sur site le 16/05/2002
-Insertion socio-professionnelle
--Contrairement à certains discours, ce ne sont ni la langue, ni la culture d'origine, ni les moeurs qui constituent un frein dans le processus d'enracinement et d'osmose mais le sentiment d'inégalité sociale qui nait le plus souvent de l'exclusion socio - professionnelle. C'est pourquoi l'école et l'insertion socio - professionnelle sont déterminantes dans le processus d'assimilation.
pnha n°38 septembre 1993

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-------Contrairement à certains discours, ce ne sont ni la langue, ni la culture d'origine, ni les moeurs qui constituent un frein dans le processus d'enracinement et d'osmose mais le sentiment d'inégalité sociale qui nait le plus souvent de l'exclusion socio - professionnelle. C'est pourquoi l'école et l'insertion socio - professionnelle sont déterminantes dans le processus d'assimilation.
-------Or , le constat dominant - surtout lorsque les populations vivent fortement concentrées - est celui de l'échec scolaire. A la fin de la scolarité obligatoire, 15 % des enfants seulement atteignent un niveau supérieur ou égal au BEPC et 40 % n'ont aucun diplôme.
Ce phénomène, auquel il faut ajouter naturellement l'absence de formation professionnelle ne peut qu'engendrer un fort chômage. Le fait que les principales régions d'implantation de la communauté Harkis soient en général situées dans des bassins d'emploi fortement déprimés ne peut qu'aggraver la situation.
L'échec scolaire
-------L'expérience des éducateurs du contingent s'est avérée très positive. Prévue en faveur des enfants de Harkis auxquels elle s'adresse en priorité, elle est étendue également à d'autres enfants en difficulté. Elle mériterait, toutefois, de faire l'objet de certaines améliorations.
-------Il conviendrait tout d'abord d'être plus attentif au recrutement et à la formation de ces éducateurs. Les appelés appartenant à la communauté Harkis qui remplissent les conditions et les aptitudes pour être éducateurs devraient être par ailleurs associés aux efforts entrepris en faveur des membres les plus défavorisés de leur communauté.
-------Il importe ensuite qu'une meilleure coordination et un encadrement plus efficace soient mis en place en liaison avec les services de l'Inspection Académique. Les éducateurs devraient, enfin, résider systématiquement là où ils exercent leur activité de soutien scolaire. Ils pourraient être associés au développement social des quartiers.
-------La procédure des Zones d'Education Prioritaires (Z.E.P.) constitue également un cadre - existant déjà pour résoudre les difficultés des enfants de Harkis. Ce dispositif devrait donc être étendu aux secteurs non encore couverts où les rapatriés sont nombreux.
-------Afin de créer des effets d'exemplarité et accroître les chances d'une réelle ascension sociale, il convient d'étendre les bourses scolaires vers l'enseignement supérieur.
-------On relève fréquemment le faible encadrement des enfants par les parents (surtout quand il s'agit de garçons), la rareté des structures socio-éducatives dans les quartiers, les difficultés d'un travail scolaire personnel à la maison, la réticence à fréquenter les structures officielles et enfin un problème d'identité.
-------C'est pourquoi, l'action des éducateurs du contingent pourrait être relayée par des associations locales financées sur la base de projets précis (soutien scolaire et activités socio-éducatives).
-------Ces associations pourraient se situer à mi-chemin entre l'école et la famille, c'est à dire qu'une grande partie de l'activité devrait être tournée vers les parents et le milieu familial. Les animateurs seront amenés à jouer un rôle d'intermédiaires et ils faciliteront ainsi le dialogue avec le corps enseignant qui est ici particulièrement vital.
-------Il est important que les associations disposent de locaux à proximité immédiate des familles (les offices de H.L.M. ou les municipalités pourraient leur offrir de tels locaux ). La venue des enfants devrait résulter d'une démarche volontaire. Elle leur permettrait de trouver une ambiance studieuse de nature à les aider efficacement dans la voie de la réussite scolaire.
-------La présence d'un responsable pédagogique compétent s'avère indispensable. II ne faut pas écarter, à cet égard, l'idée de recourir à des retraités de l'enseignement prêts naturellement à apporter leur concours à une telle activité d'intérêt général.
-------De même, il faudrait associer les étudiants appartenant à la communauté Harkis et ne pas se priver non plus du recours possible des éducateurs du contingent.
-------Il est suggéré, de plus, une solution du genre "tutorat" où l'enseignant pourrait non seulement remplir le rôle de répétiteur mais celui très important de conseiller en orientation. En effet, trop souvent les familles concernées n'ont aucune des références culturelles leur permettant de comprendre le fonctionnement du système scolaire français.
-------Il est clair que pour relever le défi de l'échec scolaire, il faudra mobiliser toutes les énergies et ,s'appuyer sur une politique volontariste.

