952 à 1962. Installé
dans le square de la Butte du Chapeau-Rouge (XIXe), il a été
inauguré le 11 novembre 1996 par Chirac. L'idée de
ce nouveau mémorial remonte à 1998 et a été
lancée par le gouvernement Jospin en novembre 2001. Cette «
mémoire » qui agace la mémoire algérienne provoquera
sans doute un malaise, voire une tension, dans les relations algéro-françaises
à un moment où des deux côtés, l'on affirme
que le moral de la coopération est au beau fixe. L'on se rappelle,
en effet, qu'en juin 2001, lors de sa visite officielle
en France en juin, Bouteflika avait associé les harkis aux collaborateurs
français, les « vichistes ». Lors de son passage dans
l'émission de France 2, la journaliste qui l'interviewait lui avait
demandé si l'amnistie prononcée en faveur des terroristes
était extensible aux harkis. Ce à quoi l'hôte algérien
de l'Elysée avait répondu par la négative. «
Les harkis de l'armée française ont tué leurs frères
de sang et de religion » parce que ce sont des collaborateurs des
nazis et que, à ce titre, la France ne pouvait les amnistier.
Le Président Chirac, on s'en souvient, avait répondu officiellement
à ce qu'il considérait comme « une assimilation inacceptable
entre la France et le nazisme ». De retour, l'affaire prit des proportions
diplomatiques graves au point où Bouteflika, sans se renier, avait
rectifié ses déclarations faites sur la chaîne française
France 2. Dans un entretien paru la même année, en 2001,
dans le quotidien français Le Parisien, Bouteflika a réagi
aux propos du Président Chirac sur les harkis prononcés
à l'occasion du 14 Juillet. « Il comprend parfaitement mon
droit de n'avoir aucune sympathie pour ceux qui ont "donné"
Jean Moulin et Larbi Ben M'hidi. » C'est en ces termes que le Président
de la République a répondu au Président français
qui s'est dit « choqué » par la phrase de Bouteflika
qui avait assimilé les harkis aux « collabos ». Comment
réagissez-vous au « choc » ressenti par le Président
Chirac par rapport à vos déclarations sur les harkis ? «
Je comprends la réaction du Président Chirac. C'est son
droit et aussi son devoir de faire écho à un courant d'opinion
qu'exprime une catégorie de la population française, en
l'occurrence celle des harkis. Sur cette question en tout cas, mon ami
le Président Chirac et moi-même ne pouvons forcément
que nous exprimer par référence à des approches et
des contextes différents tant sur le plan de l'appréhension
de l'histoire que des données psychologiques et politiques actuelles
de nos pays. Cela dit, je suis convaincu que le temps finira par faire
son uvre en guérissant définitivement les blessures. »
L'inauguration jeudi dernier de ce mémorial
de « la honte » de la mémoire algérienne intervient,
en Algérie, avec les négociations de Bouteflika en vue de
tirer tous les avantages islamistes en prévision de sa réélection
en 2004 : libération de Ali Benhadj avant terme et dialogue avec
Hassan Hattab, l'« émir » du GSPC. D'un côté
comme de l'autre, en effet, les harkis de Chirac et les terroristes de
Bouteflika sécrètent le même venin.
Rachid Mokhtari http://www.lematin-dz.net/07122002/jour/le_quotidien.htm
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