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site le 7/03/2002
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-------Est-ce pour sauvegarder la fiction d'une indépendance "réussie", d'accords d'Evian respectés, d'un honneur de la France préservé ? Un voile fût jeté par le gouvernement et par la presse sur la répression dont furent victimes les harkis, les moghaznis et les civils qui avaient donné des signes trop manifestes de leur attachement à la France. Il n'y eut pas de procès publics. Humilations, mutilations et assassinats furent accomplis sommairement, "au coin du bois", à l'échelon des petits chefs locaux. On ne sait pas, on n'a pas voulu savoir combien cette épuration, dont Léo Palacio nous donne quelques exemples pris dans l'Oranais, fit de victimes. Les évaluations varient de 150 000 à 300 000. Ce qui fàit mal à l'honneur de la France, c'est que les unités françaises encore présentes en Algérie furent priées de .se claquemurer, de fermer les yeux et de limiter les rapatriements en France. C'est contre les directives officielles que certains officiers intervinrent pour sauver des vies. -------Nous sommes à la fin du printemps de 1962. Dans le port de Nemours, près de la frontière marocaine, des bâtiments de transport de troupes de la Marine nationale sont venus tenter de récupérer des moghaznis, des S.A.S., des groupes d'autodéfense, des harkis des commandos Yatagan et Etincelle de la demi-brigade de fusiliersmarins pour les emmener en France et leur éviter ainsi des représailles qui ont déjà commencé. Mais bienvite, l'amiral commandant la base stratégique de Mers el Kébir reçoit un télégramme impératif de son ministère : "La France reçoit trop de supplétifs musulmans. Il convient de n'accorder asile que dans des cas exceptionnels afin d'éviter que le G.P.R.A. ne prenne ombrage (sic) des centres français ouverts à ses opposants. L'accueil des harkis devra, pour l'instant, conserver son caractère provisoire". -------Ces propos ont été connus et rapportés quelques mois plus tard par Jean Lacouture dans Le Monde du 13 novembre 1962 avec le commentaire suivant : "Parmi les victimes des sévices dont un grand nombre a pris un caractère de cruauté difficilement imaginable -scalps, nez percés d'un anneau, mutilations - beaucoup d'individus, venaient chercher dans les ports encore contrôlés parla Marine française un convoi commode vers la France". Émasculés, empalés, cimentés... -------C'est le Ministre des Affaires Algériennes qui, le 23 mai 1962, avait adressé à son haut-commissaire à Rocher Noir, Christian Fouchet,les instructions ayant déclenché les ordres parvenus à l'Amirauté française : "Les supplétifs débarqués en métropole, en dehors du plan général de rapatriement, devront rejoindre, avant qu'il ne soit statué sur leur sort d'une manière définitive, le personnel regroupé .suivant les directives des 7 et 11 avril. Je n'ignore pas que ce renvoi (en Algérie) peut être interprété (...) comme un refus d'assurer l'avenir de ceux gui nous sont demeurés fidèles. Il conviendra donc d'éviter de donner LA MOINDRE PUBLICITÉ à cette mesure. Mais ce qu'il faut surtout éviter, c'est que le gouvernement soit encore amené à prendre de telles décisions ". -------Les accords d'Evian devaient garantir la sécurité des biens et des personnes. Bien des musulmans comptèrent sur cet engagement et crurent qu'ils pourraient rester dans l'Algérie nouvelle. Mais dès le mois d'avril, la France commença le rapatriement de ses divisions, ne laissant sur place qu'un mince rideau de troupes entre les populations à protéger et les maquisards qui descendaient des djebels. Les représailles avaient commencé bien avant le 5 juille date officielle de la proclamation de l'Indépendance, elles furent atroces. -------Au mois d'avril 1962, sur le pont d'un navire français qui doit les emmener à Toulon, se tiennent plus d'une centaine de harkis qui ont eu la chance d'être embarqués par les fusilliers marins. Sur les quais du port de Nemours, des fellaghas les insultent, leur font des bras d'honneur. Soudain arrive un groupe hurlant gesticulant, agitant des drapeaux F.L.N. et poussant devant eux un troupeau de bourricots. Chaque animal porte sur son dos un homme dont l'horrible blessure, au bas du ventre, prouve qu' il vient d'être émasculé. Le sang ruisselle sur les flancs de la bête, déjà couverts de mouches vertes. Les têtes des victimes sont tournées vers la croupe et une corde, liée à la queue, oblige les malheureux qui agonisent à se tenir courbés, pour mieux laisser voir les sévices infligés. -------Plus loin, d'autres hommes sont dépouillés de leur djellaba et empalés sur des pics en bois qui servent à tendre les bâches qui recouvrent des sacs de ciment. D'autres seront enterrés sous ces sacs de ciment éventrés et arrosés d'eau ; lorsque le ciment aura pris autour du corps, sauf la tête, le tout sera jeté dans la mer. Des touques d'huile de moteur sont placés sur des feux de bois ; lorsque le liquide est devenu bouillant, on plonge d'autres victimes. -------Ces scènes atroces se déroulent sous les yeux horrifiés des harkis, des marins et des officiers des navires qui, pour éviter toute intervention, avaient reçu l'ordre de fermer les cadenas des rateliers d'armes. -------Un supplétif, pris d'une crise d'hystérie, se jette par dessus la rambarde, comme si son geste pouvait sauver la vie des suppliciés. IL est assommé à coups d'aviron alors qu'il tente de monter sur le quai. Et le bateau largue ses amarres, laissant derrière lui cette vision de cauchemar, tous ces musulmans qui avaient cru en la parole de la France et devenus, selon l'expression du Colonel Hervé de Blignières, président de l'Association pour la sauvegarde des familles et enfants des disparus, des "enterrés vivants". |
Chercher les mines sans détecteur Léo Palacio Harkis, je suis fier de vous -------C'est
avec le respect que nous devons à nos aînés, à
nos parents que je m'adresse à vous tous, afin de vous dire combien
je suis fier d'être fils d'ancien combattant harkis. Ces harkis
qui se sont efforcés de nous donner une éducation, de nous
élever du mieux qu'ils ont pu, et ceci au prix de lourds sacrifices
dans des conditions difficiles de rapatriement. Abel Ameur Un
fils de Harkis |