Formation professionnelle et accès à l'emploi

-------Les conditions d'accueil qui ont été réservées à cette communauté après son déracinement - relégation et enfermement dans de véritables réserves - ont gravement hypothéqué l'avenir des jeunes qui mont jamais pu véritablement être socialisés à l'emploi.
-------Dès lors s'impose, avant toute chose, la mise en place d'un accompagnement éducatif au plein sens du terme. Il a été constaté que les stages spécifiques organisés en leur faveur se soldaient généralement par des échecs. Le principe de tels stages s'est révélé d'ailleurs contraire à l' objectif d'insertion recherché. II a abouti, en fait, à accroître la marginalisation de cette population.
 

-------Les enfants de Harkis bénéficient normalement des dispositifs et des programmes de droit commun qui ont pour vocation de répondre à une grande variété de situations, même les plus complexes. Une des solutions envisageables pourrait constituer à prendre en compte leur situation particulièrement dans le cadre des programmes existants et à envisager, le cas échéant, certains assouplissements ou aménagements pour faciliter l'accès aux formations recherchées ou renforcer le suivi et l'accompagnement des stagiaires (notamment dans le cadre du crédit formation individualisé).
-------II serait nécessaire, au préalable, d'établir avec chaque jeune un projet personnel et professionnel réaliste tenant compte de ses aspirations et de ses capacités à s'investir.
-------La formation par le travail - qui n'est pas reconnue aujourd'hui - constitue peut-être une autre réponse adaptée à la situation particulière des enfants de Harkis. En effet, pour les personnes exclues et en difficulté d'insertion, une première étape d'immersion dans l' entreprise et le monde du travail constitue souvent un bon moyen pour les réinsérer dans la société. Ce n'est qu'à l'issue de cette prise de contact avec le monde du travail qu'elles sont à même d'élaborer un projet de formation adapté à leur situation personnelle et à l'emploi qu'elles désirent occuper.
-------La formule actuelle des écoles militaires techniques qui permet aux enfants de Harkis d'acquérir une formation en deux ou trois ans sanctionnée par un B.E.P. ou un C.A.P. constitue constitue une expérience intéressante. Il en va de même en ce qui concerne le Centre Militaire de Formation Professionnelle de Fontenay-le-Comte qui dispense une formation professionnelle pour adultes pendant le Service National. Toutefois, ces deux formules semblent actuellement menacées en raison de la baisse des candidatures et des contraintes militaires qui doivent être respectées.
Dans le cadre de l'accomplissement du Service Nationale, les armées devraient apporter tout leur concours actif pour dispenser aux appelés enfants de Harkis une formation professionnelle à la fois théorique et pratique.
-------Les écoles de rééducation professionnelle de l'Office National des Anciens Combattants (ONAC) offrent également des possibilités d'insertion professionnelle tout à fait intéressantes. il conviendrait, par conséquent, de les sauvegarder et d'en encourager de manière significative leur développement.
-------En matière d'emploi, les possibilités d'action se heurtent au contexte économique général qui n'est guère favorable.
-------Le marché de l'emploi étant souvent dans l'impossibilité d'absorber l' ensemble des demandeurs d'emploi, la mobilité géographique est devenue une nécessité. Une aide beaucoup plus incitatrice devrait être imaginée. Elle pourrait aboutir, par exemple, à la prise en charge partielle et plafonnée du loyer pendant une durée limitée dans le temps. L'institution de cette aide serait confiée au département d'accueil pour éviter tout risque de versements multiples.

Colonel Meliani

(à suivre)